AUTOMOBILE : Métamorphose et sensorialité

2007
Gary Sanchez
AUTOMOBILE :
Métamorphose et sensorialité

PROBLEMATIQUE
Univers : l’automobile, le vêtement, le changement, la parure
• Sachant que les personnes sont de plus en plus désireuses de participer au processus de création et pas seulement de
consommer
• Sachant que les besoins fonctionnels attendus par un véhicule se multiplient, du fait de plus de changement dans le
quotidien.
• Sachant que le marché du vêtement offre un diversité et une personnalisation totale du fait de l’habillement fragmenté
en plusieurs éléments combinables.
• Sachant que la modularité extérieure de l’automobile reste sommaire et que certaines personnes aimeraient faire évoluer
à leur manière certaines parties du véhicule.
• Sachant que «la peau de l’automobile» garde une texture lisse inchangée depuis plusieurs décennies et que l’architecture
automobile reste assez rigide.
• Sachant que le coté émotionnel et sensuel est assez développé dans l’univers du vêtement (matériau, textures,
graphisme).
• Sachant que la mode répond à un besoin de changement et de nouveautés.
• Sachant que le coût de ressortir une nouvelle gamme de véhicule est onéreux (car on refait toute la voiture...).
Alors comment,en tant que designer, créer un véhicule sensoriel qui, s’inspirant de l’univers du vêtement, permettrait une
personnalisation tant esthétique que fonctionnelle.
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PREFACE
Grâce à l’univers du vêtement et des innovations textiles il
existe des matériaux aux pouvoirs intéressants (tant émotionnels
que fonctionnels) et nouveaux qui permettraient
d’amener une réelle innovation en terme de design automobile
,domaine où l’extérieur de l’automobile n’a guère connu
de changement véritable dans sa perception sensorielle.
Cette problématique permettrait de confronter deux domaines
qui semblent différents en apparence ; Pourtant le vêtement
et l’automobile ont souvent été assimilé et pensées
comme des architectures qui prolongent le moi , l’habillent
ou le protègent. Ils relèvent tous deux d’un aspect interne
et d’un aspect externe : ce que l’on veut montrer et ce que
l’on souhaite garder pour soi. La peau de l’homme, du vêtement
, de l’automobile ne pourrait-elle pas s’accorder sur
un point, celui d’être le lieu de toutes les rencontres, de tous
les sens ?
L’univers du vêtement est fait de subtilité et de raffinement,
d’explosion en création grâce à la mode qui se régénère par
une métamorphose ,en combinaisons, en fonctionnalité, en
sensualité, en sensorialité… Cet univers ne pourrait-il pas
nous amener à penser l’automobile différemment?
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SOMMAIRE
introduction
1/CHANGER? POURQUOI ?
1-1/ EVOLUTION DES MŒURS ET DES SENSIBILITES :
1-1-1 / La quête d’identité / Rapport à son corps et aux vêtements
1-1-2 / Représentation artistique du nu
1-1-3 / L’apparence ou le reflet de soi
1-1-4 / Mise en valeur du corps
1-2/ UNE SOCIETE EN CHANGEMENT
1-2-1/ Présentation de la future génération de consommateurs
1-2-2/ La Génération Multimédia
1-3 / PERSONNALISATION PAR LE NET : créer son monde
2 / COMMENT? LE VETEMENT: UN OUTIL DE CHANGEMENT
2-1 / HISTORIQUE
2-1-1 L’histoire du textile
2-1-2 L’histoire du vêtement et de la mode et haute couture
2-2 / UNE VRAIE ARCHITECTURE A GEOMETRIE VARIABLE
2-2-1 / Fragmentation et éléments combinables, accessoires
2-2-2 / Une architecture sensorielle.
2-3 / LA PSYCHOLOGIE DU VETEMENT ET LA MODE
2-3-1 /Le vêtement, indicateur psychosocial
2-3-2 / Les polarisations par sexe: masculin/féminin
2-3-3 / Japon: la «révolution »
2-3-4/ Le Vintage Entre tradition et modernité
2-4 / NOUVEAUX ROLES DU VETEMENT PAR LES INNOVA-
TIONS TEXTILES
2-4-1 Nouveaux rôles / Nouvelle société
2-4-2 / Les innovations textiles
3/LE MONDE DE L AUTOMOBILE FACE AUX MUTATIONS
3-1/ LES MÉTAMORPHOSES DU DESIGN
3-1-1/ Enjeux pour l’automobile à l’horizon 2020
• Enjeux économiques
• Enjeux socioculturels
• Enjeux liés aux transports et à la mobilité
• Enjeux technologiques
3-1-2 / Un rôle de plus en plus déterminant
3-2 / LES CHANGEMENTS DANS LE MONDE AUTOMOBILE
3-2-1 / Un marché automobile de plus en plus compétitif
3-2-2 / L’éloge de la différence
3-2-3 / La politique de «plate-formes»
3-2-4 / De nouvelles attentes de la part des consommateurs
3-3/ LA RELATION HOMME/AUTOMOBILE :
3-3-1 / Une histoire d’amour à redorer ?
3-3-2 / Rapport homme / machine
Conclusion L’AUTOMOBILE VETEMENT POUR CHANGER ?
VERS UN DESIGN SENSORIEL
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INTRODUCTION
Tout bouge et se transforme. Mais pas de
mouvement sans une certaine stabilité ;
pas de métamorphose sans une certaine
permanence. Il n’y a rien de nouveau
dans ce jeu dialectique. Pas une culture
qui n’ait médité sur la transformation des
corps et sur l’instabilité des structures
; pas une qui n’ait recherché la permanence
et la stabilité des êtres. « Rien ne
se perd, ou se créer, tout se transforme
» dit un proverbe connu. Le changement
est toujours d’actualité surtout à l’heure
où la mondialisation s’élance et que la
quête de l’individualité augmente en
même temps. Il convient donc d’analyser,
dans un premier temps, les raisons
de ce désir d’individualité, puis dans une
seconde partie, comment le vêtement «
incarne» et répond à cette personnalisation
recherchée, et enfin comment le
secteur automobile mute face à cette
demande.
1/CHANGER
1-1/ EVOLUTION DES MŒURS ET
DES SENSIBILITES
1-1-1 La quête d’identité/ Rapport au
corps
A travers l’ethnologie on s’aperçoit
de l’existence déjà ancienne d’un désir
d’influencer l’aspect donné à son corps
avec le marquage physique (tatouage)
comme rituel : il s’agissait de marquer son
appartenance à une tribu spécifique (ou
lien de parenté) mais aussi symboliser
leur accession au statut d’adulte.
Enfermé dans des vêtements tels que
le corset, le pouvoir tente de contrôler le
corps par la force ou par le travail. Au cours
du XXéme siècle le rapport au corps est
en mutation du fait de l’industrialisation
et de la consommation. La sociologie
du corps devient alors étroitement
liée à des canons de beauté stricts et
définis, lié à la mode et au vêtement.
L’anthropologie du corps, développée
notamment par David Le Breton se soucie
également des pratiques d’automutilation
et de scarification : cet aspect montre
aussi à travers le mouvement cyberpunk
une recherche et un besoin de définir
le rapport au corps et de l’exprimer. On
tente d’imposer un rapport défini avec
le corps par les codes sociaux : Les
différentes tribus urbaines des années
70 ou d’aujourd’hui ont tenté de trouver
leur rapport au corps par des notions
très différentes (nudisme, scarification,
tatouage, piercing, maquillage,
vêtements excentriques) de celle du
carcan moral définit par la société au
discours hygiéniste. Le sport, le parfum,
le confort, la libération des mœurs
ont changé le rapport à notre corps.
Au XVIIème siècle, certaines
situations sociales particulières
n’interdisent pas davantage l’exposition
des corps dévêtus à la vue de tous. La
nudité d’un roi devant sa cour était
considérée comme normale. Mieux,
ceux qui pouvaient assister à la toilette
intime du monarque le considéraient
comme un privilège évident. De façon
assez exceptionnelle, la nudité était alors
un marqueur social positif.
Un renversement se produit au
XIXe siècle, la mécanisation précoce de
l’industrie textile et l’essor du discours
hygiéniste conduisant les classes aisées
puis les classes moyennes émergentes
à voir dans la nudité le signe de l’infamie
paysanne signalée plus haut.
De plus en plus de jeunes à travers le
monde se tatouent, séduits par la beauté
des graphismes sur leurs peaux et par
l’effet produit sur le sexe opposé.
L’engouement pour le tatouage
s’explique aussi par l’apparition du
tatouage au henné. Il est vrai que le
tatouage classique était extrêmement
douloureux et marquait le corps à jamais
d’une trace permanente. Au-delà des
dessins géométriques, le tatouage au
henné est un moyen d’ouverture et
d’expression. C’est un art de séduction.
Rapport à son corps et aux vêtements
Le vêtement étant nécessairement le
support de toutes sortes de marqueurs
sociaux en plus d’être un élément de
protection de son porteur contre les
agressions extérieures, climatiques
notamment. Celui qui n’en porterait pas
pourrait légitimement être soupçonné
de ne pas participer au projet sociétal
de son groupe : il refuserait ce faisant
d’apposer les codes les plus intimes que
celui-ci puisse lui imposer directement
ou indirectement à même sa chair,
tatouages mis à part. En outre, il ne
soutiendrait pas l’activité de celles ou
ceux qui confectionnent des produits
textiles. En bref, il ne participerait pas
à une part généralement substantielle
des échanges au sein de l’ensemble
humain considéré, qu’ils soient rituels ou
économiques.
Ainsi, comme se vêtir est finalement
un acte éminemment social et distingué,
la nudité ne se conçoit à l’inverse
que comme un acte de rébellion. Elle
est l’attribut de l’anarchiste ou du
révolutionnaire.
Étant donné ce qui vient d’être signalé,
il n’est pas étonnant que le corps nu soit
encore très souvent utilisé aujourd’hui
dans les sociétés occidentales comme
le support d’une revendication politique
contre l’ordre établi.
il n’est pas rare en effet d’apercevoir
des torses nus bariolés de slogans divers
au milieu de manifestations de rue, par
exemple. Le surgissement inattendu d’un
homme ou d’une femme sans vêtements
au milieu des plus officielles des
scénographies quotidiennes demeure
toujours une arme puissante pour faire
parler de soi.
C’est ce qu’ont compris les
publicitaires qui remplissent leurs spots
de corps de femmes offerts à la vue de
tous. De façon plus triviale, c’est aussi
ce qu’ont compris ces Nu-vites qui par
leur seule irruption dans le plus simple
appareil interrompent les plus codifiées
des compétitions sportives.
Parce que cette arme est une
arme dont chacun peut disposer à tout
moment et par surprise pour suspendre
la vie sociale, la nudité peut finalement
être presque percu aujourd’hui comme
terroriste.
D’ailleurs, étant donné le caractère
éminemment social que confère
une parure à chacun, la nudité peut
véritablement être utilisée comme
instrument de destruction.
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1-1-2 / Représentation artistique du nu.
Il est vrai que la nudité y est alors
drapée d’une dimension christique
qui lui sert pour partie d’alibi et qui
se surajoute en tout cas à la vision
presque exclusivement esthétique de
la nudité héritée de la Grèce antique,
dont les conceptions de la beauté
et de l’Homme sont alors à la mode.
Mais ces mêmes classes s’engagent
aussi dans de nouvelles pratiques
corporelles qui sont aujourd’hui
l’objet de la sociologie du corps
et qui vont conduire à une rapide
libération du corps de la femme en
particulier, à partir de mai 1968 surtout.
Le développement du sport
accompagne finalement dans la
seconde moitié du XXe siècle
l’émergence d’un véritable culte du
corps qui valorise la nudité et son
insertion dans un environnement sain,
objectif indirect de certains naturismes.
Parmi les motifs de la dénudation,
le bronzage des corps, qui devient
un trophée que chacun se doit de
ramener de vacances comme s’il
s’agissait de prouver sa capacité
à voyager. De nombreux auteurs
tiennent à ce sujet pour extrêmement
révélatrice de la modification du
concept de nudité l’évolution du maillot
de bain, qui devient de plus en plus
échancré, moulant et transparent.
Parmi les ambassadeurs de la
dénudation, on trouve l’enfant, qui fut
historiquement le premier à obtenir
la licence de la nudité sur les plages,
en tout cas si l’on en croit Jean-Didier
Urbain dans Sur la plage. Il est vrai
que la nudité permet souvent une
forme de regreso ad uterum, retour
symbolique dans l’utérus. Elle peut être
une expression naïve et jouissive à la
fois pour qui s’y adonne dans l’interdit.
Les travaux du chercheur
sont bien sûr intervenus avant les
scandales récents liés à la pédophilie.
En outre, la nudité se développe
aussi parce qu’elle est inscrite sur un
marché dont le cœur s’étend de la
presse de charme à la pornographie
la plus crue, un marché que l’on
sait inspirer l’ensemble des médias.
Le mouvement décrit plus haut ne
permet pas tout. Comme le signale
Jean-Claude Kaufmann dans son
ouvrage Corps de femmes, regards
d’hommes, la pratique des seins nus sur
les plages apparaît inconcevable à ses
plus ferventes supportrices quelques
mètres en arrière de l’endroit où elles
se trouvent, aux limites de la ville et
de la civilisation. La nudité reste ainsi
confinée en des espaces très précis, ce
qui a d’ailleurs inspiré à Francine Barthe-
Deloizy une Géographie de la nudité.
Ainsi, si le vêtement cesse au fur
et à mesure d’être un indicateur de
rang social pour indiquer davantage
l’appartenance à un groupe ou à une
tranche d’âge, la nudité demeure le
fait des lieux où prennent place une
inversion passagère des règles sociales.
On l’aura compris, elle ne s’épanouit
plus ou moins qu’à la marge de la vie
normale. Par exemple pendant les
carnavals, la nuit ou donc sur les littoraux,
soit à mi-chemin entre terre et mer.
Par ailleurs, des zones du corps
restent particulièrement difficiles
à exposer. Au Japon, les poils
pubiens sont par exemple considérés
comme des apparitions clairement
pornographiques. Par contre, une image
de nu ne sera pas pornographique si
les organes génitaux n’ont pas de poils
(poils rasés, épilés ou sujet impubère).
Plus important, d’une façon générale,
le mouvement d’un corps nu reste encore
très stigmatisé, ayant décidément trop
de ressemblances avec une parade
sexuelle. Dans les parcs naturistes
allemands, où la nudité est par ailleurs
très bien vécue, il existe toujours des
cabines où se changer à l’abri du regard
de tous à l’entrée. Dans les commerces,
partout dans les pays développés, on
trouve des cabines d’essayage. Leur
