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UNIVERSITÀ CATTOLICA DEL SACRO CUORE MILANO Dottorato ...

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analyse des définitions et des traduisants (respectivement pour les dictionnaires<br />

monolingues et bilingues) nous confirme qu’il y a tout un travail de sélection, reposant sur<br />

l’appréhension de la pertinence, et que les dictionnaires ne rendent pas un signifié, mais le<br />

créent, ou mieux le recréent, en quelque sorte.<br />

LERAT, dans ce même article, nous rappelle que « les signes linguistiques naissent, vivent et<br />

meurent en fonction des besoins humains en matière de désignation, d’élaboration<br />

conceptuelle et de vie sociale » (1976 : 48). Voici donc réaffirmé un modèle<br />

anthropocentrique, qui voit les signes comme fonction des communautés linguistiques.<br />

RASTIER va encore plus loin dans ce sens, affirmant que « les signifiés de langue et les<br />

représentations mentales sont les uns comme les autres des formations culturelles » (1991 :<br />

96-97).<br />

Abordons maintenant la question de la référence. BUZON (1979 : 39 ) affirme que « le sens<br />

des mots est dans les mots, dans le discours et non dans les choses [...]. Le référent n’est<br />

pas immédiatement donné, n’existe pas en soi, mais est construit par un discours », avant<br />

de distinguer entre référents discursifs et référents objectaux. On est clairement dans une<br />

perspective constructiviste : « le langage n’est pas une forme vide dans laquelle viendrait se<br />

couler la pensée ; il n’en est pas l’expression : l’énonciation, le discours sont les créateurs de<br />

la pensée même » (BUZON 1979 : 42).<br />

Les conséquences de cette position nous paraissent les suivantes : admettons que le réel<br />

soit le même pour deux communautés linguistiques, locuteurs de L1 et de L2 ; le sens étant<br />

construit par le discours (macro-discours en L1 et en L2), la prise sur le réel sera médiatisée<br />

par deux langues distinctes et ne sera donc jamais la même.<br />

Une version modernisée de cette approche est offerte par FRANCKEL (2002), qui se situe<br />

clairement dans la paradigme de l’énonciation 57. Il définit la sémantique comme une<br />

« analyse des représentations mentales déclenchées par et appréhendées à travers le<br />

matériau verbal qui leur donne corps » (2002 : 3-4). D’après FRANCKEL et le courant<br />

constructiviste, en ce qui concerne la traduction interlinguale « la même chose n’existe pas,<br />

on n’a que des façons différentes de dire des choses différentes » (2002 : 8) ; il s’agit d’un<br />

point de vue assez radical, qui a de lourdes conséquences sur une théorie de la<br />

lexicographie bilingue. Pour ce qui relève de l’identité des lexèmes, selon FRANCKEL, « les<br />

unités lexicales ne sont pas des individus tout constitués, mais des occurrences construites<br />

par des processus d’individuation » (2002 : 15). Il est patent que dans une macrostructure<br />

de dictionnaire (bilingue et monolingue) on a affaire à une forme abstraite, une unité<br />

dictionnairique discrète, qui sera, le cas échéant, remise en contexte artificiellement. Si l’on<br />

considère, en plus, que dans les DB les exemples sont pour la plupart forgés, on se rendra<br />

compte de la double artificialité qui caractérise le traitement des entrées, au niveau<br />

paradigmatique et syntagmatique.<br />

57 Cf. LARRIVEE (2008: 109-110).<br />

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