Au milieu d'un enfer planétaire - Capitaine Flam

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Le Président abaissa son regard vers le corps poilu qui quelques semaines plus tôt avait été le plus intelligent, le plus valeureux de tous les agents secrets des forces de la Patrouille Planétaire. -Sperling a peut-être écrit un rapport, murmura Carthew. -Les agents secrets ne sont pas supposés le faire, mais… Rapidement, le jeune secrétaire fouilla les vêtements de la créature velue. Il émit une petite exclamation en extirpant un papier. Il était recouvert d’une écriture grossière, presque illisible, ressemblant aux gribouillis d’un enfant. Il était adressé « Au Président. » et Carthew le lut à haute voix : Le vaisseau n’est qu’à un jour de la Terre, mais je me sens changer très vite, j’ai peur de ne plus être capable de parler ou penser clairement très bientôt. J’ai été touché par l’atavisme sur Jupiter, il y a plusieurs jours. J’ai essayé de rentrer sur Terre pour raconter ce que j’ai appris, avant de devenir complètement inhumain. J’ai appris que la contagion sur Jupiter est causée par un personnage mystérieux appelé l’Empereur de l’Espace. Je ne sais pas s’il est Terrien ou Jovien. Comment il répand ce péril, je ne sais pas, mais c’est un pouvoir qu’il utilise secrètement sur les Terriens là-bas. Je n’ai rien senti venir, jusqu’à ce que je me vois moi-même changer, mes pensées devenir plus embrumées, bestiales. Ne peux écrire beaucoup plus maintenant … difficile de tenir un crayon … n’ai pas osé quitter ma cabine … ai tellement changé … mon cerveau devient lourd … aurais aimé en apprendre plus… Les yeux du jeune secrétaire exprimaient la pitié et l’horreur pendant que James Carthew lisait les derniers mots. -Ainsi Sperling a échoué, il n’a rien pu apprendre de plus, rien d’autre que le fait que cette contagion est causée délibérément par la main d’un homme ! s’exclama-t-il. L’imaginer terré dans sa cabine pendant tout le chemin du retour sur Terre, devenant plus bestial chaque jour, espérant arriver sur Terre suffisamment humain… -Nous n’avons pas le temps de penser à Sperling maintenant ! expliqua Carthew, sa voix était forte et rude. Pour l’instant, nous devons penser aux peuples de Jupiter et des autres planètes, il faut arrêter cette menace ! En ce moment même, James Carthew sentait tout le terrible poids de ses responsabilités. Les neuf planètes de Mercure à Pluton avaient remis leur sécurité entre ses mains. Et maintenant il sentait l’arrivée de ce mystérieux et atroce péril, une horreur sombre et invisible qui se répandait comme un poison subtil. Les premiers rapports sur l’infection étaient venus de Jupiter, des semaines auparavant. Làbas sur cette magnifique planète dont les vastes jungles et les immenses océans étaient encore largement inexplorés, là-bas fleurissait une colonie terrienne considérable. Centrées autour de la capitale, Jovopolis, il y avait une douzaine de petites cités de Terriens, mineurs, bûcherons ou engagés dans de grands projets agricoles. De l’une de ces cités coloniales, proches de Jovopolis, était venue un incroyable rapport. Des Terriens se transformaient en bêtes ! Des Terriens, inexplicablement étaient transformés en animaux ressemblant à des singes, leurs corps et esprits devenaient chaque jour plus bestiaux. Un terrifiant retour en arrière de l’évolution humaine ! Ils étaient les victimes d’un atavisme, une rétrogradation biologique qui les faisaient chuter de l’échelle de l’évolution. Carthew avait eu du mal à croire les premiers rapports. Mais très vite, étaient arrivées de nombreuses corroborations. Déjà des centaines de Terriens avaient été la proie de cet effroyable métamorphose. Les colons, là-bas, commençaient à céder à la panique. Carthew avait envoyé des scientifiques, des spécialistes en médecine planétaire, pour combattre cette terrible maladie. Mais ils avaient été incapables d’arrêter les cas d’atavisme ou même d’en apprendre leur cause. Et l’agent secret de la Police Planétaire n’avait pas non plus été 4

