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Variation interannuelle du bilan hydrique du lac Tanganyika (1932 ...

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INTRODUCTION<br />

Hydrological Sciences-Journai-des Sciences Hydrologiques, 47(5) octobre 2002 7g ]<br />

<strong>Variation</strong> <strong>interannuelle</strong> <strong>du</strong> <strong>bilan</strong> <strong>hydrique</strong> <strong>du</strong> <strong>lac</strong><br />

<strong>Tanganyika</strong> (<strong>1932</strong>-1995): changement dans la<br />

relation précipitation-excédent <strong>lac</strong>ustre<br />

LAURENT BERGONZINI<br />

FRE-CNRS 2566 "ORSAYTERRE". Université Paris Sud, F-91405 Orsay, France<br />

lbergo@geol.u-psud.fr<br />

YVES RICHARD & PIERRE CAMBERLIN<br />

UMR-CNRS 5080 Centre de Recherche de Climatologie, Université de Bourdonne,<br />

F-21000 Dijon, France<br />

Résumé Les données rassemblées ont permis d'évaluer sur la période <strong>1932</strong>-1995 les<br />

variations <strong>du</strong> niveau <strong>du</strong> <strong>lac</strong> <strong>Tanganyika</strong>, <strong>du</strong> débit à l'exutoire, de l'excédent <strong>du</strong> <strong>bilan</strong><br />

<strong>lac</strong>ustre (ou "niveau sans écoulement", AH*) et des précipitations sur le bassin.<br />

L'évolution <strong>du</strong> <strong>bilan</strong> <strong>lac</strong>ustre annuel est reliée à la variabilité pluviométrique. Pourtant<br />

une augmentation brutale de l'excédent après 1961 est mise en évidence et correspond<br />

à un changement de la relation entre excédent et précipitation annuelle, associable à<br />

une plus grande "efficacité" des pluies. Ce changement brutal dans le <strong>bilan</strong> <strong>lac</strong>ustre<br />

serait en partie in<strong>du</strong>it par l'installation plus précoce de la saison des pluies. Mais<br />

l'anthropisation <strong>du</strong> milieu et la modification des conditions d'écoulement de surface<br />

apparaissent elles aussi pour partie responsables de la différence de sensibilité <strong>du</strong><br />

système <strong>lac</strong>ustre aux variations pluviométriques.<br />

Mots clefs Lac <strong>Tanganyika</strong>; <strong>bilan</strong> <strong>hydrique</strong>; variabilité <strong>interannuelle</strong>; tendance et ruptures<br />

Interannual variation of the water budget of Lake <strong>Tanganyika</strong><br />

(<strong>1932</strong>-1995): changes in the precipitation-lake water excess<br />

relationship<br />

Abstract The data collected have allowed the evaluation of the variations in the water<br />

levels of Lake <strong>Tanganyika</strong> between <strong>1932</strong> and 1995, the discharge at the outlet, the<br />

excess of the lake budget (or "level without discharge", AH*), and the precipitation on<br />

the drainage area. The evolution of the annual lake budget is related to the<br />

precipitation variability. However a marked increase in the excess after 1961 is<br />

shown, which corresponds to a change in the relationship between annual excess and<br />

precipitation, which further corresponds to a higher effectiveness of rainfall. This<br />

marked change in the lake water budget could partly correspond to wetter conditions<br />

at the beginning of the rainy season, but the man-in<strong>du</strong>ced changes in land use and in<br />

the surface runoff conditions appear partly responsible for the difference in the lake<br />

sensitivity to precipitation.<br />

Key words Lake <strong>Tanganyika</strong>; water budget; interannual variability; trend and changes<br />

Le <strong>lac</strong> <strong>Tanganyika</strong> (Afrique Centrale, Fig. 1) s'étend sur 650 km, avec une surface de<br />

32 600 km", un volume de 18 880 km et une profondeur maximale de 1470 m. Sur la<br />

période <strong>1932</strong>-1995, le <strong>bilan</strong> hydrologique annuel moyen est associé à des apports par<br />

précipitations directes de 1090 mm an" 1 et à une evaporation en surface de<br />

1695 mm an" 1 (Bultot, 1993). Rapportés à la surface <strong>du</strong> <strong>lac</strong>, les apports <strong>du</strong> bassin<br />

versant représentent environ 955 mm an' 1 et les pertes à l'exutoire, la Lukuga,<br />

365 mm an' 1 . Sur la période <strong>1932</strong>-1995 le niveau <strong>lac</strong>ustre chute d'environ un mètre,<br />

La discussion concernant cet article est ouverte jusqu 'au 1 avril 2003


782 Laurent Bergonzini et al.<br />

^jpugçmcla'r<br />

Fig. 1 Carte de localisation. La ligne en gras indique le contour <strong>du</strong> bassin versant et<br />

les carrés les stations pluviométriques utilisées. Les lignes pointillées déterminent les<br />

blocs utilisés pour le calcul de l'indice régional.<br />

soit une moyenne de 15 mm an" 1 (Bergonzini, 1998a). Les objectifs de l'étude sont de<br />

caractériser, à l'aide des enregistrements limnimétriques et des pertes à l'exutoire, la<br />

variabilité <strong>interannuelle</strong> <strong>du</strong> <strong>bilan</strong> <strong>du</strong> <strong>lac</strong>. On s'intéressera ensuite aux relations entre les<br />

fluctuations <strong>du</strong> <strong>bilan</strong> et les précipitations et on précisera dans quelle mesure elles sont à<br />

l'origine des fluctuations observées.<br />

Les fluctuations des niveaux <strong>lac</strong>ustres sont utilisées pour caractériser la variabilité<br />

hydro-climatique (Street-Perrott & Harrison, 1985; Grove, 1996; Nicholson et al,<br />

2000). En effet, les régimes hydrolimnologiques intègrent les effets des variations<br />

climatiques et des conditions de surface. La relation (1) donne l'expression <strong>du</strong> <strong>bilan</strong><br />

<strong>hydrique</strong> d'un système <strong>lac</strong>ustre:<br />

AH = P + E+Qi + Qo (1)<br />

où AH est la variation <strong>du</strong> niveau <strong>lac</strong>ustre, P sont les précipitations à la surface <strong>du</strong> <strong>lac</strong>,<br />

E est P evaporation à la surface <strong>du</strong> <strong>lac</strong>, Qi sont les apports en provenance <strong>du</strong> bassin<br />

versant rapportés à la surface <strong>du</strong> <strong>lac</strong>, et Qo sont les pertes à l'exutoire rapportées à la<br />

surface <strong>du</strong> <strong>lac</strong>.<br />

Ainsi les niveaux <strong>lac</strong>ustres (H) enregistrent la variabilité des apports (Qi et P) et<br />

des pertes par evaporation (E). Toutefois, cette relation n'est pas directe (Sutcliffe,


