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la Belgique apicole

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EDITEUR RESPONSABLE : J. L. STREBELLE BIMESTRIEL DE L’UNION DES FÉDÉRATIONS D’APICULTURE DE WALLONIE ET BRUXELLES ASBL PARAÎT EN JANVIER, MARS, MAI, JUILLET, SEPTEMBRE ET NOVEMBRE<br />

<strong>la</strong> <strong>Belgique</strong> <strong>apicole</strong><br />

75 e année • numéro 2 • Mars - Avril 2011<br />

AU SOMMAIRE<br />

75<br />

La visite de printemps<br />

L’élevage facile de reines<br />

Le conservatoire de l’abeille noire<br />

Des cages venues de l’est<br />

Votre actualité <strong>apicole</strong><br />

...<br />

<strong>la</strong> revue qui vous informe<br />

sur le monde merveilleux des abeilles


Débutons ensemble<br />

La visite de printemps<br />

Après ce long hiver plutôt froid, nous sommes<br />

tous inquiets de l’état dans lequel nous allons<br />

retrouver nos colonies...<br />

Le moment est bientôt venu de procéder à <strong>la</strong><br />

première visite de printemps !<br />

Une statistique macabre circule entre<br />

nous : nous «avons<br />

droit à 10 % de<br />

pertes»... Mais si 10 % de<br />

30 ruches ce<strong>la</strong> n’en fait que<br />

3 de perdues, quid quand<br />

nous n’avons que 3 ruches?<br />

Nous pouvons avoir tout<br />

perdu, ou n’en avoir perdu<br />

qu’une... et dans tous les cas<br />

les statistiques auront tort !<br />

Allons, il est temps d’en avoir le<br />

coeur net !<br />

Depuis février nous avons pu déjà nous<br />

faire une idée de l’état général de notre<br />

cheptel. En effet, dès que <strong>la</strong> météo l’a<br />

permis, des allées et venues ont pu être<br />

observées au trou de vol, des rentrées de<br />

pollen (noisetier, crocus, perce-neige) ont<br />

pu être observées, signe de <strong>la</strong> reprise de<br />

l’élevage de couvain et donc de <strong>la</strong> ponte<br />

d’une reine bien présente. Le côté de <strong>la</strong><br />

ruche où rentrent les pelotes nous indique<br />

approximativement <strong>la</strong> position du couvain<br />

dans <strong>la</strong> ruche.<br />

En outre, si nous avons nourri<br />

«spécu<strong>la</strong>tivement» comme recommandé<br />

dans <strong>la</strong> BA de janvier (et par tous les<br />

manuels d’apiculture), nous avons sans<br />

doute pu constater et mesurer le rythme de<br />

2 • mars - avril 2011<br />

Il est temps<br />

d’en avoir le<br />

coeur net !<br />

<strong>la</strong> prise du pain de candi (amélioré ou non).<br />

Si nos ruches disposent d’un «tiroir à<br />

déchets» (<strong>la</strong>nge), son examen nous en<br />

apprendra beaucoup aussi sur <strong>la</strong> vie de <strong>la</strong><br />

colonie : écailles de cire, pollen, opercule et<br />

donc position du couvain...<br />

Ces signes à eux seuls sont<br />

rassurants et très instructifs<br />

pour l’apiculteur : ils<br />

témoignent de <strong>la</strong> bonne santé<br />

et du dynamisme de <strong>la</strong> colonie.<br />

A l’inverse, une ruche qui<br />

ne vole pas, ne rentre pas<br />

de pollen, ne prend pas son<br />

nourrissement est peut-être<br />

déjà morte ou en passe de l’être...<br />

Cette minutieuse observation préa<strong>la</strong>ble va<br />

vous faire gagner du temps pour <strong>la</strong> visite<br />

de printemps. En effet, vous privilégierez <strong>la</strong><br />

visite des ruches qui vous inquiètent...<br />

Vous choisirez une belle journée sans<br />

vent, dont <strong>la</strong> température sera supérieure<br />

à 14 °.<br />

Mais que cherchons nous ?<br />

Essentiellement, <strong>la</strong> présence de couvain.<br />

Nous commencerons donc <strong>la</strong> visite par <strong>la</strong><br />

rive <strong>la</strong> plus proche de <strong>la</strong> position supposée<br />

du couvain. Profitons-en pour nous assurer<br />

de <strong>la</strong> présence ou non de provisions et pour<br />

écarter en vue de leur réforme les cadres<br />

vides les plus dégradés (noirs, lourds,<br />

moisis...). (Dès le 15 mars, nous pourrons<br />

les ôter et les remp<strong>la</strong>cer par des cadres<br />

neufs à bâtir).


