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I.4.2 Typologie des écarts Pour mieux cerner la question, il convient de faire ensuite la distinction entre écart sémantique (ou linguistique, donc relevant du code) et écart référentiel (ou extralinguistique, donc fonction de la réalité vécue par la communauté). Les écarts sémantiques sont fonction, nous l’avons vu, du découpage idiosyncratique du réel opéré par chaque langue. L’exemple classique pour le couple italien-français est le suivant : La langue française s’applique à distinguer un cours d’eau de grande importance qui aboutit à la mer fleuve du cours d’eau de moyenne importance et qui n’ira jamais jusqu’à la mer rivière, tandis que pour la langue italienne ces deux cours d’eau ne font qu’un : fiume (CELOTTI 2002 : 457). Les écarts référentiels, par contre, relèvent des realia, et renvoient à un « inexprimable lexical dénotatif d’une langue par rapport à une autre » (REY 1991 : 2868) Il s’agit par exemple de mots comme palio ou befana pour l’italien, ou encore panaché et pétanque pour le français 70 . Il est évident que si la réalité partagée par les membres d’une communauté est unique, on en aura un reflet dans le lexique ; mais on n’irait pas très loin dans ce genre de réflexions. Il s’agit là d’écarts patents, manifestes, qui brisent le postulat central des DB, c’est-à-dire l’équivalence lexicale. Comme le dit ZGUSTA (1984 : 147), « the dictionary should offer not explanatory paraphrases or definitions, but real lexical units of the target langage » ; il faudra bien sûr ajouter : « où c’est possible ». En fait, dans le cas d’écarts au niveau du référent les lexicographes seront obligés de faire recours à une glose, ou d’utiliser comme traduisant l’emprunt tout court, ou encore de forger un néologisme. De toute façon, on aura transgressé le principe de ZGUSTA, et pour cause. Au cours de l’analyse de notre corpus, nous adopterons une vision assez différente des écarts. Sans mettre en question la justesse de cette répartition écarts sémantiques / écarts référentiels, nous considérerons qu’il y a un écart chaque fois qu’une entrée (ou une acception) est traduite par un nombre de signes >1. Ce critère formel nous permettra d’analyser quantitativement le poids des écarts dans les DB ; nous pourrons ainsi déceler des écarts qui ne sautent pas aux yeux et qui passeraient inaperçus en utilisant un seul critère sémantique. 70 Ces mots sont considérés comme intraduisibles par HP, par exemple (avec une marque INTRAD.). 52

I.4.3 Les écarts culturels 71 Plusieurs chercheurs ont essayer d’identifier des tranches du lexique où les écarts montrent traditionnellement une grande valeur culturelle. D’après AL-KASIMI (1983: 62), « cultural differences are explicit, for instance, in words related to ecology, kinship, technology, currencies, weights and measures, time units, and the like ». Il s’agit de domaines marqués par la culture des peuples (au sens mis en lumière dans I.0) et dont les dénominations reflètent l’unicité des référents. FOURMENT BERNI-CANANI reprend les réflexions d’A. REY (1991) quant aux difficultés de trouver des équivalents pour des signes lexicaux désignant ou qualifiant des coutumes, des activités artisanales ou agricoles, des pièces d’habillement, des nourritures, des croyances propres à une communauté, ou encore pour des termes liés aux institutions qui touchent le droit, la politique, l’économie (2003 : 88). Au point de vue linguistique, elle ajoute que « la phraséologie, les proverbes, les locutions figées représentent également des domaines d’observation privilégiés pour l’étude des écarts culturels » (2003 : 89) 72 . ŠARCEVIC (1989), pour sa part, définit la notion des realia, qui comprennent « a wide range of cultural patterns of the society in question, including its characteristic foods, clothing and sports as well as aspects of religion, folklore, education and even its economic, political and legal life » (1989 : 211). Autant de secteurs où l’influence de la culture sur la langue est manifeste. KROMANN – RIIBER – ROSBACH (1991 : 2718) ajoutent : « In the vocabulary of every language there are considerable numbers of lexical units that are language and culturespecific – for example the vocabulary of religious observance, art, science, handicrafts and politics ». REY (1991 : 2867) problématise le rapport entre ces « domaines proprement culturels (coutumes, croyances, activités artisanales ou agricoles, nourriture, habillement, logement...) » et ceux qui sont « liés à l’appréhension culturelle spécifique de réalités naturelles elles-mêmes variables (faunes, flores, milieux géographiques) ». La nature entre donc en jeu, avec sa variété qui est prise en charge par la langue et ses dénominations. Quels procédés sont à disposition des lexicographes pour rendre compte de cette valeur culturelle inscrite dans les mots ? MARGARITO (2002 : 396) nous rappelle que « lorsque le recours aux équivalences lexicales et idiomatiques se révèle insuffisant (c’est le cas de la plupart des realia) la différence entre les langues est explicitée par des gloses, par des données proches des définitions des dictionnaires monolingues ». Cet abandon de 71 Le volume collectif édité par SZENDE (2003) offre une anthologie d’études sur ce thème. 72 Ce que confirment TELIYA et al. (1998 : 55): « Phraseology is a domain of linguistic study which to a high degree illustrates the correlation between language and culture ». 53

