Talons aiguilles et peinture fraîche (Harlequin Red Dress Ink) - Free

Peut-être Raphael et moi avons-nous commencé à nous éloigner l’un de l’autre — sans que je puisse rien
y faire.
Je repousse ces pensées déprimantes.
— Parle-moi de ton nouveau job, dis-je.
— Il signifie plus de responsabilités. Et beaucoup plus de déplacements. Tu es d’accord ?
— Ai-je le choix ? dis-je sèchement avant d’ajouter à la hâte : Pardon… Je ne voulais pas te parler
sur ce ton, je suis fatiguée du voyage.
— Eh bien, tu dormiras demain matin.
Je regrette de ne pouvoir distinguer son visage. Difficile de déterminer si sa remarque est acide ou
innocente.
— Je ne demanderais pas mieux que prendre le train avec toi et aller travailler, mais j’ai été
licenciée.
— Le train n’est pas une partie de plaisir. Vendredi soir, Mitch et moi sommes restés debout jusqu’à
White Plains.
Mitch. Ouais.
Comment pourrais-je oublier qu’il est venu ce week-end ?
— Qu’a-t-il pensé de la maison ?
Jack hésite.
— Elle… lui a plu.
— Non, elle ne lui a pas plu.
— Il a juste dit qu’elle nécessitait pas mal de travaux. Ce qui est exact.
— Qu’a-t-il dit d’autre ?
— Pas grand-chose. Il était très énervé à propos du canapé.
— Eh bien, ça ne m’étonne pas, si on considère que depuis le jour où nous l’avons acheté, il a
pratiquement vécu dessus. Laisse-moi deviner : il a dit que je n’aurais pas dû laisser les déménageurs
scier le pied ?
— En fait, oui.
Evidemment.
J’ouvre la bouche pour rétorquer, mais je réalise quelque chose.
Peut-être Mitch a-t-il raison.
Peut-être n’aurais-je pas dû les laisser scier le pied du canapé.
Pourquoi les ai-je laissés détruire notre beau canapé ?
Parce qu’ils ne parvenaient pas à le passer par la porte, tu te souviens ?
Oui, mais ce qui a pu entrer doit pouvoir sortir, non ?
J’aurais dû prendre le temps de réfléchir.
Pas seulement pour le canapé.
— Je suis tellement désolée, dis-je à Jack, une grosse boule dans la gorge.
— De quoi ?
— De nous avoir fait déménager.
Ce n’est pas ce que je voulais dire. Je voulais m’excuser pour le pied scié du canapé, mais…
— Tracey…
— J’ai fichu nos vies en l’air !
— Tsss ! Mais non, tu n’as pas fichu nos vies en l’air.
Il me tapote le dos.
— Si.
— Comment ça ?
— J’ai l’impression que si nous n’avions pas déménagé, nous aurions encore des amis, de l’argent,