existence peut surprendre au regard
de ce qui se fait par ailleurs sur les
plages : après tout, l’essayage d’un
vêtement ne demande dans le pire
des cas que d’apparaître face à une
poignée de clients en sous-vêtements.
On le voit, si en public la nudité
se tolère, la dénudation pas encore.
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1-1-3 / L’apparence ou le reflet de soi
Soixante-cinq pour cent des femmes
veulent être bien habillées et 60% d’entre
elles aiment suivre les tendances de la
mode. La mode permet de régénérer leur
image et de renaître tel un phénix à chaque
saison. D’où l’importance croissante du
message de l’apparence. Les femmes se
sentent de moins en moins soumises et
de plus en plus indépendantes. Dévoiler
sa peau correspond à lever le dernier
voile des apparences.
La maîtrise de son apparence et une
certaine forme de mise en scène offrent
des possibilités de renouvellement face
à l’extérieur.
Quatre-vingt-quatre pour cent des
femmes aiment se créer leur propre
monde. Comme les femmes ont une
perception plus souple du temps, elles
sont capables de vivre simultanément sur
plusieurs registres et cycles temporels
différents. D’où l’importance des
interfaces entre visible et invisible, rêve et
réalité, introversion et extraversion, etc.
Les opportunités sont par conséquent
plus nombreuses pour les marchés de la
création et de l’imagination… comme le
parfum.
La recherche du bien-être
Soixante-dix-sept pour cent des
femmes recherchent un équilibre mental,
physique et affectif. Prendre soin de soi
est devenu la priorité des générations
de femmes qui ont eu 20 ans après les
années 70. Aujourd’hui, le corps est
le reflet de la psyché et de l’intégration
sociale. Prendre soin de son corps c’est
donc bâtir son estime de soi; un immense
marché en perspective qui se développe
aussi chez une clientèle de plus en plus
masculine.
Partout dans le monde, les femmes
communiquent avec une grande
multiplicité de références, pôles et
identités. La modernité naît de la mobilité,
mais elle est tributaire de la situation et
parfois réversible. D’où l’importance des
groupes de références, associations,
clubs, «lieux et temps de rencontre»,
magazines ou magasins. C’est le
nomadisme urbain qui a contribué à la
naissance d’un marché urbain de produits
aussi pratiques que stylés.
1-1-4 / Mise en valeur du corps
Le corps est devenu le centre de
l’univers pour une proportion toujours plus
grande de femmes. Le paradoxe est que
plus les connaissances technologiques
et l’Internet progressent, plus les gens
prennent conscience de l’importance de
leur sensualité et de leur corps.
Beaucoup de choses que nous
expérimentons actuellement dans la
vie viennent du corps. Trois puissants
vecteurs ont placé le corps au centre de
la culture populaire.
Le premier est le sport. Le second est
l’obsession de notre société pour la beauté
et la compétition. Le troisième vecteur
est le développement rapide des activités
de loisirs qui impliquent une expérience
physique du plaisir. Dans ces conditions,
il n’est guère surprenant qu’un nombre
croissant de consommateurs désire, et
pas seulement à titre sanitaire, mettre
leur corps en valeur. L’habillement a un
rôle important à jouer dans le marché de
la mise en valeur de soi appelée «body
care» ou «body shaping».
Aujourd’hui, les gens exigent le
maximum de leur corps, désirent
apprécier tous les plaisirs de la vie.
Cette tendance traverse toutes les
frontières: économiques, ethniques et
sexuelles. Elle accorde une grande
importance à tous les sens et aux
avantages sensuels que confèrent les
produits. De tous les sens, c’est le toucher,
donc la peau, qui est le plus important.
C’est pourquoi les matières prennent une
importance nouvelle. Chaque fois que
nous parlons de tissus ou autres produits
jouant un «rôle important», 60 à 70% des
femmes affirment prêter attention à la
composition des produits. En effet, c’est
de plus en plus le produit qui transmet la
perception de qualité et de bien-être si
importante aux yeux des consommateurs
d’aujourd’hui.
Un tiers des Américains et un quart des
Européens ont embrassé une nouvelle
philosophie. Cette philosophie dit que si
on veut changer sa vie, il faut d’abord
changer son corps et le reste suivra. Du
Prozac au Viagra, en passant par les
thérapies par la danse, l’idée qui est dans
l’air est que pour avoir une vie meilleure
il faut tout d’abord améliorer son corps.
En ce qui concerne le vêtements, le
sculptage du corps procure un bien-être
psychologique et une confiance en soi
dans un monde où image et compétition
jouent un rôle prépondérant. L’intérêt pour
le,sculptage du corps est particulièrement
présent parmi la catégorie des 25-34
ans aux Etats-Unis. Cela signifie que le
«body sculpting» n’aide pas seulement à
combattre les effets de l’âge mais motive
aussi des femmes plus jeunes à se créer
leur image.
Au cours des dernières années, la
technologie s’est approchée du corps.
Ainsi disparaît peu à peu l’ancienne
opposition entre le naturel et l’artificiel.
La convergence entre les ordinateurs
personnels, Internet, et l’industrie
télévisuelle a été favorisée par le besoin
croissant d’amusement à la fin des
années 80. Le besoin de sa propre mise
en valeur des années 90, engendre une
autre convergence. Il s’agit cette fois des
produits cosmétiques et des vêtements. Il
existe, déjà des tissus qui brillent comme
du maquillage, des collants qui luttent le
gonflement des jambes et des vêtements
qui sculptent le corps. La convergence
devrait aller encore plus loin au cours
de la prochaine décennie et le résultat
sera des alliances officielles entre les
industries textiles et cosmétiques.
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UNE SOCIETE EN MUTATION ?
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1.2/ UNE SOCIETE
EN MUTATION
Comme nous venons de le constater,
durant ces dernières décennies , le
rapport au corps a changé .On désire
agir sur soi-même et créer son propre
univers . Ce désir s’accélère avec les
mutations sociales et technologiques
qui modifient la psychologie des futurs
consommateurs dont notamment la génération
Y ...
1-2-1/ Génération Y : présentation de la
future génération de consommateurs
“Génération Y “ est le terme utilisé
pour définir la génération des personnes
nées entre 1990 et 2001, souvent
inspirés par la culture américaine.
Ils ont grandi totalement dans
l’ère digitale, l’ère du numérique. Voici
quelques caractéristiques de cette
génération :
• un seul parent pour 1 enfant sur 4
• une mère qui travaille pour 3 sur 4
• Utilisation du clavier dès l’école
primaire
• Saturé par les medias et la
conscience des marques
• Sensible à l’humanitaire et au
développement durable
• Plus de choix (télévision tend
vers l’homogénéité, Internet vers la
diversité)
• Génération interraciale
• Culture diversifiée
Narcissiques, entreprenants,
vivants l’instant présent, sensibles,
avides de sensations, fiers et introvertis
, écclectique et ouvert , les jeunes
génération Y incarnent cette nouvelle
vague de fraîcheur, de volonté créative,
explosive d’agir. Ils ne sont pas dupes
du marketing : ils veulent de la qualité et
du changement, de l’unique.
Cette puissance créatrice
n’inaugure-t-elle pas le design de
demain? La société Plan Créatif à Paris
avoue cette métamorphose du design
due aux changements sociaux : “ il est
possible que dans l’avenir, les agences
de design ne deviennent plus que des
consultants donnant des méthodes de
conception et d’innovation pour que le
design s’opère partout et à tout moment
par chacun, car la puissance créative est
dans tous les êtres humains.“
Ils créent déjà leur univers par les
nouveaux moyens de communication
et d’interaction offerts par les nouvelles
technologies.
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1-2-2/ La Génération Multimédia:
La génération Y est la génération
du multimédia par excellence Internet,
téléphone portable, ordinateur personnel,
fibre optiques, Email, GPS, ,capacité
mémoire disques durs, caméras,
Radios Airbags, batterie ,Automobile
hybride, LED, interface, navette spatiale,
nanotechnologie,I-Pod,…»
À n’en pas douter, directement ou
indirectement, ce sont les nouvelles
technologies de l’information et de la
communication qui sont à l’origine et
au coeur de cette révolution. On est
pris de vertige devant le nombre de
sites existants sur internet. S’agit-il de
mutation(s), de métamorphose(s)?
Google compte à ce jour plus de 8
milliards de références dans sa base
de données. Ces quelques recherches
supplémentaires confirment la mutation
sociale:
peer to peer: 78’500’000
chat: 295’000’000
video games: 295’000’0000
blog, qui compte quelques années à
peine: 269’000’000
Résultats obtenus entre 6 et 12
dixièmes de seconde
La génération Y a grandi dans ce
monde bercée par les technologies.
Dès lors, qu’en est-il d’un monde
tel que le nôtre, dans lequel plus rien
n’existe qui ne soit médiatisé, dans
lequel plus rien n’existe qui ne passe
par des techniques, plus rien qui ne
passe par Internet, plus rien qui ne soit
interconnecté?
Le propre de cette métamorphose
est d’agir instantanément partout. Peutêtre
n’a-t-on pas encore suffisamment
remarqué que les notions d’espace
et de temps sont elles-mêmes en
métamorphose.
1-3 / Personnalisation par le net : créer
son monde
Grâce aux progrès technologiques,
Internet devient le nouvel «eldorado»
du sur-mesure. Les marques offrant des
produits personnalisables envahissent
le web. Les consommateurs peuvent
assembler, découper, colorer…
visualiser le résultat de leur production
et en final passer commande. C’est
le concept de «mass customization»
ou «personnalisation de masse» qui
consiste à assembler des modules
préfabriqués, pour composer un produit
unique.
Pour les marques, c’est une manière
de se rapprocher de leurs clients en
proposant des produits individualisés.
Elles se démarquent ainsi de la
concurrence et fidélisent la clientèle
grâce à une connaissance plus fine
des goûts et des besoins de chacun.
La «customania» bat son plein. On peut
désormais ne ressembler à personne.
C’est une manière de se singulariser, de
sortir du lot, d’affirmer son identité.
Le site Barbie propose aux petites
filles de composer elle même leur propre
poupée en choisissant la couleur de
ses yeux, la forme de son visage, son
maquillage, sa coiffure, la couleur de sa
peau… Elles visualisent leur création et
si elles le souhaitent, la reçoivent chez
elle par courrier. Nike lance également
sur le net son service de personnalisation
pour ses chaussures de sport. Le
consommateur choisit la couleur de
base, celle du logo et surtout appose
un court texte de son choix à l’arrière
de la chaussure pour en faire un produit
unique.
Même réflexion chez les constructeurs
automobiles : un configurateur permet de
paramétrer sa future voiture (ambiance
intérieure, couleurs, motorisation…)
selon son aspiration et son budget. Sur
la SMART, voiture conçue conjointement
par Mercedes et Swatch, tout ou presque
est personnalisable. De plus, grâce à
un nouveau procédé, l’acheteur pourra
bientôt choisir ses dessins ou motifs
pour décorer sa voiture.
La personnalisation est un
moyen de sortir de l’anonymat et de
la banalisation. On veut se créer un
univers personnel. Aux Etats-Unis, le
site Internet de la société new-yorkaise
Thinkcustom.org permet de concevoir
et de commander des articles de sport,
vêtements, chaussures, cadeaux et
jouets personnalisables selon ses goûts.
Dans les mois à venir, des articles pour
la maison et le jardin y seront également
proposés.
Le consommateur est lassé du
marketing de masse. Il ne veut plus se
contenter de produits standardisés.
Pour répondre à cette demande
de consommation individualisée, les
entreprises doivent désormais fabriquer
ou proposer du «sur mesure». Mais
attention, le vrai problème de la
personnalisation des produits réside
dans l’impossibilité le plus souvent de
revendre l’objet réalisé sur mesure.
La personnalisation des produits est
une tendance lourde. Le consommateur
veut de plus en plus apporter une touche
personnelle à ses produits de manière à
les rendre uniques. Il souhaite exercer
sa créativité dans tous les domaines.
Pour répondre à cette demande,
l’enseigne japonaise Shu Uemura propose
dans son nouveau concept de magasin
les «Ateliers Factory», la fabrication de
son rouge à lèvres ou sa propre ombre
à paupières. Les consommatrices ont le
choix entre différentes couleurs, textures
et odeurs. Avec l’aide d’une conseillère
de vente, elles créent leurs propres
produits…avec l’assurance qu’elles ne
retrouveront jamais le même sur une
amie. La recette secrète concoctée,
elle est aussitôt envoyée dans l’atelier
de fabrication à l’arrière du magasin où
une quinzaine de chimistes réalisent
le produit qui sera disponible sous 24
heures.Dans les hypermarchés, aux
Etats-Unis et au Japon, les adolescents
élaborent eux-mêmes leur propre
parfums en choisissant parmi une
multitude de composants. De la même
manière, chez Elizabeth Arden, le fond
de teint «Custom color» est conçu sur
mesure à partir de la carnation de chaque
femme. Le consommateur ressent
le besoin d’affirmer sa personnalité,
de se singulariser pour rompre avec
l’uniformité.
Customiser son corps
Autre courant, la «customisation de
son corps» comme en témoigne le succès
du piercing, des tatouages mais surtout
des bijoux de peau. Ce sont des petits
accessoires qui se collent et s’appliquent
sur toutes les parties du corps. Il en
existe de différents types comme les
paillettes, les décalcomanies, les strass
autocollants, les tampons encreurs ou
encore les tatouages temporaires.
Les marques proposent divers
thèmes : style ethnique pour Gemey, style
nature et champêtre pour Bourjois…
Mais le consommateur cherche
également à s’individualiser grâce
aux vêtements qui présentent une
architecture et une sensorialité trés
élaborée...
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Exemples de «Mass customisation»
10

