UNIVERSITÀ CATTOLICA DEL SACRO CUORE MILANO Dottorato ...

écarts, soit internes à une langue, soit, plus visiblement, liés à la dualité des langues mises en
rapport ».
Quelle est l’origine linguistique des écarts ? Pour répondre à cette question, il faut se
pencher sur la notion d’anisomorphisme.
I.4.1. La notion d’anisomorphisme
Notre réflexion part d’une constatation, d’une évidence partagée par les chercheurs et par
n’importe quel sujet ayant une compétence bilingue : les langues font référence à une même
réalité par des termes différents, ayant une distribution dissemblable des signifiés, bref les
champs sémantiques souvent ne se superposent pas. Cette asymétrie est connue sous le
nom d’anisomorphisme 66. SZENDE (1993 : 74) pose la question dans les termes suivants :
« Il n’y a pas de découpage originel et immuable de la réalité linguistique qui préexisterait au
langage et lui imposerait sa structure. C’est au contraire le langage qui structure la ‘réalité’,
qui est à priori un continuum ».
Quant au rôle structurant de la langue, SZENDE ajoute : « La réalité ne connaît que des
gradations imperceptibles. C’est la langue qui crée des oppositions au sein d’une réalité sans
limites précises » (1996 : 111). Nous revenons donc à l’image saussurienne de la nébuleuse,
« où rien n’est distinct avant l’apparition de la langue » (SAUSSURE 1972 : 155).
Quel est le reflet de cet état de choses dans les dictionnaires ? MARELLO (1996 : 44)
constate que « l’anisomorphisme des langues naturelles correspond à des découpages
différents du ‘monde extralinguistique’, qui se réfléchissent dans le découpage des sens d’un
article de dictionnaire monolingue ou bilingue ».
Essayons de suivre ce fil rouge du découpage, avec les mots d’A.REY :
Les différences de découpage proviennent (a) de la nature des référents, (b) des
constructions conceptuelles effectuées par la culture à leur égard, (c) de la prise en charge de
ces conceptualisations par un usage d’une langue, lui-même conditionné par les moyens –
morphologiques, syntagmatiques, sémantiques... – qu’une langue met à la disposition d’une
culture (1991 : 2869).
Nous avons donc trois cas de figure, selon REY :
- l’univers extralinguistique offre des référents connus ou inconnus aux
communautés linguistiques (dont les DB offrent le répertoire de signes en usage)
- les langues structurent les concepts de façon singulière
66 « The fundamental difficulty of such co-ordination of lexical units is caused by the differences in the
organisation of the designate in the individual languages and by the differences between languages » (ZGUSTA
1971: 294).
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