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UNIVERSITÀ CATTOLICA DEL SACRO CUORE MILANO Dottorato ...

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Le premier niveau est sans aucun doute celui de l’architecture sémantique, qui est à<br />

l’origine des écarts entre les deux langues mises en présence (L1 italien, L2 français ou<br />

viceversa, selon les directions concernées). La structuration du lexique répond à des<br />

découpages différents, en particulier la langue-source peut choisir un ‘signe minimal’ pour<br />

indiquer un concept, alors que la langue-source en utilise plusieurs. Cela n’est pas sans avoir<br />

des conséquences sur le plan expressif 141 . Comme le note BRINK (1971), dans l’usage des<br />

locuteurs, les monolexèmes ont une fréquence d’emploi plus élevée par rapport à leurs<br />

équivalents dans la langue-cible (L2) 142 .<br />

Prenons le cas du mot italien afa. Les dictionnaires de notre corpus le traduisent ainsi :<br />

- chaleur étouffante, chaleur accablante [B]<br />

- chaleur étouffante, chaleur accablante [G]<br />

- chaleur étouffante [HP]<br />

- chaleur étouffante, chaleur accablante [SL]<br />

Afa et chaleur étouffante dénotent le même concept, sans aucun doute, mais la cristallisation<br />

du sens que nous avons dans le lexème afa est diluée dans le syntagme adjectival qui le<br />

traduit en français.<br />

D’autre part, SNELL-HORNBY (1990b : 209-210) souligne une « misguided but deep-seated<br />

view of interlingual equivalence [...]: a word in one language must necessarily be lexicalized<br />

to fulfill the same function in another language ». L’auteur se situe dans une optique<br />

fonctionnaliste du langage, que nous partageons non sans quelques réserves. Il est vrai que,<br />

dans l’exemple proposé, afa et chaleur étouffante remplissent la même fonction (le même acte<br />

de référence), quoique la première unité lexicale soit un monolexème et la seconde un<br />

syntagme (ou polilexème). Il n’en reste pas moins que, au niveau cognitif, les monolexèmes<br />

permettent ce que DAGUT (1981 : 62) appelait « the symbolic function of encapsulating »,<br />

et rendent possible une mémorisation, puis une activation du terme (et du concept, par<br />

conséquent) beaucoup plus rapide ; en outre, les associations de type connotatif se font<br />

mieux avec un support monolexical, qui permet un greffage beaucoup plus efficace et<br />

stable : comme nous l’avons vu dans la première partie, la connotation agit au niveau du<br />

sémantisme de l’unité (lexicale) : si l’unité se divise en deux (ou plusieurs) composants,<br />

comme dans le syntagme, le point de greffage du signifié de connotation 143 se dérobe. En<br />

définitive, une équivalence fonctionnelle n’exclut pas que d’autres valeurs (cognitives,<br />

connotatives et en dernier ressort culturelles) y soient en quelque sorte effacées.<br />

141 BRINK (1971 : 68): « What in one language is described by one m-sign [‘minimal sign’, ou monolexème],<br />

requires one, two, three or maybe twenty-five m-signs in order to be described in another language. I believe<br />

that this has a psycholinguistic significance which can hardly be exaggerated ».<br />

142 « Most meanings which in one language are symbolized by one sign, but in another by more, are as a<br />

matter of fact used (referred to) much more frequently in the former than in the latter » (BRINK 1971 : 68).<br />

143 Cf. KERBRAT-ORECCHIONI (1977).<br />

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