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tnST JEUNE COLOSSE DE SIX ANS Né eu Yougoslavie, le jeune ...

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LE 25 OCTOBRE 1931 iiiiiiiiiiiiiiriiiMîiiiiiiiiiiiiiiniiiiiititiiiijuiiiiinuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii .7 iiiiiiiitiiiMiiiiiiMiiuiiiiiMiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiii DIMANCIÎS-ILLU3TR2 numn<br />

est extraordinaire et détermine bien la mentalité<br />

de ces hommes primitifs, très vaillants,<br />

très solides et, au fond, très couards.<br />

Santos prit: à part <strong>le</strong> chef da ^expédition<br />

— Monsi<strong>eu</strong>r, lui dit-il, vous ne soupçonnez<br />

pas ce que sera la bataillé de demain. A tout<br />

prix, il faut empêcher votre femme de voir<br />

ça. Gardez-la sous <strong>le</strong> bois. N'intervenez pas...<br />

Je suis assez triste d'aill<strong>eu</strong>rs de ne pouvoir en<br />

aire autant aux autres, mais si vous vou<strong>le</strong>z<br />

sauvez la j<strong>eu</strong>ne fil<strong>le</strong> blanche, vous ne serez pas<br />

de trop. Une fois l'attaque déc<strong>le</strong>nchée, <strong>le</strong>s<br />

. Indiens seront ivres de sang. Us ne penseront<br />

plus qu'à une chose : augmenter <strong>le</strong> nombre de<br />

têtes. Us b<strong>le</strong>sseront tout ce qui sera à l<strong>eu</strong>r<br />

portée, et, ne l'oubliez pas, tout b<strong>le</strong>ssé qui ne<br />

p<strong>eu</strong>t fuir est aussitôt décapité sur place, avec<br />

ce qu'on a sous la main, même avec des pierres<br />

aiguës.<br />

— C'est horrib<strong>le</strong>. Et nous ne permettrons<br />

pas...<br />

: — Si... Justement... Il faudra permettre.<br />

Nous immiscer à ce moment dans l<strong>eu</strong>r réjouissance,<br />

ce serait être massacrés aussitôt. Je<br />

vous <strong>le</strong> dis, ils seront déments. Et n'oubliez pas<br />

qu'ils ont l<strong>eu</strong>rs flèches empoisonnées.<br />

Edmond hocha la tête.<br />

— Nous... Des civilisés...<br />

— Monsi<strong>eu</strong>r, rappe<strong>le</strong>z-vous la fazenda B<strong>le</strong>ntao.<br />

Rappe<strong>le</strong>z-vous ce que doit avoir souffert<br />

la j<strong>eu</strong>ne fil<strong>le</strong>...<br />

Lorsque <strong>le</strong> chef, qui avait envoyé des éclair<strong>eu</strong>rs<br />

en avant, décida la halte, il fut interdit<br />

de faire du f<strong>eu</strong>. U fallait se contenter de fruits.<br />

H<strong>eu</strong>r<strong>eu</strong>sement, <strong>le</strong>s bananes croissaient à proximité.<br />

Santos fit pendre lés hamacs à une distance<br />

de la tribu plus grande qu'à l'ordinaire. Il<br />

avait surpris certains regards et n'avait déjà<br />

plus qu'une demi-confiance dans ses alliés.<br />

L'absence de foyer nécessitait une garde très<br />

sévère. U fut convenu que <strong>le</strong>s hommes se divi-<br />

El<strong>le</strong> sortit sans mot dire. El<strong>le</strong> pl<strong>eu</strong>rait, serrait<br />

<strong>le</strong>s mains convulsivement. El<strong>le</strong> tremblait<br />

de tout son être. Dehors, Auguste la détourna<br />

de l'horrib<strong>le</strong> spectac<strong>le</strong>. Santos la quittait pour<br />

prendre dans la « malocca » la farine de manioc<br />

et des fruits. Maurice regardait cel<strong>le</strong> qu'ils<br />

venaient de sauver. Les chev<strong>eu</strong>x épars sur <strong>le</strong>s<br />

