Diversité des ignames sauvages et cultivées de Guyane française ...

Diversité des ignames sauvages et cultivées de Guyane française ... Diversité des ignames sauvages et cultivées de Guyane française ...

masters.biologie.ecologie.com
from masters.biologie.ecologie.com More from this publisher
13.07.2013 Views

UNIVERSITE DES SCIENCES ET TECHNIQUES DU LANGUEDOC Master : Biologie, Géosciences, Agroressources, Environnement Spécialité : Ingénierie en Ecologie et Gestion de la Biodiversité Diversité des ignames sauvages et cultivées de Guyane française; Impact de la mise en culture sur leur morphologie et leur teneur en biomolécules par Paule TERES Stage de Master 1 réalisé sous la direction de Laurence PASCAL avec la collaboration avec Philippe Vernier, agronome CIRAD, UR Horticulture avec la collaboration de Lionel Chevelot, chimiste CNRS CENTRE D'ECOLOGIE FONCTIONNELLE ET EVOLUTIVE- UMR 5175 DEPARTEMENT BIOLOGIE DES POPULATIONS EQUIPE COEVOLUTION 1919 Route de Mende, 34293 Montpellier cedex 5 Soutenu le 12 juillet 2006 à Montpellier

UNIVERSITE DES SCIENCES ET TECHNIQUES DU LANGUEDOC<br />

Master : Biologie, Géosciences, Agroressources, Environnement<br />

Spécialité : Ingénierie en Ecologie <strong>et</strong> Gestion <strong>de</strong> la Biodiversité<br />

<strong>Diversité</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>ignames</strong> <strong>sauvages</strong> <strong>et</strong> <strong>cultivées</strong> <strong>de</strong> <strong>Guyane</strong> <strong>française</strong>;<br />

Impact <strong>de</strong> la mise en culture sur leur morphologie <strong>et</strong> leur teneur en<br />

biomolécules<br />

par Paule TERES<br />

Stage <strong>de</strong> Master 1<br />

réalisé sous la direction <strong>de</strong> Laurence PASCAL<br />

avec la collaboration avec Philippe Vernier, agronome CIRAD, UR Horticulture<br />

avec la collaboration <strong>de</strong> Lionel Chevelot, chimiste CNRS<br />

CENTRE D'ECOLOGIE FONCTIONNELLE ET EVOLUTIVE- UMR 5175<br />

DEPARTEMENT BIOLOGIE DES POPULATIONS<br />

EQUIPE COEVOLUTION<br />

1919 Route <strong>de</strong> Men<strong>de</strong>, 34293 Montpellier ce<strong>de</strong>x 5<br />

Soutenu le 12 juill<strong>et</strong> 2006 à Montpellier


Introduction<br />

Matériels <strong>et</strong> Métho<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

1. Milieu d'étu<strong>de</strong><br />

SOMMAIRE<br />

2. Caractérisation <strong>de</strong> la diversité végétale<br />

3. Description morphologique<br />

4. Recherches <strong>de</strong> biomolécules<br />

5. Protection anti-herbivore<br />

Résultats<br />

1. Caractérisation <strong>de</strong> la diversité <strong><strong>de</strong>s</strong> Dioscorea en <strong>Guyane</strong><br />

1.1. Description morphologique<br />

1.2. Description du lieu <strong>de</strong> récolte <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> abattis<br />

1.3. Agrodiversité <strong>de</strong> l'igname<br />

2. Pratiques culturales<br />

2.1. Mo<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> mise en culture<br />

2.2. Critères <strong>de</strong> choix <strong>de</strong> semence<br />

3. Recherches <strong>de</strong> biomolécules<br />

3.1. Dosage du mucilage dans les tubercules<br />

3.2. Dosage <strong><strong>de</strong>s</strong> composés phénoliques dans les feuilles<br />

4. Protection anti-herbivore<br />

4.1. Protection chimique: les composés phénoliques<br />

4.2. Protection biotique: glan<strong><strong>de</strong>s</strong> nectarifères<br />

Discussion<br />

Conclusion<br />

Annexes<br />

Bibliographie


INTRODUCTION


Carte 1: Répartition <strong><strong>de</strong>s</strong> différentes communautés en <strong>Guyane</strong>