2 / LE VETEMENT :
INCARNATION DE LA
METAMORPHOSE
2-1 / HISTORIQUE
2-1-1 Dates clés textile
Dès la fin du XIXe siècle,les
chercheurs ont inventé des textiles palliant
la rareté et la cherté des fibres naturelles
comme la soie ou le coton. Puis ils ont
amélioré les fibres existantes, rendu les
tissus plus résistants, plus élastiques,
plus chauds,moins froissables…
A présent, ils les dotent de fonctions
nouvelles : hydrater la peau, réfléchir les
UV…
1884 : Le Français Hilaire de
Chardonnet invente la première fibre
non naturelle : la soie artificielle. Suivront
la rayonne, la viscose, l’acétate…Tous
ces textiles, dits artificiels, proviennent
de matières naturelles brutes, telle la
cellulose.
1938 : L’américain Du Pont de
Nemours lance le premier des textiles
dits synthétiques, issus de la pétrochimie
: le Nylon, un polyamide, infroissable
rétrécissable et facile d’entretien.
Polyester, acrylique, etc. : depuis, la
famille n’a cessé de s’enrichir.
2-1-2 L’histoire du vêtement et de la
mode et haute couture
A l’opposé du rejet de l’uniforme, la
tradition voulait que pour chacun, son
habit désigne son rang social. Jusqu’au
XXème siècle, le vêtement de la femme
change peu dans sa ligne générale ; à
certaines époques on peut observer une
mise en valeur libertine du corps.
En France, c’est au XIVème siècle
que commencent à se diffuser dans le
pays les usages vestimentaires de la
Cour. La haute couture parisienne sera
l’héritière de ce phénomène. Peu avant
la Révolution française, des almanachs
de mode illustrés font connaître la mode
de Paris aux lectrices de province et
d’Europe. Le même phénomène s’était
produit un peu plus tôt en Angleterre.
C’est là l’apparition de la presse de mode,
ce vecteur essentiel de la libéralisation
de l’habit.
Avec les sans-culottes, le vêtement
prend une signification politique.
Rayures et pantalons changent les codes
vestimentaires de l’Ancien Régime. Du
côté royaliste, le dandysme commence
à émerger, Mais l’accent demeure
évidemment mis sur l’appartenance à une
élite aristocratique: le droit à l’excentricité
est lui-même un privilège.
Au début du XIXème Siècle, la
confection (le futur prêt-à-porter)
apparaît, en même temps que les grands
magasins. Elle sait populariser la mode,
utiliser des imitations bon marché des
matières nobles. Elle possède ses
propres créateurs talentueux. Au XIXème
Siècle, Charles Frédéric Worth invente
les mannequins vivants et, au début du
XXème Siècle, Jeanne Paquin les défilés
de mode. Il existait une vingtaine de
maisons de couture à Paris en 1900 (une
centaine en 1946, 14 actuellement après
les dernières fusions)...
Dans les années folles, les femmes
prennent le pouvoir sur les couturiers
avec entre autre Madeleine Vionay dite
“ l’architecte”.
Après la Seconde Guerre mondiale,
la production est surtout marquée par
l’émancipation du corps de la femme
avec Coco Chanel, qui veut créer des
vêtements “jeunes” où la femme ne se
sente pas “déguisée” , pour reprendre
ses propos, “des vêtements où l’on
puisse bouger”. La démocratisation du
vêtement va de pair avec une prolifération
des mouvements de mode adolescents,
inséparables des courants musicaux. Il
n’est plus si facile de réduire la mode à
une élite définie.
En 1947, avec Christian Dior, la
femme retrouve un style oublié pendant la
guerre ; le “newlook” est un retour vers les
codes vestimentaires du XIXème siècle.
C’est l’âge d’or de la couture en France
en cette moitié de siècle; Balenciaga
définit un bon couturier comme étant à
la fois “architecte, peintre, sculpteur et
musicien, pour l’harmonie”. Les défilés
sont plus intimistes (on peut toucher les
tissus directement).
Les premiers top models,
fournissent à la société des modèles
de consommation avec Twiggy dite
“la Brindille” qui inspira beaucoup les
femmes tant dans leur apparence que
dans leurs manières de vivre. Depuis la
création par Yves Saint-Laurent en1961
de sa collection Rive gauche, on peut
parler d’un prêt-à-porter de luxe. Ensuite,
le rapport de la mode à la rue devient
complexe. Qui imite qui ?
Dans les années soixante,
l’uniformité était plus manifeste que la
volonté de se distinguer, qui sert de grille
d’interprétation aux sociologues de la
mode, comme Georg Simmel (1904).
Le jeans triomphe en France à partir de
1967. Il constitue bientôt l’uniforme de
la jeunesse mondiale, garçons comme
filles. C’est paradoxalement là une
façon de revendiquer l’individualité et la
décontraction, en rejetant le vêtement dit
«bourgeois ».André Courrèges emmène
les vêtements vers une modernité
absolue avec la minijupe
De 1964 à 1984, la différenciation
reprend ses droits avec les mouvements
de mode en concurrence les uns avec
les autres “Minets pops”, “hippies”,
“BCBG” (Bon Chic Bon Genre),
“baba cools”, “punks”, “New Wave”,
“pirates”…,on appartient à une “tribu”
(codes vestimentaires et culturels) qui
chacune possède une véritable panoplie
vestimentaires mais aussi leur genèse
par rapport aux normes établies par les
parents ou les grands frères : passage
du conformisme “petit bourgeois” des
années 60 à l’anti-conformisme “hippy”
ou gauchiste des années 70 ; passage
de l’anti-conformisme “baba” au nihilisme
“punk”, puis au culte de l’artificiel “New
Wave”.En 1976 , Jean-Paul Gaultier
observe quelques mutations dans
la société et décide de mélanger les
genres avec son perfecto allié d’un tutu
cousu façon jean qu’il considère comme
un métissage; Il travaille aussi sur le
tatouage comme seconde peau. Il suit le
mouvement de la World music qui brise
la compétition dans les looks grâce à son
écclectisme. En 1985, depuis la signature
de Coco Chanel en 1930 d’un accord
avec Samuel Goldwyn pour habiller les
stars d’United Artists, les mannequins
deviennent réellement des stars avec
Inès de la Fréssange.
On notera aussi le succès de la
silhouette sportive à l’américaine:
survêtement, T.shirt, casquette et
chaussures souples. Enfin, dans les
années 2000, l’aspect des vêtements
tend à devenir moins important que la
marque, expression du pouvoir d’achat
du consommateur.
12

2-2 / UNE VERITABLE ARCHITECTU-
RE A GEOMETRIE VARIABLE
2-2-1 / Fragmentation, éléments combinables,
accessoires
Structure
Le vêtement est l’objet qui, de nos
jours, revêt le plus de formes différentes.
Fragmenté , accessorisé , il offre un
nombre de combinaisons et de possibilités
infinies de par sa structure ,ses matériaux
, ses graphismes, ses découpes,
ses assemblages générant sans cesse
de nouveaux codes ; Si on le considère
en tant qu’architecture on s’aperçoit qu’il
ne peut offrir cette diversité , hormis ceux
énoncés précedemment, que par deux
facteurs essentiels : un dénominateur
commun , à savoir le corps (aux forme s
différentes mais à la structure identique
); et la capacité à s’adapter à celui-ci
grâce à sa flexibilité et à ses modes d’enfilement
(ouverture).
Customiser ses vêtements
Les créateurs aussi font de la personnalisation
un thème de prédilection.
Jean-Charles de Castelbajac propose
une collection de prêt-à-porter «prête à
découper». A laisser tel quelle sous forme
de robe ou à découper et à coudre pour
la métamorphoser en veste. La marque
va encore plus loin en matière de personnalisation.
Elle travaille actuellement sur
un tissu à mémoire : le vêtement pourrait
changer de forme et de couleur en fonction
de l’humeur de celui qui le porte…
Chez Issey Miyaké de longs tubes de
mailles donnent naissance à toute une
garde robe, de la jupe aux chaussettes,
en quelques coups de ciseaux. Il s’agit de
vêtements à découper soi-même grâce à
un nouveau concept «A-POC» (a piece
of cloth). Le client compose ainsi ses vêtements
en fonction de ses goûts (choix
du tissu, des boutons, de la forme…).
Fatigué des produits de masse, le
consommateur d’aujourd’hui apprécie de
pouvoir mettre sa touche personnelle et
d’exprimer ainsi son individualité. Le célèbre
fabricant de jeans Levi’s fut un des
premier à inventer le jeans sur-mesure.
Les Levi’s store américains proposaient
à leur clientèle d’imaginer leurs propres
jeans (couleur des surpiqûres, zips sur
les côtés…). Aujourd’hui, dans les nouvelles
boutiques, il est possible de customiser
ses jeans à outrance. On peut y
rajouter des badges, des broderies, des
franges, des inscriptions de son choix…
une touche très personnelle qui permettra
de transformer son jean en un modèle
unique. De la même manière, la marque
Longchamp a lancé les «sacs à idées».
Pliables, en satin de coton polyamide, ils
peuvent être décorés aux feutres ou en
toile à broder.
Chez JBC, par exemple, la collection
a reçu le nom d’Eclectica parce qu’elle
se compose de pièces qui sont toutes
coordonnables entre elles, commente la
styliste. En outre, l’appellation Eclectica
est assortie d’une connotation de féminité
que l’on retrouve parfaitement dans
la collection.
Vêtements personnalisés, production
en séries limitées, articles numérotés
donnent au consommateur le sentiment
de porter des tenues uniques,
créées spécialement pour lui, mais dont
chaque détail lui permet de s’identifier à
son groupe de référence. En réaction à
un monde en voie de globalisation, cette
tendance prône «la personnalisation
comme bouclier de protection du moi
intime», explique Evelyne Chaballier, directrice
des études de l’Institut Français
de la Mode.
14

Dans la haute couture, le vêtement est un moyen
d’expression culturelle ou psychologique. Ce
phénomène s’étend aussi dans le prêt-à- porter :
le vêtement véhicule de plus en plus de codes de
toutes sortes...
15

