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DIMANCHE-ILLUSTRÉ .•■•..■."."'"■■■■■■■««"'""""■'"•'•■'■'"•'«"■.'■i miUKiiiiii«««tt>uî 4 .HI.HKUIIUIUHJ IUUUIIU 1I.iiiii..iiHiiii.ii.n..ii..iii.iiinn..ii.iiiii.i LE 25 OCTOBRE 1931 munii, LA SEMAINE QUI VIENT DE S'ÉCOULER 43 e Semaine de l'Année — Reste à courir : 9 semaines EN UN COUP D'ŒIL, LES FAITS IMPORTANTS DE FRANCE... ... lorsque Bébé grandit, ne supprimez pas le lait qui doit rester ta base de sort alimentation. i La Forine Lactée Nestlé contient une forte proportion 'd'exceilent lait riche en vitamines. Donnez donc à Bébé de savoureuses et nourrissantes bouillies bien digestibles de NE* vSfTUE l'olimentidéalde l'enfant \ la Soc. NESTtÊ, 6, ov. Portai.s. Paris, enverra gratis sur demande la brochure du D' Vidal et un échantillon DIMANCHE-ILLUSTRE RÉTRIBUE LES PHOTOGRAPHIES Çl/i LUI SONT ENVOYEES PAR SES LECTEURS LÈS QU'ELLES ONT ÉTÉ PUBLIEES PARIS MEMENTO ig octobre. — Des cérémonies ont eu lieu, place du Tiocadéro, devant le monument élevé à l'amiral comte de Grasse, et à l'église Saint-Roch, pour la commemoration du cent cinquantière anniversaire de la prise de la ville de Yorktown. An cours d'un déjeuner organisé par l'ordre militaire des guerres extérieures des Etats-Unis, le maréchal Lyautey exalte l'amitié francoaméricaine. za octobre. — V. Paul Doumer préside le déjeuner mensuel du syndicat des grands quotidiens régionaux. ÉTRANGER iy octobre. — Sylvestre Matuscha, arrêté à Vienne comme ayant causé la catastrophe de chemins de fer de Bia-Torbaguy, fait des aveux complets. — Ee navire japonais Yonan-Maru coule au large des îles Aléoutiennes, avec quarante hommes d'équipage. ig octobre. — Un coup de grisou ensevelît soixantedix ouvriers dans une mine allemande, à Sodingen (Westphalie). Il y a douze morts et vingt-sept blessés. — Des désordres ont lieu à Vera-Cruz, où les statues d'une église sont enlevées et brûlées. Au cours des bagarres, dix personnes sont tuées. 20 octobre. — Une fillette yougoslave tue son père pendant son sommeil, en présence de ses deux petits frères. — Deux touristes de Lucerne, partis pour franchir la montagne Grassen, n'ont pas reparu. Des colonnes de secours partent à leur recherche et trouvent leurs cadavres dans une crevasse. FAITS DIVERS 17 octobre. —A Xeuilly, près de Namcy r RenéGuérin, quarante-trois ans, tue sa mère à coups de hache. iS octobre. — Près de Saint-Etienne, un maçon, Antoine Martin, tue son frère et brûle le corps de sa victime, avec la complicitéde sa belle-sœur, dont il était l'ami. — Près de Pontarmé, une auto heurte un autocar. Il y a trois morts et sept blessés. — A Courzieu, près de Eyon, une femme de soixantedix ans, M Sophie Kletsch, est trouvée étranglée dans sa cabane. TRIBUNAUX J7 octobre. ■— Condamné à mort par le jury de la Seine, Georges Ganchet, l'assassin du bijoutier de l'avenue Mozart, refuse, malgré les efforts de ses avocats, de signer son pourvoi en cassation ou son recours en grâce; 20 octobre. — Trois escrocs internationaux, qui trafiquaient de faux banknotes, sont jugés : Browert est condamné à trois ans de prison et Statnigross, à deux ans de la même peine. SPORTS 17 octobre. — En hockey sur glace, l'équipe berlinoise bat celle du Stade Français par 5 buts à o. ■— Au cours de la nocturne athlétique organisée par la Eigue de l'Allemagne du Sud à Offenburg, le Français Jean Keller bot l'Allemand Peltzer et gagne le kilomètre en 2' 47". 