Une fois le couvain repéré, nous pouvons<br />

en rester là et refermer <strong>la</strong> ruche au plus<br />

vite : inutile de <strong>la</strong> refroidir inutilement.<br />

Il est très probable qu’il soit encore<br />

nécessaire de nourrir vos ruches : tout<br />

dépend de l’environnement mellifère<br />

et de <strong>la</strong> météo de mars et d’avril. Une<br />

ruche meurt de faim en quelques jours.<br />

On s’en rend compte toujours trop tard.<br />

Alors n’hésitez pas si vous avez un doute<br />

à soutenir <strong>la</strong> ponte de votre reine et le<br />

ravitaillement de <strong>la</strong> nursery en lui donnant<br />

un petit viatique de plus ! Personnellement,<br />

je donne le nourrissement en 3 phases :<br />

Etrennes (500 gr) , Saint Valentin (1 kg)<br />

et courant mars (selon mes calculs et les<br />

besoins révélés par <strong>la</strong> visite).<br />

Que faire d’une colonie où nous n’aurons<br />

pas trouvé de couvain ?<br />

Malheureusement pas grand chose... A<br />

tous les coups <strong>la</strong> reine est en cause ! Elle est<br />

plus que probablement morte ou c’est tout<br />

comme !<br />

La ruche est en état de mort<br />

clinique. Si vous disposez de<br />

ruchettes hivernées avec une<br />

reine en ponte, vous pourrez<br />

tenter <strong>la</strong> réunion (mais c’est un autre<br />

chapitre).<br />

Il est aussi trop tôt dans <strong>la</strong> saison pour<br />

penser à un secouage de tout ce petit<br />

monde orphelin à bonne distance du<br />

rucher...<br />

Donc : à passer par pertes et profits...<br />

Enfin, fin mars ; il sera temps de préparer<br />

vos hausses dans lesquelles vous aurez<br />

p<strong>la</strong>cé 30% de cadres «neufs» avec cire<br />

gaufrées.<br />

Mais où les p<strong>la</strong>cer ?<br />

Voici ce que je fais : j’insère les cadres neufs<br />

en p<strong>la</strong>ce numéro 3, 7 et 8. De cette façon,<br />

les p<strong>la</strong>ces 4, 5 et 6 sont occupées par des<br />

cadres bâtis et prêts à recevoir une miellée<br />

immédiate.<br />

Michel Deleuze et Benoit Urbain<br />

RE des Collines<br />

mars - avril 2011 • 3


Piqué pour vous sur le net<br />

Macro<br />

Proposé par E. Vandeghinste, un très intéressant lien vers un cadre de couvain passé à <strong>la</strong><br />

loupe. Bien lire le commentaire aussi... : http://gigapan.org/gigapans/27538/<br />

Etablissements<br />

Arsène DASTROY-VANHORENBEECK<br />

(fondés en 1888)<br />

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tél. 063/ 225 026 - ccp 000-0181602-18<br />

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Manufacture de cire gaufrée, refonte des déchets de cire et de vieux rayons<br />

