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Talons aiguilles et peinture fraîche (Harlequin Red Dress Ink) - Free

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— Oh ! C’est super.<br />

Hayley sera la seule p<strong>et</strong>ite fille au monde à en avoir une. Quel plus beau cadeau ?<br />

— Je peux la voir, s’il vous plaît ?<br />

— Qui ?<br />

— La poupée.<br />

La vendeuse a dû être privée de Barbie toute son enfance. Je la plains fugitivement.<br />

— Bien sûr.<br />

De nouveau, la grimace.<br />

C’est bon. Elle ne me plaît pas, qu’elle ait été privée de Barbie dans son enfance ou pas. C’est plus<br />

fort que moi.<br />

Elle fait tant d’histoires. Tout juste si elle ne grommelle pas en ouvrant un tiroir pour y chercher<br />

Dieu seul sait quoi. Peut-être dois-je signer une décharge spéciale avant de pouvoir regarder la poupée<br />

de plus près. Je commence à me demander si je n’ai pas mal interprété son expression en entrant.<br />

Je crois qu’en fait elle signifiait : S’il te plaît, achète-moi <strong>et</strong> foutons le camp loin de c<strong>et</strong>te horrible<br />

bonne femme.<br />

— La voilà, marmonne-t-elle en tirant un jeu de clés du tiroir.<br />

La poupée est enchaînée <strong>et</strong> cadenassée à son adorable p<strong>et</strong>ite chaise de bois. Par pitié, tirez-moi de<br />

là ! hurle silencieusement la poupée tandis que la femme au chignon la soulève de la vitrine <strong>et</strong> lui fait<br />

traverser le magasin.<br />

Elle la pose sur le comptoir avec une sorte de grognement <strong>et</strong> se tourne vers moi d’un air<br />

interrogateur.<br />

— Elle est adorable, dis-je.<br />

Je caresse un bras de la poupée, puis l’autre, puis passe mes mains autour de son cou à la recherche<br />

d’une étiqu<strong>et</strong>te portant un prix.<br />

— Elle est très délicate, m’informe la vendeuse.<br />

Elle a appuyé sur le mot délicate. Je sens bien qu’elle meurt d’envie de me taper sur la main pour<br />

m’empêcher de toucher la poupée.<br />

Je déteste l’idée d’abandonner c<strong>et</strong>te poupée à son sort, mais je me demande si j’ai les moyens de<br />

l’ach<strong>et</strong>er. Surtout après ma mise au chômage. J’ai reçu des indemnités de départ consistantes mais je ne<br />

peux pas m’amuser à ach<strong>et</strong>er des jou<strong>et</strong>s de luxe à la pelle.<br />

Je m’adonne à une fouille en règle afin de trouver le prix, en vain.<br />

Contre mon gré, je me trouve donc obligée de poser la question.<br />

— Elle coûte combien ?<br />

Elle me donne une réponse incroyable.<br />

— Sept quatre-vingt-dix-neuf.<br />

— Vous plaisantez !<br />

— Plus la TVA, ajoute-t-elle sèchement.<br />

Qui aurait cru qu’on pouvait ach<strong>et</strong>er une poupée comme celle-ci pour moins de dix dollars ?<br />

Vous voyez ? Je vous avais dit que le coût de la vie à Manhattan était ridicule. Comme il va être<br />

sympa de vivre dans un endroit où les choses ont un prix raisonnable — pas uniquement les poupées de<br />

chiffon, le reste aussi, je suppose.<br />

Sauf, étrangement, les maisons.<br />

Mais les mystères de l’immobilier ne doivent pas vous surprendre.<br />

— Je la prends, dis-je à la vendeuse. Ma nièce va l’adorer.<br />

Je tapote le bras de la poupée <strong>et</strong> lui glisse silencieusement : Ne t’inquiète pas, c’est comme si nous<br />

étions déjà parties.<br />

La femme paraît agréablement surprise. En me demandant où elle doit envoyer la poupée, elle sourit

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