Statut et données phénologiques du Rollier d'Europe ... - A Rocha

Statut et données phénologiques du Rollier d’Europe (Coracias garrulus) dans la vallée des Baux en 2003 F.TRON
F. Tron, 4 février 2004
Statut et données phénologiques du Rollier d’Europe
(Coracias garrulus)
dans la vallée des Baux en 2003
En 2001 Simon Butler avait mis en évidence des densités remarquablement élevées aux
marais de l’Ilon et en 2002 Koutseri avait pu localiser une vingtaine de couples à travers la vallée des
Baux. La population locale pouvait alors être estimée à une vingtaine de couples, dont la moitié sur
le domaine de l’Ilon.
En 2003 nous avons accentué nos prospections en intensité et en étendue, ce qui donne une idée plus
précise de la localisation de ces couples ainsi que quelques données sur la phénologie de l’espèce
dans la vallée. Des observations tardives de parades en juillet nous ont amené à penser qu’une
seconde nichée était en cours, ce que nous avons également cherché à confirmer.
Méthodes :
Aucun protocole standardisé n’a été mis au point afin de recenser l’ensemble des couples de la
vallée, cependant toutes les routes et chemins de la vallée ont été parcourus, généralement à plusieurs
reprises avec des points d’arrêts de 5 minutes minimum. La figure 1 montre les chemins parcourus ;
un tampon de 300 m (distance optimale de contact selon Tom Gray, 2004) autour de ces circuits
permet d’estimer à 2219 ha la superficie prospectée.
Début mai (parades) et fin juin/début juillet (nourrissage des jeunes), les Rolliers observés étaient
suivis pour découvrir leur nid. Pourtant, nous n’avons pas réussi à prouver la nidification de tous les
couples de Rolliers.
Pour certains sites, des observations prolongées ont été réalisées afin d’obtenir des informations plus
précises, en particulier par rapport à une possible seconde nichée.
Localisation et répartition des couples de Rollier :
4 observateurs ont pris part à ce recensement lors de 45 sorties ; 286 observations ont été
enregistrées et 37 couples de Rollier ont été localisés.
La figure 1 montre un plus grand nombre de couples en 2003 que les autres années. Cela est
certainement dû en grande partie à une meilleure prospection, mais pourrait également refléter une
certaine augmentation des effectifs locaux.
Sur 37 couples repérés, 28 couples ont été assez bien localisés (« dans ce groupe d’arbre, il y a un
nid... »), mais seulement 15 nids ont été découverts.
Parmi ces derniers, 8 couples se sont installés dans des peupliers blancs (Populus alba), 5 autres dans
des nichoirs posés en 2002 (l’un d’eux ayant échoué, 4 couples ont produit 21 jeunes à l’envol), et 2
dans des Saules (Salix sp).
9 autres couples repérés n’ont pu être plus précisément localisés ; il pourrait s’agir dans certains cas
de couples non reproducteurs.
Synthèse des études et travaux de conservation A Rocha France 2003 Page 1 sur 3

Statut et données phénologiques du Rollier d’Europe (Coracias garrulus) dans la vallée des Baux en 2003 F.TRON
Figure 1 : Localisation des circuits de propsection et des couples de Rollier2001 , 2002 et
2003
Sur l’ensemble de la zone prospectée, on peut calculer une densité moyenne de 1.7
couples/100 ha. Pourtant, la figure 1 montre des densités très hétérogènes.
On constate en effet la présence de semi-colonies à l’Ilon et au bois de Goudègue, comme cela avait
déjà été mis en évidence précédemment (Butler, 2001 et Crofton com pers). Cela est probablement
du à la combinaison d’une relative abondance de sites de nidification dans les bois de Peupliers
blancs sur ces sites et à la proximité de zones de chasse très favorables (coussouls de Crau, prairies et
pâturages…).
Le versant Nord de la vallée abrite également une sous-population assez importante, où la répartition
des couples est étonnamment homogène.
Par contre la partie aval de la vallée, près des marais de Beauchamp, ne semble pas héberger de
couple de Rollier bien que quelques observations ponctuelles y aient été réalisées.
Il serait donc très intéressant, sur la base d’une prospection plus homogène de confirmer ces
disparités de densités des couples et d’en chercher les causes.
Phénologie :
Tableau 1 : Phénologie du Rollier d’Europe dans la vallée des Baux en 2003
Arrivée de migration 1° oiseaux le 25 avril à l’Ilon
Parades Presque aussitôt
Pontes (d’après calcul sur date d’éclosion supposée) Fin mai
Eclosion (d’après âge supposé des jeunes au moment du bagage) 15-25 juin
Envol (d’après âge supposé des jeunes au moment du bagage) 5-15 juillet
Départ en migration (voir aussi l’article de Tom Gray) Fin août –début septembre
Sur la base des observations de terrain et des données collectées grâce aux nichoirs, le tableau
1 montre que les Rolliers sont présents pendant moins de 5 mois dans la vallée des Baux. Alors que
la reproduction démarre presque aussitôt après leur arrivée, les oiseaux séjournent encore dans la
vallée pendant plus d’un mois après l’envol des jeunes. Cette période correspond à l’émancipation
des jeunes : à plusieurs reprises nous avons pu observer les familles entières chasser dans les zones
favorables. Pendant quelques semaines, les jeunes sont encore nourris pas leurs parents, avant de
devenir tout à fait autonomes.
Synthèse des études et travaux de conservation A Rocha France 2003 Page 2 sur 3

Statut et données phénologiques du Rollier d’Europe (Coracias garrulus) dans la vallée des Baux en 2003 F.TRON
Conclusion et perspectives :
2003 aura apporté beaucoup d’informations nouvelles, tant sur la répartition, la phénologie
que la biologie de l’oiseau ; plusieurs études inédites et parfois très intéressantes ont été totalement
réalisées par des bénévoles d’A Rocha et leur contribution est remarquable.
On peut donc espérer que cette solide base permettra de développer un programme de recherche
intégré incluant :
- la mise en place d’un suivi des couples reproducteurs et du succès de la reproduction.
- la poursuite des recherches relatives à la sélection des habitats de chasse et des espèces
proies.
- Des recherches sur la fidélité du couple et au site de nidification, ainsi que la philopatrie des
jeunes.
- L’impact des différents modes de gestion des terres (e particulier l’agriculture) sur cette
espèce indicatrice.
- Des recommandations pratiques pour des meures de conservation.
Synthèse des études et travaux de conservation A Rocha France 2003 Page 3 sur 3