UNIVERSITÀ CATTOLICA DEL SACRO CUORE MILANO Dottorato ...

Les changements de contexte culturel amèneraient ceux historiques du sens [...]. Le sens est
ainsi donné comme le résultat de la médiation de la culture – à travers la langue, les discours
et les divers outils sémiotiques – dans le rapport du sujet au monde (2008 : 162).
Il est sans doute superflu de souligner combien cette approche 60 nous paraît prometteuse
pour notre but de recherche : elle explicite les liens entre culture et sémantique dans la
détermination du sens et dans son évolution.
NYCKEES évoque aussi brièvement le paradigme connu sous le nom de praxématique 61 , qui
« s’attache tout particulièrement à inscrire le fonctionnement du langage dans l’ensemble
des pratiques culturelles et sociales » (1998 : 258) ; d’après son idée-maîtresse, « les unités
lexicales sont bel et bien des ‘praxèmes’, c’est-à-dire des outils d’analyse du réel en relation
avec des pratiques socio-culturelles » : cette vision amène à conclure « à l’ancrage culturel
de toute signification linguistique ».
Les approches que nous avons évoquées nous paraissent avoir ce dénominateur commun :
le sens n’est pas donné dans le monde (ou dans la langue), ce sont les langues (ou le
discours) qui lui donnent une forme intelligible en le découpant, en le ‘discrétisant’, en le
contextualisant. Il est par conséquent évident que les langues (et les discours produits dans
ces langues) divergent par leur essence même ; des processus d’évolution sémanticoculturelle
(ainsi que NYCKEES les a décrits) les ont caractérisées à jamais, au-delà de leur
éventuelle ressemblance formelle.
La contribution de LEWANDOWSKA-TOMASZCZYK (1988) est centrale, en ce qui concerne
les relations entre sémantique et lexicographie. Selon elle, « meaning in natural language is
based on a universal cognitive structure, adapted by language users according to specific
socio-cultural and experiential parameters » (1988 : 24). Une partition étanche entre ce qui
est linguistique et ce qui relève de la culture (au sens large du terme) est impossible et
impraticable, voilà pourquoi
in bilingual dictionaries 62 the meaning component of a lexical entry should contain: [...] its
conventional connotations and possible directions of (figurative) extensions in terms of the
60 Nous faisons remarquer, cependant, que LARRIVEE se montre assez sceptique à l’égard de la position de
NYCKEES : « La culture et la société agissent comme conditions de possibilité du sens linguistique.
L’organisation du sens n’est cependant pas déterminé par le culturel ou le social [...]. Quand les idiomes
portent des traces détectables d’une culture, ce sont des traces essentiellement anecdotiques, qui ne semblent
pas informer sur les tendances lourdes de l’organisation du sens linguistique. De là vient l’extrême difficulté
que présente la constitution d’une sémantique culturaliste en une alternative théorique générale » (2008 : 170-
171).
61 Cf. MARTIN-MINGORANCE (1990); JIMENEZ HURTADO (2001). Il convient aussi de rappeler, dans le
contexte français, les travaux de P. SIBLOT et les Cahiers de praxématique. Nous signalons un article récent de
SIBLOT sur la nomination, analysée dans le cadre de la praxématique : « Problématique de la nomination. Du
répertoire des sens à l’analyse de leur production », Neologica, 1, 2007, p. 35-50.
62 C’est l’auteure qui souligne.
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