épau'es, l'air hagard, el<strong>le</strong> était pointant encore<br />

bel<strong>le</strong>, admirab<strong>le</strong>ment bel<strong>le</strong>. Ses grands y<strong>eu</strong>x<br />

offraient la douc<strong>eu</strong>r, mais non sans énergie.<br />

Sa bouche petite avait un dessin pur. Manoela<br />

était de cel<strong>le</strong>s qu'on p<strong>eu</strong>t aimer jusqu'à la<br />

mort.<br />

Quant à ses vêtements, ce n'étaient qu'un<br />

chiffon, une loque, des lambeaux.<br />

— Al<strong>le</strong>z vite chez Edmond et sa femme, dit<br />

Auguste. D faut que je reste près de Santos.<br />

Les Indiens interrompaient l<strong>eu</strong>r ignob<strong>le</strong><br />

besogne pour regarder passer cette femme, et<br />

dans l<strong>eu</strong>rs yëux luisaient des sentiments qui<br />

inc'taient Maurice à la- plus grande circonspection.<br />

Mais quand <strong>le</strong> groupe <strong>eu</strong>t disparu sous <strong>le</strong>s<br />

arbres, ils se remirent aux apprêts de la fête,<br />

c'est-à-dire à décapiter l<strong>eu</strong>rs victimes. Des<br />

râ<strong>le</strong>s. Des hur<strong>le</strong>ments d'agonie. Rien ne <strong>le</strong>s<br />

émouvait. Us coupaient. Les cris se tairaient<br />

— Le tiraill<strong>eu</strong>r qui reparaît, dit-il. Je plains<br />

<strong>le</strong> bandit qui tombera dans ses mains.<br />

— Pl<strong>eu</strong>rez, disait doucement Adine à la<br />

j<strong>eu</strong>ne fil<strong>le</strong>. Tout ce que vous nous diriez, ce<br />

sont. vos larmes qui nous <strong>le</strong> disent. Pl<strong>eu</strong>rez<br />

longtemps. Après, vous serez si h<strong>eu</strong>r<strong>eu</strong>se...<br />

Auguste défaisait <strong>le</strong> paquet de vêtements<br />

qu'on avait réservés à la prisonnière. Adine<br />

emmena sa nouvel<strong>le</strong> amie a quelques mètres.<br />

Au; bout de dix pas, la végétation de la forêt<br />

fermait jalousement une chambre. On était<br />

aussi tranquil<strong>le</strong> que dans un appartement du<br />

Ritz Carlton de New-York, à part <strong>le</strong>s serpents,<br />

<strong>le</strong>s araignées écrevisses et autres agréments<br />

de la forêt.<br />

Un quart d'h<strong>eu</strong>re plus tard, reparaissait,<br />

souriante, une admirab<strong>le</strong> j<strong>eu</strong>ne fil<strong>le</strong>, en costume<br />

d'exploratrice. Et el<strong>le</strong> tenait à la main<br />

un bon pisto<strong>le</strong>t automatique.<br />

Tout a coup, une idée vint à Maurice.<br />

Nous sommes flambés. Les Indiens ont<br />

dû trouver dans <strong>le</strong>s « maloccas » <strong>le</strong>s fusils volés<br />

chez mademoisel<strong>le</strong>.<br />

Santos sourit d'un air entendu avec Auguste.<br />

— Pas moyen de <strong>le</strong>s empêcher de prendre<br />

<strong>le</strong> butin, dit-if, et <strong>le</strong>s fusils sont maintenant ce<br />

qui <strong>le</strong>s tente <strong>le</strong> plus, mais nous avons fait <strong>le</strong><br />

disaient toute l<strong>eu</strong>r reconnaissance, et ce<br />

regard lui était très doux. Il avait, lui. envia,<br />

non de pl<strong>eu</strong>rer, mais de crier joy<strong>eu</strong>sement. U<br />