18 octobre. — Ees grands prix du cinquantenaire de l'U. V. F. sont gagnés : l'épreuve de vitesse sur piste par Faucheux, la course sur route par Paul Le Drogo. — En football, dans le championnat parisien, le Raeing bat le Red Star et conserve la tête du classement, avec le C. A. P. Dans le Nord, Tourcoing est rejoint par l'Olympique Eillpis ; dans le Sud-Est, l'O. G. C. Nice continue à tenir la tête. 20 octobre. — E'équipe de hockey sur glace sélectionnée du Stade et du Racing bat une équipe mixte, Chamonix-Anvers, par 7 buts à 2. ...ET LES GRANDS ÉVÉNEMENTS DU MONDE ENTIER Amérique, New-York, 22 octobre. — Le paquebot " lle-de- Franoe ayant à son bord M. Laval, eot-arrivé. M. Stlmson souhaita la bienvenue au présidant français à son débarquement, ainsi que le Général Pershlng et M. Paul Claudel. A l'Hôtel da Ville, M. Laval Insiste dans son dlaoours, sur ce fait, que la sécurité ne doft pas seulement s'exprimer en formules d'espoir, mal» doit surtout être organisée. Le président- part ensuite pour Washington. Il est reçu par NI Hoover, dont II est l'hôte. Etats-U nie,New-York, 18 octobrs. — Le célèbre inventeur, Thomas Edison, meurt & Weit- Orange. Le génial et modeste savant à l'extraordinaire carrlère, était âgé de 84 ans. 21 octobre. — Los funérailles d'Edison sont célébrées à West- Orange. Une minute d'obscurité est observée à New-York. Etats-Unis, Yorktown ,17 octobre. — Le maréchal Pétaln et le général Pershlng exaltent l'amitié franco-américaine. 19 octobre. — La commémoration du 160* anniversaire de la prise de ta ville de Yorktown a lieu sous I» présidence du président Hoover. Rlchmond, 20 octobre. — Le maréchal Pétaln et les membres de la délégation française sont solennellement reçus à Rlchmond, où le maréchal fait une évocation saisissante de la vie de Washington. Irlande, Dublin, 17 octobre. — Le 8ènat de l'Etat libre vote, par 41 voix contre 16, le projet de loi autorisant le gouvernement à réprimer les menées contre la sûreté de l'Etat. Maroc, Rabat, 19 octobre. — Un groupa da dissidents tire des coups da feu sur un oamp da tirailleurs marocains, pria da Bou-Malem. Un tirailleur eat tut, 4 autre*, blessés. Espagne, Madrid, 18 octobre. — La Vatican rappelle monseigneur Toteschlnl, nonce apostolique auprès de la Rèpubllque espagnole. •■■/- Allemagne, Berlin, 10 octobre. — Les représentants de la Ville de Parla sont solennellement reçus à Berlin. Dans son discours, M. François Latour préconise une collaboration économique des deux peuples. Allemagne, Berlin, 18 octobre. — Après un discours décisif, le ohanceller BrUnlng l'emporte au Rslchatag, par 25 voix Indochine, Saigon,17 octobre. — IW. Paul Reynaud, mïnlstrs des Colonies, arrive à Saïgon, et adresse un message radio ■ phoné au peupla Indochinois. Suisse, Genève, 16 octobre.— Malgré l'opposition juridique du Japon, M. Prentlea Qllbart participe aux délibérations du oonaell tendant à résoudra le conflit slno-Japonats 17 octobre. — L* conseil de la S. D. N. décida d* rappeler le Japon et la Chine aux engagements du pacte Kellog. Dee notes sont adressées & Toklo et à Nankin dana ce sens.
■iiiixiii LE 25 OCTOBRE 1931 ittnmîimrriimiràrHiOTHairiijii iniuuiHiuiiiuiiiinii rmii 5 iiinniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiinitimnMniiiiiiiiimiiiiiunniii DIMANCHE-ILLUSTRÉ LA gloire locale d'Ango est éclipsée par celle, plus positive, de son concitoyen Duquesne. Mais elle n'en subsiste pas moins. Avec l'éloignement et l'absence de renseignements précis sur certains points, 3a figure de cet ancêtre de l'armement prend un aspect légendaire. Ce fut un armateur unique, aux temps héroïques des grands découvreurs, dont la vie se présente telle qu'un conte fabuleux tiré des Mille et une Nuits. Parti de bas, ce bourgeois maritime s'acquit la familiarité de son souverain et traita de pair avec les rois. Mais cette familiarité lui coûta cher, au point de causer sa ruine et sa mort, succédant à une extrême opulence. Jean Ango vint au monde à Dieppe. Fils d'armateur, dans un milieu ultra-maritime, tout le prédestinait à devenir, lui-même, un coureur des mers. Avec l'esprit entreprenant des navigateurs normands de cette époque, son père avait été le premier à armer deux navires pour Terre- Neuve, où il rêvait de créer une colonie française. Ils en étaient revenus chargés de pelleteries de valeur. A son retour, le capitaine de l'expédition avait conseillé à son armateur