Talons aiguilles et peinture fraîche (Harlequin Red Dress Ink) - Free

ne s’inquiétait pas. Si elle clamse, elle clamse !
Désespérée, je m’adresse à ma mère.
— Mais, maman, tu viens d’être malade, tu n’as pas besoin de Stefania pour t’aider ?
Ces paroles scellent mon destin.
Connie Spadolini n’est jamais malade et n’a jamais besoin d’aide.
— Bien sûr que non, ne sois pas ridicule, Tracey.
Elle se tourne vers Stefania.
— Tu ne peux pas rentrer à Cracovie sans avoir vu New York.
— Elle peut… Je veux dire, ce n’est pas comme s’il existait une loi ou je ne sais quoi, dis-je avec
un rire nerveux.
Je suis la seule à rire. Je change de tactique.
— Peut-être n’a-t-elle pas envie d’entreprendre ce voyage juste avant son retour en Europe, elle va
être épuisée.
— J’adore le voyage ! proteste Stefania avec énergie.
— Tracey et Jack vous feront visiter New York, lui assure Wilma. Il y a tant à voir. Vous allez vivre
un moment extraordinaire.
Minute. Quoi ? Je refuse de jouer les guides touristiques pour Mamie et Stefania. Et je doute
sérieusement que Jack le désire.
Trop tard.
Tout est arrangé.
Elles vont venir, et j’ai beau réfléchir, je ne vois pas du tout ce que je peux y faire.
* * *
Jack, lui, voit très bien.
— Dis-leur simplement que ce n’est pas le bon moment pour nous pour recevoir, me conseille-t-il le
soir même, quand je l’appelle depuis la cave.
Pas une cave aménagée, non, une cave avec murs de pierre qui suintent, des toiles d’araignées et des
araignées.
C’est à peu près le seul endroit de la maison d’où personne ne peut surprendre ma conversation.
Tout le monde est endormi en haut.
Oh, et devinez quoi ? Ma belle-mère ronfle comme un chauffeur routier. Allez comprendre.
— Je ne peux pas leur dire que, pour nous, ce n’est pas le bon moment pour recevoir, dis-je à Jack,
parce que j’ai assuré à ma mère que le moment était parfait.
— Pourquoi lui as-tu dit ça ?
— Parce que je voulais qu’elle vienne. Elle toute seule.
Je me souviens qu’il n’est pas au courant du résultat des examens de maman. Je lui explique.
— Ce n’est pas bon, Trace. Il faut vraiment qu’elle commence à prendre soin d’elle-même.
— Je sais… mais tu la connais. Elle dit qu’elle ne changera pas son régime et ne se mettra pas au
sport.
— Ce n’est pas bon, répète-t-il.
— Je le sais. Cela m’inquiète.
Je regrette qu’il ne soit pas là, parce que j’aurais vraiment besoin qu’il me prenne dans ses bras.
— Elle se rend compte de la gravité de cette maladie ?
— Elle est entêtée. Comme tout le monde ici. On dirait qu’ils vivent dans leur propre univers, selon
leurs propres lois. Il me reste environ quarante-huit heures pour la convaincre de changer, de se nourrir
sainement et entamer une activité physique.