Talons aiguilles et peinture fraîche (Harlequin Red Dress Ink) - Free

Kathleen se souvient soudain que leur journée du lendemain est incroyablement chargée.
Je n’en crois pas un mot, mais je suis ravie de la voir pousser Bob et les jumelles vers la sortie, en
promettant de nous rappeler pour que nous achetions des billets pour je ne sais quel spectacle du théâtre
municipal dans lequel jouent les jumelles. Pas le spectacle de l’école. Une autre représentation. Les
jumelles sont programmées dans davantage de spectacles que Céline Dion, et notre présence semble
indispensable.
— Alors qu’en dites-vous ? demande Wilma, restée seule avec nous. Nous partons maintenant et
revenons demain matin ? Je pourrais organiser vos placards de cuisine. J’adore organiser les choses.
Je me tourne vers Jack, espérant qu’il pense la même chose que moi.
Wilma veut bien faire, mais je veux ranger mes propres placards.
Et je veux dormir dans mon propre lit, dans ma propre maison.
Wilma fait tinter ses clés de voiture, prête à partir.
Jack m’adresse un discret signe de tête.
Je lui réponds d’un signe de tête tout aussi discret.
— Merci de votre offre, Wilma, dis-je, mais c’est notre première nuit dans notre nouvelle maison,
alors nous allons rester.
Jack me sourit.
Je lui souris en retour.
Après embrassades, félicitations et la promesse de revenir nous aider le lendemain, sa mère nous
quitte. Nous nous retrouvons seuls tous les deux, dans notre propre maison, notre propre salon douillet…
au milieu d’un champ de bataille.
Jack m’enlace d’un bras et je pose la tête sur sa poitrine.
— Alors ? demande-t-il.
— Alors quoi ?
— En quoi diable peut consister un mimzy ? demande-t-il.
J’éclate de rire, avant de lui faire remarquer :
— Nous avons oublié d’annoncer ta promotion à ta mère.
— Nous avons tout le temps, bâille Jack. Alors tu te sens toujours chez toi ?
Je pense à la photo dans le tiroir, et à Barbra.
Est-il possible que tout ait été si simple alors ?
Je fouille dans mes souvenirs et me souviens des mises en garde de ma mère, qui voyait en Jack un
séducteur, des disputes que nous avons eues chaque fois qu’un couple d’amis se mariait, de ce Noël où il
m’avait offert une peluche de collection au lieu d’une bague de fiançailles, et de la préparation religieuse
au mariage, où il a déclaré m’aimer pour mes cheveux.
Cela n’a jamais été simple.
Ce ne sera jamais simple.
— Cette maison peut devenir notre chez-nous, dis-je à Jack, au bout d’un moment. Je le sens. Nous
allons nous plaire ici. Il faut un peu de temps. Je crois…
Je réprime un autre gros bâillement.
— Tu es crevée. Moi aussi. Allez, installons notre lit et baptisons notre nouvelle chambre.
— Installons notre lit et allons nous coucher. Pour dormir, dis-je d’un ton définitif à la vue de la
lueur pleine d’espoir qui brille dans l’œil de Jack. Je suis totalement éreintée.
Dans l’escalier, Jack s’enquiert :
— Tu as une idée de l’endroit où nous avons rangé les C.D.?
— Les C.D.? Pourquoi ?
— Un petit U2 en fond musical serait sympa pendant que nous installons le lit.
— Pas mal joué. Je n’en ai aucune idée. Mais je suis certaine que nous finirons par les trouver.