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tnST JEUNE COLOSSE DE SIX ANS Né eu Yougoslavie, le jeune ...

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■iiiixiii LE 25 OCTOBRE 1931 ittnmîimrriimiràrHiOTHairiijii iniuuiHiuiiiuiiiinii rmii 5 iiinniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiinitimnMniiiiiiiiimiiiiiunniii DIMANCHE-ILLUSTRÉ<br />

LA gloire loca<strong>le</strong> d'Ango est éclipsée<br />

par cel<strong>le</strong>, plus positive, de son concitoyen<br />

Duquesne. Mais el<strong>le</strong> n'en<br />

subsiste pas moins. Avec l'éloignement<br />

et l'absence de renseignements<br />

précis sur certains points,<br />

3a figure de cet ancêtre de l'armement prend<br />

un aspect légendaire.<br />

Ce fut un armat<strong>eu</strong>r unique, aux temps<br />

héroïques des grands découvr<strong>eu</strong>rs, dont la vie<br />

se présente tel<strong>le</strong> qu'un conte fabul<strong>eu</strong>x tiré<br />

des Mil<strong>le</strong> et une Nuits. Parti de bas, ce bourgeois<br />

maritime s'acquit la familiarité de son<br />

souverain et traita de pair avec <strong>le</strong>s rois. Mais<br />

cette familiarité lui coûta cher, au point de<br />

causer sa ruine et sa mort, succédant à une<br />

extrême opu<strong>le</strong>nce.<br />

Jean Ango vint au monde à Dieppe. Fils<br />

d'armat<strong>eu</strong>r, dans un mili<strong>eu</strong> ultra-maritime,<br />

tout <strong>le</strong> prédestinait à devenir, lui-même, un<br />

cour<strong>eu</strong>r des mers.<br />

Avec l'esprit entreprenant des navigat<strong>eu</strong>rs<br />

normands de cette époque, son père avait été<br />

<strong>le</strong> premier à armer d<strong>eu</strong>x navires pour Terre-<br />

N<strong>eu</strong>ve, où il rêvait de créer une colonie française.<br />

Ils en étaient revenus chargés de pel<strong>le</strong>teries<br />

de val<strong>eu</strong>r. A son retour, <strong>le</strong> capitaine de<br />

l'expédition avait conseillé à son armat<strong>eu</strong>r<br />

de s'en tenir à ce commerce et à la pêche de la<br />

morue. Ce dernier avis ayant été suivi, tel<strong>le</strong><br />

fut l'origine d'une industrie qui dure encore<br />

après plus de quatre sièc<strong>le</strong>s.<br />

Le j<strong>eu</strong>ne Jean était à bonne éco<strong>le</strong>. En outre,<br />

il avait la certitude de ne pas moisir dans <strong>le</strong>s<br />

bas emplois.<br />

Dès son début dans ïa. vie, il navigua donc,<br />

d'abord en qualité d'officier, puis de capitaiEte,<br />

sur <strong>le</strong>s navires paternels. C'est ainsi<br />

qu'il parcourut successivement <strong>le</strong>s côtes de<br />

l'Afrique, puis <strong>le</strong>s grandes Indes.<br />

A trente ans, il succède à son père, qui vient<br />

de mourir. Instruit par l'expérience, ayant<br />

voyagé et s'étant rendu compte sur place,<br />

il se trouve formé, à souhait', pour profiter de<br />

toutes <strong>le</strong>s circonstances favorab<strong>le</strong>s. Aussi<br />

donnera-t-il, à sa maison d'armement, une<br />

■extension que lui-même n'eût osé concevoir<br />

dans ses rêves <strong>le</strong>s plus ambiti<strong>eu</strong>x.<br />

Le 24 juin 1512, Georges II d'Amboise <strong>le</strong><br />

nomme recev<strong>eu</strong>r de son domaine de Dieppe,<br />

de Bouteil<strong>le</strong>s et du Pol<strong>le</strong>t. Non content de<br />

faire du négoce, il arme en course, pour son<br />

propre compte, avec des <strong>le</strong>ttres de marque<br />

qu'il a pu obtenir du roi. Par une coïncidence<br />

curi<strong>eu</strong>se, ces armements auront une répercussion<br />

sur <strong>le</strong>s destinées de son pays. Et voici<br />

comment.<br />

En 1521, Jean H<strong>eu</strong>ry, <strong>le</strong> plus ardent et <strong>le</strong><br />

plus h<strong>eu</strong>r<strong>eu</strong>x de ses capitaines, rencontre trois<br />

caravel<strong>le</strong>s espagno<strong>le</strong>s, dont il s'empare, avec<br />