<strong>Variation</strong> <strong>interannuelle</strong> <strong>du</strong> <strong>bilan</strong> <strong>hydrique</strong> <strong>du</strong> <strong>lac</strong> <strong>Tanganyika</strong> (<strong>1932</strong>-1995) 783<br />

1987), puisqu'elle dépend, pour les <strong>lac</strong>s ouverts, des pertes à l'exutoire (Qo). Ces<br />

dernières sont fonctions <strong>du</strong> niveau (H), mais aussi de la morphologie de l'exutoire, qui<br />

peut évoluer dans le temps. Ainsi, des modifications ont affecté l'exutoire <strong>du</strong> <strong>lac</strong><br />

<strong>Tanganyika</strong> (Devroey, 1949; Charlier, 1955; Camus, 1965; Bergonzini, 1998b). Leurs<br />

origines ont pu être naturelles (formation de bouchons détritiques, auto-curage), et/ou<br />

anthropiques (construction de barrages, curage <strong>du</strong> lit). Sous l'effet de ces<br />

transformations, les niveaux <strong>lac</strong>ustres ne peuvent pas êtres regardés comme un simple<br />

enregistrement de la variabilité hydro-climatique. Pour relier l'évolution <strong>du</strong> <strong>bilan</strong><br />

<strong>lac</strong>ustre et les fluctuations hydro-climatiques, nous utiliserons une variable (AH*)<br />

neutralisant l'effet de l'exutoire:<br />

AH*=AH~Qo^P + E + Qi (2)<br />

La reconstitution d'une chronique de AH* de <strong>1932</strong> à 1994 constitue la première<br />

partie de cette étude. La deuxième partie portera sur les conditions hydro-climatiques,<br />

et plus particulièrement sur les précipitations. Afin de déterminer l'influence et le rôle<br />

de la pluviométrie sur l'excédent <strong>lac</strong>ustre, les relations entre précipitations et excédent<br />

seront particulièrement étudiées.<br />

FLUCTUATIONS INTERANNUELLES DU NIVEAU LACUSTRE<br />

Les niveaux mensuels <strong>du</strong> <strong>lac</strong> <strong>Tanganyika</strong> sont disponibles depuis <strong>1932</strong> et ont été<br />

l'objet de nombreuses études (Devroey, 1949; Camus, 1965; Grove, 1996; Nicholson,<br />

1999). Sur la période <strong>1932</strong>-1995 (Fig. 2(a)) le niveau mensuel à Kalémie (exutoire) a<br />

été reconstitué à partir des enregistrements disponibles sur le pourtour <strong>du</strong> <strong>lac</strong><br />

(Bergonzini, 1998b). Le niveau maximum a été observé en 1964 (-776.82 m) et le<br />

minimum en 1949 (=772.88 m). Ces extrêmes sont simultanément constatés sur le <strong>lac</strong><br />

Victoria; les hautes eaux de 1964 constituent le maximum depuis le début <strong>du</strong> siècle, et<br />

les basses eaux de 1949 le minimum depuis <strong>1932</strong> (Sene & Plinston, 1994). Ajoutons<br />

que l'augmentation <strong>du</strong> niveau d'environ 3 m, de 1961 à 1964 correspond à la crue<br />

centenaire <strong>du</strong> Congo-Zaïre de 1962 (Olivry, 1993), aux forts débits de nombreux<br />

affluents <strong>du</strong> Nil (Conway & Hulme, 1993), et aux hauts niveaux des <strong>lac</strong>s Kivu,<br />

Turkana, et Victoria (Street-Perrot & Harrison, 1985). Depuis le début des années<br />

1990, on assiste à une régression, avec un minimum (=773 m) lors des basses eaux de<br />

1994. Cette chute limnimétrique est synchrone de celle <strong>du</strong> <strong>lac</strong> Malawi (Calder et ai,<br />

1995) et coïncide avec les sécheresses de 1992 et 1994 (Camberlin et ai, 1994). Ainsi<br />

les variations extrêmes des cotes <strong>du</strong> <strong>lac</strong> <strong>Tanganyika</strong> peuvent être associées aux<br />

conditions hydro-climatiques d'une vaste région.<br />

VARIABILITE DES PERTES A L'EXUTOIRE DU LAC<br />

Sur la période <strong>1932</strong>-1995, 135 jaugeages de la Lukuga à l'exutoire ont permis de relier<br />

débits et niveaux <strong>du</strong> <strong>lac</strong> à Kalémie et d'établir dix courbes de tarage tra<strong>du</strong>isant les<br />

relations successives entre niveaux et écoulements de la Lukuga. A partir de ces<br />

relations et de l'enregistrement des cotes <strong>du</strong> <strong>lac</strong>, les débits mensuels (Fig. 2(b)) de la<br />

Lukuga ont été reconstitués (Bergonzini, 1998b).


784 Laurent Bergonzini et al<br />

(a)<br />

(b)<br />

(c)<br />

(d)<br />

776<br />

774<br />

1500 -,<br />

1000<br />

500 -<br />

iiiiiiin 11111i11 M 11111111 i M M M 1111111 M n i M 11 m in il M ii<br />

35 45 55 65 75 85 95<br />

Fig. 2 (a) Niveaux mensuels moyens (m) <strong>du</strong> <strong>lac</strong> <strong>Tanganyika</strong> à Kalémie; (b) débits<br />

mensuels de la Lukuga à l'exutoire <strong>du</strong> <strong>lac</strong> <strong>Tanganyika</strong>, en 1 s" 1 ; (c) excédent <strong>hydrique</strong><br />

annuel <strong>du</strong> <strong>Tanganyika</strong> (année novembre/novembre <strong>1932</strong>/33 à 1993/94) et sa moyenne<br />

mobile (m) sur 3 ans; (d) cumul de l'excédent annuel, AH*, <strong>du</strong> <strong>lac</strong> <strong>Tanganyika</strong>, en m à<br />

la surface <strong>du</strong> plan d'eau; et (e) anomalies ré<strong>du</strong>ites des précipitations annuelles dans la<br />

région <strong>du</strong> <strong>lac</strong> <strong>Tanganyika</strong> et sa moyenne mobile sur 3 ans.<br />

La Lukuga présente un régime pondéré avec un maximum en avril mai et un<br />

minimum en octobre-novembre. Durant les basses eaux de 1954, 1955 et 1959<br />

l'écoulement a été très ré<strong>du</strong>it. Le débit mensuel maximum, estimé à 1377 nr' s"', en<br />

mai 1970 se présente comme un indicateur contemporain de forts écoulements <strong>du</strong><br />

Congo-Zaïre (Olivry et ai, 1993) et à l'exutoire <strong>du</strong> <strong>lac</strong> Victoria (Sene, 2000). Sur la<br />

période <strong>1932</strong>-1995, le mo<strong>du</strong>le annuel moyen est évalué à =380 m J s" 1 . Il est associé à<br />

une forte variabilité puisque l'écart type atteint 286 m J s" 1 . Le minimum et le<br />

maximum des mo<strong>du</strong>les annuels ont été estimés à 1115 m 3 s" 1 pour l'année 1971/72 et à<br />

21 m J s" 1 pour l'année 1955/56. A partir des années 1960 le mo<strong>du</strong>le s'accroît,<br />

comportement qui se retrouve à l'exutoire des <strong>lac</strong>s Victoria, Kyoga et Albert (Piper et<br />

al, 1986; Sene & Plinston, 1994; Conway & Hulme, 1993; Sene, 2000).


