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Pour résumer, nous rappelle ROBERTS (2007 : 277-278), « language is a part of culture » et « culture is mediated by language ». C’est pour cette raison que « dictionaries [...] present the culture underlying the language ». Comment est-ce que cette culture qui sous-tend la langue est présente dans les dictionnaires ? CALVI (2006 : 86) nous signale une piste : « Nel momento in cui offre definizioni e commenti, un DB poggia, come ogni monolingue, su una determinata visione del mondo ». Nous essaierons de répondre mener cette analyse sur l’articulation du linguistique et du culturel dans la deuxième partie de cette thèse. Maintenant, nous croyons qu’il est nécessaire de nous arrêter sur la genèse et le développement de la lexicographie bilingue. 32

1.2 Vers un ancrage théorique Nous nous posons maintenant les questions suivantes : quelles sont les origines des DB ? Est-il possible de mieux comprendre leur fonction et leur identité, en se penchant sur leur développement historique ? CALZOLARI (2006 : 327) nous rappelle que « il dizionario bilingue nasce come oggetto preteorico, per usi pratici ». Les DB naissent en effet dans le III e millénaire av. J.-C. comme des glossaires mot à mot. Au principe ce furent des tablettes mésopotamiennes, comme le rappelle SNELL-HORNBY (1986 : 208) : « The impact of the Sumerian culture on the Akkadians gave rise to the oldest bilingual word list known to us, in which the Sumerian entries were provided with pronunciation glosses and Akkadian translations ». Il faut bien comprendre que la naissance de ces listes (glossaires) bilingues était liée à un contexte linguistique et culturel précis, marqué par la prédominance culturelle d’une culture sur une autre (la culture sumérienne sur l’akkadienne, notamment) ; d’autant plus, il faut souligner qu’une partie seulement du lexique était traitée, notamment « names and concrete objects, a level where equivalence is most easily reached » (SNELL-HORNBY 1986 : 214). La lexicographie bilingue naît donc dans une situation de diglossie où une langue jouit d’un prestige majeur et devient, pour ainsi dire, la langue-source 40 . Cette situation se reproduira à l’époque moderne, lorsque le latin sera la langue-source dominante jusqu’au XVII e siècle : « le dictionnaire, au moins dans le contexte européen, est né des gloses en latin ou en langue vulgaire de certains textes latins au Moyen Âge » (BEJOINT 2005 : 12). La tradition en lexicographie bilingue (et sans doute aussi le propre de cet outillage intellectuel) est donc toute du côté de la réception en langue-cible 41 , plutôt que de la production en langue-source. Toutefois, une évolution du modèle resterait toujours possible. Ce qui pose davantage problème, c’est l’équivalence en soi. La lexicographie bilingue est née comme une ‘glossaristique’, comme un répertoire de signes engagés dans un cheminement référentiel clair et univoque : on était bien du côté de la terminologie. Les échanges entre les peuples se faisant de plus en plus complexes et le lecteur idéal évoluant du marchand au voyageur, surgit la nécessité d’un traitement plus exhaustif des différentes tranches du lexique. Cependant, cet élargissement du domaine de la description implique bien d’autres dimensions que l’étendue de la macrostructure, comme nous le verrons par la suite. Voici donc un premier facteur, historique, qui a déterminé la naissance et le développement des DB tels que nous les connaissons, et qui peut expliquer leur déséquilibre en faveur de la réception. 40 Cf. aussi BOULANGER (2000). 41 Comme le démontre aussi le premier véritable dictionnaire français, le Dictionnaire françois-latin de R. ESTIENNE (cf. PRUVOST 2006 : 20) 33

1.2 Vers un ancrage théorique<br />

Nous nous posons maintenant les questions suivantes : quelles sont les origines des DB ?<br />

Est-il possible de mieux comprendre leur fonction et leur identité, en se penchant sur leur<br />

développement historique ?<br />

CALZOLARI (2006 : 327) nous rappelle que « il dizionario bilingue nasce come oggetto preteorico,<br />

per usi pratici ». Les DB naissent en effet dans le III e millénaire av. J.-C. comme des<br />

glossaires mot à mot. Au principe ce furent des tablettes mésopotamiennes, comme le<br />

rappelle SNELL-HORNBY (1986 : 208) : « The impact of the Sumerian culture on the<br />

Akkadians gave rise to the oldest bilingual word list known to us, in which the Sumerian<br />

entries were provided with pronunciation glosses and Akkadian translations ». Il faut bien<br />

comprendre que la naissance de ces listes (glossaires) bilingues était liée à un contexte<br />

linguistique et culturel précis, marqué par la prédominance culturelle d’une culture sur une<br />

autre (la culture sumérienne sur l’akkadienne, notamment) ; d’autant plus, il faut souligner<br />

qu’une partie seulement du lexique était traitée, notamment « names and concrete objects, a<br />

level where equivalence is most easily reached » (SNELL-HORNBY 1986 : 214).<br />

La lexicographie bilingue naît donc dans une situation de diglossie où une langue jouit d’un<br />

prestige majeur et devient, pour ainsi dire, la langue-source 40 . Cette situation se reproduira à<br />

l’époque moderne, lorsque le latin sera la langue-source dominante jusqu’au XVII e siècle :<br />

« le dictionnaire, au moins dans le contexte européen, est né des gloses en latin ou en<br />

langue vulgaire de certains textes latins au Moyen Âge » (BEJOINT 2005 : 12).<br />

La tradition en lexicographie bilingue (et sans doute aussi le propre de cet outillage intellectuel)<br />

est donc toute du côté de la réception en langue-cible 41 , plutôt que de la production en<br />

langue-source. Toutefois, une évolution du modèle resterait toujours possible. Ce qui pose<br />

davantage problème, c’est l’équivalence en soi. La lexicographie bilingue est née comme<br />

une ‘glossaristique’, comme un répertoire de signes engagés dans un cheminement<br />

référentiel clair et univoque : on était bien du côté de la terminologie. Les échanges entre<br />

les peuples se faisant de plus en plus complexes et le lecteur idéal évoluant du marchand au<br />

voyageur, surgit la nécessité d’un traitement plus exhaustif des différentes tranches du<br />

lexique. Cependant, cet élargissement du domaine de la description implique bien d’autres<br />

dimensions que l’étendue de la macrostructure, comme nous le verrons par la suite.<br />

Voici donc un premier facteur, historique, qui a déterminé la naissance et le développement<br />

des DB tels que nous les connaissons, et qui peut expliquer leur déséquilibre en faveur de la<br />

réception.<br />

40 Cf. aussi BOULANGER (2000).<br />

41 Comme le démontre aussi le premier véritable dictionnaire français, le Dictionnaire françois-latin de R.<br />

ESTIENNE (cf. PRUVOST 2006 : 20)<br />

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