UNIVERSITÀ CATTOLICA DEL SACRO CUORE MILANO Dottorato ...

UNIVERSITÀ CATTOLICA DEL SACRO CUORE MILANO Dottorato ... UNIVERSITÀ CATTOLICA DEL SACRO CUORE MILANO Dottorato ...

tesionline.unicatt.it
from tesionline.unicatt.it More from this publisher
14.07.2013 Views

interactive and affective contexts, indicating the type of context and a possible effect on the interlocutor et ce, dans le but de rendre « the ‘static reality’ of the dictionary [...] closer to the dynamic reality of language » (1988 : 25). On voit apparaître cette dichotomie ‘dynamisme des phénomènes lexico-sémantiques’ vs. ‘statisme de la description lexicographique’, qui sera reprise par SNELL-HORNBY (1990b). LEWANDOWSKA-TOMASZCZYK paraît reconnaître l’importance d’une approche ‘holistique’ au sens. Les significations (meanings) possèdent une double face, et se définissent comme des unités psychologiques et interactionnelles « that serve to make reference to both the socially accepted reality around us and the mental models we produce in the course of our interaction with this reality » (1988 : 25). C’est donc à partir du contact avec la réalité que se développent des modèles mentaux capables de rendre compte, de façon idiosyncratique, de cette même réalité. Il y a par conséquent un jeu, formant un continuum, entre expérience et représentation, et la langue se trouve à la charnière de cette imbrication. Les glissements sémantiques témoignent de ce mouvement de va-et-vient, de cette tentative d’ajustement du système symbolique (les langues naturelles) au système socio-culturel. Cependant, il vaut mieux souligner qu’il s’agit d’un ajustement réciproque : comme l’écrit CHADELAT (2000) il est admis qu’une langue est un instrument de communication propre à un groupe et permettant de penser, de s’exprimer et de représenter la réalité. L’image qui assimile une langue à un instrument est pourtant bien inexacte [...]. Cet instrument de communication qu’est une langue est indissolublement lié à un groupe social donné [...]. Ce n’est pas le réel qui impose une forme au lexique d’une langue. On sait que c’est plutôt la langue qui découpe le réel d’une certaine façon en le rendant perceptible et intelligible. [...] Chaque langue permet également de filtrer cette perception du réel en offrant une certaine latitude expressive à ses utilisateurs (2000 : 12). Cette expression ‘latitude expressive’ nous paraît heureuse, en ce sens qu’elle réaffirme le parallélisme entre les langues et les cultures sur lequel nous nous sommes arrêtés dans le premier chapitre. I.3.2 Dictionnaire vs encyclopédie En guise de conclusion à ce chapitre, nous avancerons maintenant quelques réflexions sur la dichotomie dictionnaire/encyclopédie, au point de vue de la description du sens. Nous partageons entièrement les propos d’A. REY (1977 : 70) lorsqu’il affirme que « le dictionnaire linguistique pur n’existe pas plus que l’encyclopédie extra-linguistique absolue ». L’opposition traditionnelle entre dictionnaires de mots et dictionnaires de choses (ou encyclopédiques) est donc à relativiser, car les signifiants et les signifiés sont intimement 46

imbriqués et une description de l’un en faisant abstraction de l’autre est infaisable et irréaliste. L’encyclopédie, selon REY (1987 : 1) est la « description didactique d’un univers référentiel translinguistique ». Au point de vue sémantique, comme l’écrit BAUER (2005 : 112) : in principle, encyclopedic information is information about the denotatum’s interaction with the real world, while lexical information is such as it is required to distinguish the denotatum of the relevant word from the denotata of all other non-synonymous words in the language (2005: 112). Il s’agit d’une distinction ‘de principe’ qui se base justement sur la vision négative de la valeur de SAUSSURE, que nous avons déjà évoquée. En réalité, cette dichotomie linguistique vs extralinguistique s’estompe dans les dictionnaires, ainsi que le confirme HARTMANN : « Any strict separation of linguistic-lexical and extralinguistic-factual information is very difficult, if not impossible » (1983 : 7). Pour ce qui est du contenu sémantique des unités lexicales, PAVEAU (2006 : 40) rappelle la formulation de KERBRAT-ORECCHIONI, qui insiste sur l’impossibilité de « faire le départ entre les propriétés véritablement sémantiques d’un item et les valeurs ‘encyclopédiques’ ou idéologiques dont l’investissent ses utilisateurs » 63 . Quant à l’enregistrement lexicographique de ces informations, KERBRAT-ORECCHIONI révèle son pessimisme : « Il est bien entendu hors de question de les lister toutes, une fois pour toutes – et pour tous les énonciateurs » 64 . Le dictionnaire se trouverait donc dans l’impossibilité de représenter un tel bagage de connaissances. YANCHUN – JIANHUA réaffirment l’impossibilité d’une séparation étanche entre connaissance ‘du mot’ et connaissance ‘du monde’ : « in this postmodernist era, the autonomy of language has been challenged, resulting in a blurring between word knowledge and world knowledge » (2004 : 177). A propos du traitement lexicographique des informations extralinguistiques, ils se montrent plus optimistes : « it is not only possible but also necessary to exceed word knowledge in the treatment of bilingual dictionaries » (ibid.). Ces considérations sont intéressantes car elles nous montrent comment les dictionnaires (surtout les bilingues, ajouterions-nous) sont tiraillés entre la nécessité d’une description linguistique de deux systèmes lexicaux et la conscience que cette description doit également s’ouvrir sur l’extralinguistique, parce que les deux dimensions ne sont pas étanches et parce que les usagers ne souhaitent sans doute pas cela. Nous croyons que cette prise de conscience est à la base du développement récent des DB : on assiste en effet, depuis quelque temps, à une redéfinition du paradigme des DB, à un élargissement du modèle. 63 L’énonciation. De la subjectivité dans le langage, Paris : Colin, 1980, p. 208-209. 64 Ibid. 47

