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NOUR-EL-EULBAB 299
en certaines circonstances, prêche la douceur à leur égard et veille
à leurs intérêts en condamnant les abus introduits dans le partage
des successions.
Cheïkh Otmane s'attache à détruire, chez les nègres musulmans,
la croyance aux sorciers et la foi en leurs prédictions. Bien que
proscrites par le Koran, les pratiques de sorcellerie sont très répan
dues dans l'Afrique musulmane ; il est vrai que les gens sérieux
les réprouvent, mais cependant beaucoup y
tous y ont recours.
croient et presque
En voulant arracher les noirs à ces superstitions, le Cheïkh, étant
donnés son origine et le milieu où il a vécu, fait preuve d'une haute
intelligence et d'une grande indépendance d'esprit.
On comprend, à l'insistance qu'il met à condamner les pratiques
de sorcellerie et à faire sentir leur inanité et leur désaccord avec la
Loi religieuse, qu'il s'adresse à des peuplades éminemment supers
titieuses et entièrement livrées aux sorciers.
Il apparaît, par suite, que chez les nègres musulmans du Soudan,
si le « griot » a changé de nom, il n'en a pas moins gardé son
caractère et son influence ; que s'il s'appelle maintenant « moudibou »
et maâllamou » (instituteur, maître), s'il se sert du grimoire arabe
et s'il a adopté les invocations et les formules islamiques, son rôle
est resté identique à celui qu'il a chez les païens ; or nous savons,
par les récits des voyageurs, que les « griots » sont la plaie des
pays noirs.
Cheïkh Otmane ne s'adresse pas qu'au peuple et aux ignorants,
il admoneste les savants ou lettrés, les met en garde contre l'osten
tation et leur trace des devoirs étroits envers leurs concitoyens en
général et les membres de leur famille en particulier : c'est par les
lettrés qu'il veut répandre la lumière au Soudan et régénérer le
noir musulman. Enfin, il rappelle l'homme à la dignité et tout en
lui prescrivant le respect aux aînés et aux vieillards, il lui fait
honte de se prosterner dans la poussière par déférence pour ses chefs.
Ce trait mérite d'être signalé, parce que c'est un prince noir qui
parle, parce que c'est le fondateur d'une dynastie qui essaie ainsi
le relèvement de son peuple !
En résumé,
le Nour-el-Eulbab nous montre ce qu'est le Soudan
mnsulman au commencement du XIXe siècle et les progrès que
l'auteur veut lui faire réaliser dans la voie de la civilisation ; en
cela réside tout l'intérêt de l'opuscule du Cheïkh Otmane dan
Foudiou.