Avant d'entamer plus avant l'étu<strong>de</strong> qui va être la nôtre concernant l'igname, il est important<br />

d'exposer ici les composants extérieurs qui influencent notre analyse. En eff<strong>et</strong>, il parait<br />

nécessaire <strong>de</strong> consacrer un bref développement à l'histoire, à l'<strong>et</strong>hnologie ainsi qu'à la<br />

géographie <strong>de</strong> ce département.<br />

Tout d'abord, il faut constater que la <strong>Guyane</strong> offre une diversité culturelle très forte <strong>de</strong><br />

part son histoire. En eff<strong>et</strong>, les premiers occupants <strong>de</strong> la <strong>Guyane</strong> ont été les Amérindiens. Leur<br />

présence en Amazonie pourrait remonter à -6000 <strong>et</strong> -10.000 ans. Leur occupation en <strong>Guyane</strong><br />

semblait être très récente, mais les <strong>de</strong>rnières fouilles archéologiques ont révélé <strong><strong>de</strong>s</strong> vestiges<br />

datant <strong>de</strong> 1265 av. JC sur le site Soyouz. D’ores <strong>et</strong> déjà, il est acquis que <strong>de</strong>ux occupations<br />

humaines distinctes se sont succédées sur ce site durant les 3 000 <strong>de</strong>rnières années (com. pers.<br />

Sylvie Jéremie, directrice INRAP <strong>Guyane</strong>). Le peuple Amérindien n'est pas un peuple<br />

homogène. Il est constitué d'une mosaïque <strong>de</strong> tribus aux coutumes différentes. Ce peuple<br />

est réparti en trois groupes d’origine linguistique différente. Chacun <strong>de</strong> ces groupes possè<strong>de</strong> une<br />

langue qui lui est propre <strong>et</strong> son installation en <strong>Guyane</strong> diffère dans le temps. Le groupe Karib est<br />

constitué <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux communautés distinctes: les Galibis <strong>et</strong> les Wayanas qui se sont installées<br />

<strong>de</strong>puis au moins 1000 ans. Le groupe Arawak, le plus ancien <strong>de</strong> <strong>Guyane</strong> (environ -3000 ans), est<br />

composé d’Arawaks <strong>et</strong> <strong>de</strong> Palikurs, alors que le groupe Tupi guarani comprenant les Wayapis <strong>et</strong><br />

les Emerillons est présent seulement <strong>de</strong>puis 500 ans (Montabo, 2004). Le peuple Amérindien<br />

constitue dans son ensemble aujourd'hui environ 5% <strong>de</strong> la population guyanaise (chiffres INSEE<br />

au 1er janvier 2004).<br />

Au cours <strong>de</strong> l'histoire <strong>de</strong> nombreuses migrations en <strong>Guyane</strong> ont eu lieu (cf. carte1). Tout<br />

d'abord, <strong><strong>de</strong>s</strong> communautés originaires d’Afrique <strong>de</strong> l’Ouest arrivèrent en <strong>Guyane</strong> Hollandaise -<br />

actuel Suriname- dès 1650 lors <strong>de</strong> la traite <strong><strong>de</strong>s</strong> esclaves. De 1765 à 1793, <strong><strong>de</strong>s</strong> rebellions<br />

éclatèrent à l’encontre <strong><strong>de</strong>s</strong> propriétaires esclavagistes <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> groupes d’esclaves firent du<br />

marronnage (marronnage vient du mot espagnol "cimarron" qui signifie "fugitif"). Ils quittèrent<br />

donc les plantations pour se réfugier dans la forêt afin <strong>de</strong> se protéger <strong>de</strong> leurs maîtres. De c<strong>et</strong><br />

événement sont nées les communautés Noirs-marron ou Bushinengué: Saramakas, Djukas,<br />

Paramakas <strong>et</strong> Alukus représentant 6% <strong>de</strong> la population totale guyanaise.<br />

1


Carte 3: Végétation <strong>de</strong> la <strong>Guyane</strong><br />

Source: Gond, CIRAD<br />

Réalisation: ARUAG, 2006<br />

Carte 2: Relief guyanais<br />

Source: DEM SRTM<br />

Réalisation: ARUAG, 2005


Des vagues d'immigrations successives ont ensuite eu lieu provenant du continent asiatique. Ce<br />

sont essentiellement <strong><strong>de</strong>s</strong> populations venant <strong>de</strong> Chine du Sud qui sont arrivées au XIXe siècle,<br />

puis au XXe siècle <strong>et</strong> plus récemment, <strong>de</strong>puis 1977, <strong><strong>de</strong>s</strong> populations Laotiennes représentées par<br />

la communauté montagnar<strong>de</strong> Hmong. Ces communautés représentent respectivement 4% <strong>et</strong> 1%<br />