de s'en tenir à ce commerce et à la pêche de la morue. Ce dernier avis ayant été suivi, telle fut l'origine d'une industrie qui dure encore après plus de quatre siècles. Le jeune Jean était à bonne école. En outre, il avait la certitude de ne pas moisir dans les bas emplois. Dès son début dans ïa. vie, il navigua donc, d'abord en qualité d'officier, puis de capitaiEte, sur les navires paternels. C'est ainsi qu'il parcourut successivement les côtes de l'Afrique, puis les grandes Indes. A trente ans, il succède à son père, qui vient de mourir. Instruit par l'expérience, ayant voyagé et s'étant rendu compte sur place, il se trouve formé, à souhait', pour profiter de toutes les circonstances favorables. Aussi donnera-t-il, à sa maison d'armement, une ■extension que lui-même n'eût osé concevoir dans ses rêves les plus ambitieux. Le 24 juin 1512, Georges II d'Amboise le nomme receveur de son domaine de Dieppe, de Bouteilles et du Pollet. Non content de faire du négoce, il arme en course, pour son propre compte, avec des lettres de marque qu'il a pu obtenir du roi. Par une coïncidence curieuse, ces armements auront une répercussion sur les destinées de son pays. Et voici comment. En 1521, Jean Heury, le plus ardent et le plus heureux de ses capitaines, rencontre trois caravelles espagnoles, dont il s'empare, avec le butin qu'elles contiennent. Richement chargés, ces navires étaient , attendus, avec une vive impatience, par Charles-Quint, qui comptait sur la valeur de leur cargaison pour lui fournir les moyens de nous faire la guerre. L'année suivante trouve Jean Ango associé avec d'autres armateurs et marchands de la; côte. Il remplit les fonctions de conseiller de la ville de Dieppe. Ses affaires ne l'ont pas empêché d'épouser une jolie femme, d'origine noble, qui lui a donné une fille. La jeune Marie a été baptisée, le 28 juillet 1514, dans l'église Saint-Patrice, à Rouen. Giovanni Verrazano est venu l'entretenir ' d'un voyage de découvertes qui montrerait un nouveau passage du Nord-Ouest conduisant en Chine. En 1523, Ango arme quatre navires, dont il lui confie le commandement pour l'exécution de ce projet séduisant. E N 1525, il prépare un autre voyage aux Indes Orientales. Déjà la fortune lui est venue, et avec elle l'ambition. Sur le quai du port, il entreprend de faire cons truire une maison de bois dont la splendeur doit éclipser tout ce qui a été fait jusqu'à ce jour. En mémoire d'un navire de son père, il l'appellera la Pensée. La façade, en bois de chêne sculpté, représente des sujets tirés, tantôt des fables d'Esope, tantôt des combats entre Anglais et Normands. Les lambris intérieurs sont en bois doré. Quant à ceux de sa chambre à coucher, ils sont, en outre, garnis de lames d'argent et d'or. Aux murs sont pendus des tableaux, signés des plus grands maîtres italiens, tableaux qu'il s'est offert le luxe de disputer au pape lui-même à coups de suren chères. Bientôt, cette demeure princière ne lui suffira plus. Cest un véritable château qu'il LES ROMANS DE LA VIE JEAN A N G O pair G, DE 1ÂULI Pour n'être pas très connu du grand public, Jean Ango nen est pas moins un très grand navigateur, égal, en science nautique et en audace, aux Jacques Cartier ou aux Christophe Colomb. C'est la carrière aventu= reuse et féconde de cet infatigable coureur des mers que G. de Raulin retrace ici pour nos lecteurs. J lui faudra pour étaler son luxe et jouir de sa fortune sans cesse accrue. A deux lieues dans l'ouest de Dieppe se trouvent la terre et le manoir en ruines de Varengeville. En 1528, il les achète à la famille de Longueil, achève de raser les ruines, sur l'emplacement desquelles ne tarde pas à s'élever un manoir neuf, de style Renaissance. On raconte qu'au plafond de la salle de réception étincelaient, sur un fond bleu d'azur, des étoiles d'or massif et un soleil de vrais diamants. Il fallait bien dépenser les trésors qui continuaient d'affluer dans ses