<strong>le</strong> butin qu'el<strong>le</strong>s contiennent.<br />

Richement chargés, ces navires étaient ,<br />

attendus, avec une vive impatience, par<br />

Char<strong>le</strong>s-Quint, qui comptait sur la val<strong>eu</strong>r de<br />

l<strong>eu</strong>r cargaison pour lui fournir <strong>le</strong>s moyens de<br />

nous faire la guerre.<br />

L'année suivante trouve Jean Ango associé<br />

avec d'autres armat<strong>eu</strong>rs et marchands de la;<br />

côte. Il remplit <strong>le</strong>s fonctions de conseil<strong>le</strong>r de la<br />

vil<strong>le</strong> de Dieppe. Ses affaires ne l'ont pas<br />

empêché d'épouser une jolie femme, d'origine<br />

nob<strong>le</strong>, qui lui a donné une fil<strong>le</strong>.<br />

La j<strong>eu</strong>ne Marie a été baptisée, <strong>le</strong> 28 juil<strong>le</strong>t<br />

1514, dans l'église Saint-Patrice, à Rouen.<br />

Giovanni Verrazano est venu l'entretenir<br />

' d'un voyage de découvertes qui montrerait<br />

un nouveau passage du Nord-Ouest conduisant<br />

en Chine. En 1523, Ango arme quatre<br />

navires, dont il lui confie <strong>le</strong> commandement<br />

pour l'exécution de ce projet séduisant.<br />

E<br />

N 1525, il prépare un autre voyage aux<br />

Indes Orienta<strong>le</strong>s. Déjà la fortune lui est<br />

venue, et avec el<strong>le</strong> l'ambition. Sur <strong>le</strong><br />

quai du port, il entreprend de faire cons<br />

truire une maison de bois dont la sp<strong>le</strong>nd<strong>eu</strong>r<br />

doit éclipser tout ce qui a été fait jusqu'à ce<br />

jour. En mémoire d'un navire de son père,<br />

il l'appel<strong>le</strong>ra la Pensée.<br />

La façade, en bois de chêne sculpté, représente<br />

des sujets tirés, tantôt des fab<strong>le</strong>s<br />

d'Esope, tantôt des combats entre Anglais<br />

et Normands. Les lambris intéri<strong>eu</strong>rs sont en<br />

bois doré. Quant à c<strong>eu</strong>x de sa chambre à<br />

coucher, ils sont, en outre, garnis de lames<br />

d'argent et d'or. Aux murs sont pendus des<br />

tab<strong>le</strong>aux, signés des plus grands maîtres italiens,<br />

tab<strong>le</strong>aux qu'il s'est offert <strong>le</strong> luxe de<br />

disputer au pape lui-même à coups de suren<br />

chères.<br />

Bientôt, cette dem<strong>eu</strong>re princière ne lui<br />

suffira plus. Cest un véritab<strong>le</strong> château qu'il<br />

LES ROM<strong>ANS</strong> <strong>DE</strong> LA VIE<br />

JEAN A N G O<br />

pair G, <strong>DE</strong> 1ÂULI<br />

Pour n'être pas très connu du grand public, Jean Ango nen est pas<br />

moins un très grand navigat<strong>eu</strong>r, égal, en science nautique et en audace,<br />

aux Jacques Cartier ou aux Christophe Colomb. C'est la carrière aventu=<br />

r<strong>eu</strong>se et féconde de cet infatigab<strong>le</strong> cour<strong>eu</strong>r des mers que G. de Raulin<br />

retrace ici pour nos <strong>le</strong>ct<strong>eu</strong>rs.<br />

J<br />

lui faudra pour éta<strong>le</strong>r son luxe et jouir de sa<br />

fortune sans cesse accrue.<br />

A d<strong>eu</strong>x li<strong>eu</strong>es dans l'ouest de Dieppe se<br />

trouvent la terre et <strong>le</strong> manoir en ruines de<br />

Varengevil<strong>le</strong>. En 1528, il <strong>le</strong>s achète à la famil<strong>le</strong><br />

de Longueil, achève de raser <strong>le</strong>s ruines, sur<br />

l'emplacement desquel<strong>le</strong>s ne tarde pas à s'é<strong>le</strong>ver<br />

un manoir n<strong>eu</strong>f, de sty<strong>le</strong> Renaissance.<br />

On raconte qu'au plafond de la sal<strong>le</strong> de<br />

réception étincelaient, sur un fond bl<strong>eu</strong><br />

d'azur, des étoi<strong>le</strong>s d'or massif et un so<strong>le</strong>il de<br />