<strong>de</strong> la population guyanaise.<br />

Une immigration importante <strong>de</strong> créoles <strong>de</strong> la Martinique, arrivés après l'éruption <strong>de</strong> la<br />

Montagne Pelée en 1902, a augmenté la population créole guyanaise qui constitue à ce jour, le<br />

groupe culturel le plus important (38%). Les créoles sont le fruit <strong>de</strong> métissage entre divers<br />

groupes communautaires. Les métropolitains constituent 12% <strong>de</strong> la population. Depuis quelques<br />

décennies, d'autres populations sont venues s'installer en <strong>Guyane</strong> comme les Haïtiens, les<br />

Surinamiens, les Brésiliens, les Libanais. L’ensemble <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières communautés représente<br />

34% <strong>de</strong> la population actuelle.<br />

Nous constatons donc que la <strong>Guyane</strong> présente une gran<strong>de</strong> diversité culturelle. Mais ce<br />

n'est pas la seule richesse <strong>de</strong> ce département. En eff<strong>et</strong>, la <strong>Guyane</strong> est un territoire recouvert pour<br />

les 9/10 e par l'immense forêt amazonienne. Ce département est formé par le socle ancien du<br />

massif <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Guyane</strong>s (cf. carte 2). Ce massif âgé <strong>de</strong> 2,1 milliards d'années est aplani du fait d'une<br />

longue érosion (Delor, 2001).<br />

De ce fait, nous observons <strong>de</strong>ux zones. Une zone basse qui correspond au littoral avec<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> savanes arborées ou noyées <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> lagunes avec mangroves <strong>et</strong> une zone haute, correspondant<br />

à l'intérieur <strong><strong>de</strong>s</strong> terres, couvertes <strong>de</strong> forêt équatoriale humi<strong>de</strong>. Dans c<strong>et</strong>te zone dite haute se<br />

trouve <strong><strong>de</strong>s</strong> massifs <strong>de</strong> collines où les somm<strong>et</strong>s granitiques apparaissent à nu. Ce sont les<br />

inselbergs ou savanes roches. Nous constatons qu'au sein <strong>de</strong> la forêt guyanaise, il existe plusieurs<br />

écosystèmes. Récemment (février-mars 2006) une équipe <strong>de</strong> chercheurs <strong>de</strong> l'UMR AMAP<br />

(Montpellier) a effectué une campagne <strong>de</strong> bioprospection sur le mont d'Arawa (53°21'59'' Ouest,<br />

2°48'59'' Nord) au sud <strong>de</strong> la <strong>Guyane</strong> sur une savane-roche. Ils ont remarqué que la composition<br />

floristique <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te zone forestière était différente <strong>de</strong> celle du littoral (cf.carte 3).<br />

Le littoral guyanais se scin<strong>de</strong> en trois parties, <strong>de</strong> l'Est qui s'étend jusqu'à la frontière du<br />

Brésil à l'Ouest jusqu'à la frontière du Suriname. Ces trois secteurs sont très différents <strong>de</strong> part le<br />

climat, le sol <strong>et</strong> donc la végétation. En eff<strong>et</strong>, <strong>de</strong> St Georges <strong>de</strong> l'Oyapock à Cacao en passant par<br />

Régina, la pluviométrie est maximale avec plus <strong>de</strong> 4000mm d'eau par an, la végétation étant <strong>de</strong><br />

la forêt sur la latérite (terre rouge), <strong>de</strong> Cayenne à Iracoubo en passant par Kourou, la<br />

pluviométrie varie <strong>de</strong> 2750 à 3250mm d'eau par an, la végétation est caractérisée<br />

2


par <strong><strong>de</strong>s</strong> savanes <strong>et</strong> enfin d'Iracoubo à St Laurent du Maroni, la pluviométrie est minimale moins<br />

