Martinez de la Rosa, ses oeuvres et sa vie - Bibliothèque numérique ...

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- 16 - héros-espagnols les plus renommés (lu quinzième siècle, l'homme des prouesses, comme on l'appelle en son pays. Il mettait la der- nière main k cette oeuvre, quand (janvier 1834) la reine régente, Marie-Christine,, l'appela à la présidence du conseil et ait des affaires étrangères, en remplacement de M. Zea-lier- mutiez, l'inventeur du système politique qu'il avait lui-même qualifié le despotisme éclairé (despotismo illustrado). Peut-être n'est-il pas hors de propos de raconter rapidement ici les derniers événements du régne de Ferdinand Vil et l'origine de la royauté de la reine Isabelle Il. Ce sont des faits contemporains peu ou.mal -connus chez nous, et que pourtant il y a intérêt à .connaitre. On me pardonnera une digression d'ailleurs courte et utile àl'éejaircissement de mon récit. - Le roi Ferdinand VII était veuf pour la troisième fois, et veuf sans enfants. N'ayant jamais en qu'une médiocre affection pour sa famille, il ne voyait pas sans chagrin la couronne promise après lui à l'infant don 'Carlos, son frère et son héritierprésomptif; aussi voulut-il tenter d'échapper par un quatrième mariage à cette ét'entualitè .menacante. - - Le 11 décembre 1829, il épousait sa nièce, la princesse Marie- Christine des Deux-Siciles. Les populations accueillirent avec transport cette reine jeune, belle et fille (l'une mère espagnole. "Avide de plaisirs (1), Marie-Christine lira la cour de la tristesse où elle languissait depuis si longtemps; ce fut un changement - complet dans les habitudes du palais. Une reine qui ne se conten- tait pas - de fêtes religieuses, qui aimait le bal, une reine qui dansait, fut- pour les Espagnols une étonnante nouveauté. En voyant Ferdinand, k la voix de sa jeune épouse, secouer la mo- notonie de Sa vie habituelle, les apostoliques (les partisans (le doit c'est-k-dire, les absolutistes fanatiques) devinèrent l'empire qu'elle allait exercer sur son esprit; et les plus clair- voyinÉs jugèrent que ce n'était pas seulement nue veine, mais une révolution qu'on avait inaugurée: » (1) .Joseplt Lavalide.— Voir aussi, relativement è ces événements et aux scènes qui vont suivre, Une année en Espagne, par Chartes Didier.

17 - La grossesse te la rèit]evint inspirer de nouvelles alarmes aux amis de l'infant; pourtant vu espoir leur restait : une fille pouvait naitre, et depuis Philippe et les Codés de 1713 la loi salique régissait l'Espagne. Sans doute,- Charles 1V, il' accord avec- les Cortés de 1789, avait voulu rendre aux femmes le droit de succé- der' ail trône, mais la loi édictée par lui n'avait point été poinul- guée. Ferdinand, malade et redoutant une mort prompte, voulut au moins que le but qu'il avait poursuivi par le mariage fût atteint, et que son enfant quel qu'il fût lui succédât. Il reprit doue l'idée de Charles IV, et publia sa fameuse Pragmatique sanetjon du 9 mars 1830, qui n'est autre chose que celle préparée en 1789. Eu faveur de son enfant k naître, il répudiait la loi salique im- portée en Espagne par le petit-fils de Louis XIV, et rétablissait le mode d'hérédité que les Castillans avaient reçu des Goths leurs ancêtres (J). Le parti carliste ne se tint pas pour battu. La santé du roi dé- clinait de plus en plus, et avec sa santé sa volonté; on entreprit, - ce qui -ne présentait pas grande difficulté, de séduire Calomarde, un valet devenu ministre et favori, qui avait toujours exercé sur l'esprit de Ferdinand une grande influence. Calomarde parvint à arracher au moribond la révocation de sa Pragmatique. Grand émoi chez la reine; mais le roi revient à la santé, s'aperçoit qu'il a'élé joué, et après de violentes récriminations de la part des uns et des autres par-devant Ferdinand, la reine triomphe définitive- (1) t II S difficile, dit M. de Loménie, de comprendre les arguments des hommes de la royauté de droit divin contre la légiiiini(é d'isabelle Il. De trois choses l'une ou le roi de drôit divin, maître de changer à son gré la loi fondamentale de l'lttat, ne doit compte de ses actes qn'à Dieu; et alors pourquoi Ferdinand VII n'aurait-il pas eu 'es mêmes droits que sou trisaïeul Philippe V? ou la loi fondamentale d'un Etat ne peut jamais être changée, et, dans ce second cas, tout le monde sait que la loi salique n'est pas la loi fondamentale de la monarchie espagnole; on enfin la ratification du peuple est nécessaire, et ' dans ce dernier cas, personne n'ignore que les Cortés dégénérées de 1713, qui ratifiévent l'acte de Philippe V, ne valaicut ni plus ni moisis que les Cortés dégénérées de 4833, qui ratifièrent l'acte de Ferdinand Vil, sanctionné d'ailleurs d'une manière bien pins poitive que le premier par des cariés postérieures réunies en vertu de la loi d'élection la plus large que l'Espagne ait jamais possédée.