I.4.2 Typologie des écarts<br />

Pour mieux cerner la question, il convient de faire ensuite la distinction entre écart<br />

sémantique (ou linguistique, donc relevant du code) et écart référentiel (ou<br />

extralinguistique, donc fonction de la réalité vécue par la communauté). Les écarts<br />

sémantiques sont fonction, nous l’avons vu, du découpage idiosyncratique du réel opéré<br />

par chaque langue. L’exemple classique pour le couple italien-français est le suivant :<br />

La langue française s’applique à distinguer un cours d’eau de grande importance qui aboutit à<br />

la mer fleuve du cours d’eau de moyenne importance et qui n’ira jamais jusqu’à la mer rivière,<br />

tandis que pour la langue italienne ces deux cours d’eau ne font qu’un : fiume (CELOTTI<br />

2002 : 457).<br />

Les écarts référentiels, par contre, relèvent des realia, et renvoient à un « inexprimable lexical<br />

dénotatif d’une langue par rapport à une autre » (REY 1991 : 2868)<br />

Il s’agit par exemple de mots comme palio ou befana pour l’italien, ou encore panaché et<br />

pétanque pour le français 70 .<br />

Il est évident que si la réalité partagée par les membres d’une communauté est unique, on<br />

en aura un reflet dans le lexique ; mais on n’irait pas très loin dans ce genre de réflexions. Il<br />

s’agit là d’écarts patents, manifestes, qui brisent le postulat central des DB, c’est-à-dire<br />

l’équivalence lexicale. Comme le dit ZGUSTA (1984 : 147), « the dictionary should offer not<br />

explanatory paraphrases or definitions, but real lexical units of the target langage » ; il<br />

faudra bien sûr ajouter : « où c’est possible ». En fait, dans le cas d’écarts au niveau du<br />

référent les lexicographes seront obligés de faire recours à une glose, ou d’utiliser comme<br />

traduisant l’emprunt tout court, ou encore de forger un néologisme. De toute façon, on<br />

aura transgressé le principe de ZGUSTA, et pour cause.<br />

Au cours de l’analyse de notre corpus, nous adopterons une vision assez différente des<br />

écarts. Sans mettre en question la justesse de cette répartition écarts sémantiques / écarts<br />

référentiels, nous considérerons qu’il y a un écart chaque fois qu’une entrée (ou une<br />

acception) est traduite par un nombre de signes >1. Ce critère formel nous permettra<br />

d’analyser quantitativement le poids des écarts dans les DB ; nous pourrons ainsi déceler<br />

des écarts qui ne sautent pas aux yeux et qui passeraient inaperçus en utilisant un seul<br />

critère sémantique.<br />

70 Ces mots sont considérés comme intraduisibles par HP, par exemple (avec une marque INTRAD.).<br />

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