trouvait l'aventure admirab<strong>le</strong>, et la réussite<br />

de l<strong>eu</strong>r premier plan ne faisait-il pas augurer<br />

sp<strong>le</strong>ndidement du second ?"... Demain, ils se<br />

remettraient en route vers l<strong>eu</strong>r père...<br />

— Car nous partons demain, n'est-ce pas ?<br />

demanda t-il.<br />

— Ce soir même, si nous <strong>le</strong> pouvions, mais<br />

ce sera impossib<strong>le</strong>. Nos alliés se mettraient<br />

à notre poursuite, et dans la forêt ils sont si<br />

habi<strong>le</strong>s, si forts, qu'avec l<strong>eu</strong>rs sarbacanes, et<br />

malgré nos fusils, c'est nous qui écoperions...<br />

« Or, nous avons vu ce que signifie, sous<br />

cette latitude, <strong>le</strong> verbe écoper. »<br />

— U faut donc attendre. J'irai p<strong>eu</strong>t-ê'.re à<br />

la fête. Vous <strong>le</strong>s tiendrez sous vos fusils. Demain<br />

matin, au plus tard, il faudra, je pense,<br />

l<strong>eu</strong>r infliger une <strong>le</strong>çon. U ne sera pas mauvais<br />

d'aill<strong>eu</strong>rs qu'après l<strong>eu</strong>r fuite, <strong>le</strong>s habitants du<br />

village trouvent chez <strong>eu</strong>x quelques cadavres de<br />

l<strong>eu</strong>rs ennemis. Cela nous évitera sans doute<br />

des représail<strong>le</strong>s.<br />

Santos revenait près d'<strong>eu</strong>x.<br />

— Les «ubas» sont au sud du village,d ; .t-il.<br />

Venez. Nous monterons chacun dans une<br />

embarcation. C<strong>eu</strong>x qui ne savent pas <strong>le</strong>s<br />

manier se cramponneront à cel<strong>le</strong>s de M. Maurice<br />

et à la mienne. U manque une « uba » pour<br />

tous. Mademoisel<strong>le</strong> devra monter dans cel<strong>le</strong><br />

d'Omar.<br />

Justement, celui-ci reparaissait. U était<br />

joy<strong>eu</strong>x et gloussait ses « youyou » nationaux.<br />

— D'où viens-tu ? lui jeta Auguste.<br />

— J'ti ai crivi mie crapi<strong>le</strong>, répondit placidement<br />

l'Arabe. Y en avait pas bon. Alors,<br />

kif kif dans <strong>le</strong>s tranchées, ti comprends...<br />

seraient en d<strong>eu</strong>x rô<strong>le</strong>s. Auguste et Santos,<br />

mis <strong>le</strong>s trois autres, moins expérimentés que<br />

Îe Brésilien.<br />

— On ne sait jamais, répétait celui-ci. J'ai<br />

vu tant de coups de traîtrise chez <strong>le</strong>s Indiens<br />

de l'Amazone.<br />

Le chef indien ressentait une joie sans mélange.<br />

Les rapports de ses hommes lui signalaient<br />

la parfaite sécurité du village. On ne<br />

B'y gardait pas.<br />

La nuit parut horrib<strong>le</strong>ment longue aux<br />

blancs. Nul ne dormit. El<strong>le</strong> se passa toutefois<br />

sans incidents. Les alliés n'essayèrent pas de<br />

troub<strong>le</strong>r <strong>le</strong> repos.<br />

Mais <strong>le</strong> matin, de nouveau, Santos et Auguste<br />

surprirent des regards qui l<strong>eu</strong>r donnèrent<br />

a réfléchir.<br />

— Après la victoire, dit <strong>le</strong> Brésilien, nous<br />

aurons mail<strong>le</strong> à partir avec ces chers amis...<br />

Le jour filtrait a travers <strong>le</strong>s cimes des arbres.<br />

Le chef vint avertir <strong>le</strong>s hommes que <strong>le</strong> moment<br />