2-3 / LA PSYCHOLOGIE DU VETE-
MENT
2-3-1 les codes
La mode est le changement cyclique
des parures vestimentaires pour s’identifier
ou se distinguer.
Pour l’individu des villes modernes,
l’oscillation constante entre une volonté
d’identification à une collectivité et un
souci de distinction personnelle est la
principale source sociale et psychique de
la mode. L’image publique projetée vers
les autres et les motivations personnelles
de présentation de soi permettent de
trouver dans la sociologie et la psychologie
les principaux éléments de compréhension
des mouvements de la mode
contemporaine
« La mode est-elle un signe de luxure
ou bien de liberté ? Pour être à la mode,
faut-il nécessairement être superficiel ?
La mode est-elle tyrannique pour le
corps ? Avons-nous réellement le choix
de porter les vêtements que nous préférons
? Comment la technique est-elle un
facteur de renouvellement psychique de
la mode contemporaine ? ».
Paul Yonnet, « Mode et look »extrait
de Jeux, mode et masses, Gallimard, Paris,
1985
Comme le langage, le vêtement fascine
à la fois par son universalité et par
l’extrême diversité des formes qu’il peut
prendre d’une société à l’autre ; plus
que le langage peut-être, il apparaît lié
à l’espèce humaine. Son importance est
consacrée par l’intérêt qu’historiens, folk-
loristes, ethnologues, sociologues, technologues,
lui portent depuis longtemps ;
si le thème de la mode induit à mettre en
évidence la place importante que joue le
vêtement dans la société, celui du vêtement
signe social, montre comment la
société se reflète dans le vêtement.
Dans toutes les sociétés, les hommes
ont, à des degrés divers, fait usage d’un
costume comme moyen de communication.
Les signes qui ont ainsi été élaborés
sont innombrables ; de cette abondance,
il semble toutefois possible de dégager
plusieurs niveaux de signification. Dans
de nombreuses sociétés traditionnelles,
et particulièrement en Europe rurale depuis
le XVIIIème siècle, une stricte codification
du signe vestimentaire renseigne
immédiatement sur le sexe, l’âge, les
statuts sociaux de celui qui porte tel ou
tel costume.
Cette fonction traditionnelle de signe
remplie par le costume survit aujourd’hui
dans les sociétés industrielles : vêtement
de certains mouvements de jeunesse,
maillots et médailles des sportifs, décorations,
uniformes de l’armée, de la police,
de certaines professions. Lors de sa
réception à l’Académie française, Claude
Lévi-Strauss souligna avec humour
l’analogie entre son costume chamarré
d’académicien et les parures des Indiens
d’Amérique. Mais ces faits sont, somme
toute, assez marginaux, et beaucoup
peuvent être considérés comme des
archaïsmes. C’est largement en dehors
d’eux que se fait maintenant l’emploi du
vêtement comme système indicateur.
Avec la multiplicité et la fluidité des rôles
et statuts sociaux accompagnant
l’apparition des sociétés industrielles et
le phénomène d’urbanisation, on voit en
effet la codification rigoureuse du signe
vestimentaire se dissoudre en un grand
nombre de codes, qui ne sont d’ailleurs
parfois que des variétés d’un même
code. D’une certaine manière, la disparition
de codes stricts et uniques a enrichi
la signification au moins autant qu’elle ne
l’a appauvrie.
« La liberté d’utiliser le code à sa
guise pour choisir le message que l’on
désire transmettre, la possibilité même
de créer de nouvelles variétés d’un code
donné, ont entraîné un foisonnement de
la signification. »
En particulier, les signifiés ont maintenant
un contenu qui n’est plus que
partiellement social : le trait nouveau est
l’apparition de signifiés de nature psychologique.
Julian Pitt-Rivers en avait donné
quelques exemples frappants dans sa
communication consacrée au « désordre
vestimentaire », et intégrée au thème
de la mode. Entre le proverbe suédois «
Comme on est habillé, on est jugé », et
notre « L’habit ne fait pas le moine », tout
se passe comme si c’était le premier la
règle, le second l’exception. »
Yves Delaporte, « Pour une anthropologie
du vêtement », Vêtement et sociétés
/1, Actes des Journées de rencontre
des 2 et 3 mars 1979 éditées par Monique
de Fontanès et Yves Delaporte, Paris,
Laboratoire d’ethnologie du Museum
national d’histoire naturelle, Société des
amis du Musée de l’homme, 1981 .
16

PHOTO JEUNES DE TOKYO
La mode contemporaine exprime-t-elle
le rejet de toute appartenance
à une catégorie déterminée ? Examinons
ses modèles : l’adolescence est
une classe d’âge éphémère. L’élite des
médias semble vivre dans un monde irréel,
instable. Il en va de même pour les
mannequins. Songeons aussi à la fascination
récente pour le monde gay, qui
conteste les rôles sexuels traditionnels
17

2-3-2 / Les polarisations par sexes:
masculin/féminin
De l’homme sujet à l’homme objet,
la gent masculine semble s’être enfin
débarrassée du tabou de la sexualité et
de sa représentation. Le corps masculin
n’a jamais été aussi montré, dénudé,
exhibé avec autant de fierté.
La peau remplace le tissu et fait office
de vêtement. Tatouages et piercings
se déclinent en motifs intimes qui, d’un
seul coup d’oeil, dévoilent la signature
de l’individu. A la source de ce phénomène,
les rappeurs afro-américains, lesquels,
depuis vingt ans déjà, ont nourri
le glossaire de l’apparence masculine
tout en banalisant un corps affirmé, allié
à une sexualité franchement affichée.
Après l’hétérosexuel et l’homosexuel,
voici le dernier né : le « métrosexuel
». Détecté dès 1994 par le
journaliste anglais Mark Simpson, le «
métrosexuel » se présente comme le
nouveau messager du dualisme masculin-féminin.
Urbain, vivant au cœur de la
« métropole », il possède un sens esthétique
raffiné, dépense de l’argent pour
son apparence tout en gardant intactes
sa virilité et sa volonté de puissance.
(…) Au XXème siècle, (…) l’homme se
définit « sexuellement lui aussi par les
choses qu’il porte, qu’il achète » annonçant
ainsi l’ère de la « virilisation » dans
la consommation.
A la veille de l’an 2000, le créateur,
Nicolas Trussardi résume : « La femme
a beaucoup obtenu. A l’homme de se
rattraper en augmentant sa séduction
par une virilité un peu sauvage. »
Parmi les grands changements des
années 90, en marge de l’autonomisation
de la femme, il y a la révolution
du masculin-féminin. Les conséquences
ont été particulièrement fortes aux
Etats-Unis et en Allemagne. Les femmes
y ont reconstruit les liens sociaux,
non pas avec des hommes, mais avec
d’autres femmes. Cette reconstruction
passe par la capacité des femmes de
jouer plusieurs rôles à la fois. De nouvelles
femmes sont apparues, jouant
les fonctions sociales de l’homme tout
en gardant leur féminité. Dans l’iconographie
de la mode surgit une femme
qui se définit plus par ses relations avec
d’autres femmes qu’avec ses rapports
avec les hommes.
2-3-3 / Japon: la «révolution douce»
La «révolution douce» récemment
soulignée par les médias occidentaux
n’a rien de nouveau au Japon où la vague
d’émancipation féminine était à son
apogée dans le milieu des années 90.
Ce que désirent les Japonaises
aujourd’hui, c’est une plate-forme qui
leur permette de laisser libre cours à
leur créativité et à leur talent personnel.
Elles considèrent à présent que même
un affrontement peut leur être salutaire.
Les femmes de 28 à 34 ans, connues
sous le nom de génération Hanako,
constituent les étoiles montantes de cette
nouvelle génération de femmes. Elles
sont à la fois soucieuses de leur apparence,
ambitieuses, cultivées, technologistes
mais encore respectueuses des
valeurs d’interdépendance sociale et
familiale.
2-3-4 / Le Vintage Entre tradition et
modernité
Longtemps réservé à quelques initiés,
le «vintage» connaît un extraordinaire
essor, au détriment parfois de
son authenticité. Ce mot a d’abord servi
à qualifier un millésime de référence
pour les vins et spiritueux. Il désigne
aujourd’hui par extension des vêtements
anciens et des accessoires de
mode (ou de design), fabriqués entre
1920 et 1980. Pas de «fripes», mais des
pièces uniques, de grande qualité, dans
leur état originel, déclinées en robes,
tenues de soirée, chemisiers,manteaux
ou lingerie. «Le vintage doit avant tout
être portable, sinon, c’est du costume!»
explique Didier Ludot, qui a lancé cette
tendance à Paris, il y a 30 ans déjà.
Porter une robe plus vieille que soi
est devenu tendance. Pourquoi cet engouement?
«Parce que chaque pièce
est d’une facture si parfaite qu’elle garantit
une allure à part», précise Ramon
Pena de la boutique bruxelloise
Ramon & Valy. Sortir de l’uniformisation
a toujours été une priorité dans
le star-system. «Dans les années
1980, Marisa Berenson fut l’une des
1res ambassadrices de l’esprit vintage.
Pour ses dîners de gala, cette
petite-fille de la grande couturière Elsa
Schiaparelli piochait dans les pièces
de collection familiales ses tenues
somptueuses», se souvient Corinne
Peers de Niewburgh, propriétaire de
la maison Les enfants d’Édouard.
Rapidement, d’autres stars embrayent.
Nicole Kidman se glisse dans
l’historique fourreau blanc Azzaro, lors
de la 1re du film Moulin Rouge. Dès le
lendemain de son apparition, les commandes
affluent et remettent à flot la
maison de couture! Julia Roberts, Vanessa
Paradis, Demi Moore, Kate Moss
surferont elles aussi sur la vague vintage,
imitées par les rédactrices de mode,
les stylistes, le High Life et le gotha.
Est-ce une contre mode?
C’est en tout cas une façon de
s’affranchir des diktats du marketing
de masse. Les maisons de couture, elles,
sont ravies. N’importe quelle montée
de marche par une idole vêtue de
vintage griffé par elles remplace, en
terme de répercussions, une semaine
de défilé! Quant aux ventes en 1re
main, elles montent en flèche puisque
le prix d’achat des modèles haut de
gamme peut être amorti par leur revente.
Les vêtements vintage, bien choisis
et même non griffés, aident à sortir du lot.
Ils témoignent d’un savoir-faire unique,
d’une qualité d’étoffe hors normes. Les
finitions sont impeccables, les imprimés
faits main. Les modèles, comme les
tailleurs Chanel, les cols lavallières,les
chemisiers à pois ou les chaussures
«plateforme» rappellent une
belle époque. Aujourd’hui le consommateur
savoure cette nostalgie
comme une madeleine de Proust.
18