<strong>Variation</strong> <strong>interannuelle</strong> <strong>du</strong> <strong>bilan</strong> <strong>hydrique</strong> <strong>du</strong> <strong>lac</strong> <strong>Tanganyika</strong> (<strong>1932</strong>-1995) 785<br />

Les différences entre les fluctuations des niveaux et des débits sont in<strong>du</strong>ites par les<br />

aménagements et les évolutions naturelles de l'exutoire (Bergonzini, 1998b). Ainsi, par<br />

exemple, la diminution de la capacité d'évacuation de la Lukuga au début des années<br />

1950 s'explique par la construction d'un batardeau destiné à préserver l'accès aux<br />

ports. Inversement les hauts niveaux <strong>lac</strong>ustres <strong>du</strong> début des années 1960 ont in<strong>du</strong>it à<br />

partir de 1964, un auto-curage <strong>du</strong> lit associé à l'augmentation de la capacité<br />

d'écoulement. Pourtant les mo<strong>du</strong>les des grands fleuves: Nil, Congo-Zaïre et Zambèze,<br />

encadrant la région, présentent des analogies, sans doute non fortuites, avec ceux de la<br />

Lukuga. Ces similarités tra<strong>du</strong>isent le caractère pour partie régional de la variabilité <strong>du</strong><br />

<strong>bilan</strong> <strong>lac</strong>ustre.<br />

VARIABILITE DES EXCEDENTS DU BILAN HYDRIQUE DU LAC<br />

TANGANYIKA<br />

L'intro<strong>du</strong>ction de AH*, associée aux excédents et/ou déficits <strong>du</strong> <strong>bilan</strong> (équation (2)),<br />

est justifiée par le besoin de neutraliser l'effet des pertes à l'exutoire et d'obtenir un<br />

indicateur facilitant l'interprétation <strong>du</strong> signal limnologique. Pour ce faire, au niveau<br />

mensuel, les pertes Qo sont réintro<strong>du</strong>ites dans le <strong>lac</strong> et in<strong>du</strong>isent des hausses <strong>du</strong> niveau<br />

qui s'ajoutent au signal initial. De façon abusive, on parlera parfois, pour AH*, de<br />

variations telles qu'elles auraient été observées si l'exutoire avait été obturé, et pour<br />

H* de "niveau sans exutoire". Ces variables sont alors exprimées en hauteurs d'eau<br />

rapportées à la surface <strong>du</strong> <strong>lac</strong> afin d'en faciliter la comparaison avec les autres<br />

variables. La variation annuelle nette <strong>du</strong> "niveau sans exutoire" est définie, quant à<br />

elle, comme la différence entre les "niveaux sans exutoire" obtenus entre deux mois de<br />

novembre consécutifs (mois les plus déficitaires). Cette variation représente l'excédent<br />

ou le déficit annuel des apports sur l'évaporation pour l'ensemble <strong>du</strong> bassin<br />

hydrographique (équation (2)). Dans la suite, on parlera d'excédent en donnant à ce<br />

terme un sens relatif correspondant à des AH* positives ou négatives.<br />

Au cours de l'année le "niveau mensuel sans exutoire", H*, est croissant<br />

d'octobre-novembre à mai et décroissant de mai à octobre-novembre, saison <strong>du</strong>rant<br />

laquelle l'évaporation est supérieure aux apports. La Fig. 2(c) représente l'évolution de<br />

l'excédent annuel, ainsi que sa moyenne mobile sur trois ans. Si sur la période <strong>1932</strong>—<br />

1994 (62 années limnologiques complètes de <strong>1932</strong>/33 à 1993/94, les niveaux mensuels<br />

<strong>du</strong> <strong>lac</strong> n'étant pas disponible après septembre 1995, l'année 1994/95 n'est pas<br />

considérée car incomplète; par la suite la désignation d'une année correspond à janvier,<br />

par exemple janvier 1933 pour l'année <strong>1932</strong>/33), la valeur moyenne de AH* est de<br />

350 mm an" 1 , on observe une différence de comportement entre 1933-1961, 1962-<br />

1991 et 1992-1994. Le test de Pertitt confirme, au seuil 99%, une rupture de<br />

stationnarité en 1962:<br />

(a) De 1933 à 1961, le <strong>bilan</strong> présente un excédent annuel, tantôt positif, tantôt négatif,<br />

de 110 mm an" 1 en moyenne. Les années hydrologiques 1937, 1942 et 1952 sont<br />

particulièrement excédentaires, alors que 1949 et 1954 correspondent à de forts<br />

déficits.<br />

(b) De 1962 à 1991, le <strong>bilan</strong> présente une nette prédominance de valeurs<br />

excédentaires. L'excédent annuel moyen passe à «630 mm an" 1 , avec un maximum<br />

en 1962, et un minimum en 1984.