approchait. Il demanda aux blancs de marcher<br />

derrière, car l<strong>eu</strong>rs souliers, en faisant craquer<br />

une branche, pourraient domier l'éveil. Santos<br />

lui rappela la promesse de ne pas toucher à la<br />

j<strong>eu</strong>ne femme prisonnière et lui fit donner<br />

l'ordre à ses guerriers de ne pas la b<strong>le</strong>sser.<br />

Il attendit donc trois minutes, que <strong>le</strong> gros<br />

se fût mis èh marche. Us étaient une centaine,<br />

et-l<strong>eu</strong>rs pieds ne produisirent pas <strong>le</strong> moindre<br />

bruit.<br />

— Us sont extraordinaires, vraiment, dit<br />

Santos à voix basse. Us ont des défauts horrib<strong>le</strong>s,<br />

mais c'est la vie sauvage qui <strong>le</strong>s y<br />

force. Si nous vivions ici, nous l<strong>eu</strong>r ressemb<strong>le</strong>rions<br />

; nous serions vol<strong>eu</strong>rs, assassins, sans<br />

loyauté et sans pitié...<br />

Comme il était convenu, Edmond dem<strong>eu</strong>ra<br />

en arrière, avec sa femme. Chacun avait <strong>le</strong>s<br />

revolvers prêts à tirer.<br />

Santos, lui, avait retiré ses chaussures et<br />

marchait sur <strong>le</strong>s talons du dernier sauvage. U<br />

fut auprès d'<strong>eu</strong>x lorsqu'ils débouchèrent soudain<br />

en p<strong>le</strong>ine lumière, devant une rivière<br />

large de trois cents mètres et quelques huttes — J'ti ai crivi une crapi<strong>le</strong>. Y en avait pas bon. Alors, kif kif dans <strong>le</strong>s tranchées, ti comprends..<br />

misérab<strong>le</strong>s. Uss'étaient élancés en poussant des<br />

cris de guerre. Entre <strong>le</strong>s huttes, des hommes bien, quand la tête serait séparée du tronc... tour des huttes... et nous avons, nous, ramassé<br />

et des femmes vaquaient. Les ennemis furent D'autres pillaient <strong>le</strong>s « maloccas », et tous <strong>le</strong>s tout ce qu'el<strong>le</strong>s pouvaient contenir de poudre<br />

6ur <strong>eu</strong>x avant qu'ils <strong>eu</strong>ssent pu chercher à fuir objets qui avaient été volés chez <strong>le</strong>s B<strong>le</strong>ntao et de cartouches...<br />

ou à saisir une arme. Tous furent abattus, tués passèrent à d'autres vol<strong>eu</strong>rs.<br />

Au même moment, <strong>le</strong> chef apparaissait. Il<br />

ou b<strong>le</strong>ssés, en quelques secondes. Le reste<br />

tenait un fusil de chasse à d<strong>eu</strong>x coups. En<br />

du village était déjà en fuite. Par terre gisaient<br />

vain, il s'efforçait d'en tirer <strong>le</strong> bruit de ton-<br />

une vingtaine de corps, et cette moisson de<br />

nerre qu'il avait entendu.<br />

têtes parut suffisante aux Indiens.<br />

ORSQUE Santos et Auguste revinrent auprès — Pourquoi ? demanda-t-il à Santos.<br />

D'aill<strong>eu</strong>rs, ils en espéraient d'autres.<br />

de l<strong>eu</strong>rs amis, <strong>le</strong> mulâtre fut surpris de — Parce que vous ne possédez pas <strong>le</strong> pou-<br />

— Us ne redoutent pas de retour offensif, L voir <strong>le</strong> chef qui l'attendait.<br />

voir magique, répondit <strong>le</strong> mulâtre.<br />

expliqua Santos à Auguste qui arrivait près — Que nous v<strong>eu</strong>t-il ? questionna Edmond. — Essayez... demanda <strong>le</strong> sauvage.<br />

de lui. Ils ont ici toutes <strong>le</strong>s armes de la tribu. Santos écouta l'explication du sauvage. Santos saisit l'arme, l'examina, se retourna,<br />