2-4 / NOUVEAUX ROLES DU VE-
TEMENT PAR LES INNOVATIONS
TEXTILES
Grâce aux innovations textiles, les
vêtements crées actuellement et ceux
du futur, vont jouer de nouveaux rôles et
même plus : modifier notre mode de vie.
2-4-1 Nouveaux rôles / Nouvelle
société
Nous séduire
La séduction est heureusement
toujours de mise. Mais elle s’exprime
de façon moins visible : on s’habille
moins en fonction du regard de l’autre
que pour affirmer sa personnalité. Le «
je suis comme je suis » efface les codes
vestimentaires traditionnels au profit
de la notion de bien-être. D’où le succès
actuel du Lycra, matière symbole
de cette envie de seconde peau, ou
encore des sous-vêtements en Tactel
extra-doux, sans armature ni couture.
D’où aussi l’orientation des recherches
vers des textiles caméléon qui varient
selon la météo (grâce à des colorants
thermochromes) ou l’humeur (grâce
à des écrans tactiles extra-plats).
Nous protéger
Avoir chaud quand il fait froid et
froid quand il fait chaud : un rêve déjà
réalisé par les textiles thermorégulateurs
(GoreTex, Polartec, etc.) utilisés
dans les vêtements techniques de ski.
Leur secret ? De la paraffine micro encapsulée
qui se liquéfie en captant la
chaleur du corps et qui, lorsque la température
baisse, restitue cette chaleur
stockée en se solidifiant. Autre innovation
: le tee-shirt anti-UV qui absorbe
les ultraviolets (indice de protection 30
contre 18 seulement pour un tee-shirt en
coton) et limite l’action chauffante du soleil
en bloquant les rayons infrarouges.
Se protéger du froid, du soleil,
mais aussi des chutes… grâce à la
technologie airbag : on songe à parer
les combinaisons de moto de coussins
de sécurité se déclenchant en
deux petits dixièmes de seconde !
Nous libérer
Adieu la corvée du lavage-repassage
? Déjà, les traitements antitaches
(Teflon) préviennent la salissure en
empêchant son imprégnation dans les
fibres. Et pour laver plus blanc, des
chercheurs danois ont mis au point une
enzyme extraite d’un champignon capable
d’inhiber les transferts de molécules
de teinture, c’est-à-dire autoriser le
mélange de blanc et de couleurs sans
risque de délavage; Côté repassage, on
planche toujours sur le vêtement miracle,
complètement auto défroissable.
Les recherches portent sur des tissus
à mémoire de formes, qui, sous certaines
conditions thermiques ou d’humidité,
reprendraient leur structure initiale.
Communiquer
Truffés de high-tech, les vêtements
« communicants » ou « assistants »
ont pour objectif de nous métamorphoser
en bureau ambulant. Un veston
téléphone ou un clavier tissé dans
sa manche pour recevoir ses e-mails
tout en faisant ses courses au supermarché
: pratique… ou aliénant ?
A une époque où l’on se cache derrière
des écrans d’ordinateur ou de té-
lévision pour se protéger d’éventuelles
agressions extérieures (violence, pollution,
etc.), l’habit finira-t-il par devenir un
cocon, voire une seconde maison ? En
prévision de cette sinistre extrapolation,
des fabricants commencent à tisser des
fibres indestructibles en titane, carbone
et silicium qui résistent aussi bien aux
bains d’acide qu’à des feux de plusieurs
centaines de degrés… Tout ce que l’on
peut espérer, c’est qu’à moins d’être pompier
nous n’aurons jamais à les porter.
Alors à quoi ressembleront les tenues
du futur ?
”Dans un futur pas si lointain, les
salles de sport ressembleront peut être
aux intérieurs presse-bouton des vaisseaux
spatiaux, avec des murs lumineux
aux paysages changeants et des
ciels où les étoiles valseront au rythme
des danseurs. Sur les machines entièrement
électroniques, s’activeront
de drôles de cosmonautes aux tenues
personnalisées, faisant éclater la lumière
en un kaléidoscope de couleurs,
comme les ailes des papillons, au gré
de leurs mouvements et de leur force.
Certains préféreront la tenue d’Adam
ou d’Eve… une seconde peau invisible,
totalement moulante et transparente,
aussi légère et mouvante que notre propre
épiderme. Les plus sensibles adoreront
brassières et maillots qui changent
de couleur selon la température, et surtout,
qui maintiennent une chaleur (ou
une fraîcheur) constante en régulant la
température le long du corps grâce à des
fibres thermosensibles ou à de micro
ventilateurs intégrés dans le vêtement.
Plus d’odeurs indélicates : tous ces
tissus seront bien sûr traités anti-transpiration
et enduits de micro-organismes
luttant efficacement contre bactéries,
champignons et insectes. Pour le sport
de plein air, les vêtements intégreront
un anti-moustiques, ou des anti-allergisants
traitant préventivement les personnes
sensibles au pollen et à la poussière.
Les maillots ou tenues de jogging
laisseront passer les bons rayons du
soleil, pour un bronzage intégral, mais
pudique. Les soutiens-gorge, devenus
hyper légers, invisibles et moulants,
auront des armatures et des maintiens
souples, mais “programmés” pour se
rigidifier efficacement durant l’exercice.
Sur votre poignet, un mini écran affichera
en permanence, quelle que soit
la machine, vos performances et les
programmes que votre professeur aura
suggérés. Des micro masseurs intégrés
au tissu de vos maillots stimuleront
vos muscles en douceur pour un effet
optimal sans tensions excessives. Des
capteurs minuscules surveilleront vos
fonctions vitales et musculaires, et des
clignotants vous avertiront dés que votre
rythme cardiaque s’envolera ou que vos
articulations souffriront. Et, tandis que
vous ramerez ou pédalerez (les mouvements
de base resteront probablement
assez classiques), vous pourrez discuter
à distance avec votre ami ou interroger
votre mail, relié par les ondes grâce
à votre bracelet à écran tactile multimédia
ou votre montre-téléphone…”
Tous ces vêtements indéchirables
et infroissables, d’un confort et d’une
légèreté incomparables seront en outre
traités anti-taches, anti-pollution, anti-
ondes radio et téléphones portables,
seront parfumés, rafraîchissants, lumineux
la nuit (grâce aux fibres optiques
intégrées), lavables en machine et rechargeables
éventuellement (en microcapsules
traitantes).
Des performances déjà en route chez
les fabricants
Ces innovations futuristes sont déjà
dans les vêtements high tech que proposent
les fabricants haut de gamme,
et font l’objet de recherches intensives
dans les laboratoires textiles et chimiques
du monde entier.
Les secteurs de pointe, comme l’aéronautique,
la marine, le sport de haut
niveau, ont été les premiers à tester ces
nouveaux tissus qui font la part belle à
la chimie et aux fibres et matières “intelligentes”.
Les champions olympiques de
Sydney ont expérimenté de nombreux
vêtements anti-transpirants et régulateurs
thermiques. Ces tenues utilisent
souvent l’Outlast, tissu créé à partir de
recherches de la NASA, qui absorbe ou
rejette la chaleur selon les variations de
la température du corps. Le Kevlar, à la
fois très résistant et très léger, est utilisé
depuis quelques années pour les gilets
pare-balles, et pour les gants des pompiers
et des pilotes de course en particulier.
Le Gore-Tex, tissu imperméable
et microporeux, laisse passer les mini
gouttelettes de la transpiration mais pas
l’eau de pluie, le Polyester, fibre légère,
garde la chaleur (c’est un constituant
des polaires), l’Elasthanne confère au
tissu élasticité et souplesse, le Nomex
(polymère) résiste au feu sans se liquéfier.”
19

Ces matières, associées à diverses
microfibres et constituants chimiques,
organiques ou métalliques, ont permis
de créer des tenues de l’extrême, à la
fois confortables et très résistantes,
pour skieurs et marins notamment,
avant de débarquer dans les marques
de lingerie, de sport et de fitness. Une
technique nouvelle, la micro encapsulation,
est devenue porteuse de nombreux
espoirs. Les tissus qui contiendront ces
micro capsules, que l’on appelle déjà
les “cosméto-textiles” et “texticaments”
diffusent les substances contenues
dans les micro-capsules au fur et à mesure
des mouvements du corps, traitant
ainsi de nombreux petits problèmes de
santé, pas très graves, mais qui vous
empoisonnent souvent la vie. On peut
en trouver dés maintenant dans des
collants rafraîchissants, amincissants
ou dynamisants (voir Dim ou Well entre
autres).
Les anti-UV se retrouvent déjà dans
le grand public avec les fibres imprégnées
de filtres solaires qui enrichissent
certaines tenues Nike, Trois Suisses,
Clayeux, Petit Bateau en particulier. Les
anti-bactériens et antiseptiques équipent
déjà vos salles de sport (avec les tapis
de gym hygiéniques traités Sanitized
comme Airex, de Disportex), avec les
chaussettes et chaussures entre autres.
La fibre nouvelle Coolmax est partie
intégrante, après test par les sportifs
olympiques, des dernières brassières
ZBRA régulant chaleur et humidité, vendues
dans les magasins de sport, et de
la ligne de vêtements de sport Cerruti.
Les brassières Polar sont prévues pour
intégrer un émetteur (voir l’utilisation du
cardio dans le nouveau concept “Polar
Ownzone”). On peut aussi imaginer que
des logiciels d’entraînement personnalisé
soient miniaturisés et intégrés dans
une ceinture ou un bracelet de style
wap.
2-4-2 / LES INNOVATIONS TEXTILES
Textiles techniques ou fonctionnels :
Ce sont des fibres de haute technologie,
offrant des fonctions nouvelles.
Leurs applications abondent : tenues
ignifuges des pompiers, joints d’étanchéité
des centrales nucléaires, isolation
des bâtiments, airbags, vêtements
antibactériens, couettes anti-acariens…
C’est dans ce domaine que l’usage
du textile est souvent le moins visible et
pourtant le plus performant. Les textiles
techniques sont partout et souvent la où
on s’y attend le moins : dans la fusée
Ariane comme dans le corps humain,
dans un moteur de voiture comme dans
une planche de surf ou un snow-board
Ce qu’on appelle « plastique » est bien
souvent un matériau composite contenant
du textile .
Les textiles techniques trouvent
leurs applications dans des secteurs
aussi divers que l’industriel, le transport,
la médecine, la protection le bâtiment,
l’agriculture, l’emballage, mais aussi les
équipements de sport ou de loisirs.
Textiles interactifs ou “intelligents” :
sous-catégorie des textiles techniques.Ils
interagissent avec la personne
qui les porte ou avec leur environnement
: par exemple, ils s’adaptent à la
température Le développement fulgurant
des technologies de l’information
et de la communication, en parallèle de
la miniaturisation, a ouvert la voie à des
textiles d’un genre nouveau, intégrant
systèmes électroniques, technologies
de l’image et du son et capteurs divers,
pour être, plus que jamais,“connectés”.
A priori anecdotiques, comme le
tee-shirt “câlin” ou le vêtement à écran
ou caméra embarquée, ce type d’application
confirme néanmoins une nouvelle
tendance dans la communication
et l’affirmation de soi, une nouvelle
manière de concevoir son rapport aux
autres et à son environnement. Car
l’enjeu des textiles interactifs, souvent
appelés “communicants”, n’est pas seulement
ludique, esthétique ou pratique.
Plus “sérieux”, certains peuvent avoir un
impact direct sur la santé, voire sauver
des vies, en transmettant des informations
vitales à un tiers : rythme cardiaque,
respiration ou pression sanguine.
Ces textiles sont le plus souvent
supports de technologie, c’est- à-dire
conçus, par des emplacements
dédiés, pour recevoir des éléments
de communications, capteurs, I pod, caméra...
Pourtant, dans un futur très proche
il s’agira d’intégrer les composants
électroniques directement au tissage
de la fibre et non sous forme d’objets
placés ici ou là. Le vêtement sera alors
considéré comme une enveloppe à la
structure communicante.
Textronique: la réalisation de circuits
conducteurs dans un substrat textile
Dans le projet Textronique, Centexbel
étudie des possibilités de réalisation
de circuits conducteurs
dans un substrat textile via les processus
classiques du textile. Ces circuits
serviront de liaisons
électroniques entre les différents
composants électroniques.C’est le
substrat en textile qui reprend la
fonction du rigid printed circuit
board. Plusieurs techniques sont en
évaluation pour réaliser des circuits en
textile:
- Le tissage avec des fils conducteurs
- La broderie avec des fils conducteurs
- L’impression avec des encres
conductrices
Textiles familiaux:
Confort, protection, sécurité: tels
semblent être les maîtres mots de ces
vêtements d’un genre nouveau: plus
souples, plus résistants, mais aussi
nous protégeant des agressions, du
froid au feu en passant par la pollution,
les chocs, les bactéries ou les virus. A
l’orée du 21è siècle, le vêtement est
plus que jamais une interface entre soi
et le monde, une seconde peau bienveillante
et salvatrice pour les “animaux
sans pelage” que nous sommes.A quoi
ressemblera notre garde-robe de demain?
A ces tenues qu’on appelait déjà
“futuriste” dans les années 70, à l’image
des robes dessinées par André Courrèges,
à qui un espace est spécialement
dédié; ou à ces vêtements innovants
et protecteurs tels que ceux imaginés
par Elisabeth de Senneville, micro encapsulés,
anti-magnétique, régulateurs
thermiques ou simplement spectaculaires
comme ses célèbres vestes à hologramme
conçues dans les années 80.
Qu’est ce qu’une fibre optique?
Les propriétés conductrices de la
lumière du verre sont connues depuis
l’Antiquité. Cependant, on situe dans
la première moitié du 20ème siècle les
premières expériences de fil de verre
conducteur de lumière. Dans les années
70, le laboratoire Corning met au point
la première fibre optique. Fil transparent
très fin de verre ou de quartz, la fibre
optique peut conduire la lumière sur des
kilomètres! Elle revêt de nombreuses
applications, dont les plus spectaculaires
et élégants sont les tissages textiles
incluant ces sources de lumière.
L’adaptation de techniques de tissage
traditionnelles à la fibre optique permet
d’obtenir un tissu micro perforé laissant
apparaître la lumière. Ici, la fibre optique
reliée à une source de lumière donne
naissance à des “tissus éclairants”.
La valeur ajoutée des nano fibres
En termes de diamètre, une nano
particule est à un ballon de foot ce qu’un
ballon de foot est au globe terrestre,
compare Sylvia Klausnitzer, porte-parole
de la société Nanogate à Sarrebruck.
L’incorporation de nano particules
dans les textiles est une technologie
écologique permettant de créer des produits
à forte valeur fonctionnelle ajoutée.
Ainsi, l’Américain Nano-Tex produit
des polymères fluorés qui, en se solidarisant
spontanément aux fibres textiles,
rendent les tissus antitaches, antistatiques
et respirants en permanence. Nanogate
opère avec des nano particules
qui, en se fixant aux molécules de surface
du tissu, rendent celui-ci antitache,
antistatique, antibactérien et anti-UV.
Le Taïwan Textile Research Institute
(TTRI) a développé le Phyllotex, fibre de
charbon de bois de bambou offrant des
propriétés thermorégulatrices, hydro ré-
21