vrais diamants. Il fallait bien dépenser <strong>le</strong>s<br />

trésors qui continuaient d'affluer dans ses<br />

coffres I<br />

Revenu à Dieppe, Verrazano repart, «n<br />

En réalité, son crédit et sa puissance sur<br />

mer dépassent <strong>le</strong> crédit et la puissance du roi<br />

de France. Ango en a conscience, et l'orgueil<br />

commence à s'emparer de son âme. Semblab<strong>le</strong><br />

à beaucoup de parvenus, il éprouve <strong>le</strong> besoin<br />

impéri<strong>eu</strong>x d'éta<strong>le</strong>r sa richesse.<br />

Précurs<strong>eu</strong>r dans ce genre éga<strong>le</strong>ment, il fait<br />

<strong>le</strong> coup qui, plus tard, réussira si mal à Fouquet<br />

vis-à-vis de Louis XIV : il v<strong>eu</strong>t éblouir<br />

<strong>le</strong> roi. C'est pourquoi, dès qu'il apprend la<br />

prochaine visite de François I er à Dieppe, il<br />

demande à assumer, s<strong>eu</strong>l, <strong>le</strong>s frais de la réception<br />

roya<strong>le</strong>, qu'il promet devoir être fastu<strong>eu</strong>se<br />

à souhait. De pareil<strong>le</strong>s aubaines ne se refusent<br />

pas. Le roi de France devient donc son hôte<br />

JEAN ANGO RECEVANT FRANÇOIS I ER A BORD <strong>DE</strong> SA GALÈRE, d'après une ancienne estampe.<br />

1528, pour un voyage dans l'Amérique du<br />

Sud, avec une nef et d<strong>eu</strong>x galions. Hélas !<br />

au cours d'une relâche, saisi par <strong>le</strong>s Topinambous<br />

du Brésil, il est rôti et mangé devant ses<br />

compagnons impuissants restés à bord.<br />

L'année suivante, Ango arme la Pensée et<br />

<strong>le</strong> Sacre, sous <strong>le</strong> commandement de Jean et<br />

de Raoul Parmentier qu'il envoie à Sumatra.<br />

Les d<strong>eu</strong>x hardis navigat<strong>eu</strong>rs projetaient<br />

d'al<strong>le</strong>r quérir des' épices aux î<strong>le</strong>s Moluques,<br />

mais la mort <strong>le</strong>s surprit, en cours de route,<br />

avant la mise à exécution de l<strong>eu</strong>r projet.<br />

Si notre armat<strong>eu</strong>r ne fait pas de politique,<br />

il y trempe, parfois, indirectement. C'est sur<br />

un de ses navires que <strong>le</strong> duc d'Albany se rend<br />

en Ecosse. Parti de Honn<strong>eu</strong>r, il trompe la<br />

flotte anglaise de surveillance, lui échappe,<br />

et débarque, sans encombre, pour s'y battre.<br />

La maison Ango continue à se développer<br />

dans des proportions que nous avons peine à<br />

concevoir aujourd'hui. C'est une véritab<strong>le</strong><br />

flotte dont el<strong>le</strong> dispose et dont la conduite<br />

absorbe tous <strong>le</strong>s soins de son chef. Qu'on se <strong>le</strong><br />

représente montant, à la fois, des expéditions<br />

de découvertes, des voyages commerciaux<br />

et des croisières de corsaires.<br />

Dans ses magasins viennent s'entasser <strong>le</strong>s<br />

produits des cinq parties du monde. Ils y<br />

voisinent avec des approvisionnements de<br />

poudre, d'armes, de munitions et de vivres<br />

pour <strong>le</strong>s équipages. Son pavillon sillonne <strong>le</strong>s<br />

mers. Ses <strong>le</strong>ttres de change sont négociées,<br />

sur toutes <strong>le</strong>s plages du globe, mi<strong>eu</strong>x que <strong>le</strong><br />

seraient cel<strong>le</strong>s d'un souverain couronné.<br />

à Varengevil<strong>le</strong>, au-dessus de la porte d'entrée<br />

duquel 0 p<strong>eu</strong>t lire, en <strong>le</strong>ttres d'or :<br />

MANOIR D'ANGO<br />

Il y est servi dans de la vaissel<strong>le</strong> d'or et<br />

d'argent, tout comme dans un palais royal.<br />

Dans <strong>le</strong> salon s'opposent d<strong>eu</strong>x grands portraits<br />

