UNIVERSITÀ CATTOLICA DEL SACRO CUORE MILANO Dottorato ...

socioculturel » (1979 : 9), nous essaierons de réduire cette « distance [...] immense entre le
pôle ‘linguistique’ et ‘sémantique’ [...] et le pôle sociohistorique et culturel » (1979 : 10). Il
s’agit en fait de deux volets complémentaires, qui assurent le fonctionnement du
dictionnaire comme outil qui décrit un système (au sens saussurien) au sein d’un autre
système, socio-culturel.
I.2.2 Entre lexicographie et linguistique
Les rapports entre lexicographie et linguistique sont loin d’être clairs et définis.
TARP (2008 : 16) affirme : « although it is true that French metalexicography gained a more
uniform focus from the 1960s onwards, this focus was still strongly anchored in
linguistics ». Il apparaît que pour cet auteur cet ancrage linguistique représente un obstacle
au développement d’une théorie lexicographique autonome. En effet, à son avis la
linguistique est un domaine scientifique distinct, à partir duquel « linguistic concepts,
theories and methods are frequently transferred uncritically to lexicography » (2008 : 10).
Dans une perspective tout à fait opposée, CORBIN regrette le fait que dans les derniers
quinze ans
il n’est pas paru en France de dictionnaire général monolingue qui donne une forme
lexicographique consistante à des contributions descriptives et/ou théoriques émanant du
champ de la linguistique (2002 : 10).
Selon l’auteur, cela se doit à des facteurs économiques (« l’ère du rentabilisme » des
entreprises lexicographiques), techniques (les nouvelles technologies), humains (le fait
qu’une génération de linguistes de renom touche à sa fin) et culturels (le déclin de
l’influence de la linguistique dans la société). Cependant, une fois affirmée la nécessité du
transfert des savoirs linguistique à la lexicographie,
deux difficultés majeures de transmission des connaissances se posent [...] : celle de l’accès
des lexicographes aux savoirs linguistiques disponibles, et celle de la conversion de ces
savoirs par les lexicographes en textes dictionnairiques décodables par des utilisateurs non
spécialistes (CORBIN 2002 : 32).
Tout d’abord, les savoirs linguistiques ne constituent pas un ensemble homogène et, qui
plus est, ils ne sont que marginalement accessibles de la part des lexicographes (à cause de
leur formation hétérogène et de leur chronique manque de temps). Pour ce qui est de la
« conversion de ces savoirs », une aporie essentielle se met de travers : les dictionnaires
doivent être lisibles, rapidement consultables, mais cela va souvent à l’encontre d’une
description linguistiquement impeccable des unités.
36