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4 • mars - avril 2011


Titre bidon<br />

Le dossier technique<br />

Elever facilement des reines<br />

Avec un peu d’organisation, de réflexion<br />

et un petit matériel pas cher, il est<br />

possible d’élever ses propres reines et<br />

les introduire, sans difficulté, dans les ruches<br />

de production.<br />

Voici une méthode d’élevage simple, à <strong>la</strong><br />

portée de tout apiculteur.<br />

Le matériel spécifique<br />

nécessaire.<br />

1. Quelques ruchettes de fécondation du<br />

type « »Mini Plus» ».<br />

La ruchette « Mini Plus », en polystyrène<br />

haute densité, utilise des<br />

demi-cadres (cadrons)<br />

de hausse Dadant à<br />

assemb<strong>la</strong>ge. On peut, en<br />

effet, assembler ces cadrons<br />

deux par deux pour former<br />

un cadre de <strong>la</strong> dimension<br />

d’un cadre de hausse Dadant.<br />

Chaque ruchette contient 6 cadrons, donc<br />

<strong>la</strong> valeur de 3 cadres<br />

de hausse Dadant.<br />

Il est conseillé de<br />

s’équiper de cadrons<br />

en bois à l’exclusion<br />

des cadrons en<br />

p<strong>la</strong>stique beaucoup<br />

moins faciles à<br />

entretenir.<br />

Le nombre<br />

de ruchettes<br />

nécessaires dépendra du nombre de reines<br />

à élever. Considérant que, dans un élevage<br />

de reines il y a toujours un pourcentage<br />

d’échecs, il faut toujours élever un nombre<br />

de reines supérieur au nombre de reines<br />

dont on aura besoin. Si, par exemple, on<br />

a besoin de 5 reines, on en élèvera 8 (soit<br />

environ le nombre de reines multiplié par<br />

1,5).<br />

Le nombre de cadrons sera un peu<br />

supérieur au nombre nécessaire pour le<br />

nombre de ruchettes utilisées. Il est utile de<br />

disposer de quelques cadrons de réserve<br />

dont nous verrons l’usage plus loin.<br />

Remarque : Il est possible d’utiliser des<br />

ruchettes ou des ruches partitionnées en<br />

vue de <strong>la</strong> fécondation<br />

des jeunes reines, mais<br />

le nombre d’abeilles et<br />

de couvain nécessaire<br />

sera nettement plus<br />

important et plus<br />

difficile à gérer lors de<br />

l’introduction des jeunes<br />

reines en ruches.<br />

Le nombre de<br />

ruchettes nécessaires<br />

dépendra du nombre<br />

de reines à élever.<br />

2. Des cagettes de<br />

naissance des reines<br />

(souvent appelées<br />

« bigoudis ») et son<br />

accessoire pouvant<br />

recevoir une cellule<br />

royale naturelle.<br />

Leur nombre sera égal<br />

au nombre de reines<br />

à élever.<br />

mars - avril 2011 • 5


3. Une pince<br />

Titre de bidon<br />

capture des<br />

reines.<br />

La capture d’une<br />

reine à <strong>la</strong> main, sur un cadre,<br />

n’est pas facile lorsqu’on<br />

manque d’habitude. De plus,<br />

les risques de perdre, voire<br />

de blesser, <strong>la</strong> reine sont bien<br />

plus importants.<br />

4. Des cagettes<br />

d’introduction des reines.<br />

Le modèle Iltis est à conseiller.<br />

Les préparatifs.<br />

Bien que ce ne soit pas un impératif, il<br />

est conseillé de peindre les « »Mini Plus»<br />

» avant leur emploi. C’est une bonne<br />

protection et les ruchettes restent plus<br />

propres. Peu importe <strong>la</strong> teinte<br />

utilisée. Contrairement à ce<br />

que l’on pense, les abeilles ne<br />

reconnaissent pas <strong>la</strong> couleur de<br />

leur ruche. Elles s’orientent sur<br />

l’emp<strong>la</strong>cement de l’entrée et<br />

ne sont nullement perturbées<br />

lorsque <strong>la</strong> couleur de <strong>la</strong> ruche<br />

change.<br />

Le fil des cadrons sera p<strong>la</strong>cé<br />

dans le sens vertical, <strong>la</strong> cire<br />

gaufrée étant beaucoup mieux<br />

soutenue que lorsque le fil est<br />

p<strong>la</strong>cé horizontalement. Il n’est pas<br />

indiqué de mettre <strong>la</strong> cire gaufrée<br />

longtemps à l’avance. Elle perd<br />

de ses qualités et est moins bien<br />

acceptée par les abeilles.<br />

Lorsque les ruchettes seront peuplées, il<br />

6 • mars - avril 2011 2011<br />

Le «bigoudi»<br />

faudra les p<strong>la</strong>cer à distance<br />

des ruches de production<br />

(quelques mètres suffisent,<br />

en évitant qu’elles soient<br />

dans <strong>la</strong> ligne de vol des<br />

