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UNIVERSITÀ CATTOLICA DEL SACRO CUORE MILANO Dottorato ...

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KLEIBER (1997 : 12), pour sa part, s’applique à « refuser un engagement constructiviste<br />

total », car il y a une certaine stabilité intersubjective, le monde réel garde une primauté à<br />

son sens indéniable. Une position constructiviste radicale amènerait donc à substituer « une<br />

référence interne à l’idée traditionnelle de référence externe » 58 (1997 : 15-16). Par conséquent, « il<br />

convient [...] d’abandonner l’hypothèse, à certains égards commode mais très vite<br />

impraticable, d’une référence purement interne au langage » (1997 : 16) et prôner plutôt une<br />

sémantique référentielle. Le monde auquel nous avons accès, et dont les dictionnaires doivent<br />

rendre compte, c’est « un monde perçu, une image du monde, un monde expérimenté,<br />

façonné par notre perception, l’interaction et la culture » (1997 : 12). Ces considérations,<br />

qui soulignent combien la prise sur le réel est médiatisée par la culture, se rattachent à ce<br />

que nous avons vu dans le chapitre I.1.3, et nous confortent dans notre itinéraire de<br />

recherche.<br />

Revenons sur les rapports entre signes et référents. NYCKEES nous rappelle que pour<br />

SAUSSURE<br />

il n’y a pas d’analogie entre ‘l’ordre de la langue’ et la ‘nature des choses’. Il est bien vrai<br />

qu’aucune sémantique scientifique ne saurait se fonder sur l’idée d’une correspondance<br />

organique entre langage et réalité (1998 : 294).<br />

Mais cela ne veut pas dire, selon NYCKEES, que l’organisation linguistique soit tout à fait<br />

arbitraire 59 , qu’elle soit absolument sans rapport avec la réalité objective ; en effet, « le<br />

découpage que les langues opèrent sur la réalité peut trouver son fondement dans<br />

l’expérience humaine elle-même ». La critique de NYCKEES au structuralisme en est assez<br />

sévère : ce paradigme aurait « replié le langage sur lui-même au point d’en faire un monde<br />

autosuffisant et clos, sans portes ni fenêtres » (1998 : 296).<br />

Un nouveau modèle de sémantique, celui proposé par NYCKEES, défend au contraire l’idée<br />

que « ce sont les circonstances de l’expérience collective qui sélectionnent les nouvelles<br />

valeurs [distinctives et oppositives] des signes à travers les échanges linguistiques en<br />

situation » (1998 : 297). Il s’agit, comme la définit LARRIVEE (2008 : 161-162), d’une<br />

approche médiationniste et culturaliste. Selon NYCKEES, les changements de sens (ses intérêts<br />

portent surtout sur les aspects diachroniques du vocabulaire, faut-il préciser) sont fonction<br />

des changements culturels et s’inscrivent dans des processus socialisés de conceptualisation.<br />

Une synthèse de cette position nous est offerte par LARRIVEE :<br />

58 KLEIBER cite ANSCOMBRE J.C., Théories et méthodes en sémantique française, Thèse d’Habilitation, Paris :<br />

Université de Paris VIII, 1996, tome 1 : 21.<br />

59 Cf. LARRIVEE : « Benveniste propose que le rapport entre signifiant et signifié est nécessaire en tant qu’il est<br />

constitutif du signe linguistique, et que l’arbitraire marque le rapport du signe au référent. Tandis que le lien<br />

entre le signifié et le signifiant de sœur est nécessaire pour le signe français, c’est le rapport du signe au référent<br />

qui serait arbitraire » (2008 : 64).<br />

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