coffres I Revenu à Dieppe, Verrazano repart, «n En réalité, son crédit et sa puissance sur mer dépassent le crédit et la puissance du roi de France. Ango en a conscience, et l'orgueil commence à s'emparer de son âme. Semblable à beaucoup de parvenus, il éprouve le besoin impérieux d'étaler sa richesse. Précurseur dans ce genre également, il fait le coup qui, plus tard, réussira si mal à Fouquet vis-à-vis de Louis XIV : il veut éblouir le roi. C'est pourquoi, dès qu'il apprend la prochaine visite de François I er à Dieppe, il demande à assumer, seul, les frais de la réception royale, qu'il promet devoir être fastueuse à souhait. De pareilles aubaines ne se refusent pas. Le roi de France devient donc son hôte JEAN ANGO RECEVANT FRANÇOIS I ER A BORD DE SA GALÈRE, d'après une ancienne estampe. 1528, pour un voyage dans l'Amérique du Sud, avec une nef et deux galions. Hélas ! au cours d'une relâche, saisi par les Topinambous du Brésil, il est rôti et mangé devant ses compagnons impuissants restés à bord. L'année suivante, Ango arme la Pensée et le Sacre, sous le commandement de Jean et de Raoul Parmentier qu'il envoie à Sumatra. Les deux hardis navigateurs projetaient d'aller quérir des' épices aux îles Moluques, mais la mort les surprit, en cours de route, avant la mise à exécution de leur projet. Si notre armateur ne fait pas de politique, il y trempe, parfois, indirectement. C'est sur un de ses navires que le duc d'Albany se rend en Ecosse. Parti de Honneur, il trompe la flotte anglaise de surveillance, lui échappe, et débarque, sans encombre, pour s'y battre. La maison Ango continue à se développer dans des proportions que nous avons peine à concevoir aujourd'hui. C'est une véritable flotte dont elle dispose et dont la conduite absorbe tous les soins de son chef. Qu'on se le représente montant, à la fois, des expéditions de découvertes, des voyages commerciaux et des croisières de corsaires. Dans ses magasins viennent s'entasser les produits des cinq parties du monde. Ils y voisinent avec des approvisionnements de poudre, d'armes, de munitions et de vivres pour les équipages. Son pavillon sillonne les mers. Ses lettres de change sont négociées, sur toutes les plages du globe, mieux que le seraient celles d'un souverain couronné. à Varengeville, au-dessus de la porte d'entrée duquel 0 peut lire, en lettres d'or : MANOIR D'ANGO Il y est servi dans de la vaisselle d'or et d'argent, tout comme dans un palais royal. Dans le salon s'opposent deux grands portraits à l'huile : le sien, un sceptre dans la main droite, et celui d'Ango, qui tient une boule représentant le globe terrestre sillonné par ses navires. Après le festin, une promenade en mer est d'autant plus indiquée que le temps est superbe. Six nefs, ornées de brocart, de satin et de velours, où la pourpre domine, attendent le roi et les seigneurs de sa suite, sous la conduite d'Ango lui-même. François I er ne résiste pas au charme de tant de somptuosité unie à tant de goût. Il est conquis et ne jure plus que par son « grand amy Ango », qu'il fait, séance tenante, vicomte de Dieppe. Les armes de l'armateur anobli seront « de sable, au chef, d'argent, chargé d'un lion marchant de sable, avec une molette d'éperon ». Ce dernier détail, qui peut surprendre, a pour objet de rappeler les armoiries familiales de la femme du nouveau vicomte. Le gouverneur de la ville et du château vient de mourir. François confère les deux titres vacants à Ango. Puis il s'en va, enchanté de son séjour. Il se réserve de se servir de la puissance de son ami l'armateur. A quelque temps de là, un navire d'Ango était capturé par les Portugais et son capitaine, jeté en prison. L'armateur s'empresse de se plaindre à son roi, mais François se trouve fort gêné, dans le moment, pour exiger réparation de son collègue Jean III de Portugal. Agacé de ces lenteurs, et ne voulant pas rester sous le coup d'une pareille mortification, Ango