UNIVERSITÀ CATTOLICA DEL SACRO CUORE MILANO Dottorato ...

Pour WIERZBICKA (1979) c’est la grammaire dans sa totalité qui recèle des faits culturels 20.
En guise d’explication, elle écrit que « since the syntactic constructions of a language
embody and codify certain language-specific meanings and ways of thinking, the syntax of
a language must determine to a considerable extent the language’s cognitive profile »
(1979 : 313). La méthode MSN, que WIERZBICKA a fondée et qui s’est développée
empiriquement à partir des années 1990, a permis de conjuguer une recherche sur la langue
avec une enquête sur les phénomènes culturels encodés dans la langue 21 . Mais nous
reviendrons sur ce paradigme de recherche plus bas. Pour l’instant, nous devons préciser
que la nature même de notre corpus nous éloigne d’une préoccupation sur les phénomènes
culturels inscrits dans la grammaire et la syntaxe.
Essayons maintenant d’analyser comment le dictionnaire articule une réflexion sur la
culture, comment il tisse des liens entre les cultures et quel est le rôle qu’il joue vis-à-vis des
communautés linguistiques.
CLAS (2006 : 139) cite HAUSMANN 22 (1985 : 369), pour lequel « un dictionnaire est une
collection d’unités lexicales (avant tout des mots) avec des informations spécifiques,
présentées par un médium spécifique, destinées à un utilisateur spécifique et qui doivent
être ordonnées de telle façon à permettre un accès rapide ». C’est une définition qui met
bien en évidence le rapport aux usagers et la dimension instrumentale du dictionnaire.
L’école fonctionnaliste scandinave, dont TARP est l’un des représentants les plus
importants, a également insisté sur cette dimension, comme nous pouvons lire dans cette
définition : « Dictionaries are man-made, culture-specific products which have been
developed to meet certain social needs » (TARP 2008 : 4). Le fait que les dictionnaires soient
des produits ciblés n’empêche pas qu’ils soient des produits liés à la culture dont ils
émanent.
D’après QUEMADA (1987: 236)
Le dictionnaire est, à la fois, un projet fondé sur un ensemble d’options typologiques ou
méthodologiques et sur la mise en œuvre d’un choix représentatif de valeurs linguistiques,
culturelles, etc., et un produit doté de caractéristiques concrètes, physiques et économiques:
projet+produit=objet-dictionnaire [...]. Ces deux ensembles constitutifs sont étroitement
dépendants des modèles de référence linguistiques et extra-linguistiques, et du contexte
socioculturel et techno-économique.
20 « Grammatical categories, syntactical constructions, part-of-speech membership, etc. are considered as nonarbitrary
instantiations of culture-specific conceptualizations based on a few universal principles » (DURST
2003a : 190).
21 GODDARD (2002), sur la lancée de WIERZBICKA (1979), parle d’ethnosyntaxe.
22 « Lexikographie », in SCHWARZE – WUNDERLICH (éds.), Handbuch der Lexikologie, 1985, p. 364-411.
Traduction de la citation de A. CLAS.
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