capable d’en apprendre plus. Sperling, le meilleur des agents, n’avait pas appris grand chose, malgré son sacrifice. -Nous devons faire quelque chose tout de suite, pour détruire cette maladie, déclara Carthew, déconcerté. Nous savons maintenant, au moins, que ces cas d’atavisme sont causés délibérément, par celui que Sperling a appelé l’Empereur de l’Espace. -Mais si Sperling, notre meilleur agent, n’a pas pu réussir, qui dans ce monde le pourra ? s’écria Bonnel. James Carthew s’approcha de la porte-fenêtre et sortit sur le petit balcon. Il regarda la pleine Lune qui naviguait de sa splendeur majestueuse loin au-dessus des tours élancées de New York endormie. Il y avait une ombre de désespoir dans le visage ridé du Président alors qu’il observait la face blanche et brillante du satellite solitaire. -Il n’y a plus qu’une seule chose à faire, dit-il d’un air déterminé. Je vais appeler le Capitaine Futur. Le secrétaire se raidit. -Le Capitaine Futur ? Mais le monde entier saura qu’il s’agit d’un état d’urgence extrême, si vous l’appelez ! -C’est un cas d’urgence extrême ! s’exclama son supérieur. Nous devons l’appeler. Envoyez un message à la patrouille météorologique située à Spitzbergen. Ordonnez-leur d’allumer le signal de la torche au magnésium du Pôle Nord. -Très bien, Monsieur, accepta le secrétaire, et il s’approcha du téléviseur. Il revint un peu plus tard sur le balcon où James Carthew attendait anxieux le regard fixé sur la Lune. -La torche a été allumée au Pôle Nord, rapporta-t-il. Ils n’avaient plus qu’à attendre, dans un silence tendu. Une heure passa, puis une autre. L’horloge à uranite afficha minuit passé. Loin derrière les tours de New York, la Lune déclinait de son zénith. Ils pouvaient voir au loin les lumières des moteurs des croiseurs quittant le spatioport pour les lointaines Vénus, Saturne ou Pluton. -Pourquoi le Capitaine Futur n’arrive-t-il pas ? s’écria North Bonnel, incapable de garder le silence plus longtemps. Son vaisseau peut franchir la distance de la Terre à la Lune en quelques heures ; il devrait déjà être ici. La tête grise de James Carthew se releva. -Il viendra. Il n’a encore jamais refusé de répondre à notre appel. -En fait, je suis déjà là, Monsieur, dit une voix profonde et rieuse. Elle provenait du balcon derrière la fenêtre. Un jeune homme, grand et aux cheveux roux était mystérieusement apparu là, comme par magie. -Curt Newton, Capitaine Futur ! s’écria le Président, enthousiaste. Curt Newton était un jeune homme grand et bien bâti. Sa tignasse rousse indisciplinée dominait à un mètre quatre-vingt du sol, et ses larges épaules menaçaient de déchirer la veste de sa combinaison en soie synthétique grise. Il portait une ceinture plate de tungstite sur laquelle était accroché un pistolet à l’aspect étrange, et il avait à la main gauche un anneau large et bizarre. Le beau visage bronzé du grand jeune homme exprimait un franc sourire, et le rire plissait ses yeux. Pourtant quelque chose de profond et de déterminé était tapi derrière l’humeur badine de ces yeux gris, une indéfectible résolution. -Capitaine Futur ! répéta James Carthew au grand jeune homme. Mais où est votre vaisseau la Comète ? -Suspendu au-dessus du mur extérieur grâce à ses ancres magnétiques, répondit Curt Newton joyeusement. Mes compagnons arrivent justement à l’instant. Une étrange silhouette apparut sur le balcon aussitôt même. C’était une silhouette humaine, mais au corps souple, comme sans ossature et de couleur blanche. Il portait un harnais de métal. De grands yeux bridés, verts et inhumains flamboyaient sur ce visage étrangement blanc. 5

Le Président abaissa son regard vers le corps poilu qui quelques semaines plus tôt avait été<br />

le plus intelligent, le plus valeureux de tous les agents secrets des forces de la Patrouille Planétaire.<br />