gulatrices et antibactériennes. Les particules
de bambou peuvent en outre être
associées à d’autres fibres.
Textiles éthiques / La soie d’araignée
Plus résistante que l’acier, plus
élastique que le caoutchouc: telles sont
les étonnantes propriétés de la soie...
d’araignée. Les aborigènes des îles
Salomon l’utilisaient déjà pour en faire
des filets de pêche. L’espèce indigène
épeire diadème (araneus diadematus)
est une excellente productrice de soie
mais, au contraire du bombyx (ver à
soie), son élevage en captivité s’avère
impossible. Aussi s’est-on tourné vers la
manipulation génétique pour tenter de
reproduire le processus de production.
Des expériences prometteuses ont été
réalisées à partir de lait produit par des
chèvres transgéniques auxquelles on a
implanté un gène producteur de protéine
de soie, mais le procédé s’est révélé
trop onéreux. De nouvelles perspectives
d’industrialisation s’ouvrent cependant
avec la production de soie d’araignée
à partir de bactéries. Fiberlab, faculté
universitaire de biotechnologie (DE), a
mis au point une fibre conductrice en incorporant
des nano particules d’or dans
sa texture! La soie transgénique est promise
à de multiples applications médicales:
fils de suture, chirurgie oculaire,
tendons artificiels, etc. Elle est également
appelée à intervenir dans la fabrication
de nombreux autres produits:
gilets pare-balles, parachutes, câbles,
composants aéronautiques, articles
de sport, enductions textiles, etc. Pour
l’heure, la production de soie d’araignée
requiert encore d’importants investissements.
Mais la biodégrabilité et la biocompatibilité
de cette fibre lui réservent
un grand avenir industriel.
Depuis sa fondation en 1938, la société
américaine Owens Corning a joué
un rôle essentiel dans le développement
de la fibre de verre. Très résistante, bon
marché, transparente, ininflammable
et transformable selon de nombreuses
techniques textiles, cette fibre jusque
cinq fois plus fine qu’un cheveu humain
obtenue à partir de verre fondu s’allie à
des polymères comme le polyester pour
former des composites combinant les
propriétés des deux matériaux. Résistantes,
rigides, légères et malléables, les
résines renforcées de fibres ont révolutionné
de nombreux pans de l’industrie,
depuis l’automobile jusqu’au matériel
sportif en passant par le mobilier.
Depuis 1966, une partie de la production
d’Owens Corning, leader du
secteur de la fibre de verre, a lieu à
Battice. Dédiée dans un premier temps
à la production de fils de fibre de verre
bobiné textile, l’usine wallonne s’est
progressivement reconvertie dans le fil
de fibre de verre coupé (Dry Use
Chopped Strand, ou DUCS) et le
mat à filament continu (Chopped Strand
Mat, ou CFM), employés pour renforcer
des pièces plastiques intégrées dans
des automobiles, des GSM, des skis ou
encore des pylônes électriques.
À partir de 1998, l’usine a bénéficié
de plus de 50 millions d’euros d’investissements
en vue d’augmenter sa capacité
mais aussi d’améliorer sa qualité
environnementale. Reconnu comme un
modèle à l’échelle européenne, le procédé
de fabrication de la fibre CFG Advantex®,
qui a obtenu la certification environnementale
ISO 14001 en plus de
certifications de qualité et de sécurité, a
permis de considérablement minimiser
la pollution de l’air à la source (plutôt
que par l’utilisation de filtres qui déplacent
le problème) et de faire progresser
la valorisation des déchets ainsi que
l’épuration et la réutilisation.
de l’eau. Depuis son introduction,
la fibre Advantex®, présentant une résistance
à la corrosion améliorée, a
remporté un succès dépassant toutes
les espérances, notamment auprès de
constructeurs automobiles comme Citroën.
Vers un vêtement plus juste ?
Mariette Julien, chargée de cours,
École supérieure de mode de Montréal.
« Une mode vestimentaire résulte
toujours d’une dynamique de contagion
sociale qui évolue de façon spatio-temporelle.
Bien que tributaire du contexte
socio-économique à l’intérieur duquel
elle évolue, une mode repose avant
tout sur la façon dont les gens s’influencent
mutuellement. Afin de mieux saisir
l’émergence et l’expansion d’une mode,
nous avons étudié le phénomène du
mimétisme vestimentaire à sa source,
au niveau de la pensée humaine. En
recourant à la phanéroscopie du logicien
Charles S. Peirce et aux développements
qu’Umberto Eco y a apportés,
nous retraçons les logiques de pensée
individuelles et collectives de ceux qui
vivent une mode, c’est-à-dire de ceux
qui la créent, qui la diffusent ou qui la
suivent. Cette approche permet de comprendre
comment les gens adhèrent à
une mode, souvent à leur insu. Elle apporte
un éclairage nouveau sur la façon
dont un vêtement ou un style devient à
la mode, mais mieux encore, elle facilite
notre compréhension de la mode vesti-
mentaire décontractée qui s’impose de
plus en plus à l’échelle internationale. »
Les piles solaires sont intégrées
dans des structures en textile.
Une tendance qui se développe
dans notre société de l’information est
celle des produits électroniques omniprésents
et portables. Les sondes portables,
affichages, ordinateurs, sécurité,
contrôle d’accès sont des applications
recherchées. L’industrie européenne
se rend fortement compte de ce phénomène,
et est activement impliquée dans
le développement des produits et des
services pour ce marché. Il y a, donc,
une demande forte des sources d’énergie
portables et légères.
Les batteries sont une forme de
source d’énergie. L’utilisation des batteries
non rechargeables dans l’électronique
actuelle n’est pas une option soutenable;
les conséquences écologiques
seraient dramatiques. Des batteries rechargeables
peuvent être considérées.
Les piles solaires sont un moyen de
convertir la lumière en électricité. Parmis
les multiples approches possibles
pour produire des textiles avec les piles
solaires flexibles intégrées, nous avons
choisi le laminage comme moyen d’intégration.
Le laminage est un procédé bien
établi et en grande partie adopté par les
fabricants de textile. Ce procédé permet
une liberté maximum du type de textile
et est compatible avec la production en
masse. Il offre l’intégration véritable de
la pile solaire dans le textile et permet
au secteur textile d’être directement impliqué
dans ce processus d’intégration
Nanotechnologies, propriétés
La fleur de lotus
L’effet Feuille de Lotus : Cette découverte
étonnante a surgi d’une discipline
– la botanique – qui, a priori, est
bien éloignée de la problématique textile
! En étudiant la surface des feuilles
de lotus à l’échelle nanométrique, des
chercheurs ont constaté, dans les années
90, que cette plante, réputée pour
l’aspect d’une propreté resplendissante
de ses fleurs et feuilles, devait cette propriété
à une très forte densité de nano
aspérités superficielles.Sous la pluie, la
feuille a une réaction hydrophobique.
Les gouttes d’eau «roulent» sur la tête
des aspérités et entraînent dans leurs
mouvements les dépôts salissants qui y
adhèrent de manière peu stable en raison
de cette particularité. La nanotechnologie,
recherche clé du 21ème siècle,
travaille sur les propriétés de molécules
et d’atomes parfois 10000 fois plus petits
que le diamètre d’un cheveu ! Des
tissus autonettoyants au béton hydrofugé,
les applications sont multiples.
(sources Web)
Textile et plasma
Avec la technologies des machines
à plasma on peut mettre les tissus en
contact avec différentes sortes de gaz
afin d’altérer leurs propriétés.
Par exemple avec un gaz fluoré, le
coton -normalement perméable-, devient
déperlant.
JACQUES MAGUIN
«L’azote va se dissocier et
chercher à s’implanter sur la matière.
Avec l´azote on peut faire un plasma
d´eau, on peut -en gros- fixer de l´eau
à la surface du textile. Et quand vous
23

amenez de l´eau a coté il y aura une
grosse affinité, et vous obtiendrez un
tissu que se mouille très facilement , ça
permet soit de nettoyer, soit d´évacuer
la transpiration, soit de le faire adhérer,
soit de l’imprimer.
Si vous mettez un gaz fluoré sur
le coton vous allez avoir un coton
déperlant, en gros quand il pleut, ça va
a rouler dessus mais ça ne va a pas empêcher
que ça soit un confort de coton»
Les autres manières d’utiliser le textile
Créer de nouvelles structures matière ?
Le Ruban /Exposition : les Enrubannées
Cette exposition rendait hommage
au ruban notamment de son utilisation
en haute couture. Voici quelque perceptions
du ruban par de gands couturiers :
Frank Sorbier : « Ce qui est vraiment
interressant avec le ruban c’est de
créer son propre tissu , sa propre matière
. J’aime cette notion de transformation. Il
existe une volonté de faire que la matière
vous appartienne , de ne pas se contenter
d’un tissu acheté au mètre».
Eymeric François : « sortir le ruban
de sa fonction décorative pour en
faire un matériau unique , une matière»
Maurizio Galante : « le ruban est un
élément basique et idéal en matière de
répétition . C’est fascinant avec le ruban
je peux créer de nouvelles matières de
façon trés simple , preque enfantine.
Origami, facett design, haute couture
(Ronan et Erwann Le Bouroullec
2006)
Flexible et d’une coupe parfaite, la
chaise Facett des frères le Bouroullec
présente un double avantage : cohabiter
avec tous les styles modernes et
contemporains ; combiner artisanat
traditionnel et fabrication industrielle.
Structure cousue qui se déplie à plat
comme un patron ou comme un jeu de
pliage - les designers font volontiers un
rapprochement avec l’art japonais de
l’origami -, ce siège à facettes multiples
possède un revêtement « sorte d’habit
ou carapaçon, deux tissus prenant en
sandwich une âme de mousse ».Une
machine à coudre de haute précision à
commande numériques a été nécessaore
à la réalisation.
Le Land Art
Christo est le nom d’artiste sous lequel
est connue l’œuvre commune de
Christo Javacheff et de Jeanne-Claude
Denat. Ce couple d’artiste contemporains
s’est rendu célèbre par ses objets empaquetés.Ils
utilisent le tissu pour créer des
œuvres éphémère en « emballant » des
paysages, des monuments, des lieux. Ils
pratiquent ensemble le land art ( modification
du paysage de manière provisoire
ou durable).
24

3/LE MONDE DE L AUTOMOBILE ET
LE CHANGEMENT
Le design est aujourd’hui reconnu
comme la principale motivation d’achat
d’une automobile.
3-1 / Enjeux pour l’automobile à l’horizon
2020
Enjeux économiques
Maintenir un secteur de production
automobile compétitif en Europe grâce
à la maîtrise des coûts futurs de développement
.
Gagner d’autres parts de marché par
rapport aux autres modes de transports
Progressivement les constructeurs
vont se transformer en « vendeurs de
services de mobilité »
Enjeux socioculturels
Accroître significativement et durablement
la sécurité routière
Assurer l’acceptabilité sociale des nouvelles
technologies (conduite assistée,
voiries intelligentes, véhicules électriques,…)
Diversifier les usages actuels de l’automobile
pour qu‘elle devienne un lieu de
vie et d’envie. Une volonté existe ,chez
une grande partie des femmes, de personnes
ayant frolé la mort ou ayant eu
des amis morts dans des accidents de
revaloriser l’automobile non pas par le
plaisir de la vitesse , mais par le confort
et à l’agrément de la vie à bord et l’objet
qu’il pourrait représenter. Le coût
global de l’automobile ne sera pas un
facteur de limitation de son usage pour
un nombre plus significatif de ménages
qu’aujourd’hui.
Poids déterminant des positions écolo-
gistes dans les choix des collectivités
locales en matière de transports , le
marché automobile est encadré au niveau
environnemental par des normes
de plus en plus sévères.
Enjeux liés aux transports et à la
mobilité
Trouver des réponses adaptées aux
problèmes de l’effet de serre.
Faire en sorte que l’automobile s’adapte
à la ville et non l’inverse.
Préparer la transition vers des voitures
sans pétrole.
Mettre sur le marché, à un prix compétitif,
et avant 2010, un véhicule « zéro
pollution » et « zéro déchet »
Devenir un bien accessible à toutes les
catégories sociales.
Les besoins de déplacement individuel
seront de moins en moins liés au travail
L’automobile n’aura pas perdu son statut
social et ne sera pas uniquement valorisée
pour ses usages fonctionnels.
Enjeux technologiques
Les innovations technologiques concernant
les véhicules du futur seront générées
par des acteurs extérieurs au secteur
automobile proprement dit.
Créer un véhicule transformable à usages
multiples
Créer un véhicule thermique hybride
Généralisation des aides à la conduite
guidée : voitures et voiries « intelligentes
»
3-2 / LES CHANGEMENTS DANS LE
MONDE AUTOMOBILE
De nombreuses innovations de modularité
ont été effectuées ces dernières années
tant à l’intérieur qu’a l’extérieure de
l’automobile en tentant de s’adapter aux
nouvelles attentes consommateurs.
3-1-1 / Un marché automobile de plus
en plus compétitif
L’industrie automobile, importante
consommatrice d’acier et de plastiques,
est actuellement marquée par un
contexte de hausse importante des matières
premières, ce qui accroît d’autant
la compétitivité de cette industrie. Par
ailleurs, la très forte concurrence amène
les constructeurs à rechercher de plus
en plus la différenciation de leurs modèles.
On assiste donc à la multiplication
des variantes d’un même modèle
et même à l’apparition de plus en plus
de véhicules de «niches». Pour l’équipementier,
le défi est donc de satisfaire
son client constructeur en lui proposant
des innovations différenciantes, tout en
maîtrisant les coûts de développement
des programmes. Pour ce faire, les
équipementiers automobiles tendent à
standardiser de plus en plus les pièces
invisibles des différents véhicules
sur des plateformes communes. Cette
standardisation de certaines pièces invisibles
du véhicule rend possible, à
l’inverse, la personnalisation des pièces
d’aspect, répondant ainsi à un véritable
besoin du consommateur.
L’éloge de la différence
Pour s’imposer sur des marchés de
plus en plus compétitifs, chaque marque
doit développer une image de marque
forte et une identité affirmée, caractérisée
par des concepts innovants et des
styles expressifs.
La politique de «plates-formes»
Entre plusieurs modèles d’une
même plate-forme, plus de 60 % de
composants sont communs .Il appartient
aux designers de différencier les
produits d’une même plate-forme en
utilisant les 40 % de liberté dont ils disposent
pour renforcer les valeurs plus
émotionnelles de l’automobile. Il leur revient
d’optimiser des aspects à forte valeur
ajoutée que sont le style, le confort
et l’équipement. Dans ces conditions,
le design intervient très en amont au
cours du développement d’un nouveau
produit, en collaboration avec les ingénieurs
chargés de l’architecture.
3-1-2 /De nouvelles attentes de la part
des consommateurs
De nouvelles attentes émergent
du côté des consommateurs. En effet,
face à l’augmentation du prix de l’essence,
les consommateurs consacrent
un budget de plus en plus important à
leur véhicule avec un pouvoir d’achat
relativement stable. Par ailleurs, le renforcement
des normes de sécurité et
des réglementations de vitesse incite
les conducteurs à adopter un nouveau
comportement.
Ceux-ci tendent de plus en plus
à se tourner vers des véhicules plus
respectueux de la sécurité et de l’environnement.
Ils aspirent à une conduite
plus détendue. La tendance vise donc à
rompre avec cette vision selon laquelle
le véhicule devrait être toujours plus
grand, plus puissant, plus rapide.
L’automobile est «pensée» autrement.
Qui plus est, l’allongement des
temps de trajet et le développement des
déplacements ont augmenté le temps
passé en voiture par les conducteurs
et leurs passagers. L’intérieur du véhicule
devient donc un véritable lieu de
vie où se chevauchent différents moments
de la vie quotidienne : maison,
travail, loisirs, famille. Les besoins des
consommateurs s’avèrent donc de plus
en plus variés et spécifiques et les critères
d’appréciation sur le confort, la
qualité perçue et le bien être à bord
deviennent déterminants. Traditionnellement
l’automobile a toujours été, pour
les consommateurs finaux, un élément
de statut et d’appartenance à un groupe
socioculturel.
La personnalisation leur offre
aujourd’hui la possibilité de se différencier
au sein de ce groupe et donc d’affiner
leur catégorie d’appartenance. Ils
cherchent de plus en plus à doter leur
véhicule d’une personnalité en harmonie
avec la leur, ou du moins, en accord
avec leurs humeurs.
26