abeilles des ruches de<br />

production). Au retour de leur<br />

vol de fécondation, les reines<br />

retrouvent plus facilement<br />

leur ruchettes. Elles devront<br />

être à 40 à 60 cm du sol,<br />

orientées de préférence au<br />

sud ou au sud-est. Cette orientation n’est<br />

cependant pas une obligation, les abeilles<br />

s’accommodent de toutes les orientations,<br />

mais il est bon de protéger l’entrée de <strong>la</strong><br />

ruchette des vents dominants et des pluies.<br />

Elles seront distantes l’une de l’autre<br />

d’environ 50 cm. Lorsque c’est possible, il<br />

est avantageux de les disperser et de<br />

varier légèrement leur orientation.<br />

Les préa<strong>la</strong>bles à<br />

l’élevage.<br />

Au printemps, lorsque <strong>la</strong><br />

température le permet, on mettra<br />

une hausse sur les colonies les<br />

plus fortes, sans grille entre<br />

le corps et <strong>la</strong> hausse. Dans<br />

cette hausse juste au-dessus<br />

du couvain, on p<strong>la</strong>cera trois<br />

ou quatre séries de cadrons<br />

f<strong>la</strong>nquées de part et d’autre de<br />

cadres de hausse normaux.<br />

Si, dans le corps de ruche, le<br />

couvain est surmonté d’une<br />

bande de nourriture, il faut<br />

<strong>la</strong> désoperculer. Les abeilles<br />

dép<strong>la</strong>ceront <strong>la</strong> nourriture (ou <strong>la</strong><br />

consommeront), <strong>la</strong> reine y pondra avant de


passer sur les cadres de <strong>la</strong> hausse pour y<br />

continuer sa ponte.<br />

Remarque : pour forcer <strong>la</strong> reine à monter<br />

dans <strong>la</strong> hausse, il est important que <strong>la</strong><br />

p<strong>la</strong>ce disponible dans le corps soit réduite.<br />

En resserrant <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce dans le corps par<br />

l’utilisation de partitions, on favorise<br />

l’extension du couvain aux cadres de<br />

hausse.<br />

Il faudra surveiller l’utilisation des cadrons<br />

par les abeilles. Il est en effet très utile<br />

d’avoir des cadrons contenant de <strong>la</strong><br />

nourriture et principalement du pollen.<br />

Dans certaines hausses, on p<strong>la</strong>cera donc<br />

quelques cadrons sur grille à reine pour y<br />

récolter du nectar et du pollen.<br />

Début de l’élevage.<br />

1. Recours à un élevage naturel.<br />

Si une souche intéressante à multiplier<br />

entre en fièvre d’essaimage, on peut<br />

s’organiser pour utiliser les cellules royales<br />

qu’elle va élever.<br />

Il faut remarquer que les risques de<br />

multiplier des souches essaimeuses sont<br />

importants. Par contre, ces reines sont<br />

élevées à partir d’un œuf et sont souvent<br />

plus vigoureuses que les reines élevées au<br />

départ d’une <strong>la</strong>rve de trois jours (cas des<br />

reines de sauveté).<br />

Dès que ces cellules royales sont<br />

operculées, on p<strong>la</strong>ce des cadrons de<br />

couvain sous grille. Il suffit pour ce<strong>la</strong> de<br />

mettre une grille entre le corps de ruche<br />

et <strong>la</strong> hausse. Attention ! La reine doit être<br />

dans le corps. Le nombre de cadrons à<br />

isoler doit être égal à quatre fois le nombre<br />

de reines en élevage.<br />

La veille de l’éclosion des cellules royales,<br />

on peuple les «Mini Plus» avec deux<br />

cadrons de nourriture et trois cadrons de<br />

Cellules royales en formation ci-dessus<br />

et operculées ci-dessous<br />

mars - avril 2011 • 7


couvain. On y ajoute quelques<br />

abeilles (valeur d’un cadron bien<br />

couvert) provenant d’un cadre<br />

de couvain ouvert pris dans le<br />

corps. Attention de ne pas prendre <strong>la</strong> reine.<br />

Ces abeilles ajoutées sont, pour <strong>la</strong> plus part<br />

d’entre elles, des jeunes abeilles d’intérieur<br />

n’ayant jamais volé. Elles remp<strong>la</strong>ceront les<br />

butineuses se trouvant sur les cadrons et<br />

qui retourneront à leur ruche. On découpe<br />

les cellules royales et on les p<strong>la</strong>ce, au milieu<br />

du couvain dans un bigoudi. Il est prudent<br />

de vérifier s’il n’y a pas de cellules royales<br />

sur les cadrons. Dans ce cas on les détruit.<br />

A <strong>la</strong> naissance de <strong>la</strong> reine, celle-ci sera<br />

