Martinez de la Rosa, ses oeuvres et sa vie - Bibliothèque numérique ...

- 24 -
irrésistible, homme d'État, homme de bien ', c'est ainsi que le
qualifie M. de Latour.
Quelque critiques, et elles le furent souvent, qn'4ient été les
circonstances de sa vie politique, jamais on ne vit chanceler son
courage, jamais s'altérer la sérénité de son esprit, jamais faiblir
l'intégrité de ses principes constitutionnels, ni sa droiture pro -
verhiale.
Pourtant, s'il n écrit cette parole aussi bien placée en sa bouche
que dans celle de Fernand de Valor son héros.: IL No, hija, no...,
]os homhres no liemblan janias I ,, (Non, ma fille, non, les hom-
mes ne tremblent pas), nous ne devrons pas moins répéter avec
M. Pacheco : Es de la familia de los inartires, pero no es de la
familia de los eroes n (il est de la famille des martyrs, il n'est
pas de celle des héros). - Empruntons encore i M. de Loménie,
l'un de nos meilleurs guides en cette étude, surtout à soir
une appréciation du caractère de M. Martinez qui complétera
notre tableau; il écrivait en 1843
M. Martinez de la Rosa est sans contredit un des plus élo-
quents orateurs, un des hommes d'État les plus distingués et peut-
être le caractère le plus noble, le plus honnête, le plus pur de
l'Espagne moderne mais il est essentiellement dépourvu d'une
qualité politique nécessaire partout, et en Espagne plus que par-
tout je veux parler de l'énergie d'action; non pas que M. Ittar-
tinez de laRosa manque de fermeté, tant s'en faut nul homme,
n'a donné de plus nombreuses, de plus éclatantes preuves de sang-
froid et de courage; mais cette fermeté, ce sang-froid, ce courage •
sont d'une nature complètement passive; ainsi il fera face à une
émeute avec une tranquillité étonnante : quand le succès de la
révolte militaire de la Granja poussera vers la frontière tous les
chefs du parti modéré, il ira fumer un cigare au Prado; si des
sifflets l'interrompent à la tribune, il se redressera de toute sa
hauteur, et puisera dans cet incident même un beau mouvement
d'éloquence. - En un mot, tant qu'il s'agit de résister purement,
simplement, M. Martinez de la Rosa est admirable; mais quand
il faut passer de la résistance à l'initiative, quand il faut conserver