786 Laurent Bergonzini et al.<br />

(c) De 1991 à 1994, le <strong>bilan</strong> a un comportement déficitaire (moyenne: -160 mm an" 1 ).<br />

Mais l'absence de données récentes ne permet pas de conclure à un changement<br />

<strong>du</strong>rable. Ces modifications <strong>du</strong> <strong>bilan</strong> sont mises en évidence par la courbe <strong>du</strong> cumul<br />

de l'excédent (Fig. 2(d)), sur laquelle on distingue deux ruptures, en 1961/62 et en<br />

1991/92. Une évolution quasi-linéaire de cette "fonction cumul" tra<strong>du</strong>it un<br />

comportement dit "régulé" dans la mesure où il n'est soumis qu'à des variations<br />

aléatoires. A contrario, toute rupture de pente tra<strong>du</strong>it des changements qui<br />

caractérisent la sensibilité des variables H* et AH* aux modifications de<br />

l'expression de l'environnement hydro-climatique. Nous constatons (Fig. 2(d)) des<br />

périodes "régulées" interrompues par des ruptures prononcées pouvant avoir des<br />

origines diverses: changements climatiques prolongés, évolutions des conditions<br />

d'écoulement ou transformations morphologiques conséquentes.<br />

Afin de déterminer les facteurs à l'origine de ces ruptures, l'enregistrement<br />

reconstitué de l'excédent <strong>lac</strong>ustre est, dans la suite, relié aux conditions climatiques<br />

(P). L'étude des variations à plus courtes fréquences n'est pas abordée ici. On peut<br />

toutefois percevoir (Fig. 2(c)) l'existence de composantes cycliques dans la chronique<br />

de l'excédent <strong>du</strong> <strong>Tanganyika</strong> (Bergonzini, 1998a), composantes comparables à celles<br />

enregistrées par le niveau <strong>du</strong> <strong>lac</strong> Victoria, par ailleurs mises en relation avec les cycles<br />

solaires (Tomasino & Dalla Valle, 2000).<br />

VARIABILITE DES PRECIPITATIONS ANNUELLES<br />

La variabilité des précipitations constitue le premier élément susceptible d'entraîner<br />

des variations des excédents <strong>lac</strong>ustres. Il est donc essentiel d'étudier si la rupture<br />

constatée en 1961/62 a son parallèle dans la pluviométrie.<br />

De même que pour les conditions hydrologiques, les précipitations présentent une<br />

grande cohérence spatiale dans leurs variations <strong>interannuelle</strong>s de la Tanzanie à<br />

l'Ouganda et à la Somalie (Ogallo, 1989; Beltrando, 1990; Nicholson, 1996; Bigot et<br />

al., 1997). Les pluies exceptionnellement abondantes de 1961, 1967, ou 1997/98, ont<br />

affecté tant les plaines riveraines de l'Océan Indien que les hautes-terres proches <strong>du</strong> <strong>lac</strong><br />

Victoria. Ainsi, au regard de la variabilité pluviométrique <strong>interannuelle</strong>, l'Afrique de<br />

l'Est s'indivi<strong>du</strong>alise, au sein <strong>du</strong> continent, comme une des régions présentant la plus<br />

forte variabilité et la plus forte cohérence spatiale. C'est en octobre-décembre, ou<br />

petite saison des pluies, que cette cohérence s'exprime le mieux (Richard et ai, 1998).<br />

Afin d'étudier la variabilité des précipitations sur le bassin <strong>du</strong>rant la période <strong>1932</strong>-<br />

1995, des séries provenant de la base de données <strong>du</strong> Centre de Recherches de<br />

Climatologie (CRC) de Dijon, tirées de rapports (NORAD, 1982, 1989; MAJI, 1991)<br />

ou communiquées par les services nationaux ont été compilées. Le bassin est très mal<br />

couvert par les réseaux pluviométriques (Fig. 1). L'Ouest de la Tanzanie ne dispose<br />

que de stations très espacées. Par ailleurs, les séries sont souvent courtes ou <strong>lac</strong>unaires.<br />

Pour la petite partie congolaise <strong>du</strong> bassin, les données sont quasiment absentes sur les<br />

années 1970-1980. On retiendra que, bien que le <strong>lac</strong> ne représente que 14% de la<br />

surface totale <strong>du</strong> bassin, les apports par précipitations directes à sa surface sont<br />

supérieurs à ceux en provenance des versants (Bergonzini, 1998a). Or les stations<br />

permettant d'estimer ces précipitations directes sont situées sur les rives <strong>du</strong> <strong>lac</strong> et sont<br />

peu nombreuses. Pour ces raisons, et compte tenu de la forte cohérence spatiale des


<strong>Variation</strong> <strong>interannuelle</strong> <strong>du</strong> <strong>bilan</strong> <strong>hydrique</strong> <strong>du</strong> <strong>lac</strong> <strong>Tanganyika</strong> (<strong>1932</strong>-1995) 787<br />

précipitations est-africaines, il a été établi un indice pluviométrique régional débordant<br />

<strong>du</strong> strict cadre <strong>du</strong> bassin. Ce choix permet d'intégrer suffisamment de longues séries.<br />

Afin d'empêcher une sur-représentation des régions à forte densité et à séries<br />

complètes (Rwanda), une première moyenne par points de grille de 2°30' de côté<br />

(longitude x latitude) a été calculée sur les séries stationnelles standardisées (anomalies<br />

centrées ré<strong>du</strong>ites, sur la plus longue période disponible). La série pluviométrique de<br />

chacun des huit points de la grille (Fig. 1) a également été standardisée. L'indice final<br />

est la moyenne de ces points. Les valeurs de la période 1991-1994, calculées à partir<br />

d'un nombre de points inférieur à cinq, ne seront pas utilisées dans l'étude des<br />

relations avec l'excédent <strong>lac</strong>ustre. Les cumuls annuels sont calculés d'octobre de<br />

l'année précédente à septembre de l'année considérée; dans ce qui suit, la désignation<br />

des années correspond à janvier (ï).<br />

L'indice pluviométrique calculé montre une forte variabilité <strong>interannuelle</strong><br />

(Fig. 2(e)) et présente de nombreuses analogies avec la chronique obtenue pour le <strong>lac</strong><br />

Victoria (Nicholson et al, 2000) mais laisse apparaître des tendances différentes de<br />

celles enregistrées en Afrique de l'Ouest (Mahé et al, 2001). En revanche,<br />

contrairement à l'excédent <strong>lac</strong>ustre, les moyennes mobiles, le test de Student<br />

comparant les normales de <strong>1932</strong>-1961 et de 1962-1990 (les années 1991-1994 étant<br />

exclues), ainsi que le test de Pettitt, tra<strong>du</strong>isent l'absence de tendance ou de rupture de<br />

stationnarité. L'année 1962 est de loin la plus arrosée, avec 149% de la normale à<br />

Kigoma sur les rives <strong>du</strong> <strong>lac</strong>, et plus de 170% de la normale à Mpanda sur le plateau<br />

tanzanien. Suit une série de vingt années, non exceptionnellement arrosées, au cours de<br />

laquelle les déficits marqués sont rares. Dans les années 1980 et le début des années<br />

1990 les déficits redeviennent plus fréquents, avec plusieurs années sèches de 1990 à<br />

