Talons aiguilles et peinture fraîche (Harlequin Red Dress Ink) - Free
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Les maisons de nos voisins ne donnent aucun signe de vie. D’un côté, il y a un couple qui travaille <strong>et</strong><br />
dont les enfants sont déjà grands ; de l’autre, un couple de jeunes avec des enfants en bas âge ; en face, un<br />
couple de r<strong>et</strong>raités qui apparemment voyagent beaucoup.<br />
Je me demande quelle maison appartient à Cornelia/ Angelina. Elle a dit deux maisons plus bas,<br />
donc soit un adorable p<strong>et</strong>it cottage avec une barrière blanche, soit une imposante demeure coloniale qui<br />
me rappelle celle dans laquelle a été élevé Jack.<br />
Je penche pour imposante plutôt qu’adorable. Un jour il faudra que je glisse un mot dans sa boîte<br />
afin de la remercier de son plat immangeable. Ah ! Et devinez quoi ? Maintenant je suis libre pour ce<br />
cours de yoga pour débutants à 11 heures. Je vais peut-être aller voir. Dès que j’aurai fini de m’empiffrer<br />
avec c<strong>et</strong>te tarte.<br />
C’est vraiment calme par ici, me dis-je en me dirigeant vers la maison. A part le bruit de mes pas, je<br />
ne distingue que le chant des oiseaux <strong>et</strong> le lointain bourdonnement d’une tondeuse à gazon.<br />
L’endroit est d’une dangereuse tranquillité.<br />
A moins qu’il ne soit tranquillement dangereux.<br />
J’inspecte la maison afin de vérifier l’absence de tueurs en série dans les placards <strong>et</strong> sous le lit, puis<br />
passe au peigne fin le fouillis dans la cuisine jusqu’à ce que je trouve des couverts en plastique fournis<br />
avec un plat à emporter. Nous n’avons toujours pas localisé notre argenterie — l’avons-nous seulement<br />
emportée ?<br />
Avant de m’installer avec tarte <strong>et</strong> couverts en plastique, j’essaie encore une fois de joindre Jack.<br />
C<strong>et</strong>te fois il répond.<br />
— Ça va ? demande-t-il.<br />
— Ça va.<br />
— Ça n’en a pas l’air.<br />
— Ça va aller. En rentrant, je me suis arrêtée ach<strong>et</strong>er une tarte à cinquante dollars <strong>et</strong> je vais la<br />
manger en entier à moi toute seule.<br />
Silence.<br />
— Tu as dit cinquante dollars ?<br />
— Oui. Je sais que ce n’est pas prévu dans le budg<strong>et</strong>, mais j’en avais besoin. Et réfléchis, nous<br />
allons économiser trois cents dollars puisque je n’aurai pas besoin d’abonnement de train pour le mois de<br />
juin !<br />
— Ce qui représente six tartes, rétorque sèchement Jack. Tu as ach<strong>et</strong>é la poupée pour Hayley ?<br />
— J’ai changé d’avis. Hayley a passé l’âge des poupées.<br />
— Elle a deux ans.<br />
C’est vrai.<br />
— Pour tout te dire, dis-je à Jack un peu vexée, la poupée coûtait davantage que la totalité de notre<br />
budg<strong>et</strong> cadeau pour l’année.<br />
— Je vois, dis Jack.<br />
J’entends un autre téléphone sonner derrière lui.<br />
— … Je dois te laisser.<br />
— D’accord. Je vais peut-être aller faire des courses <strong>et</strong> préparer à dîner.<br />
— Avec tout ce qui se passe ici, je crois que je vais rentrer vraiment tard.<br />
Oh.<br />
C’est vrai.<br />
Depuis ce matin, il a une vie — une vie à New York — <strong>et</strong> moi je n’en ai aucune nulle part.<br />
Une heure plus tard, accroupie dans la salle de bains du haut, je suis occupée à vomir ma tarte aux<br />
fraises — non je ne suis pas boulimique, juste malade comme un chien — quand r<strong>et</strong>entit une voix en bas.<br />
— Toc-toc !