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L’attention se porte donc sur un étagement qui voit la culture comme un ensemble regroupant des sous-codes culturels, se basant sur une structure préexistante, à savoir les langues naturelles. Après ce passage en revue de définitions de la culture, nous reprenons les aspects qui nous semblent prioritaires, dans le cadre de notre thèse. Quelles dimensions pouvons-nous retenir du concept de culture ? Nous avons vu au début les dimensions intellectuelle et comportementale mises en avant par un dictionnaire de langue contemporain. Il faut cependant ajouter d’autres composants. Le partage, tout d’abord : il n’y a pas de culture sans une collectivité qui se reconnaisse dans les idées et les traditions et qui participe à leurs survie. La culture est ensuite fonction du contexte historico-géographique et se développe également grâce à l’appréhension de la différence avec d’autres contextes et d’autres cultures. La culture se fonde sur une conceptualisation du monde, qui passe à travers le langage. Les langues, expression historico-naturelle de cette faculté, deviennent à leur tour le principal véhicule de culture et se font porteuses de valeurs qui les transcendent (les contenus de la culture) mais qu’elles contribuent à façonner, par un mécanisme dont il n’est pas toujours facile d’élucider les engrenages. Cependant, nous allons revenir sur le rapport entre langues et cultures dans le chapitre suivant. En ce qui concerne le thème de l’interculturel, des précisions terminologiques s’imposent également. Le mot interculturel (ou interculturalité 12 ) est aujourd’hui en vogue, sans aucun doute, comme l’attestent nombre de colloques et de publications. Mais il convient de préciser les tenants et aboutissants de cette notion 13 . Nous pouvons aussi remarquer quelques glissements terminologiques. Si interculturel est la dénomination la plus fréquente, WIERZBICKA (2006b) et PEETERS (2003 14 ) préfèrent parler de transculturel 15. Quand nous parlons d’interculturel, c’est bien le passage, le va-et-vient, la compénétration que nous allons souligner, non un mélange où les différences s’estompent ; au contraire, dans le cas des DB elles s’affirment en tant qu’appartenant à deux systèmes linguisticoculturels spécifiques mis en présence. RAFONI (2003: 18) propose deux définitions intéressantes du terme interculturel. D’abord elle propose celle de CLANET: 12 Cf. GALISSON (1994: 15) ; LIJNEN (2005: 37) 13 Pour une analyse plus approfondie, nous renvoyons à GALISSON (1994). 14 La « sémantique transculturelle [est] la démarche qui consiste à étudier des mots clés en vue d’identifier des valeurs culturelles insoupçonnées et/ou découvrir des normes communicatives apparentées » (2003 : 132). 15 PEETERS (à paraître-a) parle maintenant lui aussi d’interculturel. 18

Ensemble des processus – psychiques, relationnels, groupaux, institutionnels, etc. – générés par les interactions de culture, dans un rapport d’échanges réciproques et dans une perspective de sauvegarde d’une relative identité culturelle entre des partenaires en relation 16. Dans cette optique, l’interaction engendre des processus de nature différente, qui visent à sauvegarder une « relative identité culturelle ». La deuxième définition est de LADMIRAL et LIPIANSKY : Le terme même implique l’idée d’inter-relations, de rapports et d’échanges entre cultures différentes. Il faut moins le comprendre comme le contact entre deux objets indépendants (deux cultures en contact) qu’en tant qu’interaction où ces objets se constituent autant qu’ils communiquent 17 (RAFONI 2003: 18). Dans cette perspective, l’interaction est constitutive des acteurs qui participent à l’interaction. Si nous voulons transposer ces réflexions à notre problématique, nous pouvons dire que les rapports entre la langue-culture française et la langue-culture italienne ont été tellement riches et variés 18 qu’on peut affirmer que ces deux réalités se sont aussi constitués à travers l’échange. Toujours RAFONI (2003 : 20) nous rappelle que « l’interculturalité ne s’accomplit que lorsque deux cultures distinctes dialoguent et inventent un espace propre à leur interaction ». Dans le présent ouvrage, nous envisagerons le DB comme un espace, une plateforme qui rend possible cette interaction, en lui donnant des contours nouveaux. « L’interculturel, affirme BIDAUD (2003 : 80), conduit à l’appréhension de l’identité de l’individu et vers la connaissance de la nature humaine ». Pour CELOTTI (1997 : 359), à travers une approche interculturelle il sera possible de montrer « comment la culture du Soi conçoit celui qui n’est pas Soi : l’Etranger, l’Autre ». Une approche à travers l’autre, même si c’est le voisin, rend donc possible la compréhension de son identité, de ce qu’on a d’unique, ou de ce qu’on a de manifeste et qui est latent dans l’autre. LEVY-MONGELLI (1989 : 130) se demande : « Qu’est-ce que le ‘voisin’ ? C’est toujours, aussi proche soit-il, le lieu, ou la personne, séparé de l’autre par le passage d’une frontière, d’un mur ou d’une porte, ligne de démarcation à la fois réelle et symbolique ». Le lieu liminaire dans les DB, c’est sans aucun doute la page blanche qui sépare les deux macrostructures. Nous allons examiner dans la deuxième partie de notre thèse comment les deux directions (français-italien et italien-français) rendent comptent de la culture de l’autre. Le voisinage, poursuit LEVY-MONGELLI « représente ce qu’il y a de plus proche dans le différent et de plus différent dans la proximité ». Cependant, « là où les langues 16 CLANET C., L’interculturel. Introduction aux approches interculturelles en Education et en Sciences Humaines, Toulouse : Presses universitaires du Mirail, 1990. 17 LADMIRAL J.-R. – LIPIANSKY E.-M. (éds.), La communication interculturelle, Paris : Colin, 1989. 18 Nous pensons par exemple au phénomène des faux emprunts, dont il sera question dans la deuxième partie, II.2.2. 19