1994.<br />

RELATIONS ENTRE EXCEDENTS LACUSTRES ANNUELS ET<br />

PRECIPITATIONS ANNUELLES<br />

Les chroniques de l'excédent annuel et des précipitations annuelles montrent une<br />

correspondance entre les années les plus an-osées (1962, 1942, 1952, 1968...) et<br />

l'occurrence de forts excédents (Fig. 3). Une relation linéaire satisfaisante s'établit<br />

entre ces variables (r = 0.76). Cependant, la séparation en deux sous-ensembles, avant<br />

et après 1961, identifiée comme charnière entre deux états "régulés" <strong>du</strong> <strong>bilan</strong>, se<br />

tra<strong>du</strong>it (Fig. 3) par deux régressions significativement différentes (test sur les rési<strong>du</strong>s<br />

de la relation générale) entre AH* et P:<br />

période: <strong>1932</strong>-1961 AH* = 0.15 + 0.26P r = 0.86<br />

période: 1962-1991 AH* = 0.53 + 0.3 IP r = 0.78<br />

Ces régressions rendent compte que pour un même volume précipité correspond<br />

un excédent plus fort après 1961. En effet, après 1961 le coefficient directeur de la<br />

droite de régression est plus élevé, ainsi que l'ordonnée à l'origine. Cette différence est<br />

confirmée par l'étude d'années particulières. Si on observe une plus grande rareté des<br />

années sèches entre 1962 et 1990, à pluviométrie égale, AH* est presque<br />

systématiquement plus élevée après 1961 (1965, 1975, 1982, 1984, à comparer avec<br />

1949, 1954). De même, pour les années à précipitations élevées (1937, 1942, 1947,


788 Laurent Bergonzini et al<br />

-0.5 H 1 1 1 i i 1<br />

- 2 - 1 0 1 2 3 4<br />

Fig. 3 Relations entre en ordonnées les précipitations (P anomalies ré<strong>du</strong>ites) et en<br />

abscisse les excédents hydrologiques annuels (AH* en mètres): cercles vides: <strong>1932</strong>-<br />

1961 (équation de régression linéaire AH* = 0.26F + 0.15 ± SE; r = 0.86); cercles<br />

pleins: 1962-1990 (équation de régression linéaire AH* = 0. 31P + 0.53 ± SE;<br />

r = 0.78).<br />

1952, 1963, 1968 et 1979), l'excédent est en moyenne double après 1961. Donc, si à<br />

l'échelle <strong>interannuelle</strong> la corrélation entre P et AH* est restée significative, le rapport<br />

des deux paramètres a augmenté et s'est modifié dans le sens d'une plus grande<br />

"efficacité" des pluies à partir de 1962.<br />

LA RUPTURE HYDROLOGIQUE: HYPOTHESES CLIMATIQUES<br />

Dé<strong>du</strong>ction faite des pertes à l'exutoire, les relations entre les variations <strong>du</strong> stock<br />

<strong>lac</strong>ustre et les précipitations, dépendent essentiellement de "l'efficacité" des pluies et<br />

de l'évaporation à la surface <strong>du</strong> <strong>lac</strong> (équation (1)). Il est nécessaire d'examiner les<br />

facteurs susceptibles d'influencer ces éléments.<br />

Nous ne disposons que de peu d'informations pour apprécier la variabilité<br />

<strong>interannuelle</strong> de l'évaporation. Remarquons toutefois l'absence de changement des<br />

conditions thermiques en Afrique de l'Est (Institute of Hydrology, 1984; Kinuthia et<br />

al., 1993; Hulme, 1996). De plus, pour rendre compte de la rupture observée, une<br />

diminution de l'évaporation à la surface <strong>du</strong> <strong>lac</strong> supérieure à 500 mm an" serait<br />

nécessaire, soit de plus de 30%, ce qui paraît improbable. Nous adopterons donc<br />

l'hypothèse, courante dans ce type d'étude (Piper et al, 1986; Sene & Plinston, 1994;<br />

Sene, 2000), d'une évolution négligeable de la demande évaporatoire sur la période<br />

<strong>1932</strong>-1990.<br />

La compréhension de la relation entre précipitations et écoulements sur le bassin<br />

exige en outre de les considérer à des échelles plus fines. La modification de<br />

"l'efficacité" des pluies peut en effet résulter d'une mo<strong>du</strong>lation soit spatiale, soit<br />

saisonnière de ces dernières. Dans le cas <strong>du</strong> <strong>lac</strong> <strong>Tanganyika</strong>, où les données<br />

pluviométriques sont imparfaites, l'hypothèse d'un artefact relevant d'un problème<br />

d'échantillonnage doit aussi être considérée.


<strong>Variation</strong> <strong>interannuelle</strong> <strong>du</strong> <strong>bilan</strong> <strong>hydrique</strong> <strong>du</strong> <strong>lac</strong> <strong>Tanganyika</strong> (<strong>1932</strong>-1995) 789<br />

La qualité de l'échantillonnage?<br />

Un indice pluviométrique limité aux stations <strong>du</strong> bassin <strong>du</strong> <strong>Tanganyika</strong>, et huit indices<br />

sous-régionaux décrivant les précipitations d'unités géographiques homogènes, dans et<br />

hors bassin, ont été constitués (Fig. 4(a)). Les relations entre AH* et les précipitations<br />

sont sensiblement identiques selon que l'on utilise un indice pluviométrique<br />

strictement restreint au bassin ou intégrant l'ensemble des stations de la Fig. 4. Sur la<br />

période <strong>1932</strong>-1961, elles sont même mieux établies dans le second cas. Ceci justifie<br />

l'inclusion de stations hors-bassin pour obtenir une image plus conforme de la<br />

variabilité climatique et rend peu vraisemblable l'hypothèse d'un problème d'échantillonnage.<br />

Cependant, même si aucune rupture significative n'est décelable aux stations<br />

côtières (Bergonzini, 1998a), la difficulté d'estimer les variations <strong>interannuelle</strong>s des<br />

précipitations directes laisse subsister une part d'incertitude quant au rôle de cette<br />

composante <strong>du</strong> <strong>bilan</strong> et peut pour partie expliquer la dispersion des points de la Fig. 3.<br />

(.1: ; il>)<br />

Fig. 4 Précipitations comparées des périodes <strong>1932</strong>-1961 et 1962-1990 pour huit<br />

régions climatiques au sein et autour <strong>du</strong> bassin <strong>du</strong> <strong>lac</strong> <strong>Tanganyika</strong>: (a) total annuel, et<br />

(b) précipitations d'octobre-décembre. Carrés: stations pluviométriques utilisées;<br />

x/y: précipitations moyennes (mm) <strong>1932</strong>-1961/1962-1990, avec en blanc—différence<br />

non significatives, en gris clair—différence significative au seuil 90%, en gris<br />

moyen—différence significative au seuil 95%, et en gris foncé—différence<br />

significative au seuil 99%.


