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histoire - Consistoire de Paris

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HISTOIRE<br />

Eliezer Ben Yehuda<br />

(1858-1922)<br />

Eliézer Ben Yehuda - ce nom connu jusqu'ici<br />

dans le petit mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s hébraïsants et <strong>de</strong>s<br />

hébréophones - vient d'obtenir une reconnaissance<br />

internationale grâce à la récente<br />

initiative <strong>de</strong> l'UNESCO. Certes il y a déjà <strong>de</strong>s<br />

années que les villes d'Israël - gran<strong>de</strong>s ou<br />

petites - ont leur rue Ben Yehuda, et plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux décennies<br />

que les enfants chantent avec Matti Kaspi :<br />

Eliézer Ben Yehuda, quel drôle <strong>de</strong> bonhomme !<br />

Il a sorti <strong>de</strong>s tas, <strong>de</strong>s tas <strong>de</strong> mots <strong>de</strong> son cerveau fertile;<br />

Qui était ce Ben Yehuda ? Un "fabricant <strong>de</strong> mots" ? Dans<br />

une certaine mesure, mieux que cela en fait : mehayé ha<br />

lashon ha'ivrit, dit-on <strong>de</strong> lui, celui qui a ressuscité la langue<br />

hébraïque. Cette appellation soulève au moins <strong>de</strong>ux questions<br />

: quelle langue morte peut ressusciter ? Comment un homme<br />

serait-il capable <strong>de</strong> la faire revenir à la vie ?<br />

À la première, il sera brièvement répondu que,<br />

<strong>de</strong> toutes les langues réputées "mortes", seul<br />

l'hébreu a ressuscité. Cela veut dire que, sorti<br />

<strong>de</strong> l'usage quotidien <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>ux<br />

millénaires (les <strong>de</strong>rnières traces se situent<br />

à l'époque <strong>de</strong> la révolte <strong>de</strong> Bar Kokhba<br />

132-135), il est re<strong>de</strong>venu une langue<br />

dans laquelle les enfants apprennent<br />

à parler, étudient en classe, chantent<br />

avec leurs amis, une langue dans<br />

laquelle une armée donne ses ordres,<br />

une assemblée vote ses lois, <strong>de</strong>s<br />

ministres font <strong>de</strong>s discours, <strong>de</strong>s savants<br />

publient leur recherche, <strong>de</strong>s cinéastes<br />

tournent leurs films. Qui eût parié sur un<br />

tel réveil au milieu du XIXème siècle ?<br />

Pourtant déjà l'hébreu commençait à émerger<br />

<strong>de</strong> son statut <strong>de</strong> langue liturgique et sacrée, il se<br />

coulait dans <strong>de</strong>s moules littéraires mo<strong>de</strong>rnes tels le<br />

roman. C'était alors l'époque <strong>de</strong> la Haskala, l'ère <strong>de</strong>s Lumières,<br />

née en Allemagne, qui avait trouvé ensuite son terreau<br />

36 INFORMATION JUIVE Juin 2007<br />

PAR MIREILLE HADAS-LEBEL*<br />

L'Unesco vient <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r au cours <strong>de</strong> sa <strong>de</strong>rnière assemblée générale <strong>de</strong> rendre hommage à l'œuvre<br />

d'Eliezer ben Yehouda qui a été à l'origine <strong>de</strong> la renaissance <strong>de</strong> l'hébreu. Mireille Hadas- Lebel,<br />

professeur à la Sorbonne et auteur d'un livre consacré à " L'hébreu : 3000 ans d'<strong>histoire</strong> "<br />

(Editions Albin Michel.1992) rappelle ici ce qu'ont été l'itinéraire et l'œuvre <strong>de</strong> Ben Yehouda.<br />

Eliezer Ben Yehuda<br />

d'élection dans les communautés d'Europe centrale et<br />

orientale, souvent persécutées et misérables mais avi<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

s'ouvrir au mon<strong>de</strong> du <strong>de</strong>hors sans pour autant se renier.<br />

Curieusement, l'usage <strong>de</strong> l'hébreu dans <strong>de</strong>s genres profanes<br />

avait rempli cette mission, ainsi la presse hébraïque se<br />

multipliait à Vienne ou à O<strong>de</strong>ssa. Grâce à la Haskala, on<br />

savait désormais que l'on pouvait écrire en hébreu à l'époque<br />

mo<strong>de</strong>rne sur<br />

toutes sortes <strong>de</strong> sujets - souvent il est vrai au prix <strong>de</strong> mille<br />

contorsions et acrobaties verbales. Mais cette renaissance<br />

littéraire pouvait-elle durer ? En 1871, l'un <strong>de</strong>s plus<br />

célèbres poètes <strong>de</strong> sa génération, Yehuda Leib Gordon<br />

s'interrogeait doulou-reusement :<br />

Qui sait si je ne suis pas le <strong>de</strong>rnier poète <strong>de</strong> Sion.<br />

Et si vous n'êtes pas mes <strong>de</strong>rniers lecteurs ?<br />

Parler l'hébreu n'avait jamais été au programme <strong>de</strong> la<br />

Haskala. En s'ouvrant au mon<strong>de</strong>, les maskilim qui jusque<br />

là parlaient le yiddish au quotidien, allaient passer<br />

à la langue du pays où ils vivaient.<br />

C'est ici qu'intervient l'homme<br />

provi<strong>de</strong>ntiel né en 1858 dans une<br />

bourga<strong>de</strong> <strong>de</strong> Biélorussie ; il ne s'appelle<br />

pas encore Eliézer Ben Yehuda mais<br />

Eliézer Perlman. Elève <strong>de</strong> yeshiva<br />

influencé par la Haskala, puis<br />

anarchiste à l'Université russe,<br />

passionné par la lutte <strong>de</strong> nationalités<br />

opprimées, il a un jour la révélation<br />

que les juifs font partie <strong>de</strong> cette<br />

catégorie et peuvent à nouveau<br />

constituer une nation sur sa terre avec<br />

une langue commune. Cette langue<br />

existait, elle pouvait re<strong>de</strong>venir vivant " si<br />

seulement on le voulait ".<br />

Pour se préparer à vivre dans la terre <strong>de</strong> ses ancêtres, le<br />

jeune Eliézer veut étudier la mé<strong>de</strong>cine à <strong>Paris</strong>. Il doit bientôt

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