à l'hui<strong>le</strong> : <strong>le</strong> sien, un sceptre dans la main<br />

droite, et celui d'Ango, qui tient une bou<strong>le</strong><br />

représentant <strong>le</strong> globe terrestre sillonné par ses<br />

navires.<br />

Après <strong>le</strong> festin, une promenade en mer est<br />

d'autant plus indiquée que <strong>le</strong> temps est<br />

superbe. Six nefs, ornées de brocart, de satin<br />

et de velours, où la pourpre domine, attendent<br />

<strong>le</strong> roi et <strong>le</strong>s seign<strong>eu</strong>rs de sa suite, sous la<br />

conduite d'Ango lui-même.<br />

François I er ne résiste pas au charme de<br />

tant de somptuosité unie à tant de goût. Il est<br />

conquis et ne jure plus que par son « grand<br />

amy Ango », qu'il fait, séance tenante, vicomte<br />

de Dieppe.<br />

Les armes de l'armat<strong>eu</strong>r anobli seront « de<br />

sab<strong>le</strong>, au chef, d'argent, chargé d'un lion marchant<br />

de sab<strong>le</strong>, avec une mo<strong>le</strong>tte d'éperon ». Ce<br />

dernier détail, qui p<strong>eu</strong>t surprendre, a pour<br />

objet de rappe<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s armoiries familia<strong>le</strong>s de<br />

la femme du nouveau vicomte.<br />

Le gouvern<strong>eu</strong>r de la vil<strong>le</strong> et du château<br />

vient de mourir. François confère <strong>le</strong>s d<strong>eu</strong>x<br />

titres vacants à Ango. Puis il s'en va, enchanté<br />

de son séjour. Il se réserve de se servir de<br />

la puissance de son ami l'armat<strong>eu</strong>r.<br />

A quelque temps de là, un navire d'Ango<br />

était capturé par <strong>le</strong>s Portugais et son capitaine,<br />

jeté en prison. L'armat<strong>eu</strong>r s'empresse de<br />

se plaindre à son roi, mais François se trouve<br />

fort gêné, dans <strong>le</strong> moment, pour exiger réparation<br />

de son collègue Jean III de Portugal.<br />

Agacé de ces <strong>le</strong>nt<strong>eu</strong>rs, et ne voulant pas rester<br />

sous <strong>le</strong> coup d'une pareil<strong>le</strong> mortification, Ango<br />

se décide à se faire rendre justice lui-même.<br />

Par ses soins, une flotte de dix gros bateaux<br />

et sept petits est armée en guerre. El<strong>le</strong> cing<strong>le</strong><br />

vers <strong>le</strong> Portugal, s'engage dans <strong>le</strong> Tage et va<br />

s'embosser devant Lisbonne. En tête de mât<br />

flotte un pavillon qui porte <strong>le</strong> nom d'Ango.<br />

La souricière est tendue. Il n'y a plus qu'à<br />

attendre <strong>le</strong> gibier, qui ne manquera pas de<br />

venir s'y faire prendre. Cela ne tarde pas.<br />

Tous <strong>le</strong>s navires revenant des Indes sont<br />

capturés, <strong>le</strong>s uns après <strong>le</strong>s autres. Entre<br />

temps, c<strong>eu</strong>x d'Ango brû<strong>le</strong>nt et pil<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>s<br />

vil<strong>le</strong>s du littoral. C'est un désastre sans précédent<br />

pour la population, qui croit la guerre<br />

déclarée avec la France.<br />

Jean III proteste auprès de François I er .<br />

Il tient <strong>le</strong>s navires d'Ango pour des pirates.<br />

Apprenant qu'ils possèdent des <strong>le</strong>ttres de<br />

marque régulières, il demande qu'el<strong>le</strong>s l<strong>eu</strong>r<br />

soient retirées. De son côté, Char<strong>le</strong>s-Quint<br />

s'entremet en fav<strong>eu</strong>r du roi de Portugal.<br />

François répond que cette affaire ne <strong>le</strong><br />

regarde pas, et qu'il faut s'adresser directement<br />

au vicomte de Dieppe. Voici doue<br />

un simp<strong>le</strong> armat<strong>eu</strong>r aux prises avec d<strong>eu</strong>x rois<br />

et un emper<strong>eu</strong>r ! Comment son cerveau ne<br />

serait-il pas troublé par <strong>le</strong>s fumées del'orgueil?<br />

L<br />

o *><br />

ES ambassad<strong>eu</strong>rs de Jean III viennent<br />

à Dieppe. Il <strong>le</strong>s reçoit à Varengevil<strong>le</strong>,<br />

où il tient à l<strong>eu</strong>r montrer sa puissance.<br />

L'accueil est plutôt rogue. Les négociations<br />

sont pénib<strong>le</strong>s. Fina<strong>le</strong>ment, il transige moyens<br />