Le concept Hy-wire développé par General Motors
est un concept qui répond aux nouveau enjeux de
l’automobile avec son chassis aux batteries intégrées
libérant ainsi l’espace habitable et diminuant
considérablement la pollution habituelle.
27

Des voitures à vivre avec les autres
De l’intégration de l’intermodalité
dans le corps même du véhicule
à l’intégration vestimentaire du mode
de déplacement, ces scénarios futuristes
dépassent la science-fiction.
Plus actuelle, la “voiture à vivre avec
les autres” est un autre élément du
concept de “Personal Mobility”. Cette
façon d’échanger avec d’autres personnes
en mouvement est activée de
façon intéressante dans un projet rapporté
par le magazine Wired.
Les automobilistes eux-mêmes
mettent à jour de façon collective et
en temps réel le système d’informations
trafic. Un passage avant d’autres
échanges de sociabilité...
La ville est le lieu des interactions
sociales car elle offre une proximité
géographique et temporelle (mobilité).
.
La notion d’individualisme recherchée
aujourd’hui et la notion d’interactions
sociales peuvent paraître opposé,
et pourtant le développement de l’un
ne va pas sans l’autre. L’expression du
moi profond se fait avec et grâce au soi
c’est à dire à la collectivité. On a besoin
des autres pour avoir un interlocuteur ,
pour exprimer son individualité. Ainsi
les constructeurs automobiles innovent
en ce domaine en créant des intérieurs
de plus en plus adaptés à ce type d’utilisateur.
On assiste à la transformation
des intérieurs automobiles de plus en
plus sensoriels , adaptés à chacun
(«happy attitude», faurecia).
Les designers trouvent des sytèmes
modulaires intéressants pour
libérer d’autres espaces de vie dans
l’automobile . On reconçoit l’intérieur
de l’automobile selon de nouvelles
combinaisons (Renault Zoé). La volonté
d’une automobile habitat, bureau
, cocon, s’est fortement développée
ses dernières années avec une finition
sensorielle et une subtilité toujours repoussée.
Voitures-cocons,
François Shuitten et Benoit Peeters,
célèbres duettiste du futurisme urbain
en bandes dessinées, font paraître
en feuilleton “Les portes du possible”,
dans les quotidiens belges Le Soir et
De Morgen et dans Courrier International.
«En 2042, un couple s’embarque
pour un week-end dans un véhicule
programmé et autoguidé. Tout à
leurs échanges amoureux, ils ne se
sont inquiétés que lorsque leur voiturecocon
s’est immobilisée au milieu d’un
glacial nulle part»; Selon le constructeur,
l’erreur serait entièrement humaine
! Cela rappelle étrangement des
épisodes récents de régulateurs de vitesse
en panne et posant la question
des automatismes en voiture.
Mais du point de vue du design exterieur
de l’automobile, les instruments
de personnalisation restent somme
toute classiques et manquent d’une
nouvelle sensorialité , d’une conception
différente, plus adaptée à la vision que
de nombreuses personnes partagent
aujourd’hui, celle d’une automobile douce,
glamour et sereine, lieu d’esthétique
et de fonctionnalité ; les nouvelles générations
désirent adopter une attitude
active et créative, et les nouvelles technologies
permettent dorénavant aux
gens de s’exprimer, d’exprimer leurs
idées, leurs goûts, leurs modes de vie.
L’automobile tout comme le vêtement
pourrait devenir un lieu d’expression :
redonner envie aux gens de s’occuper
de leur parure , de leur voiture .Ce qui a
toujours caractérisé la nature humaine
est le besoin d’interactions sociales. La
« peau de l’automobile » reste froide et
peu sensorielle . Ne pourrait on pas par
elle redéfinir tout le champs sémantique
de l’automobile par sa sensorialité
, sa manière de la vivre pour soi et pour
les autres ?
29

3-3/ LA RELATION HOMME/AUTOMO-
BILE :
3-3-1 / Une histoire d’amour à redorer ?
Plus que n’importe quel autre objet
industrialisé, l’automobile suscite des
émotions : au moment de sa conception,
comme à l’instant de son acquisition ou
dans la diversité de ses utilisations.
L’automobile conserve une dimension
singulièrement passionnelle que le
design a pour mission d’exprimer et de
satisfaire.
Le rapport de l’homme à l’automobile
a d’une certaine manière beaucoup
évolué depuis la forte industrialisation.
Face à ces mutations, le coté artisanal
donc luxueux de l’automobile s’est
retrouvé transformé par les nouveaux
procédés de fabrication. De ce fait, la relation
que l’homme entretenait avec elle
s’est transformé. Le coté fonctionnel l’a
emporté avec le coté économique : les
besoins étaient de répondre rapidement
à la demande des classes moyennes.
Le résultat fut un design fonctionnel et
par conséquent un peu moins émotionnel
qui effaça le charme des anciennes.
Aujourd’hui on fait croire à du luxe mais
le luxe est unique et fait main :
Comment redonner alors cette sensation
d’unicité , de charme des anciennes
en plus des nouveaux besoins fonctionnels
attendus ?
La bagnole ne renvoie- t-elle pas à
des comportements qui touchent à la
spécificité humaine ?
« Le chat, le cheval en se faisant font
leur poil ; l’oiseau ses plumes, son bec.
Les insectes fabriquent des machines.
Mais ils sont eux-mêmes ces machines.
Ils ne peuvent changer leurs pinces,
leur armure. Elle constitue leur peau.
L’homme s’invente des peaux extérieures
à lui-même qui le prolongent et qu’il
peut changer : une presse à injecter, une
automobile » a expliqué un jour l’écrivain
Roger Vaillant. « Il y a un type de voiture
qui s’approche du vêtement idéal pour
chaque homme » poursuivait-il, « l’automobile
est une des peaux les plus significatives
des hommes de notre époque.
Elle est liée au tempérament des hommes,
à la configuration de leur pays.
L’automobile est un lieu privilégié de rencontres,
comme la peau elle-même ».
extrait « la bagnole à fleur de peau
»– Journal l’Humanité – Dominique Bègles
La voiture est devenue une obsession,
beaucoup de gens trouvant dans
la façon de l’utiliser une possibilité de
compenser certains de leurs échecs
sociaux. Ils la font fonctionner pour s’imposer.
Une étude publiée en 1989 par
l’Institut national de recherche sur les
transports et leur sécurité (INRETS) au
sujet des comportements des automobilistes,
complète cette vision. Selon celleci,
si un conducteur sur cinq voit dans
son véhicule une source d’ennuis et de
soucis, l’automobile est néanmoins le
plus souvent considérée par les français
interrogés « comme un endroit où l’on
se sent bien », « un moyen d’indépendance
et de liberté » et « une possibilité
d’évasion et d’aventure ». Quelques uns
reconnaissent concevoir « la bagnole »
comme « un moyen de se positionner
socialement ».
30

La relation homme / machine
Les modèles d’usages et d’usagers
développés par les auteurs cyberpunks
tentent de souligner, au coeur de la relation
Homme-Machine, l’aspect toujours
important de la faculté possible d’une
interconnexion profonde de ces deux
entités.
En explorant dans leur fictions les interconnexions
potentielles entre l’humain
et le technologique, telles que les observent
certains scientifiques en laboratoire
,les auteurs cyberpunks (courant littéraire
nés dans les années 80) ouvrent de
nombreuses pistes conduisant de l’imaginaire
au technique, sans doute afin
d’assurer que la technique ne prenne
pas les devants sur l’imaginaire .
«Qu’ arriverait-il si un jour la science ,
le sens du beau, et celui du bien se fondaient
en un concert harmonieux ?
Qu’arriverait-il si cette synthèse devenait
un merveilleux instrument de travail, une
nouvelle algèbre, une alchimie qui permettrait
de combiner, par exemple des
lois astronomiques avec une phrase de
Bach et un verset de la Bible , pour en
déduire de nouvelles notions , qui serviraient
à leur tour de tremplins à d’autres
opérations de l’esprit .»
Hermann Hesse, le jeu des perles de
verre.
Le problème est que l’homme continue
de créer des objets dépourvus d’âme
alors qu’ils nous acompagnent dans tous
nos faits et gestes .
Une machine plus consciente et plus
interconnecté à l’homme ne s’inspirerait
elle pas de formes plus organiques , plus
souples , comme les êtres mobiles de la
nature ?
Au lieu de cela , elle est conçue comme
une structure rigide aux possibilités
mécaniques mais pas magiques .
Cette magie que la machine pourrait
acquérir, fait peur quelques fois aux
auteurs de science fiction car si la machine
est intelligente elle peut devenir sa
concurrence.
Les pistes de science fiction nous
amènent à cela. La difficulté est donc de
créer une intelligence , un second instinct
, une machine vivante mais dont les
possibilités dosées aideraient l’homme à
créer un monde meilleur par des scénarios
d’usage étudiés.
C’est aussi un fantasme inconscient
, l’homme étant lui-même une machine
voulant vivre en interaction avec d’autres
machines.
Penser l’automobile autrement
Analyse d’un exemple
L’i-unit : un véhicule personnel mais
pas égoïste l’i-unit, nouvelle version du
Personal Mobility est un petit véhicule
électrique personnel siglé Toyota à michemin
entre un scooter et une voiture,
au look digne d’un film de science-fiction
avec son habillage lumineux clignotant et
multicolore.
L’engin ressemble à un fauteuil de
luxe mobile à deux positions, droit pour
les déplacements lents, couché à hautevitesse.
« Mon rêve est presque de créer
un vêtement-automobile, au plus prêt
du corps pour faciliter les déplacements
avec le moins de contraintes et le plus de
confort et de sécurité possibles », explique
un chercheur de Toyota.
L’i-unit peut fonctionner en mode
tout automatique à condition que les
routes soient aménagées de capteurs
avec lesquels il sera capable de communiquer
pour suivre la voie et éviter les
obstacles fixes et mobiles. Il est doté de
systèmes de télécommunication, s’illumine
et change de couleurs en fonction
du passager auquel il distille musiques et
informations en fonction de préférences
personnelles. Il sait aussi entrer en communication
avec ses pairs et se targue
de renforcer la sociabilité des déplacements
d’humains dans les villes.
Des technologies inspirées des interfaces
informatiques (haptique, reconnaissance
vocale) sont en outre censées
faciliter le dialogue homme-machine.
L’i-unit est conçu à partir de matériaux
végétaux dont Toyota promet
une utilisation accrue dans ses futures
automobiles. A cette fin une usine a été
construite pour produire ces nouvelles
matières plastique issues de …la patate
douce.
31