nourrie par les abeilles à travers les mailles<br />

du bigoudi. Il est cependant utile de mettre<br />

un tout petit peu de miel ou de candi dans<br />

les logettes de <strong>la</strong> fermeture inférieure du<br />

bigoudi.<br />

La reine doit rester le moins de temps<br />

possible dans le bigoudi. Dès sa naissance,<br />

<strong>la</strong> reine peut être emportée avec son<br />

bigoudi dans une pièce fermée où elle sera<br />

marquée. On <strong>la</strong> remettra dans son nucléi<br />

au moyen de <strong>la</strong> cagette d’introduction<br />

dont l’entrée sera obstruée par un bouchon<br />

de candi. Il n’y a guère de soucis à se faire,<br />

cette opération réussit à quasi 100%.<br />

On peut introduire <strong>la</strong> cellule royale sans<br />

le bigoudi, mais alors il est conseillé de<br />

<strong>la</strong> p<strong>la</strong>cer dans un « protège cellule » afin<br />

d’éviter que les abeilles ne <strong>la</strong> détruisent.<br />

Dans ce cas, <strong>la</strong> reine naît directement dans<br />

le nucléi et est acceptée immédiatement<br />

par les abeilles, mais elle n’est pas marquée.<br />

Ce qui est un inconvénient majeur. Il va<br />

falloir <strong>la</strong> retrouver, <strong>la</strong> capturer avec <strong>la</strong> pince<br />

à reine et <strong>la</strong> marquer. L’usage du bigoudi<br />

simplifie le travail, mais il faut savoir à quel<br />

moment aura lieu <strong>la</strong> naissance et il faut<br />

être disponible pour les opérations de<br />

marquage et de libération de <strong>la</strong> reine.<br />

Pour qui ne dispose pas du temps<br />

nécessaire au bon moment, l’usage du<br />

«protège cellule» ne permet de marquer <strong>la</strong><br />

reine qu’après sa fécondation.<br />

8 • mars - avril 2011<br />

Cellule royale operculée<br />

Remarquons que, dans ce cas, on n’est<br />

jamais certain que cette reine est bien <strong>la</strong><br />

reine de l’élevage.<br />

L’élevage provoqué<br />

L’élevage naturel comme décrit cidessus<br />

présente un certain nombre<br />

d’inconvénients :<br />

• On ne peut choisir ni <strong>la</strong> colonie qui<br />

donnera les cellules royales, ni le<br />

moment où commencera l’élevage, ni le<br />

nombre de cellules royales élevées.<br />

• Il arrive souvent que l’on ne<br />

connaisse pas l’âge des <strong>la</strong>rves (qui sont<br />

généralement d’un âge différent). On ne<br />

sait donc pas à quel moment ces reines<br />

vont naître et à quel moment il faudra<br />

préparer les nucléis de fécondation.<br />

La méthode suivante résout ces problèmes.<br />

Il faut cependant <strong>la</strong> suivre avec rigueur.<br />

La fantaisie n’est pas de mise dans le<br />

domaine de l’élevage des reines.<br />

L’élevage royal ne pourra démarrer que


lorsqu’il y aura un nombre important de<br />

mâles naissant dans les colonies du rucher.<br />

# Au moment choisi pour débuter un<br />

élevage royal, on p<strong>la</strong>ce 2 ou 4 cadrons<br />

assemblés dans le couvain de <strong>la</strong> colonie<br />

choisie pour donner des <strong>la</strong>rves royales. Le<br />

mieux est d’utiliser des cadrons avec cire<br />

gaufrée.<br />

# Les abeilles bâtissent rapidement<br />

ces cadrons et <strong>la</strong> reine y pond. Trois jours<br />

après, on vérifie <strong>la</strong> présence d’œufs dans<br />

les cellules des cadrons. Dès que l’on<br />

trouve des œufs, on vérifie, chaque jour, <strong>la</strong><br />

naissance des <strong>la</strong>rves.<br />

# Le jour de <strong>la</strong> naissance des premières<br />

<strong>la</strong>rves, former un starter.<br />

Le starter<br />

Lorsqu’on veut provoquer un élevage<br />

royal, on doit utiliser un<br />

starter. C’est un groupe<br />

d’abeilles orphelin chargé<br />

de prendre des <strong>la</strong>rves en<br />

élevage royal.<br />

• Pour former un starter<br />

ouvert : (voir schéma page<br />

suivante)<br />

* 6 à 7 jours avant le début de l’élevage,<br />

isoler <strong>la</strong> reine du reste de <strong>la</strong> colonie par<br />