Us s'élançaient dans <strong>le</strong> village. Chaque blanc Celui-ci insistait pour que tous <strong>le</strong>s blancs fit quelques signes cabalistiques destinés à<br />

ouvrait une « malocca », inspectait l'intéri<strong>eu</strong>r. Ce prissent part, sans exception, aux danses et cacher qu'il introduisait une cartouche prise<br />

fut Maurice qui découvrit Manoela B<strong>le</strong>ntao. aux rites qui accompagneraient la préparation dans sa ceinture, visa une sorte d'écur<strong>eu</strong>il,<br />

La pauvre j<strong>eu</strong>ne fil<strong>le</strong> se tapissait dans des fêtes.<br />

tira, et la bête tomba de l'arbre.<br />

l'ang<strong>le</strong> <strong>le</strong> plus obscur. El<strong>le</strong> savait que cette — Mes amis ne p<strong>eu</strong>vent pas, répondit <strong>le</strong> — U faut être un p<strong>eu</strong> sorcier, dit-il en<br />

batail<strong>le</strong>, c'était la mort, décapitée vive, ou un Brésilien d'un ton sec. Nous viendrons, parce rendant l'arme au chef. Or, tu ne l'es pas. Ce<br />

autre esclavage.<br />

que nous sommes vos alliés, mais nous ne n'est pas de ma faute.<br />

Le j<strong>eu</strong>ne homme dut lui re<strong>le</strong>ver <strong>le</strong> front, en serons que d<strong>eu</strong>x.<br />

L'Indien lui lança un mauvais regard et s'en<br />

disant :<br />

Le chef essaya toute son éloquence. En fut, en pliant <strong>le</strong>s genoux.<br />

— Sefibrita... Vous êtes sauvée... s'abstenant, ils déplairaient aux gens de sa — Ceci m'amène à vous dire une chose,<br />

Alors, s<strong>eu</strong><strong>le</strong>ment, el<strong>le</strong> osa regarder. El<strong>le</strong> tribu. Us auraient l'air de ne pas <strong>le</strong>s aimer, de reprit <strong>le</strong> guide. Voici des provisions pour rem-<br />

poussa un cri sauvage, un cri de folie. La joie <strong>le</strong>s mépriser.<br />

placer la charge de vêtements qu'on a donnée<br />

était sur <strong>le</strong> point de la tuer.<br />

Ce sauvage ne manquait pas de dia<strong>le</strong>ctique. a M<br />

— Nous avons appris, par hasard, votre — Non. J'ai dit d<strong>eu</strong>x, c'est tout, répondit<br />

enlèvement, dit rapidement Maurice pour <strong>le</strong> guide.<br />

briser la première émotion de la prisonnière. Et il poussa <strong>le</strong> chef vers la clairière.<br />

Nou: nous sommes mis à la poursuite des Manoela était dans <strong>le</strong>s bras d'Adine. La<br />

Indiens... Votre père a été averti par des j<strong>eu</strong>ne fil<strong>le</strong> avait essayé de témoigner à ses sau-<br />

hommes de votre fazenda que nous avons v<strong>eu</strong>rs tout son élan de recomiaissance, son<br />

rencontrés .. U né doit plus s'inquiéter... Et bonh<strong>eu</strong>r infini, mais ses paro<strong>le</strong>s la ramenaient<br />

vous échappez à ces démons.<br />

aux souffrances endurées, et la faisaient trem-<br />

A l'entrée de la «malocca » apparaissaient <strong>le</strong>s b<strong>le</strong>r d'effroi. El<strong>le</strong> s'abîmait dans de nouveaux<br />

autres membres de l'expédition. La pauvre sanglots.<br />

j<strong>eu</strong>ne fil<strong>le</strong> se <strong>le</strong>va. El<strong>le</strong> tendit <strong>le</strong>s bras, ët — C'ti crapi<strong>le</strong>. Y en a bisoin y tuer un,<br />