<strong>de</strong> 2650mm d'eau par an <strong>et</strong> la végétation est très particulière puisqu'il s'agit <strong>de</strong> forêt sur sable<br />

blanc.<br />

L’ensemble <strong>de</strong> ces paramètres, aussi bien culturels qu’environnementaux, a bien<br />

évi<strong>de</strong>mment une influence importante sur l'agriculture qui est elle-même très diversifiée. En<br />

eff<strong>et</strong>, sur les abattis (= zone <strong>de</strong> culture), nous trouvons <strong>de</strong> nombreuses cultures <strong>de</strong> fruits <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

légumes dont <strong><strong>de</strong>s</strong> patates douces (Ipomea batatas), <strong><strong>de</strong>s</strong> dachines (Colocasia esculenta), du<br />

manioc (Manihot spp) <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>ignames</strong> (Dioscorea spp) qui feront l’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong>.<br />

Les <strong>ignames</strong> sont <strong><strong>de</strong>s</strong> monocotylédones herbacées à tiges volubiles appartenant au genre<br />

Dioscorea famille <strong><strong>de</strong>s</strong> Dioscoréacées. Ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> plantes dioïques avec <strong><strong>de</strong>s</strong> feuilles cordiformes,<br />

lancéolées ou trifi<strong><strong>de</strong>s</strong> suivant les espèces. Les inflorescences axillaires sont en grappe. Les<br />

tubercules sont <strong>de</strong> formes <strong>et</strong> <strong>de</strong> tailles variables. Le genre est représenté par plus <strong>de</strong> 600 espèces<br />

dont une dizaine sont couramment <strong>cultivées</strong>. Elles sont rencontrées essentiellement dans les<br />

zones intertropicales. (Degras, 1986)<br />

Depuis leurs découvertes, différentes espèces d'igname ont été domestiquées <strong>de</strong> manière<br />

indépendante dans trois régions du mon<strong>de</strong>: en Asie du Sud, en Afrique <strong>de</strong> l’Ouest <strong>et</strong> en<br />

Amérique tropicale. On ne peut donc pas déterminer un seul centre d’origine <strong>de</strong> domestication<br />

<strong>de</strong> l’igname (Coursey, 1976). Dans ces régions, le tubercule <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>ignames</strong> est toujours<br />

abondamment consommé, car il est riche en produits amylacés (Trèche, 1989) <strong>et</strong> contient <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

vitamines, <strong><strong>de</strong>s</strong> protéines ainsi que <strong><strong>de</strong>s</strong> minéraux <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> fibres.<br />

Il est important <strong>de</strong> signaler que lors <strong><strong>de</strong>s</strong> nombreuses vagues d'immigration en <strong>Guyane</strong>, chacune<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> communautés a introduit ses plantes d'origines. Les communautés originaires d’Afrique <strong>de</strong><br />

l’Ouest ont introduit l'igname africaine du complexe Dioscorea cayennensis-rotundata ainsi que<br />

les pratiques culturales ancestrales d’origine. De même pour les communautés asiatiques qui ont<br />

amené avec elles leurs <strong>ignames</strong> locales, D. alata <strong>et</strong> D. bulbifera. En revanche, l'espèce<br />

américaine, D. trifida, originaire du bassin amazonien (Degras, 1986), est cultivée en Amazonie<br />

par les Amérindiens <strong>de</strong>puis au moins 3000 ans.<br />

A la gran<strong>de</strong> diversité biologique trouvée dans les champs vient s’ajouter une gran<strong>de</strong><br />

diversité <strong>de</strong> pratiques culturales qui complexifie le système igname. En eff<strong>et</strong>, chaque<br />

communauté cultive l’ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong> espèces citées selon ses propres pratiques culturales. De<br />

plus, les peuples <strong>de</strong> forêt itinérants usent encore <strong>de</strong> système <strong>de</strong> récolte d’appoint appelé<br />

protoculture ou paraculture. (Dounias, 1993)<br />

3


Les abattis sont <strong>de</strong> différents types selon l’<strong>et</strong>hnie considérée, il s’agit soit d’une forêt après<br />

un brûlis, soit d’une savane améliorée (apport biologique ou chimique), ou encore d’un jardin <strong>de</strong><br />

case. Chaque pratique culturale influe sur les caractéristiques abiotiques (qualité du sol,<br />

tuteurisation, engrais, arrosage, …) <strong>et</strong> biotiques (par exemple la pression en herbivorie du<br />

champ). Chaque abatti constitue alors autant <strong>de</strong> milieux environnants venant s'ajouter aux<br />

différents milieux existant naturellement en <strong>Guyane</strong>. Chacun <strong>de</strong> ces milieux influe plus ou moins<br />

fortement sur la croissance, le cycle biologique <strong>et</strong> le développement <strong>de</strong> l’igname.<br />