se décide à se faire rendre justice lui-même. Par ses soins, une flotte de dix gros bateaux et sept petits est armée en guerre. Elle cingle vers le Portugal, s'engage dans le Tage et va s'embosser devant Lisbonne. En tête de mât flotte un pavillon qui porte le nom d'Ango. La souricière est tendue. Il n'y a plus qu'à attendre le gibier, qui ne manquera pas de venir s'y faire prendre. Cela ne tarde pas. Tous les navires revenant des Indes sont capturés, les uns après les autres. Entre temps, ceux d'Ango brûlent et pillent les villes du littoral. C'est un désastre sans précédent pour la population, qui croit la guerre déclarée avec la France. Jean III proteste auprès de François I er . Il tient les navires d'Ango pour des pirates. Apprenant qu'ils possèdent des lettres de marque régulières, il demande qu'elles leur soient retirées. De son côté, Charles-Quint s'entremet en faveur du roi de Portugal. François répond que cette affaire ne le regarde pas, et qu'il faut s'adresser directement au vicomte de Dieppe. Voici doue un simple armateur aux prises avec deux rois et un empereur ! Comment son cerveau ne serait-il pas troublé par les fumées del'orgueil? L o *> ES ambassadeurs de Jean III viennent à Dieppe. Il les reçoit à Varengeville, où il tient à leur montrer sa puissance. L'accueil est plutôt rogue. Les négociations sont pénibles. Finalement, il transige moyens nant le versement de 60.000 ducats. L'entrée du Tage redevient libre pour la navigation portugaise. En France, le trésor royal est vide. Souvent à court d'argent, le roi s'adresse à son « bon amy », qui lui prête des milHons. Mieux encore. En 1545, les Anglais font une tentative de débarquement à Boulogne. Pour les punir de leur audace, il s'agit de leur rendre la pareille. Hélas ! ce n'est pas tout de vouloir armer une flotte ; pour ce faire, il faut de 1 argent, et François n'en a pas. Qu'à cela ne tienne. Ango fournit seize vaisseaux, prêts à combattre. De plus, il pourvoit à l'entretien des autres. Le reste de sa fortune y passe. Cette fois, s'il venait à n'être pas remboursé de ses énormes avances, ce serait, pour lui, la ruine. Et c'est ce qui ne va pas tarder à se produire. En 1547, François I er meurt. Il ne laisse que des dettes, qu'Henri II, son successeur, ne se soucie pas de payer. En même temps qu'un protecteur intéressé. Jean Ango perd sa fortune. C'est tout .ce qu'attenda't, pour l'accabler, la foule des envieux que lui avaient suscités ses richesses f abuleuses et son orgueil croissant. Un armateur du nom de Morel, autrefois associé avec lui, le harcèle de réclamations» Dans une réunion, emporté par la colère, Ango s'oublie jusqu'à le gifler. Poussé par la meute des envieux, l'autre lui fait un procès, en règlement de comptes jadis acceptés sans aucune observation. Û finit par avoir gain de cause. Le malheureux armateur ne sait où se procurer les sommes considérables qu'il est condamné à payer. Ne pouvant faire face à de telles échéances, il est saisi et vendu, ea 1550. L'aimée suivante, usé par le travail, rongé par le désespoir, il meurt à soixante et onze ans. En 1694, un Anglais tire, à boulets rouges, sur la maison de bois, que le feu réduit en cendres. Depuis lors, un collège de garçons a été bâti sur son emplacement. Dans l'église Saint-Jacques, où il fut enterré, au pied de l'autel de saint Yves, les pas des fidèles ont effacé l'inscription de sa pierre tombale. H a fallu la remplacer par une plaque commémora tive. Enfin, les débris du manoir de Varengeville ont été transformés en une ferme, et son élégante tourelle, à six étages, en pigeonnier. C'est dans cette tourelle qu'il s'était réfugié, avec un fidèle domestique, et mourut presque de faim. De cette puissante maison d'armement, de cette fortune fabuleuse, de cet homme entreprené nt, il n'est rien resté qu'un nom, rapidement întré dans la légende. G. DE RAULIN.
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