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emarquer que cette équation ne se fait pas entre deux systèmes abstraits, mais bien entre deux langues-cultures. J. REY-DEBOVE (2008 : 259) souligne que « le [dictionnaire] bilingue établit une relation entre les signes de langues différentes sans s’occuper du référentiel [...], il ne fait pas d’analyse sémantique ». Elle poursuit : On a toujours, dans la version, l’illusion d’une signification (qu’est-ce que ça veut dire ?) qui prend la place du transcodage. Inversement, pour le thème, on a l’illusion d’une dénomination, d’une opération onomasiologique, bien qu’on ne parte pas du tout d’un signifié ou d’une notion, mais d’un signe. Il faut éviter de tomber dans une erreur d’interprétation (s’appliquant aussi aux monolingues) qui consisterait à croire que le dictionnaire bilingue attribue tantôt un signifié à un signifiant (version), tantôt un signifiant à un signifié (thème) (ibid.). Ce premier risque de confusion entre plans sémantiques différents se doublerait d’un deuxième risque, d’après MANLEY – JACOBSEN – PEDERSEN : Bilingual lexicography has largely grown out of monolingual lexicography, and bilingual dictionaries are usually ultimately based on monolingual dictionaries (1988 : 301). Les auteurs achèvent leur article en formulant le vœu que la lexicographie bilingue puisse gagner son autonomie, en s’affranchissant des présupposés théoriques de la lexicographie monolingue et de la lexicologie. Nous pouvons faire l’hypothèse que ce transfert des bases théoriques des dictionnaires monolingues aux bilingues a eu lieu justement parce que la lexicographie bilingue a toujours été en manque d’une assise théorique solide. Comme nous les rappellent REY – DELESALLE (1979 : 10), les « dictionnaires bilingues [...] sont le plus souvent considérés comme de simples outils ». Les propos de BOGAARDS résument bien la question : dictionary is not exclusively or even in the first place defined as a resource containing all sorts of interesting facts and data about language, but as a tool for the solution of problems that people may have when using a language (2003 : 26). Dans la même perspective, HANNAY (2003 : 145) définit le DB comme « a translationrelated problem-solving tool for users with different needs ». La conception instrumentale des DB est donc largement prédominante. Nous adhérons à ce point de vue, tout en insistant sur le fait que cet outil qu’est le DB peut devenir à son tour un instrument majeur de recherche lexicologique et sémantique. 38

Il faut également ajouter que, pour ce qui est de la didactique, SHCHERBA (1995 [1940]) 49 en déconseillait l’utilisation pour l’apprentissage d’une langue étrangère ; DUVAL (1993 : 15) confirme ce préjugé qui intéresse les DB : « Les enseignants y sont généralement hostiles et le considèrent comme un mal parfois nécessaire ». Le DB, un outil qui n’a pas bénéficié d’une bonne presse, toujours insuffisant par rapport aux exigences des utilisateurs 50 , souvent remis en cause dans ses prérogatives théoriques, reste cependant une ressource indispensable pour les apprenants et continue d’offrir beaucoup de stimuli à la réflexion de la part des linguistes (métalexicographes et sémanticiens surtout), comme nous le verrons dans les pages suivantes. I.2.4 Approches du sens dans le dictionnaire Nous poursuivons dans notre enquête, dans le but de problématiser quelques approches au sens dans les dictionnaires. Notamment, nous essaierons de montrer les apories qui dérivent d’une description statique des unités lexicales. NOWAKOWSKI (1990) parle d’une métaphysique du dictionnaire. Il entend par cette expression « a set of beliefs that [...] assume [...] that there are numerous important and valid analogies between the dictionary and the lexicon » (1990 : 10-11). Mais comment cette analogie peutelle être née ? A son avis, cela paraît trouver son origine dans the once popular (prestructuralist) opinion that there is a limited set of building blocks or constructional atoms out of which utterances are formed, conforming to a small number of combinatorial patterns. A finite list of the constructional atoms was to be characterized in a dictionary (1990 : 11). Bien que cette vision puisse se rattacher à une conception populaire d’une théorie du langage, cela n’est qu’une « hopelessly inadequate characterization of human linguistic abilities ». Le résultat le plus important de cette métaphysique consiste dans le « freezing of the lexicon or [...] the necessity of making the component innocent of all active operations ». Et l’auteur de continuer : « the passive-storage idea of the lexicon is at the very foundations of the metaphysics of the dictionary, and if active processes were to be included, the lexicon-dictionary analogy would have to fall » (1990 : 14). Le caractère ‘statique’ et ‘fini’ du lexique prôné par cette métaphysique s’avère très confortable et utile aux productions lexicographiques. Toutefois, dans le cadre de notre recherche, il faut aller audelà de la métaphysique, ou mieux, rester en-deçà. NOWAKOWSKI conclut en préconisant une conception « processuelle » de l’unité lexicale ; il faudrait aussi décomposer « the notion of linguistic knowledge [...] into the lexical and the grammatical ; the former encompassing large fragments of what is known as the encyclopedic knowledge and popular beliefs » 49 Cf. KROMANN – RIIBER - ROSBACH (1984) ; MIKKELSEN (1992). 50 Cf. ANTOINE 1993. 39