-Sperling a peut-être écrit un rapport, murmura Carthew.<br />

-Les agents secrets ne sont pas supposés le faire, mais…<br />

Rapidement, le jeune secrétaire fouilla les vêtements de la créature velue. Il émit une petite<br />

exclamation en extirpant un papier.<br />

Il était recouvert d’une écriture grossière, presque illisible, ressemblant aux gribouillis d’un<br />

enfant. Il était adressé « <strong>Au</strong> Président. » et Carthew le lut à haute voix :<br />

Le vaisseau n’est qu’à un jour de la Terre, mais je me sens changer très vite, j’ai peur de ne<br />

plus être capable de parler ou penser clairement très bientôt. J’ai été touché par l’atavisme sur<br />

Jupiter, il y a plusieurs jours. J’ai essayé de rentrer sur Terre pour raconter ce que j’ai appris,<br />

avant de devenir complètement inhumain.<br />

J’ai appris que la contagion sur Jupiter est causée par un personnage mystérieux appelé<br />

l’Empereur de l’Espace. Je ne sais pas s’il est Terrien ou Jovien. Comment il répand ce péril, je ne<br />

sais pas, mais c’est un pouvoir qu’il utilise secrètement sur les Terriens là-bas. Je n’ai rien senti<br />

venir, jusqu’à ce que je me vois moi-même changer, mes pensées devenir plus embrumées,<br />

bestiales.<br />

Ne peux écrire beaucoup plus maintenant … difficile de tenir un crayon … n’ai pas osé<br />

quitter ma cabine … ai tellement changé … mon cerveau devient lourd … aurais aimé en apprendre<br />

plus…<br />

Les yeux du jeune secrétaire exprimaient la pitié et l’horreur pendant que James Carthew<br />

lisait les derniers mots.<br />

-Ainsi Sperling a échoué, il n’a rien pu apprendre de plus, rien d’autre que le fait que cette<br />

contagion est causée délibérément par la main d’un homme ! s’exclama-t-il. L’imaginer terré dans<br />

sa cabine pendant tout le chemin du retour sur Terre, devenant plus bestial chaque jour, espérant<br />

arriver sur Terre suffisamment humain…<br />

-Nous n’avons pas le temps de penser à Sperling maintenant ! expliqua Carthew, sa voix<br />

était forte et rude. Pour l’instant, nous devons penser aux peuples de Jupiter et des autres planètes, il<br />

faut arrêter cette menace !<br />

En ce moment même, James Carthew sentait tout le terrible poids de ses responsabilités. Les<br />

neuf planètes de Mercure à Pluton avaient remis leur sécurité entre ses mains. Et maintenant il<br />

sentait l’arrivée de ce mystérieux et atroce péril, une horreur sombre et invisible qui se répandait<br />

comme un poison subtil.<br />

Les premiers rapports sur l’infection étaient venus de Jupiter, des semaines auparavant. Làbas<br />

sur cette magnifique planète dont les vastes jungles et les immenses océans étaient encore<br />

largement inexplorés, là-bas fleurissait une colonie terrienne considérable. Centrées autour de la<br />

capitale, Jovopolis, il y avait une douzaine de petites cités de Terriens, mineurs, bûcherons ou<br />

engagés dans de grands projets agricoles.<br />

De l’une de ces cités coloniales, proches de Jovopolis, était venue un incroyable rapport.<br />

Des Terriens se transformaient en bêtes ! Des Terriens, inexplicablement étaient transformés en<br />

animaux ressemblant à des singes, leurs corps et esprits devenaient chaque jour plus bestiaux. Un<br />

terrifiant retour en arrière de l’évolution humaine ! Ils étaient les victimes d’un atavisme, une<br />

rétrogradation biologique qui les faisaient chuter de l’échelle de l’évolution.<br />

Carthew avait eu du mal à croire les premiers rapports. Mais très vite, étaient arrivées de<br />

nombreuses corroborations. Déjà des centaines de Terriens avaient été la proie de cet effroyable<br />

métamorphose. Les colons, là-bas, commençaient à céder à la panique.<br />

Carthew avait envoyé des scientifiques, des spécialistes en médecine <strong>planétaire</strong>, pour<br />

combattre cette terrible maladie. Mais ils avaient été incapables d’arrêter les cas d’atavisme ou<br />

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