14.07.2013 Views

Talons aiguilles et peinture fraîche (Harlequin Red Dress Ink) - Free

Talons aiguilles et peinture fraîche (Harlequin Red Dress Ink) - Free

Talons aiguilles et peinture fraîche (Harlequin Red Dress Ink) - Free

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

arracher les mauvaises herbes de son jardin <strong>et</strong> hier soir, elle a cuisiné des pizza-frite.<br />

C’est-à-dire de la pâte à pain frite que ma mère tartine de beurre, avant d’ajouter sucre, cannelle <strong>et</strong><br />

de la crème au fruit en boîte.<br />

— Je vais lui parler, dis-je.<br />

Mon regard glisse sur les plateaux débordants de plats maison. Impossible que ma mère perde du<br />

poids tant qu’elle incarnera la chaîne câblée de rec<strong>et</strong>tes de cuisine à elle toute seule.<br />

Quant à se reposer ? Je n’ai jamais vu c<strong>et</strong>te femme s’asseoir que pour manger, tricoter ou se faire<br />

coiffer.<br />

— Bonne chance, dit Mary B<strong>et</strong>h. Elle n’entend que ce qu’elle veut entendre.<br />

Quand ma mère fait irruption dans la cuisine quelques minutes plus tard, nous cessons de discuter de<br />

sa santé.<br />

J’ai envie de l’attirer contre moi <strong>et</strong> de la serrer fort, ou de la supplier de rentrer avec moi à<br />

Westchester afin que je puisse prendre soin d’elle, ou encore de la gronder d’avoir traité le médecin de<br />

jeune niais.<br />

Mais avant que je puisse rien faire de tout ça, elle ordonne :<br />

— Sortons les plats du four. Tout le monde a faim.<br />

— Où se trouve ma belle-mère ? dis-je soudainement.<br />

— Dans la salle à manger. Elle discute avec Mamie.<br />

Oh-oh.<br />

Je m’empare du plat le plus proche, où s’empile une tour de saucisses calzone.<br />

— Je vais apporter ça.<br />

Je pénètre en trombe dans la salle à manger, pour trouver Mamie qui soulève sa tunique de satin<br />

turquoise afin d’exposer son sein gauche à Wilma.<br />

Mon Dieu, c’est pire que ce que j’avais imaginé dans mes pires cauchemars !<br />

— Vous voyez ? Juste ici, près du mamelon, déclare Mamie d’une voix forte.<br />

J’ai remarqué que sa voix grimpait d’un décibel au fil de ses anniversaires.<br />

— Mamie ! Que fais-tu ?<br />

Je me débarrasse du plateau sur la table <strong>et</strong> me précipite en me félicitant que personne d’autre ne se<br />

trouve dans la pièce. Sauf Wilma, hélas. Je n’ose pas la regarder.<br />

— J’expliquais à ta belle-mère que mon nouveau soutien-gorge m’a provoqué une irritation.<br />

Mais pourquoi, Mamie ? Pourquoi lui racontes-tu ça ?<br />

— Quel soutien-gorge ? dis-je faiblement.<br />

Avant de remarquer :<br />

— Tu ne portes pas de soutien-gorge.<br />

Je me demande si elle est devenue sénile. Je vous le dis, cela fait un moment que cela la menace.<br />

Elle a maintenant dans les quatre-vingt-cinq ans <strong>et</strong> assure pour son âge mais…<br />

— Je sais que je ne porte pas de soutien-gorge. Parce que le push-up très chic que j’ai commandé<br />

dans le catalogue Sears m’a valu c<strong>et</strong>te plaque rouge qui me démange, tu vois ?<br />

Elle brandit son sein — qui un jour, j’en suis sûre, a pointé fièrement, mais qui maintenant pend<br />

comme une balle de tennis dans une chauss<strong>et</strong>te — dans ma direction. Je ne peux m’empêcher de noter<br />

qu’elle aurait effectivement l’usage d’un push-up.<br />

Mais bon…<br />

Comme Wilma, la pauvre, semble un peu défaite, je m’exclame :<br />

— Sears ! Ça me rappelle — il faut que je te parle de notre maison, Mamie. Elle vient du catalogue<br />

Sears, elle aussi. Range ton attirail, je vais te la décrire en détail.<br />

— Tracey ! Comment parles-tu ? me gronde-t-elle.<br />

Et toi ? Comment peux-tu exhiber ton sein à nos invités ?, ai-je envie de lui rappeler.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!