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UNIVERSITÀ CATTOLICA DEL SACRO CUORE MILANO Dottorato ...

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cachent la réalité de phénomènes tout à fait français, nous pensons notamment à la « langue<br />

de bois ».<br />

Nous n’emploierons pas le mot génie, qui indique sans conteste une « notion extrêmement<br />

vague » (KASSAI 1994 : 511). SZENDE (1993 : 75) est l’un des derniers à utiliser encore ce<br />

mot (« Le génie des langues, c’est aussi des préférences, des silences ou des redondances »),<br />

pour indiquer des angles expressifs privilégiés 38 . Toujours SZENDE parle du génie de la langue<br />

comme d’une expression « a little vague but so full of imagery », qui se réfère au « vast<br />

world of usages and conventions » (SZENDE 1999 : 227). GALISSON (1987a: 138) à son tour<br />

définit le génie une « manière particulière de se représenter la réalité, par l’intermédiaire des<br />

signes qui la désignent » 39 .<br />

La linguistique a dépassé depuis longtemps une approche hypostasiante de la langue (en<br />

vogue surtout au XIX e ), ou essentialiste comme l’appelle FRATH (2008a) : le but est<br />

aujourd’hui celui d’appréhender la langue à travers les faits de discours. Dans une<br />

polémique avec des approches qui gardent une dimension essentialiste, FRATH (2008a : 12)<br />

soutient que « la linguistique gagnerait beaucoup à abandonner les chimères platoniciennes<br />

du code au profit de l’observation de l’usage ». Encore de nos jours, « trop de travaux<br />

consistent à rechercher la substance de la langue [...]. Il y aurait ainsi un code derrière la<br />

langue qu’il s’agirait de percer, une essence du langage que l’on devrait pouvoir atteindre »<br />

(2008a : 8). Ce qui implique, selon l’auteur, une approche dépassée, anachronique.<br />

Dans une typologie des approches possibles aux faits de langue, FRATH (2008b : 47) cite les<br />

« linguistiques de l’accumulation, [dont] l’attitude face à la théorie est essentiellement<br />

l’indifférence. Ce point de vue est à l’œuvre dans la compilation des dictionnaires », par<br />

exemple. Ces approches manquent d’une « vision d’ensemble qui produise un lien entre les<br />

observations, et qui leur donne sens ». Le point de vue de FRATH est « d’emblée<br />

communautaire et externaliste », en opposition aux linguistiques cartésiennes,<br />

« individuelles et internalistes » (ibid.). C’est donc une approche qui fait la part belle aux<br />

aspects communautaires et « externes », moyennant un lien solide avec la référence.<br />

Toutes ces contributions nous amènent à conclure que, si un relativisme déterministe est à<br />

exclure, il est par contre possible de prendre en examen l’hypothèse de l’existence de traits<br />

culturels dans les langues. Il se dessinerait donc un certain parallélisme entre les langues et<br />

leurs communautés de locuteurs. Nous avons choisi d’étudier ce parallélisme dans les DB,<br />

des ouvrages culturels par excellence. Notamment, ces affinités entre langues et cultures<br />

seront manifestes dans l’analyse des écarts. Paradoxalement, là où les langues divergent,<br />

l’unicité qui les distingue et le rapport qui les lie à leur culture de référence se font plus<br />

visible.<br />

38 Cf. DAGUT 1981 ; BRINK 1971.<br />

39 L’emploi du mot idiosyncrasie, que le PR11 définit comme « tempérament personnel », et de son adjectif<br />

idiosyncratique, lorsqu’on parle d’une langue, relèvent d’un anthropomorphisme assez flagrant. Nous<br />

considérons toutefois ce terme comme un pis-aller, certainement préférable à génie et à son goût suranné.<br />

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