des grilles à reine. L’entrée de <strong>la</strong> ruche<br />

doit se faire par le compartiment de <strong>la</strong><br />

reine.<br />

* au moment d’introduire le cadre<br />

d’élevage, remp<strong>la</strong>cer les grilles par des<br />

panneaux pleins. Il doit y avoir une<br />

entrée côté reine et une autre côté<br />

élevage.<br />

* le lendemain, l’élevage est mis sous<br />

grille. Le cadre d’élevage doit être<br />

entouré de deux cadres de jeune couvain<br />

afin d’attirer les nourrices. Un cadre de<br />

nourriture sépare le couvain de <strong>la</strong> reine<br />

du compartiment d’élevage. L’entrée se<br />

fait par le compartiment d’élevage.<br />

L’usage d’une grille verticale et d’une grille<br />

La fantaisie n’est<br />

pas de mise dans le<br />

domaine de l’élevage<br />

des reines.<br />

horizontale convient bien aux<br />

ruches à cadres haut (Dadant,<br />

Voirnot).<br />

L’usage de <strong>la</strong> grille horizontale<br />

est plus indiqué pour les ruches à cadres<br />

bas (W.B.C., Langstroth ou hausse Dadant<br />

ou Voirnot)<br />

• Pour former un starter fermé :<br />

* Prendre une ruchette (une Mini Plus<br />

convient bien) avec un fond bien aéré<br />

(gril<strong>la</strong>gé, par exemple), fermer l’entrée.<br />

* Introduire un cadre contenant de l’eau<br />

(utiliser un arrosoir muni de sa pomme,<br />

pour mettre de l’eau dans les cellules<br />

d’un cadre vide).<br />

* Introduire un cadre de nourriture<br />

ouverte et un cadre contenant du pollen,<br />

* Mettre momentanément un cadre de<br />

couvain ouvert.<br />

* Brosser, dans <strong>la</strong> ruchette,<br />

les abeilles de trois ou<br />

quatre cadres de couvain<br />

ouvert (ces cadres peuvent<br />

provenir de ruches<br />

différentes). Attention de<br />

ne pas prendre une reine,<br />

* Après chaque brossage,<br />

pulvériser UN PEU d’eau<br />

sur les abeilles.<br />

* Enlever le cadre de couvain, le brosser<br />

et introduire les cadrons assemblés<br />

portant les <strong>la</strong>rves d’un jour.<br />

* Fermer <strong>la</strong> ruchette et <strong>la</strong> mettre dans<br />

un endroit sombre et frais jusqu’au<br />

lendemain. Attention à l’aération.<br />

* Très rapidement, les abeilles vont<br />

prendre un certain nombre de <strong>la</strong>rves en<br />

élevage royal.<br />

Il y a cependant deux problèmes.<br />

Les abeilles élèveront le nombre de <strong>la</strong>rves<br />

qu’elles voudront bien élever.<br />

Les cellules royales ne seront pas<br />

nécessairement mises à l’endroit qui<br />

convient à leur découpe. En effet, ces<br />

cellules peuvent être côte à côte et<br />

soudées ensemble, elles peuvent être<br />

mars - avril 2011 • 9


accolées à l’une des <strong>la</strong>ttes du cadre, elles<br />

peuvent être à l’endroit ou passe un fil de<br />

cadre.<br />

Pour les éviter:<br />

Au moyen d’un bâtonnet (diamètre d’un<br />

crayon), on ouvre un certain nombre de<br />

cellules contenant une <strong>la</strong>rve. Le nombre de<br />

cellules choisies sera nettement supérieur<br />

au nombre de reines souhaité.<br />

On enlève les <strong>la</strong>rves entourant et les<br />

<strong>la</strong>rves se trouvant derrière les cellules ainsi<br />

traitées.<br />

10 • mars - avril 2011 2011<br />

L’emp<strong>la</strong>cement des cellules sera choisi de<br />

manière à ne pas avoir de problèmes de<br />

découpe.<br />

La ruche éleveuse.<br />

Le starter n’est pas une colonie<br />

suffisamment forte pour conduire<br />

correctement un élevage de reines. On<br />

obtiendrait de petites cellules royales et,<br />

par conséquent, de petites reines. L’élevage


doit se faire en ruche très populeuse et<br />

possédant une reine. Cette ruche (ou ces<br />

ruches) ne doit pas être une ruche spéciale.<br />

Toute ruche forte et dynamique convient.<br />

Élevage en ruche à cadres bas.<br />

L’élevage se fera dans une ruchette p<strong>la</strong>cée<br />

sur <strong>la</strong> hausse à miel. La ruchette contiendra<br />

les <strong>la</strong>rves royales entourées de deux cadres<br />

de couvain ouvert et de deux cadres de<br />

nourriture et de pollen. La hausse à miel<br />

servira à écarter l’élevage du nid à couvain<br />

de <strong>la</strong> reine. Les cadres de couvain peuvent<br />

provenir d’une autre ruche. Ils doivent être<br />

introduits dans <strong>la</strong> ruchette en même temps<br />

que les <strong>la</strong>rves.<br />

Ce serait courir à l’échec de les y introduire<br />

à l’avance.<br />

Élevage en ruche à cadres hauts.<br />

On peut utiliser <strong>la</strong> même technique que<br />

pour l’élevage en ruche à cadres bas, mais<br />

<strong>la</strong> grande dimension des cadres rend<br />

l’opération plus difficile.<br />

1. L’élevage en hausse résout ce<br />

problème en utilisant des cadres<br />

de hausse. Il faudra cependant,<br />

suffisamment de temps avant l’élevage,<br />

mars - avril 2011 • 11


introduire des cadres de hausse<br />

dans le nid à couvain afin d’avoir<br />

du couvain ouvert à mettre dans<br />

<strong>la</strong> ruchette (ou dans <strong>la</strong> hausse)<br />

d’élevage.<br />

2. L’élevage dans le corps est aussi une<br />

possibilité. Dans ce cas une grille à<br />

reine verticale sépare le nid à couvain<br />

contenant l’élevage du nid à couvain<br />

contenant <strong>la</strong> reine. Bien écarter l’élevage<br />

royal de <strong>la</strong> grille en interposant du<br />

couvain.<br />

Découpe des cellules royales et pose des<br />

cagettes de protection.<br />

Dès que les cellules royales<br />

sont operculées, il est<br />

nécessaire de les protéger.<br />

Il se peut en effet qu’une<br />

reine, élevée sur le couvain<br />

à partir d’une <strong>la</strong>rve plus<br />

vieille que les <strong>la</strong>rves de<br />

notre élevage, naisse avant<br />

nos reines. Si nos cellules<br />

royales sont accessibles,<br />

les reines seront tuées. La<br />

découpe des cellules royales<br />

