Au milieu d'un enfer planétaire - Capitaine Flam
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-Ca n’est pas bon signe, mon garçon, dit sèchement le Cerveau. Normalement, les Joviens<br />
ne jouent jamais du tambour de terre là où les Terriens peuvent les entendre.<br />
-Je vais aller en ville, retrouver sur place Ezra Gurney, le Marshal de la Police Planétaire,<br />
dit-il au Cerveau. Peux-tu rester ici et travailler sur le remède de l’atavisme, Simon ?<br />
-Bien sûr ! répondit le Cerveau.<br />
-Je t’accompagne cette fois, maître ? demanda Grag, inquiet.<br />
-Non Grag, tu attirerais trop l’attention en ville, dit le <strong>Capitaine</strong> Futur au grand robot. Je<br />
t’appellerais si j’ai besoin de toi.<br />
Puis Curt parcourut le terrain dans l’obscurité pour rejoindre la ville. Les deux lunes<br />
illuminaient sa grande silhouette, et le frémissement cramoisi du ciel teintait de rouge son visage<br />
tendu.<br />
Curt pénétra dans la rue principale de Jungletown, une rue étroite et non pavée, bordée de<br />
chaque côté par des débits de boissons et des pensions d’apparence malsaine, sous l’éclairage<br />
blafard des ampoules d’uranite. La musique beuglant de partout et le cahot de voix<br />
l’assourdissaient.<br />
Il se dirigea vers la foule bruyante et hétéroclite qui encombrait la rue. Il y avait des<br />
prospecteurs en combinaisons sales, d’hirsutes clochards de l’espace qui mendiaient, des joueurs<br />
inter<strong>planétaire</strong>s aux regards glaciaux, des ingénieurs émaciés avec de hautes bottes et des pistolets à<br />
explosion à la ceinture et des voyageurs de l’espace bronzés, tous étaient venus de Jovopolis vers<br />
l’une des plus sauvages nouvelles villes frontières du Système pour se noyer en beuveries.<br />
Curt nota que seulement quelques Joviens parcouraient les rues. Les hommes palmés ne<br />
faisaient aucune remarque quand des Terriens ivres les repoussaient hors de leur chemin, mais<br />
étrangement leur silence était de mauvais augure.<br />
-Qui veut acheter un ‘parleur’ saturnien ? cria un grand voyageur de l’espace avec un oiseau<br />
ressemblant à un hibou sur son épaule.<br />
-Qui veut acheter un ‘parleur’ saturnien ? répéta l’oiseau, en imitant parfaitement la voix de<br />
son maître.<br />
-Le plus grand bar de Jupiter ! beuglait un serveur à l’extérieur d’un bar. Les meilleurs vins<br />
de Mars, les eaux de rêve de Mercure, toutes les boissons de toutes les planètes !<br />
En passant devant une grande salle de jeu bruyante dont les cliquetis des roulettes<br />
quantiques résonnaient, Curt sentit une main agripper la sienne. C’était un Martien chétif à la peau<br />
rouge, son haleine exhalait le brandy jovien en interpellant Curt de sa voix haute et perçante.<br />
-Aide-moi, Terrien ! pria-t-il. J’ai été retenu ici une année et je dois repartir sur Mars pour<br />
soutenir ma famille.<br />
Curt ricana.<br />
-Cela ne fait pas plus d’un mois que tu es sur Jupiter ou ta peau serait décolorée. Tu ne peux<br />
pas avoir de famille à soutenir, puisque chez le peuple Syrtis de Mars les enfants sont élevés en<br />
communauté. Mais, tiens voilà quelque chose pour boire.<br />
Le Martien, abasourdi, prit la pièce et s’éloigna rapidement du grand rouquin.<br />
Puis soudain, devant une taverne d’où provenait une musique sauvage, beuglante et vibrante<br />
au double-rythme vénusien, Curt fut saisi par l’arrêt brutal du grondement de débauche.<br />
-Marshal ou pas, tu n’as aucun droit de dire à Jon Daumer ce qu’il doit faire ! grogna la voix<br />
beuglante d’un Terrien.<br />
-Je te le dis, et je ne le répéterai pas, répondit une voix ferme. Toi et tes amis, vous allez<br />
quitter la ville sur-le-champ.<br />
Le <strong>Capitaine</strong> Futur reconnut la seconde voix. Il entra rapidement dans la taverne.<br />
C’était un grand hall de métal brillant, rempli de la fumée âcre du tabac vénusien, fabriqué à<br />
partir de feuilles des marais. Une foule bigarrée encombrait la salle. Il y avait des prospecteurs, des<br />
joueurs et des ingénieurs, certains buvaient le long du bar en verrite, d’autres dansaient avec des<br />
filles maquillées vulgairement.<br />
Tous les yeux convergeaient maintenant vers la scène du drame. Un gros Terrien au visage<br />
massif dans une combinaison blanche et derrière lui, trois autres hommes aux yeux mesquins,<br />
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