Talons aiguilles et peinture fraîche (Harlequin Red Dress Ink) - Free
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16<br />
— Je ne sais pas… J’ai l’impression que c’est fini, Tracey, me déclare Raphael samedi après-midi<br />
d’une voix d’outre-tombe.<br />
Nous déjeunons dans son bar à tapas préféré. Pour l’occasion, il porte un boléro noir <strong>et</strong> une chemise<br />
blanche à jabot. Sur n’importe qui d’autre qu’un toréador ou Raphael, la tenue paraîtrait ridicule.<br />
Mais lui la porte avec le panache de celui qui lance la mode. C’est l’une des choses que j’aime chez<br />
lui.<br />
L’une des nombreuses choses.<br />
Pourtant Raphael est persuadé que je ne l’apprécie plus.<br />
— Qu’est-ce qui est fini, Raphael ? dis-je dans un soupir. Notre amitié ?<br />
— Ce n’est pas ce dont nous parlions, Tracey ?<br />
— Non. Nous nous demandions si le fantôme d’Anna Nicole revenait te hanter.<br />
Je suis sérieuse. C’était vraiment le suj<strong>et</strong>.<br />
— Ce n’est pas un suj<strong>et</strong> de discussion. C’est une constatation. Son fantôme me hante. Point.<br />
Raphael grignote une date fourrée roulée dans du bacon.<br />
— Mais pourquoi te hanterait-elle toi ? Pourquoi pas plutôt Howard K. Stern, le journaliste, ou<br />
quelqu’un d’autre ?<br />
— Je te l’ai dit, dit-il avec une patience exagérée, elle ne m’aimait pas.<br />
— Je croyais que vous ne vous étiez rencontrés qu’une fois, lors de c<strong>et</strong>te séance de photo, <strong>et</strong> qu’elle<br />
t’avait trouvé sympathique jusqu’à ce que tu l’insultes.<br />
— Je ne l’ai pas insultée ! Elle tombait sans cesse en avant, alors j’ai demandé aux stylistes de la<br />
faire tenir sur sa chaise.<br />
— Avec une corde ?<br />
— Tracey ! Pas avec une corde. Avec une ficelle.<br />
— Je vois.<br />
— Mais il ne s’agit pas du fantôme d’Anna Nicole. Je parle de toi, moi <strong>et</strong> notre amitié.<br />
Peut-être. Mais il me faut une seconde pour repousser l’image d’une Anna Nicole, livide <strong>et</strong> en<br />
manque, légèrement ficelée sur une chaise.<br />
— Raphael, comment peux-tu dire que c’est terminé juste parce que j’habite en banlieue ?<br />
— Parce que c’est ce que je ressens.<br />
— Mais c’est ridicule.<br />
— Tracey, je t’en prie, ne méprise pas mes sentiments.<br />
— Je suis désolée, je ne voulais pas…<br />
— Ma psy dit que je souffre du syndrome de l’abandon, Tracey. Elle m’aide à travailler là-dessus <strong>et</strong>