790 Laurent Bergonzini et al.<br />

Mo<strong>du</strong>lation spatiale des précipitations?<br />

Afin de vérifier si une augmentation significative des précipitations, après 1961, aurait<br />

pu n'affecter qu'une partie <strong>du</strong> bassin pour laquelle la contribution aux écoulements<br />

serait importante, les huit indices pluviométriques sous-régionaux et les séries des<br />

rares stations couvrant l'intégralité des deux périodes ont été utilisés. Les différences<br />

entre les totaux pluviométriques annuels moyens des deux périodes, <strong>1932</strong>—1961 et<br />

1962-1990 (Fig. 4(a)), ont été systématiquement testées (test en "f de Student). Les<br />

huit indices enregistrent une légère augmentation, en moyenne de 67 mm an" (soit<br />

=6%), entre les deux périodes, mais les écarts restent généralement faibles. Sur les huit<br />

sous-régions, quatre présentent une augmentation significative des précipitations<br />

annuelles: "Rwanda" et "Malagarasi" au seuil 90%, "Kivu" et "Victoria" au seuil 95%<br />

(Fig. 4(a)), mais cette augmentation ne dépasse 10% que dans les sous-régions<br />

"Victoria" et "Malagarasi". Ces quatre sous-régions sont au Nord et à l'Est <strong>du</strong> <strong>lac</strong>.<br />

Deux d'entre elles ne font pas partie <strong>du</strong> strict bassin versant <strong>du</strong> <strong>lac</strong> ("Rwanda" et<br />

"Victoria") et les deux qui en font partie ("Kivu" et "Malagarasi") correspondent, de<br />

part la présence de surfaces évaporantes importantes (<strong>lac</strong> Kivu et marais de la<br />

Malagarasi), à des versants à faibles écoulements spécifiques (Bergonzini, 1998a).<br />

Inversement sur le pourtour <strong>du</strong> <strong>lac</strong> (sous-régions "Lac Nord" et "Lac Sud") qui<br />

contribue majoritairement aux apports, l'augmentation des précipitations moyennes<br />

entre les deux périodes est moindre, de =58 mm an" 1 , et non significative (test de<br />

Student).<br />

Ces résultats ne permettent pas de conclure à une mo<strong>du</strong>lation spatiale marquée des<br />

pluies. Si une légère augmentation des précipitations semble avoir affecté le Nord-Est<br />

<strong>du</strong> bassin, aucune des huit sous-régions ne présente une véritable rupture dans les<br />

totaux pluviométriques annuels.<br />

Mo<strong>du</strong>lation saisonnière des précipitations?<br />

Les précipitations présentent un cycle saisonnier caractérisé par deux saisons<br />

pluvieuses: petite et grande saisons des pluies en novembre-décembre et en mars-avril<br />

(Fig. 5). Si juillet-septembre peut être qualifié de saison sèche, janvier-février<br />

correspond plutôt à un répit pluviométrique, répit à peine marqué dans la moitié Sud<br />

<strong>du</strong> bassin. La structuration spatiale des anomalies pluviométriques est variable selon la<br />

saison: maximale lors de la petite saison des pluies, minimale lors de la grande<br />

(Richard et al., 1998). Des modifications dans le calendrier des pluies pourraient avoir<br />

une incidence sur leur "efficacité". Des tests identiques à ceux calculés sur les valeurs<br />

annuelles ont donc été effectués sur les cumuls pluviométriques trimestriels, puis<br />

mensuels.<br />

En juillet-septembre, saison sèche, et avril-juin, grande saison des pluies, on<br />

n'observe aucune différence significative entre les deux périodes. En janvier—mars,<br />

seule la sous-région "Kivu" a connu une augmentation des précipitations d'environ<br />

24 mm, significative au seuil 90%. Octobre-décembre, petite saison des pluies, connaît<br />

des augmentations plus nettes (Fig. 4(b)): significatives au seuil 95% dans les sousrégions<br />

"Rwanda", "Victoria" et "Rukwa", et au seuil 99% dans la sous-région<br />

"Malagarasi". Dans cette dernière, l'augmentation des précipitations d'octobredécembre<br />

est de 70 mm soit 21%.


250<br />

150<br />

50<br />

<strong>Variation</strong> <strong>interannuelle</strong> <strong>du</strong> <strong>bilan</strong> <strong>hydrique</strong> <strong>du</strong> <strong>lac</strong> <strong>Tanganyika</strong> (<strong>1932</strong>-1995) 791<br />

LAC NORD KIVU<br />

• <strong>1932</strong>61 196290<br />

200<br />

RWANDA VICTORIA<br />

I<br />

*<br />

jyin-<br />

J ASONDJ FMAMJ J ASOND J FMAMJ J ASONDJ FMAMJ J ASONDJ FMAMJ<br />

•<br />

Jl n<br />

LAC SUD MALAGARASI ZAMBIE RUKWA<br />

250<br />

• ' ' ' Itl<br />

..Jl<br />

*<br />

1<br />

n -<br />

CL.<br />

J ASONDJ FMAMJ<br />

1 n-<br />

^D =<br />

JASONDJ FMAMJ J<br />

ru<br />

J ASOND J FMAMJ<br />

A<br />

QJ<br />

J ASONDJ FMAMJ<br />

Fig. 5 Précipitations mo>ennes mensuelles (mm) des huit régions pour les souspériodes<br />

<strong>1932</strong>-1961 et 1962-1990 (Kivu, période 1: 10 ans; période 2: 25 ans). En<br />

noir: excédent de 1962-1990; en blanc: excédent de <strong>1932</strong>-1961 ; *: augmentation des<br />

précipitations significative au seuil 95%; 0: une diminution significative.<br />

La comparaison des régimes pluviométriques mensuels avant et après 1961<br />

(Fig. 5) montre une intensification de la petite saison des pluies dans les sous-régions à<br />

rythme clairement bimodal. Parallèlement, le pic pluviométrique s'est le plus souvent<br />

décalé, passant de décembre à novembre, tra<strong>du</strong>isant une plus grande précocité des<br />

pluies. Il y a donc eu, en particulier dans le Nord et l'Est <strong>du</strong> bassin, modification de la<br />

répartition saisonnière des précipitations.<br />

Ces observations sont confirmées par les régressions linéaires multiples entre<br />

l'excédent annuel <strong>du</strong> <strong>lac</strong> et les précipitations trimestrielles (Tableau 1). Si les<br />

Tableau 1 Régression linéaire multiple de l'excédent <strong>hydrique</strong> <strong>du</strong> <strong>lac</strong> <strong>Tanganyika</strong> (Ai/*) en fonction des<br />

précipitations trimestrielles <strong>du</strong> bassin versant. Les variables dépendantes significatives au seuil de 5%<br />

(1%) sont soulignées (en gras).<br />

Période Equation de régression<br />

<strong>1932</strong>-1961 29 0.86 AH* = 0.28P„ND + 0.38P,,KM + 0.39PAMJ + 0.07PjAS - 0-53<br />

1962-1990 28 0.85 AH* = 0ASP(mn +0A0Pmï +Q.21Pâm-0.0SPSAs +03H<br />

POND. f.i¥M, PAMI et PjAS: les précipitations trimestrielles normalisées associées respectivement à<br />

octobre-novembre-décembre, janvier-février-mars, avril-mai—j uin, et j uillet-août-septembre,<br />

respectivement.