Il faut également ajouter que, pour ce qui est de la didactique, SHCHERBA (1995 [1940]) 49 en<br />

déconseillait l’utilisation pour l’apprentissage d’une langue étrangère ; DUVAL (1993 : 15)<br />

confirme ce préjugé qui intéresse les DB : « Les enseignants y sont généralement hostiles et<br />

le considèrent comme un mal parfois nécessaire ».<br />

Le DB, un outil qui n’a pas bénéficié d’une bonne presse, toujours insuffisant par rapport<br />

aux exigences des utilisateurs 50 , souvent remis en cause dans ses prérogatives théoriques,<br />

reste cependant une ressource indispensable pour les apprenants et continue d’offrir<br />

beaucoup de stimuli à la réflexion de la part des linguistes (métalexicographes et<br />

sémanticiens surtout), comme nous le verrons dans les pages suivantes.<br />

I.2.4 Approches du sens dans le dictionnaire<br />

Nous poursuivons dans notre enquête, dans le but de problématiser quelques approches au<br />

sens dans les dictionnaires. Notamment, nous essaierons de montrer les apories qui<br />

dérivent d’une description statique des unités lexicales.<br />

NOWAKOWSKI (1990) parle d’une métaphysique du dictionnaire. Il entend par cette expression<br />

« a set of beliefs that [...] assume [...] that there are numerous important and valid analogies<br />

between the dictionary and the lexicon » (1990 : 10-11). Mais comment cette analogie peutelle<br />

être née ? A son avis, cela paraît trouver son origine dans<br />

the once popular (prestructuralist) opinion that there is a limited set of building blocks or<br />

constructional atoms out of which utterances are formed, conforming to a small number of<br />

combinatorial patterns. A finite list of the constructional atoms was to be characterized in a<br />

dictionary (1990 : 11).<br />

Bien que cette vision puisse se rattacher à une conception populaire d’une théorie du<br />

langage, cela n’est qu’une « hopelessly inadequate characterization of human linguistic<br />

abilities ». Le résultat le plus important de cette métaphysique consiste dans le « freezing of<br />

the lexicon or [...] the necessity of making the component innocent of all active<br />

operations ». Et l’auteur de continuer : « the passive-storage idea of the lexicon is at the<br />

very foundations of the metaphysics of the dictionary, and if active processes were to be<br />

included, the lexicon-dictionary analogy would have to fall » (1990 : 14). Le caractère<br />

‘statique’ et ‘fini’ du lexique prôné par cette métaphysique s’avère très confortable et utile aux<br />

productions lexicographiques. Toutefois, dans le cadre de notre recherche, il faut aller audelà<br />

de la métaphysique, ou mieux, rester en-deçà. NOWAKOWSKI conclut en préconisant<br />

une conception « processuelle » de l’unité lexicale ; il faudrait aussi décomposer « the notion<br />

of linguistic knowledge [...] into the lexical and the grammatical ; the former encompassing<br />

large fragments of what is known as the encyclopedic knowledge and popular beliefs »<br />

49 Cf. KROMANN – RIIBER - ROSBACH (1984) ; MIKKELSEN (1992).<br />

50 Cf. ANTOINE 1993.<br />

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