17 -<br />

La gros<strong>ses</strong>se te <strong>la</strong> rèit]evint inspirer <strong>de</strong> nouvelles a<strong>la</strong>rmes aux<br />

amis <strong>de</strong> l'infant; pourtant vu espoir leur restait : une fille pouvait<br />

naitre, <strong>et</strong> <strong>de</strong>puis Philippe <strong>et</strong> les Codés <strong>de</strong> 1713 <strong>la</strong> loi <strong>sa</strong>lique<br />

régis<strong>sa</strong>it l'Espagne. Sans doute,- Charles 1V, il' accord avec- les<br />

Cortés <strong>de</strong> 1789, avait voulu rendre aux femmes le droit <strong>de</strong> succé-<br />

<strong>de</strong>r' ail trône, mais <strong>la</strong> loi édictée par lui n'avait point été poinul-<br />

guée. Ferdinand, ma<strong>la</strong><strong>de</strong> <strong>et</strong> redoutant une mort prompte, voulut<br />

au moins que le but qu'il avait poursuivi par le mariage fût<br />

atteint, <strong>et</strong> que son enfant quel qu'il fût lui succédât. Il reprit doue<br />

l'idée <strong>de</strong> Charles IV, <strong>et</strong> publia <strong>sa</strong> fameuse Pragmatique <strong>sa</strong>n<strong>et</strong>jon<br />

du 9 mars 1830, qui n'est autre chose que celle préparée en 1789.<br />

Eu faveur <strong>de</strong> son enfant k naître, il répudiait <strong>la</strong> loi <strong>sa</strong>lique im-<br />

portée en Espagne par le p<strong>et</strong>it-fils <strong>de</strong> Louis XIV, <strong>et</strong> rétablis<strong>sa</strong>it<br />

le mo<strong>de</strong> d'hérédité que les Castil<strong>la</strong>ns avaient reçu <strong>de</strong>s Goths<br />

leurs ancêtres (J).<br />

Le parti carliste ne se tint pas pour battu. La <strong>sa</strong>nté du roi dé-<br />

clinait <strong>de</strong> plus en plus, <strong>et</strong> avec <strong>sa</strong> <strong>sa</strong>nté <strong>sa</strong> volonté; on entreprit, -<br />

ce qui -ne présentait pas gran<strong>de</strong> difficulté, <strong>de</strong> séduire Calomar<strong>de</strong>,<br />

un val<strong>et</strong> <strong>de</strong>venu ministre <strong>et</strong> favori, qui avait toujours exercé sur<br />

l'esprit <strong>de</strong> Ferdinand une gran<strong>de</strong> influence. Calomar<strong>de</strong> parvint à<br />

arracher au moribond <strong>la</strong> révocation <strong>de</strong> <strong>sa</strong> Pragmatique. Grand<br />

émoi chez <strong>la</strong> reine; mais le roi re<strong>vie</strong>nt à <strong>la</strong> <strong>sa</strong>nté, s'aperçoit qu'il<br />

a'élé joué, <strong>et</strong> après <strong>de</strong> violentes récriminations <strong>de</strong> <strong>la</strong> part <strong>de</strong>s uns<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong>s autres par-<strong>de</strong>vant Ferdinand, <strong>la</strong> reine triomphe définitive-<br />

(1) t II S difficile, dit M. <strong>de</strong> Loménie, <strong>de</strong> comprendre les arguments <strong>de</strong>s<br />

hommes <strong>de</strong> <strong>la</strong> royauté <strong>de</strong> droit divin contre <strong>la</strong> légiiiini(é d'i<strong>sa</strong>belle Il. De trois<br />

cho<strong>ses</strong> l'une ou le roi <strong>de</strong> drôit divin, maître <strong>de</strong> changer à son gré <strong>la</strong> loi fondamentale<br />

<strong>de</strong> l'lttat, ne doit compte <strong>de</strong> <strong>ses</strong> actes qn'à Dieu; <strong>et</strong> alors pourquoi<br />

Ferdinand VII n'aurait-il pas eu 'es mêmes droits que sou tri<strong>sa</strong>ïeul Philippe V?<br />

ou <strong>la</strong> loi fondamentale d'un Etat ne peut jamais être changée, <strong>et</strong>, dans ce second<br />

cas, tout le mon<strong>de</strong> <strong>sa</strong>it que <strong>la</strong> loi <strong>sa</strong>lique n'est pas <strong>la</strong> loi fondamentale <strong>de</strong> <strong>la</strong> monarchie<br />

espagnole; on enfin <strong>la</strong> ratification du peuple est néces<strong>sa</strong>ire, <strong>et</strong> ' dans ce<br />

<strong>de</strong>rnier cas, personne n'ignore que les Cortés dégénérées <strong>de</strong> 1713, qui ratifiévent<br />

l'acte <strong>de</strong> Philippe V, ne va<strong>la</strong>icut ni plus ni moisis que les Cortés dégénérées<br />

<strong>de</strong> 4833, qui ratifièrent l'acte <strong>de</strong> Ferdinand Vil, <strong>sa</strong>nctionné d'ailleurs d'une<br />

manière bien pins poitive que le premier par <strong>de</strong>s cariés postérieures réunies<br />

en vertu <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi d'élection <strong>la</strong> plus <strong>la</strong>rge que l'Espagne ait jamais possédée.

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