imbriqués et une description de l’un en faisant abstraction de l’autre est infaisable et<br />

irréaliste.<br />

L’encyclopédie, selon REY (1987 : 1) est la « description didactique d’un univers référentiel<br />

translinguistique ».<br />

Au point de vue sémantique, comme l’écrit BAUER (2005 : 112) :<br />

in principle, encyclopedic information is information about the denotatum’s interaction with<br />

the real world, while lexical information is such as it is required to distinguish the denotatum<br />

of the relevant word from the denotata of all other non-synonymous words in the<br />

language (2005: 112).<br />

Il s’agit d’une distinction ‘de principe’ qui se base justement sur la vision négative de la<br />

valeur de SAUSSURE, que nous avons déjà évoquée. En réalité, cette dichotomie linguistique<br />

vs extralinguistique s’estompe dans les dictionnaires, ainsi que le confirme HARTMANN :<br />

« Any strict separation of linguistic-lexical and extralinguistic-factual information is very<br />

difficult, if not impossible » (1983 : 7).<br />

Pour ce qui est du contenu sémantique des unités lexicales, PAVEAU (2006 : 40) rappelle la<br />

formulation de KERBRAT-ORECCHIONI, qui insiste sur l’impossibilité de « faire le départ<br />

entre les propriétés véritablement sémantiques d’un item et les valeurs ‘encyclopédiques’ ou<br />

idéologiques dont l’investissent ses utilisateurs » 63 . Quant à l’enregistrement lexicographique<br />

de ces informations, KERBRAT-ORECCHIONI révèle son pessimisme : « Il est bien entendu<br />

hors de question de les lister toutes, une fois pour toutes – et pour tous les énonciateurs » 64 .<br />

Le dictionnaire se trouverait donc dans l’impossibilité de représenter un tel bagage de<br />

connaissances.<br />

YANCHUN – JIANHUA réaffirment l’impossibilité d’une séparation étanche entre<br />

connaissance ‘du mot’ et connaissance ‘du monde’ : « in this postmodernist era, the<br />

autonomy of language has been challenged, resulting in a blurring between word<br />

knowledge and world knowledge » (2004 : 177). A propos du traitement lexicographique<br />

des informations extralinguistiques, ils se montrent plus optimistes : « it is not only possible<br />

but also necessary to exceed word knowledge in the treatment of bilingual dictionaries »<br />

(ibid.).<br />

Ces considérations sont intéressantes car elles nous montrent comment les dictionnaires<br />

(surtout les bilingues, ajouterions-nous) sont tiraillés entre la nécessité d’une description<br />

linguistique de deux systèmes lexicaux et la conscience que cette description doit également<br />

s’ouvrir sur l’extralinguistique, parce que les deux dimensions ne sont pas étanches et parce<br />

que les usagers ne souhaitent sans doute pas cela. Nous croyons que cette prise de<br />

conscience est à la base du développement récent des DB : on assiste en effet, depuis<br />

quelque temps, à une redéfinition du paradigme des DB, à un élargissement du modèle.<br />

63 L’énonciation. De la subjectivité dans le langage, Paris : Colin, 1980, p. 208-209.<br />

64 Ibid.<br />

47

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!