Parmi, les différentes espèces rencontrées, nous nous intéressons plus précisément à<br />

l'espèce américaine D. trifida, espèce endémique du bassin amazonien, sous sa forme sauvage <strong>et</strong><br />

cultivée. Ceci nous perm<strong>et</strong> donc <strong>de</strong> mesurer l'impact <strong>de</strong> la domestication sur c<strong>et</strong>te espèce, à<br />

l'inverse <strong><strong>de</strong>s</strong> étu<strong><strong>de</strong>s</strong> qui ont été menées en Afrique où l'igname cultivée D. rotundata est toujours<br />

domestiquée à partir d’<strong>ignames</strong> <strong>sauvages</strong> qui sont probablement <strong><strong>de</strong>s</strong> hybri<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> plusieurs<br />

espèces <strong>sauvages</strong> D. praehensilis <strong>et</strong> D. abyssinica. (Dumont <strong>et</strong> al, 2005).<br />

Ce modèle reste toutefois très complexe car l'igname présente une plasticité phénotypique<br />

importante <strong>et</strong> semble pouvoir s’adapter rapi<strong>de</strong>ment à la variabilité <strong><strong>de</strong>s</strong> paramètres écologiques<br />

(Zinzou, 1999).<br />

Par ailleurs, il est apparu que plusieurs types <strong>de</strong> défenses peuvent agir indépendamment en<br />

fonction <strong>de</strong> l’environnement (Mad<strong>de</strong>n <strong>et</strong> Young 1992). La protection biotique présente chez le<br />

genre Dioscorea est une relation mutualiste plante-fourmi. Le rôle <strong><strong>de</strong>s</strong> fourmis dans la nature est<br />

fondamental, car elles participent positivement à la dynamique <strong><strong>de</strong>s</strong> écosystèmes en participant,<br />

entre autre, aux cycles biologiques <strong>de</strong> nombreuses plantes (dispersion <strong><strong>de</strong>s</strong> graines, pollinisation,<br />

protection) (Hölldobler & Wilson 1990). Les plantes attirent les fourmis grâce au nectar<br />

extrafloral produit par les nectaires extrafloraux portés par les feuilles. Ils sont présents chez près<br />

<strong>de</strong> 66 familles <strong>de</strong> plante à fleurs plus particulièrement dans les zones tropicales (Koptur 1992).<br />

Cependant, la protection biotique n'est pas la seule. En eff<strong>et</strong>, la protection chimique<br />

occupe aussi une place importante dans la défense <strong>de</strong> la plante. Ce type <strong>de</strong> protection est issu du<br />

métabolisme secondaire par certains composés phénoliques qui sont les tanins con<strong>de</strong>nsés (Heil <strong>et</strong><br />

al., 2002). C<strong>et</strong>te classe <strong>de</strong> molécule est connue pour son eff<strong>et</strong> toxique. (Maicheix, 2005). La<br />

plante m<strong>et</strong> donc en place une protection contre les herbivores qui peut être <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ordres:<br />

biotique <strong>et</strong> chimique, selon les ressources présentes dans le milieu (Coley <strong>et</strong> al., 1985). L’espèce<br />

D. trifida r<strong>et</strong>rouvée sous ses <strong>de</strong>ux formes sauvage <strong>et</strong> cultivée, croissant dans <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

4


Photo 2: Abatti en savane<br />

Hmong <strong>de</strong> Sinnamary<br />

Photo 3: Abatti sur sable blanc<br />

Djuka <strong>de</strong> Javouhey<br />

Photo 1: Abatti sur latérite<br />

Hmong <strong>de</strong> Cacao


environnements aussi variés qu’une savane-roche ou un abatti, montre un grand intérêt pour<br />

étudier l’engagement <strong>de</strong> la plante dans une défense anti-herbivore <strong>de</strong> type biotique ou chimique.<br />