Ensemble des processus – psychiques, relationnels, groupaux, institutionnels, etc. – générés<br />

par les interactions de culture, dans un rapport d’échanges réciproques et dans une<br />

perspective de sauvegarde d’une relative identité culturelle entre des partenaires en relation 16.<br />

Dans cette optique, l’interaction engendre des processus de nature différente, qui visent à<br />

sauvegarder une « relative identité culturelle ».<br />

La deuxième définition est de LADMIRAL et LIPIANSKY :<br />

Le terme même implique l’idée d’inter-relations, de rapports et d’échanges entre cultures<br />

différentes. Il faut moins le comprendre comme le contact entre deux objets indépendants<br />

(deux cultures en contact) qu’en tant qu’interaction où ces objets se constituent autant qu’ils<br />

communiquent 17 (RAFONI 2003: 18).<br />

Dans cette perspective, l’interaction est constitutive des acteurs qui participent à<br />

l’interaction. Si nous voulons transposer ces réflexions à notre problématique, nous<br />

pouvons dire que les rapports entre la langue-culture française et la langue-culture italienne<br />

ont été tellement riches et variés 18 qu’on peut affirmer que ces deux réalités se sont aussi<br />

constitués à travers l’échange.<br />

Toujours RAFONI (2003 : 20) nous rappelle que « l’interculturalité ne s’accomplit que<br />

lorsque deux cultures distinctes dialoguent et inventent un espace propre à leur<br />

interaction ». Dans le présent ouvrage, nous envisagerons le DB comme un espace, une<br />

plateforme qui rend possible cette interaction, en lui donnant des contours nouveaux.<br />

« L’interculturel, affirme BIDAUD (2003 : 80), conduit à l’appréhension de l’identité de<br />

l’individu et vers la connaissance de la nature humaine ». Pour CELOTTI (1997 : 359), à<br />

travers une approche interculturelle il sera possible de montrer « comment la culture du Soi<br />

conçoit celui qui n’est pas Soi : l’Etranger, l’Autre ». Une approche à travers l’autre, même si<br />

c’est le voisin, rend donc possible la compréhension de son identité, de ce qu’on a d’unique,<br />

ou de ce qu’on a de manifeste et qui est latent dans l’autre.<br />

LEVY-MONGELLI (1989 : 130) se demande : « Qu’est-ce que le ‘voisin’ ? C’est toujours,<br />

aussi proche soit-il, le lieu, ou la personne, séparé de l’autre par le passage d’une frontière,<br />

d’un mur ou d’une porte, ligne de démarcation à la fois réelle et symbolique ». Le lieu<br />

liminaire dans les DB, c’est sans aucun doute la page blanche qui sépare les deux<br />

macrostructures. Nous allons examiner dans la deuxième partie de notre thèse comment les<br />

deux directions (français-italien et italien-français) rendent comptent de la culture de l’autre.<br />

Le voisinage, poursuit LEVY-MONGELLI « représente ce qu’il y a de plus proche dans le<br />

différent et de plus différent dans la proximité ». Cependant, « là où les langues<br />

16 CLANET C., L’interculturel. Introduction aux approches interculturelles en Education et en Sciences Humaines, Toulouse :<br />

Presses universitaires du Mirail, 1990.<br />

17 LADMIRAL J.-R. – LIPIANSKY E.-M. (éds.), La communication interculturelle, Paris : Colin, 1989.<br />

18 Nous pensons par exemple au phénomène des faux emprunts, dont il sera question dans la deuxième<br />

partie, II.2.2.<br />

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