792 Laurent Bergonzini et al.<br />

précipitations de janvier-mars et d'avril-juin ont le poids le plus important (à égalité)<br />

dans la variabilité <strong>interannuelle</strong> de AH* de <strong>1932</strong> à 1961, celles d'octobre-décembre<br />

deviennent prééminentes après 1962. A partir de 1962 les variations <strong>interannuelle</strong>s de<br />

AH* dépendent donc davantage des précipitations d'octobre-décembre que de celles<br />

d'avril-juin alors qu'on observait l'inverse avant.<br />

DISCUSSION<br />

Discussion sur l'hypothèse climatique<br />

Nous nous sommes attaché à l'étude de la répartition à des échelles temporelles et<br />

spatiales plus fines des précipitations, et ce afin de déterminer si elles pouvaient être à<br />

l'origine: (a) de la modification brutale <strong>du</strong> <strong>bilan</strong> <strong>lac</strong>ustre à partir de 1962, et (b) de la<br />

modification de la relation entre AH* et P annuelles. Si aucune rupture significative <strong>du</strong><br />

volume annuel précipité n'a pu être mise en évidence, une augmentation relative des<br />

pluies de =60 mm an" a pourtant affecté le Nord et l'Est <strong>du</strong> bassin. Cette augmentation<br />

devient significative <strong>du</strong>rant la petite saison des pluies. Si on peut la considérer pour<br />

partie responsable de l'augmentation des excédents, elle n'explique cependant pas la<br />

brutalité des modifications <strong>du</strong> <strong>bilan</strong> et de la relation entre excédents et précipitations.<br />

L'étude des excédents <strong>lac</strong>ustres moyens annuels a mis en évidence une<br />

augmentation de AH* qui passe de 110 à 630 mm an" 1 de <strong>1932</strong>-1961 à 1962-1991.<br />

Considérant l'évaporation à la surface <strong>du</strong> <strong>lac</strong> constante et une augmentation des pluies<br />

directes de 60 mm an" 1 entre ces deux périodes, un accroissement des apports <strong>du</strong> bassin<br />

(Qi) doit être envisagé. Rapporté à la surface <strong>du</strong> <strong>lac</strong>, cet accroissement des<br />

écoulements serait de =460 mm an" , ce qui correspond, rapporté à la surface <strong>du</strong> bassin<br />

(197 400 km 2 ), à une lame d'eau d'environ 80 mm an" 1 , supérieure à l'augmentation<br />

observée pour les pluies. De plus, le caractère brutal de la rupture dans la relation entre<br />

AH* et P reste inexpliqué.<br />

Comme l'évolution <strong>du</strong> régime des pluies ne peut pas, à elle seule, expliquer la<br />

rupture et l'intensité des changements <strong>du</strong> <strong>bilan</strong>, cette modification doit être attribuée à<br />

un autre facteur déterminant "l'efficacité" des pluies. C'est donc sur l'évolution de<br />

l'occupation des versants et des conditions de surface que portera la suite de cette<br />

discussion.<br />

Discussion sur l'hypothèse d'une évolution des conditions de surface<br />

Les changements dans le <strong>bilan</strong> <strong>lac</strong>ustre ainsi que dans la relation entre excédents et<br />

précipitations annuels sont à rep<strong>lac</strong>er dans un environnement marqué par les activités<br />

humaines. Or la nature et l'intensité de ces activités ont sensiblement évolué depuis<br />

<strong>1932</strong>. Ceci ne peut être sans conséquence sur "l'efficacité" des pluies et sur les<br />

écoulements associés, et par là même sur la relation entre AH* et P. Si ce changement,<br />

coïncidant avec les pluies exceptionnelles de 1961 (pouvant être à l'origine d'une<br />

altération et/ou d'une dégradation des versants), a orienté les investigations sur les<br />

précipitations, des éléments difficilement quantifiables d'origine anthropique doivent<br />

néanmoins être étudiés.


<strong>Variation</strong> <strong>interannuelle</strong> <strong>du</strong> <strong>bilan</strong> <strong>hydrique</strong> <strong>du</strong> <strong>lac</strong> <strong>Tanganyika</strong> (<strong>1932</strong>-1995) 793<br />

Sur les hautes terres d'Afrique orientale, très déboisées en raison des pressions<br />

démographique et agricole, les puissances coloniales avaient pris des mesures de<br />

protection des forêts. Au Nord <strong>du</strong> bassin, au Rwanda, "dans les années 1950-60 en<br />

particulier, la coïncidence de l'accélération de la croissance démographique et des<br />

troubles politiques a été fatale à de vastes éten<strong>du</strong>es" forestières (Bart, 1994, p. 448).<br />

Les autorités coloniales avaient également imposé un travail d'aménagement antiérosif.<br />

Mais, toujours au Rwanda, "un certain nombre de défauts techniques, des<br />

problèmes d'adaptation des lignes anti-érosives aux limites foncières, des <strong>lac</strong>unes dans<br />

l'entretien, un relâchement des contrôles vont vite ruiner ce travail dans les années 60.<br />

En 1966, sur les 360 000 ha théoriquement protégés au Rwanda, un tiers seulement<br />

était encore en état" (Bart, 1994, p. 453). Ces observations faites au Rwanda sont aussi<br />

valables pour le Burundi. De plus, lors de la décolonisation, les pratiques culturales ont<br />

été modifiées, l'intensification des feux de brousse en saison sèche a pu rendre plus<br />

"efficaces" les pluies de la petite saison qui augmentaient par ailleurs. Ces<br />

changements, deforestation et mise en culture, sont à l'origine de nombreuses<br />

modifications dans l'occupation et la gestion <strong>du</strong> bassin <strong>du</strong> <strong>Tanganyika</strong> (Cohen et al,<br />