et <strong>la</strong> pose des cagettes de protection<br />

sur les cellules royales doit se faire le<br />

lendemain de l’opercu<strong>la</strong>tion ou <strong>la</strong> veille<br />

de <strong>la</strong> naissance. Entre ces deux dates, les<br />

<strong>la</strong>rves sont très fragiles et le moindre choc<br />

pourrait les détruire. C’est une période où il<br />

ne faut pas toucher au cadre d’élevage sans<br />

d’infinies précautions<br />

Enfin les reines naissent dans ces cagettes<br />

d’où elles seront retirées pour être<br />

introduites dans les nucléis de fécondation.<br />

Le jour même de leur naissance, les jeunes<br />

reines devront être introduites dans des<br />

nucléis de fécondation. Retenons que<br />

l’éleveur devra disposer d’autant de nucléis<br />

qu’il aura de reines naissantes et que cellesci<br />

ne peuvent attendre dans les ruches<br />

d’élevage, sans risques.<br />

12 • mars - avril 2011<br />

Avec le starter fermé.<br />

En cas de besoin,<br />

on peut toujours<br />

renforcer une<br />

colonie éleveuse en<br />

lui apportant des<br />

abeilles d’intérieur<br />

* On découvre une forte colonie dont <strong>la</strong><br />

hausse doit être séparée du corps par<br />

une grille à reine.<br />

* Le starter, sans son fond, est p<strong>la</strong>cé sur<br />

<strong>la</strong> hausse.<br />

* Les cadrons d’élevage sont entourés de<br />

cadres (ou cadrons) de couvain ouvert.<br />

* La ruche et le starter sont refermés.<br />

Avec le starter ouvert proposé ci-dessus.<br />

C’est une seule colonie qui est, en premier<br />

lieu le starter, puis devient l’éleveuse.<br />

Remarque : En cas de<br />

besoin, on peut toujours<br />

renforcer une colonie<br />

éleveuse en lui apportant<br />

des abeilles d’intérieur<br />

par brossage d’un cadre<br />

de couvain ouvert ou en<br />

introduisant du couvain<br />

provenant d’une autre<br />

ruche.<br />

Les deux méthodes<br />

d’élevage, décrites cidessus,<br />

présentent un défaut : il n’est pas<br />

possible de décider du nombre de <strong>la</strong>rves<br />

qui seront prises en élevage royal. Si ce<br />

nombre est insuffisant, il faudra faire un<br />

deuxième élevage.<br />

De plus, il ne faut pas oublier qu’à chaque<br />

stade de l’élevage, il y aura des pertes de<br />

<strong>la</strong>rves, de cellules royales, de reines. Il faut<br />

toujours débuter un élevage royal avec<br />

nettement plus de <strong>la</strong>rves prises en élevage<br />

que le nombre de reines nécessaires.<br />

P. Polus


Zoom sur...<br />

La conservation de l’abeille noire à Chimay<br />

La conservation des races (de toutes<br />

les races) est indispensable en tant<br />

que réservoir génétique pouvant<br />

servir de base de travail pour l’amélioration<br />

et <strong>la</strong> sauvegarde de l’abeille de demain.<br />

Cette base de travail doit être <strong>la</strong> plus<br />

<strong>la</strong>rge possible pour offrir un maximum de<br />

chances de succès. L’abeille Buckfast en est<br />

un exemple : son existence est intimement<br />

liée à l’utilisation rationnelle de <strong>la</strong><br />

biodiversité de l’abeille par le frère Adam !<br />

Mais <strong>la</strong> biodiversité chez l’abeille, c’est aussi<br />

une mine inépuisable de caractéristiques<br />

encore inexploitées et souvent inconnues.<br />

C’est ainsi que de nombreux chercheurs<br />

explorent actuellement <strong>la</strong> biodiversité de<br />

l’abeille dans le cadre de <strong>la</strong> lutte contre<br />

les ma<strong>la</strong>dies en recherchant des gènes de<br />

résistance ou en sélectionnant l’instinct de<br />

nettoyage.<br />

Deux concepts primordiaux sont à prendre<br />

en considération pour bien comprendre<br />

l’importance de <strong>la</strong> conservation des<br />

patrimoines génétiques existants. Le<br />

premier, c’est qu’on ne crée pas de<br />

nouveaux caractères génétiques mais<br />

qu’on est simplement réduit à exploiter<br />

les gènes qui existent déjà dans <strong>la</strong> nature.<br />

Le deuxième, c’est que l’inventaire des<br />

caractéristiques intéressantes de chaque<br />

race n’est pas réalisable «a priori». C’est<br />

ainsi, qu’avant l’apparition de <strong>la</strong> varroase,<br />

personne ne recherchait des mécanismes<br />

de résistance de l’abeille face à cet acarien.<br />

La conservation de <strong>la</strong> biodiversité apparaît<br />

bien comme une assurance pour l’avenir.<br />

On ne sait pas aujourd’hui ce dont on aura<br />

besoin demain. Le principe de précaution<br />

impose donc de conserver un maximum<br />

de ce qui est encore disponible. Dans ce<br />

contexte, il va de soi que des<br />

mesures de conservation des<br />

différentes races d’abeille (et<br />

donc l’abeille noire) doivent<br />

impérativement être prises.<br />

Il n’existe, chez nous, aucune<br />

infrastructure officielle<br />

chargée de <strong>la</strong> conservation<br />

des races d’abeilles. Aussi,<br />

ce sont quelques apiculteurs<br />

qui, sous l’impulsion<br />

d’Hubert Guerriat, <strong>la</strong> prirent<br />

courageusement en main.<br />

mars - avril 2011 • 13


C’est ainsi que naissait, en 1993, un<br />

groupe d’apiculteurs, le groupe Mellifica<br />

qui deviendra l’ASBL Mellifica en 2004,<br />

engagés dans <strong>la</strong> conservation de l’abeille<br />

noire dans <strong>la</strong> région de Chimay.<br />

En <strong>Belgique</strong>, l’abeille noire est l’abeille<br />

indigène, celle qui vit depuis toujours chez<br />

nous et qui fait partie de notre patrimoine<br />

naturel. Mais l’importation d’abeilles de<br />

races différentes a entraîné, petit à petit,<br />

l’apparition d’abeilles croisées qui ont<br />

remp<strong>la</strong>cé l’abeille indigène. Toutefois,<br />

certaines régions ont été re<strong>la</strong>tivement<br />

préservées de ces croisements et le cheptel<br />

<strong>apicole</strong> y a été moins dégradé. C’est le cas<br />

de <strong>la</strong> botte du Hainaut ; comme ce<strong>la</strong> a été<br />