éclata an sanglots, incapab<strong>le</strong> de prononcer glapit soudain Omar.<br />

une paro<strong>le</strong>.<br />

Et il disparut sous <strong>le</strong>s fourrés, dans la direc-<br />

.— U y a parmi nous uns femme... Venez tion qu'avaient prise <strong>le</strong>s fuyards. ,<br />

près d'el<strong>le</strong>...<br />

1 Auguste haussa <strong>le</strong>s épau<strong>le</strong>s.<br />

l<strong>le</strong> LA petite troupe se mit en marche, obliquant<br />

à gauche, de façon à gagner plus<br />

au sud. Ils parvinrent ainsi à l'extrême<br />

limite de la clairière et de la.plantation. Les<br />

«ubas» gisaient sur <strong>le</strong> sab<strong>le</strong>.<br />

A d<strong>eu</strong>x cents mètres, <strong>le</strong>s sauvages ne s'occupaient<br />

plus d'<strong>eu</strong>x. Ils avaient allumé de grands<br />

f<strong>eu</strong>x, et tout en se gardant, chose rare, ils préparaient<br />

tout pour réduire et momifier <strong>le</strong>s<br />

têtes.<br />

— H<strong>eu</strong>r<strong>eu</strong>sement, ils ne pensent pas à nous,<br />

fit Santos. Pour l'instant, savez-vous ce qu'ils<br />

font ?... Us incisent la peau du crâne, depuis<br />

<strong>le</strong> nez jusqu'au cou. Us la retirent adroitement<br />

de chaque côté, comme une pelure d'orange,<br />

font quelques autres incisions pour l'aider, et<br />

parviennent à en<strong>le</strong>ver la boîte crânienne,<br />

entière, sans qu'il y reste attaché autre chose<br />

que la langue et <strong>le</strong>s y<strong>eu</strong>x.<br />

— Horr<strong>eu</strong>r I...<br />

— Alors, ils vont recoudre <strong>le</strong>s d<strong>eu</strong>x côtés<br />

de la coupure, refermer la tête si bien évidée.<br />

La section du cou va l<strong>eu</strong>r servir s<strong>eu</strong><strong>le</strong>. Car ils<br />

cousent aussi la bouche.<br />

— Passons vite...<br />

Les audaci<strong>eu</strong>x voyag<strong>eu</strong>rs étaient déjà dans<br />

<strong>le</strong>s barques minuscu<strong>le</strong>s. Maurice et Santos<br />

firent traverser <strong>le</strong>s trois cents mètres, tirèrent<br />

<strong>le</strong>s « ubas » sur <strong>le</strong> rivage et commencèrent à établir<br />

<strong>le</strong> camp.<br />

Sur l'autre rive, il y <strong>eu</strong>t alors un remueménage.<br />

Les sauvages avaient d'abord pensé<br />

que <strong>le</strong>s blancs chassaient. Ils ne <strong>le</strong>s soupçonnaient<br />

pas de méfiance.<br />

Le chef s'avança au bord de l'eau et l<strong>eu</strong>r<br />

cria de revenir.<br />

— Non, répondit Santos. Vous avez ce<br />

qu'il vous fallait. Nous aussi. Nous devons<br />

continuer notre route de ce côté. A notre<br />

retour, nous repasserons chez vous, et nous<br />

aurons encore des cadeaux pour tous...<br />

Sans ostentation, <strong>le</strong>s hommes s'étaient<br />

approchés et maniaient l<strong>eu</strong>r fusil. Le chef<br />

comprit que ses alliés se défendraient, et il<br />

n'insista pas. Mais, revenu près de ses guerriers,<br />

il <strong>le</strong>s rassembla et <strong>le</strong> palabre fut long. Us<br />

décidaient l<strong>eu</strong>r plan d'attaque. Il l<strong>eu</strong>r fallait<br />

