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Talons aiguilles et peinture fraîche (Harlequin Red Dress Ink) - Free

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— Jerry <strong>et</strong> moi nous sommes rencontrés l’année dernière en jouant dans HMS Pinafore.<br />

… gay ?<br />

Il continue.<br />

— Entre nous, ça a fait tilt dès le premier regard.<br />

— Entre Jerry <strong>et</strong> toi, dis-je, juste pour m’assurer que j’ai bien entendu.<br />

— Oui. Mon regard s’est posé sur Jerry, <strong>et</strong> c’est comme si tout dans ma vie s’était mis en place.<br />

Ainsi, mes proches avaient raison depuis le début. Et je ne les croyais pas. Durant toutes ces années,<br />

j’ai refusé d’écouter mes frères, mes collègues <strong>et</strong> Kate, qui étaient tous absolument convaincus que Will<br />

était plus gay que la gay pride.<br />

D’après ce que j’en sais, leur assomption se fondait sur une série de clichés : son apparence<br />

impeccable, son attirance pour les comédies musicales <strong>et</strong> son goût pour le fromage importé <strong>et</strong> les draps<br />

de marque.<br />

J’ai en fait couché avec c<strong>et</strong> homme dans des draps de marque, ce qui constituait pour moi une preuve<br />

de son hétérosexualité.<br />

Mais avec le recul, je suis obligée de me demander si la passion de ces moments n’était pas à sens<br />

unique, comme le reste de notre relation. Will était mon premier amant. A qui aurais-je pu le comparer ?<br />

Qui me dit qu’il ne simulait pas en fantasmant sur George Clooney ?<br />

Je suppose que durant toutes ces années, comme une gourde, je lui ai servi de paravent.<br />

— Will, regarde, je l’ai trouvé, lance une voix masculine.<br />

Tiens, tiens, tiens…<br />

Un homme — je suppose qu’il ne peut s’agir que de Jerry — vient de nous rejoindre. Bizarrement,<br />

Will a omis de préciser qu’il vivait avec un sorcier Amish.<br />

Je ne plaisante pas. Le type arbore une énorme barbe très fournie qui descend jusque sur sa poitrine<br />

<strong>et</strong> est vêtu de noir des pieds à la tête — y compris les br<strong>et</strong>elles noires passées sur son col roulé noir<br />

identique à celui de Will, <strong>et</strong> un grand chapeau noir à larges bords au somm<strong>et</strong> arrondi. Il brandit un livre<br />

de cuisine, selon toutes probabilités bourré de rec<strong>et</strong>tes du pays Amish.<br />

Inutile de dire qu’il ne représente pas du tout ce à quoi je m’attendais de la part de Will. Je l’aurais<br />

imaginé plutôt attiré par le genre acteur juvénile <strong>et</strong> branché, lui ressemblant beaucoup.<br />

— Tracey, je te présente mon ami Jacob, dit Will.<br />

Jacob ? Quand il m’a parlé de la personne qui partageait sa vie, tout à l’heure, il a dû dire Jacob <strong>et</strong><br />

j’ai entendu Jerry.<br />

C’est drôle, parce que quand nous sortions ensemble, il me présentait toujours moi aussi comme son<br />

« amie ».<br />

Par la grâce de Dieu, me dis-je intérieurement en serrant la main du sorcier Amish tandis que Will<br />

me présente comme sa « vieille amie Tracey ».<br />

Vieille amie, nouvelle amie, p<strong>et</strong>ite amie, p<strong>et</strong>it ami.<br />

Je dois m’avouer que, bien que ne me souciant plus guère de Will, je ne peux m’empêcher<br />

d’éprouver une profonde satisfaction à la révélation tardive de sa véritable orientation sexuelle.<br />

Voilà qui explique pourquoi durant toutes ces années, il est resté comme immunisé à mes charmes <strong>et</strong><br />

mes atouts féminins.<br />

Tout de même… cela n’explique pas Esme, ni les nombreuses autres femmes avec qui il a couché<br />

alors qu’il était censé entr<strong>et</strong>enir une relation avec celle qui vous parle.<br />

— Bonjour, comment ça va ?<br />

Jacob m’enveloppe d’un regard peu intéressé, décide apparemment que je représente une menace<br />

inexistante, <strong>et</strong> se r<strong>et</strong>ourne vers Will.<br />

— Il faut que tu le prennes pour Jerry, dit-il en déposant le livre de cuisine entre les mains<br />

professionnellement manucurées de Will. Il contient la rec<strong>et</strong>te de pain d’épeautre qu’elle cherchait.

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