Talons aiguilles et peinture fraîche (Harlequin Red Dress Ink) - Free

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Enfin… presque n’importe quoi.
Si vous avez trouvé le trajet aller pénible, imaginez le trajet retour.
Inutile de l’imaginer.
Je vais vous le raconter.
Mamie est assise à l’avant, parce qu’elle est malade en voiture — du moins le prétend-elle.
Il s’avère que Stefania est malade en voiture aussi.
Comme en témoigne l’état des élégants vêtements de la pauvre Wilma et des housses beiges de la
banquette arrière de ma Hyundai.
Sa première nausée sévit vingt minutes après le départ et j’envisage sérieusement de faire demi-tour.
— Non, non, ça va, assure Stefania d’une voix faible, s’essuyant le visage avec le Kleenex procuré
par Wilma. J’aime voir New York City !
— C’est un long trajet, Stefania…
— Non, je vais super ! insiste-t-elle avant de s’étrangler en ravalant un gargouillement.
Wilma semble verdir un peu elle aussi et suggère à ma grand-mère qui observe le désastre survenu
sur la banquette arrière :
— Peut-être devriez-vous laisser votre place à Stefania.
Mamie baisse les yeux sur son tailleur pantalon blanc tout neuf, acheté spécialement pour le voyage
d’aujourd’hui.
— Je suis sûre qu’elle va aller très bien là où elle est, tranche-t-elle. N’est-ce pas, Stefania ?
— Je vais super. En avant. Waouh !
Que faire d’autre sinon reprendre la route dans l’odeur qu’on peut imaginer…
— Chantons des extraits de comédie musicale, suggère Wilma. Ça aide toujours.
Hein ? Ça n’aide jamais.
Mais voilà Wilma et Mamie lancées dans un pot-pourri des chansons de Rodgers et Hammerstein,
en moins de temps qu’il n’en faut pour dire Oklahoma.
Les chansons ne se calment que lorsque je m’arrête à la première aire de repos afin que Stefania
puisse aller se rafraîchir.
Pendant ce temps, je nettoie la banquette arrière du mieux que je peux avec quelques serviettes en
papier de fast-food trouvées dans la boîte à gants, mais elle n’en reste pas moins répugnante.
On exagère beaucoup les attraits liés à la possession d’une voiture. Que ne donnerais-je pas pour me
retrouver dans un bon vieux métro, où quantité d’autres passagers déversent leurs excrétions corporelles,
mais où au moins il ne m’appartient pas de nettoyer derrière eux.
Nous reprenons la route. Wilma et Mamie entonnent la totalité des chansons de South Pacific, ce qui