1996). La correspondance fortuite en 1961 de deux événements, précipitations<br />

exceptionnelles et décolonisation, est à même d'expliquer une évolution brutale <strong>du</strong><br />

milieu. Plus étonnant est le maintien jusqu'en 1990 d'une nouvelle relation entre AH*<br />

et P. L'augmentation des pluies, essentiellement en début de saison des pluies et dans<br />

le Nord et l'Est <strong>du</strong> bassin, associée à la densification de la population ayant entraîné<br />

une mise en valeur intégrale de la quasi-totalité des terroirs, y compris les surfaces les<br />

plus pentues et les nombreux fonds de vallée marécageux (Bart, 1994), ont pu<br />

contribuer au maintien d'écoulements plus importants.<br />

L'hypothèse d'une augmentation des coefficients d'écoulement et de "l'efficacité"<br />

des pluies suite à l'anthropisation n'est pas nouvelle pour la région. En effet, au Nord<br />

<strong>du</strong> <strong>lac</strong> Malawi la deforestation a entraîné une augmentation des écoulements (Calder et<br />

al, 1995). Cette augmentation de l'hydraulicité semble s'opposer aux tendances mises<br />

en évidence sur les écoulements en Afrique Australe (Fanta et al, 2001). Notons<br />

toutefois que ces résultats ont été obtenus sur des séries ne remontant qu'au milieu <strong>du</strong><br />

siècle dernier. D'ailleurs, dans le cadre d'une modélisation <strong>du</strong> <strong>bilan</strong> mensuel <strong>du</strong> <strong>lac</strong><br />

<strong>Tanganyika</strong> à l'aide d'un modèle conceptuel à compartiments (Bergonzini, 1998a), une<br />

diminution de la capacité <strong>du</strong> réservoir de surface a dû être intro<strong>du</strong>ite au début des<br />

années 1960 afin de simuler correctement les variations observées. Enfin, la rupture<br />

dans le <strong>bilan</strong> <strong>du</strong> <strong>lac</strong> <strong>Tanganyika</strong> après 1961 a des parallèles pour les <strong>lac</strong>s Kivu et<br />

Malawi, respectivement au milieu des années 1950 et au début des années 1970. Le<br />

caractère asynchrone de ces ruptures, dans une région à forte cohérence climatique,<br />

plaide pour une origine non climatique de ces évolutions.<br />

Dans la région, peu de données de débits sont disponibles sur une longue période,<br />

surtout avant 1961, pour confirmer les hypothèses d'une augmentation des<br />

écoulements. 11 est donc difficile de vérifier les impacts des changements climatiques<br />

et anthropiques sur les versants <strong>du</strong> <strong>lac</strong>. Cependant l'examen de certaines chroniques de<br />

débits disponibles dans la région (NORAD 1982, 1989; MAJI, 1963, 1967, 1976,<br />

1985, 1991), montre une augmentation, souvent brutale, des écoulements au Nord <strong>du</strong><br />

<strong>lac</strong> Kivu à partir de 1955, et au Nord <strong>du</strong> <strong>lac</strong> Malawi à partir de 1965-1970<br />

(Bergonzini, 1998a). D'autres chroniques n'indiquent par contre aucune évolution<br />

significative. S'il y a des modifications des conditions de surface, elles ne concernent


794 Laurent Bergonzini et al.<br />

pas nécessairement l'ensemble des versants et portent sans doute sur les zones les plus<br />

anthropisées. Sur les données à notre disposition, les modifications apparaissent dans<br />

des régions peuplées <strong>du</strong> bassin versant semblant ainsi confirmer l'origine anthropique<br />

de la modification de la relation entre AH* et P.<br />

CONCLUSION<br />

L'étude de l'évolution des excédents et/ou déficits annuels <strong>du</strong> <strong>lac</strong> <strong>Tanganyika</strong> a permis<br />

de mettre en évidence une augmentation brutale des apports au <strong>lac</strong> à partir <strong>du</strong> début des<br />

années 1960. Ces observations sont en accord avec celles faites par ailleurs sur les <strong>lac</strong>s<br />

Kivu et Malawi (Bergonzini, 1998a) qui présentent des augmentations de l'excédent,<br />

similaires dans leur brutalité, respectivement à partir des années 1950 et 1970.<br />

L'étude des relations entre AH* et la pluviométrie P a montré que la variabilité des<br />

précipitations annuelles était responsable pour une large part de la variabilité des<br />

excédents <strong>hydrique</strong>s. Ainsi, les années de fortes (resp. faibles) précipitations sont<br />

associées à de forts (resp. faibles) excédents. Les totaux pluviométriques annuels<br />

apparaissent bien corrélés aux excédents <strong>lac</strong>ustres. Par contre, la modification brutale<br />

de la relation entre P et AH* au début des années 1960 ne paraît pas s'expliquer par la<br />

seule évolution de la pluviométrie régionale. S'il est classiquement admis que la<br />

demande évaporatoire varie peu (Piper et ai, 1986; Sene & Plinston, 1994), les causes<br />

de ce changement doivent donc être attribuées à une plus grande "efficacité" des<br />

précipitations sur le bassin. Les précipitations sur la région n'ont enregistré après 1961<br />

qu'une augmentation limitée, dans l'espace (Nord et Est <strong>du</strong> bassin) et dans le temps<br />

(octobre-décembre). Aucune rupture n'a été mise en évidence, alors que l'étude des<br />

relations entre AH* et P a clairement révélé une rupture.<br />

Les modifications des conditions de surface peuvent constituer un facteur non<br />

négligeable de la variabilité <strong>du</strong> <strong>bilan</strong> <strong>du</strong> <strong>lac</strong>. Faute de chroniques nombreuses<br />

d'écoulement avant 1960, l'hypothèse d'une augmentation des coefficients<br />

d'écoulement est difficilement verifiable directement. L'origine de ce phénomène<br />

pourrait être <strong>du</strong>e à l'anthropisation <strong>du</strong> milieu et/ou à une évolution naturelle de ce<br />

dernier. Rappelons que l'hypothèse d'une augmentation des coefficients d'écoulement<br />

n'est pas nouvelle pour la région, puisque le même type d'évolution a pu être<br />

enregistré sur le bassin versant <strong>du</strong> <strong>lac</strong> Malawi (Calder et ai, 1995) et mis en relation<br />

avec la deforestation. De même l'anthropisation <strong>du</strong> milieu n'est pas sans effet sur le <strong>lac</strong><br />

Victoria, puisqu'on lui attribue l'eutrophisation <strong>du</strong> <strong>lac</strong> (Bungenyi & Magumba, 1996).<br />

Cette évolution de la contribution <strong>du</strong> bassin versant au <strong>bilan</strong> <strong>du</strong> <strong>lac</strong> <strong>Tanganyika</strong> ne doit<br />

pas à long terme être sans effet sur le fonctionnement de cet écosystème. Il apparaît<br />

alors nécessaire de porter une attention particulière à ces bassins soumis à la pression<br />

anthropique afin de préserver ce qui constitue l'une des ressources essentielles des<br />

populations autochtones.<br />

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Reçu 3 septembre 2001; accepté 9 avril 2002

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