Talons aiguilles et peinture fraîche (Harlequin Red Dress Ink) - Free
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Mais elle vieillit.<br />
La vérité, c’est que mes enfants ne la connaîtront peut-être jamais. Ou alors ils se souviendront<br />
d’elle comme d’une vieille dame ratatinée dont ils ne connaîtront même pas le prénom.<br />
J’ai beaucoup pensé à Carlotta c<strong>et</strong>te semaine.<br />
Et à moi.<br />
* * *<br />
Naturellement, Raphael refuse que je partage l’addition, ce qui naturellement fait que je me sens<br />
obligée de passer quand même un peu plus de temps avec lui.<br />
— Et maintenant ? demande-t-il quand nous sortons sur Broadway.<br />
Ce sombre après-midi venteux, qui exige de la lumière à l’intérieur <strong>et</strong> des capuches à l’extérieur,<br />
évoque plutôt mars que juin.<br />
— Je ne sais pas… Tu veux te promener dans le Strand ? dis-je sans conviction.<br />
— Super. Tu n’es pas pressée de rentrer chez toi en banlieue ?<br />
— Non.<br />
— Tu ne crains pas que Jack se sente un peu seul sans toi ?<br />
— Non, il est allé assister à un spectacle avec sa famille.<br />
— Pourquoi ne les as-tu pas accompagnés ?<br />
— Parce que j’avais déjà rendez-vous avec toi.<br />
Il semble tellement content que je me sens plus coupable que jamais, <strong>et</strong> déterminée à m’accrocher à<br />
ce qui reste de notre amitié.<br />
— Pourquoi le Strand ? demande Raphael tandis que nous prenons la direction downtown.<br />
— Parce que j’aime les librairies autant que tu aimes les soldes privés de créateurs. Et que j’ai<br />
quelques recherches à effectuer.<br />
Peu importe que le budg<strong>et</strong> ne comporte pas de catégorie livres <strong>et</strong> que Jack ait mentionné plus d’une<br />
fois que Glenhaven Park possédait une super p<strong>et</strong>ite bibliothèque. Le Strand offre quantité de livres bon<br />
marché, <strong>et</strong> je me demande pourquoi je n’y allais pas plus souvent quand je vivais à une douzaine de rues<br />
de là, au lieu de douzaines de kilomètres.<br />
— Tu fais des recherches sur quoi ? Comment survivre dans l’allée des glycines où vivent les<br />
Desperate Housewives ? demande Raphael.<br />
Ses yeux pétillent. Apparemment, il a dépassé la phase ressentiment, <strong>et</strong> ce parce que je l’ai préféré à<br />
Westchester.<br />
— J’aurais peut-être bien l’usage de quelques livres sur les glycines elles-mêmes, pas l’allée. Je<br />
vais planter un jardin.<br />
— Tracey ! Tu as tout de Martha Stewart ! Oooh, tu sais ce que tu devrais t’ach<strong>et</strong>er ? Une salop<strong>et</strong>te<br />
en jean <strong>et</strong> un grand chapeau de paille. Oh, <strong>et</strong> des sabots de plastique seraient juste trop !<br />
De la part de n’importe qui d’autre que Raphael, je jurerais qu’il se paie ma tête. Mais Raphael<br />
prend la mode très au sérieux.<br />
Et en langage Raphael, juste trop se traduit par le top.<br />
— Super idée, dis-je pour lui faire plaisir.<br />
Hors de question qu’on me surprenne un jour sur c<strong>et</strong>te Terre en salop<strong>et</strong>te, <strong>et</strong> encore moins avec des<br />
sabots en plastique <strong>et</strong> un chapeau de paille.<br />
Non que ma tenue d’aujourd’hui soit d’une élégance très supérieure.<br />
Je porte un jean qui me grossit — le jean informe peu flatteur que je réserve aux week-ends où je<br />
souffre de rétention d’eau, comme celui-ci, assorti d’un blouson de Nylon parce que le vent est glacial, <strong>et</strong><br />
des mocassins Aerosoles marron parce qu’ils sont confortables pour marcher.