<strong>le</strong>s têtes de ces hommes et <strong>le</strong>s d<strong>eu</strong>x femmes<br />

vivantes. Us retournèrent enfin à l<strong>eu</strong>rs f<strong>eu</strong>x,<br />

sur <strong>le</strong>squels chauffaient des pots de terre cuite.<br />

De loin, <strong>le</strong>s blancs suivaient l<strong>eu</strong>rs occupations<br />

rituel<strong>le</strong>s. A part, d'autres sauvages commençaient<br />

à chauffer du sab<strong>le</strong> et des pierres plates.<br />

— Us viennent de nous condamner à mort,<br />

disait Santos à ses compagnons assis à ses côtés.<br />

Manoela et Adinè etaietit dem<strong>eu</strong>rées près<br />

des hamacs. El<strong>le</strong>s avaient tant à se dire ; la<br />

femme d'Edmond ne devait-el<strong>le</strong> pas être la<br />

consolatrice ? Ne fallait-il pas rendre à ce<br />

pauvre cœur angoissé <strong>le</strong> calme et la confiance,<br />

fui faire admettre <strong>le</strong> mirac<strong>le</strong>, auquel, par<br />

moments, el<strong>le</strong> ne croyait pas ?...<br />

Maurice et Edmond reclamaient de l<strong>eu</strong>r<br />

guide l 'explication du rite qui s'accomplissait<br />

sous l<strong>eu</strong>rs y<strong>eu</strong>x. Maintenant, <strong>le</strong>s sauvages commençaient<br />

une danse échevelée, autour des<br />

crânes. Le chef vint encore crier que <strong>le</strong>s blancs<br />

devaient venir auprès d'<strong>eu</strong>x, qu'ils l'avaient<br />

promis. Santos, tranquil<strong>le</strong>ment, se dégagea<br />

de cette paro<strong>le</strong>.<br />

Une flèche est trop vite enfoncée dans <strong>le</strong><br />

cœur, dit-il.<br />

B<strong>le</strong>ntao. U ne faut pas moisir ici. Le — Enfin, que font-ils ?<br />

chef, tout à l'h<strong>eu</strong>re, insistait pour que nous Us célèbrent î<strong>eu</strong>r victoire auprès des<br />

prenions part aux fêtes qui vont se dérou<strong>le</strong>r. têtes conquises. Voyez. La danse finit. Ils<br />

Si nous acceptions, nous serions vite tués et prennent <strong>le</strong>s ci ânes et <strong>le</strong>s lancent dans la<br />

décapités. U faut, au contraire, <strong>le</strong>s tenir sous rivière. Us <strong>le</strong>s injurient et l<strong>eu</strong>r souhaitent<br />

la menace de nos armes... Et avoir devant mil<strong>le</strong> morts. C'est à présent que commence<br />

nous une défense naturel<strong>le</strong>. J'ai découvert <strong>le</strong>s <strong>le</strong> plus curi<strong>eu</strong>x. Regardez <strong>le</strong>s hommes qui se<br />

« ubas » des sauvages. El<strong>le</strong>s sont encore à l'eau. tiennent près des marmites. Us surveil<strong>le</strong>nt la<br />

Il faut <strong>le</strong>s prendre, <strong>le</strong>s mener sur l'autre rive. cuisson des têtes. U faut <strong>le</strong>s retirer juste avant<br />

Là s<strong>eu</strong><strong>le</strong>ment, nous aurons une sûreté relative. l'ébuhition, autrement <strong>le</strong>s chev<strong>eu</strong>x tombe-<br />

La position est bonne, semb<strong>le</strong>-t-il, pour orgaraient. Si vous voyiez l'infect bouillon que ça<br />

niser <strong>le</strong> camp. Us ne traverseront pas cette fait... U sort de ces têtes une quantité da<br />

rivière, s'ils ont p<strong>eu</strong>r des piranhas. Dans <strong>le</strong> graisse...<br />

cas contraire...<br />

— Mais après ?<br />

D'instinct, Maurice se mit près de cel<strong>le</strong> qu il (Lire la suite, page 14, f colonne.)<br />

avait sauvée. Les y<strong>eu</strong>x ds la jeûna fil<strong>le</strong> lui

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