Au milieu d'un enfer planétaire - Capitaine Flam
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DES MONSTRES QUI FURENT DES HOMMES<br />
La demeure du gouverneur était nichée dans un parc d’énormes arbres-fougères et<br />
d’arbustes foisonnants. C’était une structure vaste et rectangulaire, construite en un métal rutilant<br />
comme tout le reste de la cité des Terriens, ses larges et nombreuses fenêtres étaient toutes<br />
illuminées.<br />
Curt traversa silencieusement le sombre verger. Les rayons brillants des trois grosses lunes<br />
effleuraient les feuilles des gigantesques arbres-fougères et chatoyaient sur son le visage déterminé.<br />
Le parfum des magnifiques mais interdites fleurs-choquantes était puissant. Haut dans le ciel<br />
planaient les chauves-souris lunaires, ces étranges et iridescentes créatures ailées de Jupiter qui se<br />
manifestaient seulement quand une ou plusieurs lunes apparaissaient dans le ciel.<br />
Il s’approcha furtivement d’une terrasse de l’aile est de la grande demeure métallique. Sans<br />
bruit, le <strong>Capitaine</strong> Futur s’avança vers une fenêtre ouverte qui laissait échapper la lumière blanche<br />
et blafarde des puissantes ampoules d’uranite. Il observa scrupuleusement l’intérieur du bureau et<br />
aussitôt reconnut le Gouverneur de la colonie terrienne, d’après la description du Président.<br />
Sylvanus Quale, le Gouverneur colonial, était assis derrière un bureau de métal. Quale était<br />
un homme d’une cinquantaine d’années, il avait une silhouette puissante et massive, des cheveux<br />
gris, et un visage carré à l’air imperturbable et glacial. Avec ses yeux délavés et inexpressifs, il<br />
semblait aussi énigmatique qu’une statue.<br />
Le <strong>Capitaine</strong> Futur vit que Quale parlait à une jeune femme vêtue de l’uniforme blanc des<br />
infirmières.<br />
-Pourquoi le docteur Britt ne m’a-t-il pas amené son rapport de l’hôpital d’urgence luimême,<br />
mademoiselle Randall ? interrogea Quale.<br />
-Il est complètement épuisé, il est sur le point de tomber, répliqua-t-elle. Ses yeux<br />
exprimèrent la tristesse lorsqu'elle ajouta :<br />
-Cette terrible chose devient trop dure pour nous tous.<br />
Curt songea que la jeune femme, même dans ce sévère uniforme blanc, était<br />
remarquablement jolie. Ses cheveux sombres, ondulés et libres entouraient un petit visage dont les<br />
yeux noisettes et les lèvres fermes donnaient une impression d’efficacité et de sang froid. Pourtant<br />
une horreur profonde était tapie au fond de ces yeux.<br />
-Monsieur Quale, qu’allons-nous faire ? Curt perçut sa plainte. Il y a plus de trois cent cas de<br />
cette épidémie maintenant, à l’hôpital d’urgence. Et certains d’entre eux deviennent… horribles.<br />
-Vous voulez dire qu’ils continuent de changer, Joan ? demanda Quale, oubliant les<br />
formalités officielles au <strong>milieu</strong> de ses profondes inquiétudes.<br />
La fille acquiesça, le visage livide.<br />
-Oui, je ne peux pas décrire à quel point certains d’entre eux sont devenus hideux. Et il y a à<br />
peine quelques jours ils étaient encore des hommes ! Vous devez faire quelque chose pour arrêter<br />
cela !<br />
Curt pénétra dans le bureau par la porte-fenêtre ouverte, aussi silencieux qu’une ombre.<br />
-J’espère que je pourrais faire quelque chose pour le stopper, dit-il calmement.<br />
Joan Randall se retourna avec un petit cri de surprise, et Sylvanus Quale se releva à demi en<br />
voyant le grand jeune homme aux cheveux roux et aux yeux gris qui leur faisait face gravement<br />
dans la pièce.<br />
-Qui… Quoi ? bégaya le gouverneur, approchant sa main d’un bouton sur le bureau.<br />
-Vous n’avez pas besoin d’appeler les gardes, lui dit Curt impatiemment. Cet anneau<br />
m’identifiera.<br />
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