Conclusion L’AUTOMOBILE VETE-
MENT POUR CHANGER ?
Le passage de l’automobile dite
industrielle de masse à un produit de
plus en plus humanisé sensible et sensuel
semble difficile. Néanmoins grâce
aux innovations textiles et à l’univers du
vêtement de nombreuses perspectives
peuvent s’ouvrir à nous.
Après l’austérité et le tout industriel
nous sommes passés aujourd’hui à l’expression
de nous-même : on retrouve
liberté, plaisir, sensualité, créativité, humanité
rien n’est impossible.
Du fait de la vie plus stressante, on
recherche dans la conception d’un objet
plus de sensualité et de douceur. Tout
doit éviter la standardisation et favoriser,
exprimer la sensation.
Etre vivant, écouter son corps : tout
est émotionnel dans le respect de l’homme
et de la nature. C’est l’inverse de la
mass production.
Concevoir un produit aujourd’hui a le
but explicite de stimuler un ou plusieurs
des sens et de procurer chez l’usager
une intense satisfaction. C’est agir implicitement,
suggérer à l’usager d’être à
l’écoute de ses sens.
Nous sommes dans une approche
sensorielle du design, où les qualités visuelles
(couleurs, matières, formes) mais
aussi tactiles et odorantes sont prises
en compte. Il faut redonner une charge
émotionnelle et affective plus forte aux
objets afin d’augmenter la qualité perçue
du produit.
Dans l’idée de l’habillage de la voiture
ou la conception d’une automobile
proche de l’univers du vêtement réside
la volonté de changer la perception du
produit, plus que sa représentation seu-
lement visuelle.
Le design automobile extérieur se
voit mais pourrait aussi se toucher, se
sentir, se ressentir .
Mais les générations à venir ne désirent
pas seulement du sensoriel : Il veulent
du sensastionnel ; Pour cela l’osmose
entre la sensorialité de l’automobile et sa
capacité à répondre non pas mécaniquement
mais instinctivement aux nouveaux
besoins fonctionnels de l’utilisateur doit
être maximale.
Il faut donc réussir à trouver une
cohérence entre la capacité à s’adapter
fonctionnellement et sensoriellement au
besoin d’un utilisateur particulier.
Le vêtement dans le cas de la voiture
pourrait être perçu comme une « seconde
peau » protectrice, douce, souple,
gaie, lumineuse, interdépendante avec le
corps du conducteur, instinctive...
Un vêtement automobile permettrait
comme nous l’avons observé précédemment
de rendre l’utilisateur acteur du
processus de création comme c’est le
cas dans l’habillement. Il permettrait de
configurer l’architecture automobile selon
ses envies, ses goûts, ses besoins,
de personnaliser de « sensorialiser »
cet objet tellement standardisé, perçu
comme non-émotionnel, technologique,
voire froid.
Il s’agira de jouer avec la suggestion
de la matière, des découpes, des finitions,
de ce quelle peut générer par les
nouvelles technologies et de nouvelles
architectures automobiles en utilisant le
textile d’une manière tant ornementale
que fonctionnelle, voire structurelle...
32

BIBLIOGRAPHIE
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de style
• MOD’S AIR MAGAZINE tendance été
2006
• CARTIER ART n°14 la séduction
• JOYCE PARIS
• L’EXPRESSMAG Le tour du monde de
la beauté
EXPOSITION
• FUTUROTEXTILE LILLE 2006
• LES PARURIERS
INTERNET
• Véronica Lassenius projet FIONA
• SYLVAIN DUBUISSON enseignant en
design industriel à l’ENSAD état de
surface
• CAHIER INDUSTRIE Le futur des
textiles techniques www.indutrie.gouv.fr
• ADICOLOR www.adicolor.com
• MUSEE DU TEXTILE ET DE LA
MODE « L’Homme paré » 2005-06 et «
Balanciaga »
• MINISTERE DE L’ EQUIPEMENT, DU
LOGEMENT ET DES TRANSPORTS
2003 Questionnaire prospectif : «
Automobile , environnement et société à
l’horizon 2010- 2020 »
• STUDIO FX impression numérique sur
textile
• OCDE Textile et vêtement : Faire face
aux mutations, Paris
• INTERFILIERE PARIS 2006 Salon
dossier de presse
• Video HUSSEIN CHALAYAN défilé
• La mode française : site officiel des
professionnels de l’Habillement
http://www.lamodefrancaise.org/
• Le club des entreprises de textiles
techniques : http://www.clubtex.com
• ifm-paris.org : le site de l’Institut français
de la mode http://www.ifm-paris.org
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ET TEXTURE Christian Stenz, physicien,
enseignant en morphologie
structure à l’Ensad.
• Chanel.com,
• www.jeanpaulgaultier.com/
• www.emanuelungaro.com/
• www.lanvin.com
• www.dior.com
• École supérieure de mode de Montréal.
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RESUME
Univers : l’automobile, le vêtement, le changement, la parure
Se transformer, s’exprimer, changer, s’affirmer, choisir voilà les maîtres mots des générations futures, baignée par le multimédia et internet. Depuis quelques années nous assistons à une véritable métamorphose
sociale et donc personnelle. A travers l’ethnologie, on s’aperçoit de l’existence déjà ancienne d’un désir d’influencer l’aspect donné à son corps avec le marquage physique (tatouage) comme rituel : il s’agissait de marquer
son appartenance à une tribu spécifique (ou lien de parenté) mais aussi symboliser leur accession au statut d’adulte. Les différentes tribus urbaines des années 70 ou d’aujourd’hui ont tenté de trouver leur rapport
au corps par des notions très différentes (nudisme, scarification, tatouage, piercing, maquillage, vêtements excentriques ) de celle du carcan moral . Le sport, le parfum, le confort, la libération des mœurs a changé le
rapport à notre corps. La «customisation de son corps» fait aussi parti de cette vague comme en témoigne le succès du piercing, des tatouages mais surtout des bijoux de peau.
La mode est le changement cyclique des parures vestimentaires pour s’identifier ou se distinguer. Pour l’individu des villes modernes, l’oscillation constante entre une volonté d’identification à une collectivité et un
souci de distinction personnelle est la principale source sociale et psychique de la mode. L’image publique projetée vers les autres et les motivations personnelles de présentation de soi permettent de trouver dans la
sociologie et la psychologie les principaux éléments de compréhension des mouvements de la mode contemporaine. De plus, les marques offrant des produits personnalisables envahissent le web. C’est le concept de
«mass customization» ou «personnalisation de masse» qui consiste à assembler des modules préfabriqués, pour composer un produit unique. La personnalisation est un moyen de sortir de l’anonymat et de la banalisation.
On veut se créer un univers personnel.
Pour répondre à cette demande de consommation individualisée, les entreprises automobiles tentent désormais de fabriquer ou de proposer du «sur mesure» au moindre coût.
La marque corporelle devient aujourd’hui une signature par laquelle l’individu entend aussi affirmer sa différence. Mais le consommateur cherche également à s’individualiser grâce aux vêtements...
Si le thème de la mode induit à mettre en évidence la place importante que joue le vêtement dans la société, celui du vêtement signe social, montre comment la société se reflète dans le vêtement.
La liberté d’utiliser le code vestimentaire à sa guise pour choisir le message que l’on désire transmettre, la possibilité même de créer de nouvelles variétés d’un code donné ont entraîné un foisonnement de la signification.
En particulier, les signifiés ont maintenant un contenu qui n’est plus que partiellement social : le trait nouveau est l’apparition de signifiés de nature psychologique.
De plus, grâce aux innovations textiles, les vêtements crées actuellement et ceux du futur vont jouer de nouveaux rôles et même modifier les modes de vie : nous séduire, nous libérer, communiquer, nous guérir, nous
protéger, nous informer ; les textiles du futur pourront se déformer, être vivants, interactis, intelligents, comprendre une nanotechnologie intégrée.
Le défi est donc de satisfaire son client en lui proposant des innovations différenciantes, tout en maîtrisant les coûts de développement des programmes.Pour ce faire, les équipementiers automobiles tendent à standardiser
de plus en plus les pièces invisibles des différents véhicules sur des plateformes communes. Cette standardisation de certaines pièces invisibles du véhicule rend possible, à l’inverse, la personnalisation des pièces
d’aspect, répondant ainsi à un véritable besoin du consommateur. La tendance vise à rompre avec cette vision selon laquelle le véhicule devrait être toujours plus grand, plus puissant, plus rapide. La personnalisation
leur offre aujourd’hui la possibilité de se différencier au sein de ce groupe et donc d’affiner leur catégorie d’appartenance. Ils cherchent de plus en plus à doter leur véhicule d’une personnalité en harmonie avec la leur,
ou du moins, en accord avec leurs humeurs.
Dans l’idée de l’habillage de la voiture ou la conception une automobile proche de l’univers du vêtement réside la volonté de changer la perception du produit, sa sensorialité.
Le design automobile extérieur se voit mais pourrait aussi se toucher, se sentir, se ressentir. Il faut donc réussir à trouver une cohérence entre la perception visuelle et tactile mais aussi entre sa sensorialité et sa capacité
d’adaptation fonctionnelle. Le vêtement dans le cas de la voiture pourrait être perçu comme une « seconde peau » protectrice, douce, souple, gaie, lumineuse, interdépendante avec le corps du conducteur, instinctive...
Un vêtement automobile permettrait comme nous l’avons observé précédemment de rendre l’utilisateur acteur du processus de création comme c’est le cas dans l’habillement. Il permettrait de configurer l’architecture
automobile selon ses envies, ses goûts, ses besoins, de personnaliser cet objet tellement standardisé et perçu comme non- émotionnel, technologique, voire froid. ;
Il s’agit de jouer avec la souplesse de la matière, des découpes, des finitions, de ce qu’elle peut générer par les nouvelles technologies en matière de nouvelles architectures automobiles.
Alors comment, en tant que designer, créer un véhicule sensoriel qui s’inspirerait de l’univers du vêtement et qui permettrait une personnalisation tant esthétique que fonctionnelle ?
« L’homme s’invente des peaux extérieures à lui-même qui le prolongent et qu’il peut changer : une presse à injecter, une automobile » a expliqué un jour l’écrivain Roger Vaillant. « Il y a un type de voiture qui s’approche
du vêtement idéal pour chaque homme » poursuivait-il, « l’automobile est une des peaux les plus significatives des hommes de notre époque. Elle est liée au tempérament des hommes, à la configuration de leur pays.
L’automobile est un lieu privilégié de rencontres, comme la peau elle-même ». »
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RESUME ENGLISH VERSION
Universe: Automobile, the clothing, the change, the ornaments
Transformation, expression, assertion and choice are keywords of the generation Y, a generation born in the nineties, showered by multimedia and internet.
Since couple of years we are seeing a real social metamorphosis and at the heart of this is the individual. The very emergence of generation Y reflects this.
Fashion is a cyclic, the ornamental clothing to identify and distinguish yourself. The need for collective identification and a source of personal distinction, these are the social and psychic principles of fashion.
Across the ethnological spectrum of the ancient world we can see a desire to influence the visual aspects, with physical markings (tattoo) of ritual intent: a marking that not only signifies his being from a certain tribe (or
a family) but may also symbolize his adult status.
The urban clans of the seventies and even the ones of today are finding a way to express moral nonconformism with there bodies (nudism, scarification, tattoo, piercing, make-up and even eccentric clothing)
The sport, the fragrance, the comfort, the moral liberation have changed the relation with your bodies. The success of piercing, tattoos testifies that the “customization of our bodies” is the jewellery of the skin.
More and more brands are offering customisable products over the web. This is concept of “mass customisation” or “personalisation of the masses”, which consists of assembling prefabricated modules to create a
unique product.
The personalisation is a means of getting out of the anomalism and over simplication. We want to create your own personal universe.
To reply to this demand of individualistic consumption, the automotive industry is tempted to propose vehicle order to order or alteast in essence.
If the theme of fashion is to put on evidence, the importance of clothing in the society, the theme of the clothes as a social sign, shows how the society is reflected in clothing.
The freedom of using the dress code that we want, to choose the message that we desire transmit, the possibility to create a new variety of ones codes, have induced the multiplicity of signification. In particular: the
signified today has contents which are not more that partially social: a new trait that appears to signify the psycho logic natural.
More over thanks to the innovation in the domain of textiles the new garments and the future one will newer roles and more importantly they will modify the way of life: to seduce us, to liberate us, to communicate, to
heal, to protect us and inform us. The textiles of the future will be able to deform them selves, integrated with nanotechnology, alive, interactive, and intelligent.
The challenge is to satisfy the customer by proposing differentiating innovations, while controlling the cost of development. To make this possible, the suppliers of the automotive industry is standardising more and
more of the invisible components and subassemblies across a range of vehicles based on common platforms. This standardization renders us with the possibility to personalize the visible components to meet the real
demands of the consumer.
The trend is of creating a rupture from the vision of ever increasing size, power and speed. The personalization today offers the possibility of differentiating from the group and hence to refine the categorization. They
are searching more and more to give a personality to their vehicle, in harmony with themselves or alteast there moods.
In the idea of wearing a car or conceiving an automotive future closer to the universe of clothing, resides the will of changing the will of the perception of the product, more than its visual representation.
The exterior design of the automobile is seen, but it might also be touched, felt. Hence the object is to find coherence in the visual and tactile perception.
The clothing in the terms of a car can be seen as a second skin, protective, soft, flexible, luminent, and interdependent on the body of the driver.
Instinctive...
The automotive clothing will allow the user to become an actor of creation, like occured in the garment industry. It will permit to configurate the architecture of the car in accordance with his desires, tastes, needs, to
personalize this very standard object, perceived as emotionless, technologic and cold.
We must play with the flexibility of the material, the “découpe”, the finish, and what these can generate, with the new technology.
How as a designer, can be created a sensorial vehicle, which is inspired from the universe of wear, which permits an aesthetic and functional personalization ?
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