nant <strong>le</strong> versement de 60.000 ducats. L'entrée<br />

du Tage redevient libre pour la navigation<br />

portugaise.<br />

En France, <strong>le</strong> trésor royal est vide. Souvent<br />

à court d'argent, <strong>le</strong> roi s'adresse à son « bon<br />

amy », qui lui prête des milHons. Mi<strong>eu</strong>x<br />

encore.<br />

En 1545, <strong>le</strong>s Anglais font une tentative de<br />

débarquement à Boulogne. Pour <strong>le</strong>s punir de<br />

l<strong>eu</strong>r audace, il s'agit de l<strong>eu</strong>r rendre la pareil<strong>le</strong>.<br />

Hélas ! ce n'est pas tout de vouloir armer une<br />

flotte ; pour ce faire, il faut de 1 argent, et<br />

François n'en a pas. Qu'à cela ne tienne.<br />

Ango fournit seize vaisseaux, prêts à combattre.<br />

De plus, il pourvoit à l'entretien des<br />

autres. Le reste de sa fortune y passe. Cette<br />

fois, s'il venait à n'être pas remboursé de ses<br />

énormes avances, ce serait, pour lui, la ruine.<br />

Et c'est ce qui ne va pas tarder à se produire.<br />

En 1547, François I er m<strong>eu</strong>rt. Il ne laisse<br />

que des dettes, qu'Henri II, son success<strong>eu</strong>r,<br />

ne se soucie pas de payer. En même temps<br />

qu'un protect<strong>eu</strong>r intéressé. Jean Ango perd sa<br />

fortune. C'est tout .ce qu'attenda't, pour<br />

l'accab<strong>le</strong>r, la fou<strong>le</strong> des envi<strong>eu</strong>x que lui avaient<br />

suscités ses richesses f abul<strong>eu</strong>ses et son orgueil<br />

croissant.<br />

Un armat<strong>eu</strong>r du nom de Morel, autrefois<br />

associé avec lui, <strong>le</strong> harcè<strong>le</strong> de réclamations»<br />

Dans une réunion, emporté par la colère,<br />

Ango s'oublie jusqu'à <strong>le</strong> gif<strong>le</strong>r. Poussé par la<br />

m<strong>eu</strong>te des envi<strong>eu</strong>x, l'autre lui fait un procès,<br />

en règ<strong>le</strong>ment de comptes jadis acceptés sans<br />

aucune observation. Û finit par avoir gain de<br />

cause.<br />

Le malh<strong>eu</strong>r<strong>eu</strong>x armat<strong>eu</strong>r ne sait où se procurer<br />

<strong>le</strong>s sommes considérab<strong>le</strong>s qu'il est<br />

condamné à payer. Ne pouvant faire face à<br />

de tel<strong>le</strong>s échéances, il est saisi et vendu, ea<br />

1550. L'aimée suivante, usé par <strong>le</strong> travail,<br />

rongé par <strong>le</strong> désespoir, il m<strong>eu</strong>rt à soixante et<br />

onze ans.<br />

En 1694, un Anglais tire, à bou<strong>le</strong>ts rouges,<br />

sur la maison de bois, que <strong>le</strong> f<strong>eu</strong> réduit en<br />

cendres. Depuis lors, un collège de garçons<br />

a été bâti sur son emplacement. Dans l'église<br />

Saint-Jacques, où il fut enterré, au pied de<br />

l'autel de saint Yves, <strong>le</strong>s pas des fidè<strong>le</strong>s ont<br />

effacé l'inscription de sa pierre tomba<strong>le</strong>. H<br />

a fallu la remplacer par une plaque commémora<br />

tive.<br />

Enfin, <strong>le</strong>s débris du manoir de Varengevil<strong>le</strong><br />

ont été transformés en une ferme, et son élégante<br />

tourel<strong>le</strong>, à six étages, en pigeonnier.<br />

C'est dans cette tourel<strong>le</strong> qu'il s'était réfugié,<br />

avec un fidè<strong>le</strong> domestique, et mourut presque<br />

de faim.<br />

De cette puissante maison d'armement, de<br />

cette fortune fabul<strong>eu</strong>se, de cet homme entreprené<br />

nt, il n'est rien resté qu'un nom, rapidement<br />

întré dans la légende.<br />

G. <strong>DE</strong> RAULIN.

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