démontré par les études menées en 1998<br />

par Garnery, généticien des popu<strong>la</strong>tions<br />

au CNRS (Gif-sur-Yvette, France). Les<br />

analyses que Garnery a réalisées sur l’ADN<br />

mitochondrial (qui donne des informations<br />

sur <strong>la</strong> lignée maternelle) d’abeilles de cette<br />

région ont montré un taux d’introgression<br />

(taux de pénétration des races «non<br />

noires») qui s’élevait à environ 14 %. Ces<br />

résultats ont donné une base très solide<br />

au travail d’étude, de promotion et de<br />

conservation de l’abeille noire qui avait<br />

débuté dans <strong>la</strong> région de Chimay quelques<br />

années plus tôt.<br />

Sur le terrain, <strong>la</strong> conservation d’une race<br />

d’abeille est très complexe et nécessite<br />

de travailler dans plusieurs directions<br />

simultanément.<br />

> La formation est un formidable outil<br />

de sensibilisation ; elle permet de mener<br />

un travail de fond sur le long terme.<br />

Depuis 1983, un rucher-école fonctionne<br />

à Chimay et les cours qu’Hubert Guerriat y<br />

dispense sont évidemment orientés vers<br />

<strong>la</strong> conservation de l’abeille noire. Durant<br />

14 • mars - avril 2011<br />

sa formation, chaque étudiant reçoit une<br />

colonie d’abeilles noires ; il bénéficie<br />

ensuite d’un suivi, avec notamment <strong>la</strong><br />

fourniture gratuite de cellules royales pour<br />

garder un cheptel de qualité. Depuis plus<br />

de 25 ans, les apiculteurs formés à Chimay<br />

sont donc sensibilisés à <strong>la</strong> problématique<br />

de <strong>la</strong> conservation de l’abeille noire et une<br />

partie non négligeable des apiculteurs de<br />

<strong>la</strong> région sont des anciens étudiants de<br />

l’école d’apiculture.<br />

> L’association a obtenu un statut de<br />

protection sur <strong>la</strong> commune de Chimay<br />

où seule l’utilisation de l’abeille noire y est<br />

autorisée. Cette zone protégée de 200 km 2<br />

a été instaurée en col<strong>la</strong>boration avec tous<br />

les apiculteurs qui y sont présents et bien<br />

entendu avec le pouvoir communal qui a<br />

voté un arrêté de protection.<br />

> Les apiculteurs de <strong>la</strong> région de Chimay<br />

ont reçu des cellules royales d’abeille<br />

noire pour remérer leurs colonies<br />

et en reçoivent encore régulièrement<br />

pour garder un cheptel de qualité. Ces<br />

apiculteurs savent, en outre, qu’ils peuvent<br />

compter sur l’association Mellifica pour<br />

changer une reine (qui serait, par exemple,<br />

trop agressive) ; il s’agit d’éviter que<br />

l’insatisfaction éventuelle liée à l’abeille<br />

noire entraîne certains apiculteurs à migrer<br />

vers une autre race.<br />

> La mise en œuvre d’une station de<br />

fécondation au sein de <strong>la</strong> zone protégée<br />

de Chimay permet aux apiculteurs<br />

«extérieurs» de mener un élevage en race<br />

pure. Cette station n’est pas isolée (comme<br />

une île) et ne permet pas un contrôle total<br />

des mâles présents mais l’association<br />

Mellifica a développé un réseau de ruchers<br />

périphériques qui contiennent des cadres<br />

à mâles et produisent beaucoup de mâles.<br />

Cette saturation de <strong>la</strong> station en mâles


d’abeille noire augmente <strong>la</strong> probabilité<br />

qu’une reine de <strong>la</strong> station s’accouple avec<br />

un de ces mâles.<br />

> L’abeille noire est diffusée le plus<br />

<strong>la</strong>rgement possible auprès des<br />

apiculteurs wallons et du Nord de <strong>la</strong><br />

France. Mais situation paradoxale, alors<br />

que l’abeille noire connaît un regain<br />

d’intérêt et que de nombreuses demandes<br />

de colonies lui parviennent, l’élevage<br />

réalisé par l’association Mellifica ne permet<br />

pas de fournir toutes les reines et les<br />

colonies dont les apiculteurs ont besoin.<br />

> Un programme de sélection est<br />

organisé pour rendre l’abeille noire plus<br />

conforme aux attentes des apiculteurs<br />

d’aujourd’hui, puisque pour conserver<br />

l’abeille noire, il faut que des apiculteurs<br />

l’utilisent. Le programme de sélection mis<br />

en p<strong>la</strong>ce à Chimay vise à développer des<br />

lignées d’abeille noire ayant notamment<br />

une meilleure tenue sur cadres et un<br />

instinct de nettoyage important.<br />

> L’information des apiculteurs sur le<br />

bien-fondé de l’action menée constitue<br />

un axe important. Le site internet «<br />

www.mellifica.be » est, à <strong>la</strong> fois, une<br />

vitrine permanente de toute l’action de<br />

conservation de l’abeille noire menée à<br />

Chimay et, à <strong>la</strong> fois, un outil de<br />

gestion (réservation de reines,<br />

p<strong>la</strong>nning de fréquentation de<br />

<strong>la</strong> station de fécondation de Virelles,<br />

inscription aux cours du rucher-école...) de<br />

l’association. La revue « Mellifica » est le<br />

bulletin de liaison de l’association et publie<br />

des articles traitant essentiellement de<br />

l’abeille noire. Chaque année, une journée<br />

Portes Ouvertes* est organisée à <strong>la</strong> station<br />

de fécondation de Virelles pour répondre<br />

aux questions des apiculteurs intéressés<br />

par l’élevage de l’abeille noire.<br />

En guise de conclusion, je ne peux que tirer<br />

un grand coup de chapeau à tout ce travail<br />

bénévole mené contre « vents et marées »<br />

et je vous invite à aller leur rendre visite, <strong>la</strong><br />

saison prochaine, à Virelles.<br />

Informations compilées par Jean-Luc<br />

Strebelle<br />

* Cette année, <strong>la</strong> journée « Portes ouvertes »<br />

de <strong>la</strong> station de fécondation se déroulera le<br />

dimanche 19 juin. Pour entrer gratuitement<br />

sur le site, une invitation est nécessaire et<br />

peut être téléchargée sur www.mellifica.be<br />

quelques jours auparavant.<br />

mars - avril 2011 • 15


16 • mars - avril 2011<br />

Zoom sur <strong>la</strong> dernière demeure de Johann<br />

DZIERZON (1811-1906) à Kluczbork (Silésie, PL)<br />

D’emblée, le visiteur est captivé par<br />

le bruissement et le va-et-vient<br />

des abeilles qui butinent <strong>la</strong> vigne<br />

vierge, un paradis pour elles, en cette fin<br />

de saison.<br />

L’intérieur accueille, sur deux étages, des<br />

expositions qui racontent l’histoire de<br />

l’apiculture dès le 1er siècle avant J.-C. : des<br />

collections impressionnantes d’enfumoirs,<br />

de matériel d’extraction, de couteaux à<br />

désoperculer, de trappes à bourdons, de<br />

grilles à reine, de cages d’introduction,<br />

nourrisseurs, presses, picoteuses, gaufriers,<br />

attrape-essaim... mis en valeur dans des<br />

vitrines ornées de peintures, photos en noir<br />

et b<strong>la</strong>nc et fresques diverses.<br />

Les ruches anciennes de tous les genres<br />

imaginables (en paille, en osier, en tronc<br />

d’arbres, coffres ...) s’éparpillent tant dans <strong>la</strong><br />

maison que dans le jardin à l’arrière et dans<br />

l’allée de l’entrée. L’une d’elles abrite encore<br />

des abeilles. Chaque année, le musée<br />

accueille un concours de ruches troncs<br />

d’arbres sculptées, véritables œuvres<br />

d’art : Saints divers, ours, personnages<br />

folkloriques, moines, guerriers...Un régal<br />

pour les apiculteurs dans ce havre de paix !<br />

Le rez-de-chaussée accueille de<br />

nombreuses lectures <strong>apicole</strong>s, une librairie<br />

théologique, des photographies, des<br />

manuscrits et diverses médailles obtenues<br />

par Dzierzon, considéré comme le père<br />

de l’apiculture moderne. Rappelons<br />

que ce prêtre, fils d’agriculteurs, mit en<br />

évidence, dès 1835, le phénomène de <strong>la</strong><br />

PARTHOGENESE et inventa, entre autres, <strong>la</strong><br />

ruche avec <strong>la</strong>ttes porte-rayon.<br />

Muzeum im.Jana Dzierzona<br />

Ul.Zamkowa, 10<br />

46 200 Kluczbork<br />

(ouvert du mardi au vendredi de 10 h<br />

à 15 h 30 ; dimanche de 10 h à 13 h 30)<br />

A. et J. Vermeylen-Beulens

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