C<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong>, qui constitue une première approche <strong>de</strong> la compréhension <strong>de</strong> ce modèle<br />

complexe, consistera, autant que faire se peut dans le temps <strong>de</strong> stage imparti, à évaluer la<br />

réponse <strong><strong>de</strong>s</strong> plantes aux paramètres culturaux. C<strong>et</strong>te diversité <strong>de</strong> réponse est particulièrement<br />

pertinente à estimer afin d’optimiser le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> culture dans le cadre notamment d’une<br />

production à finalité commerciale. De même, la diversité fonctionnelle, refl<strong>et</strong> d’une diversité<br />

biochimique, détermine <strong><strong>de</strong>s</strong> chimiotypes à l’origine d’une production <strong>de</strong> biomolécules. La<br />

valorisation <strong>de</strong> ces composés à haute valeur ajoutée est soumise aux facteurs qui influencent<br />

leur production, comprenant aussi bien les facteurs environnementaux que les paramètres<br />

culturaux.<br />

Pour mener à bien c<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong>, nous avons choisi <strong>de</strong> tester ces paramètres sur quelques<br />

traits <strong>de</strong> l’igname comme la morphologie, la production <strong>de</strong> composés valorisables (composés<br />

phénoliques <strong>et</strong> mucilage), le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> protection anti-herbivores, l'igname <strong>de</strong> référence étant D.<br />

trifida à son état sauvage <strong>et</strong> cultivé.<br />

5


Carte 4: Découpage du milieu d'étu<strong>de</strong><br />

Questionnaire agronomique <strong>et</strong> <strong>et</strong>hnobotanique:<br />

Préparation du champs<br />

abatti, nouvelle défriche, brûlis<br />

taille <strong>de</strong> l'abatti<br />

orientation plantation (couchant, levant)<br />

type <strong>de</strong> sol<br />

date <strong>de</strong> réalisation<br />

Mise en semence<br />

diversité <strong><strong>de</strong>s</strong> cultivars<br />

préparation (ajout <strong>de</strong> cendre)<br />

partie plantée (tubercule entier, tête, indifférent)<br />

position <strong>de</strong> la semence<br />

choix <strong>de</strong> la semence (quel critère ?)<br />

combien <strong>de</strong> variétés utilisées<br />

préparation du sol (butte, billon, fosse)<br />

estimation du nombre <strong>de</strong> pieds/champs<br />

Entr<strong>et</strong>ien<br />

désherbage (régulier?)<br />

utilisation d'engrais (chimique, naturel)<br />

maladies (traitement?)<br />

tuteurage (naturel, artificiel)<br />

Conservation<br />

technique <strong>de</strong> conservation (coupe <strong><strong>de</strong>s</strong> germes)<br />

lieu <strong>de</strong> conservation (locaux aérés, obscurité...)<br />

brunissement (oui/non)<br />

qualité recherchée<br />

Caractéristiques culinaires<br />

caractéristiques organoleptiques<br />

utilisation (farine, tubercule entier)<br />

couleur <strong>de</strong> la chair à la cuisson<br />

rapidité <strong>de</strong> cuisson<br />

mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> cuisson: épluché (oui/non), rôti, bouilli,<br />

frit, vapeur<br />

conservation (coss<strong>et</strong>te)<br />

Description <strong><strong>de</strong>s</strong> variétés<br />

critères <strong>de</strong> détermination (feuilles, tige, racine,<br />

couleur)<br />

nom vernaculaire, nom latin


1. Milieu d’étu<strong>de</strong><br />

MATERIEL ET METHODES<br />

La <strong>Guyane</strong> se scin<strong>de</strong> en 3 grands secteurs globalement définit selon la qualité du sol, la<br />

pluviométrie <strong>et</strong> la végétation en majeure partie (cf. carte 4). La réalité montre une découpe à<br />

échelle plus fine, qui n’est pas prise en compte dans c<strong>et</strong>te première approche globale.<br />

La pluviométrie est un facteur qui fluctue beaucoup entre les différents secteurs. Le secteur 1 se<br />

défini par une forte pluviométrie, par <strong><strong>de</strong>s</strong> forêts sur latérite (sol rouge <strong>et</strong> aci<strong>de</strong>) <strong>et</strong> par <strong><strong>de</strong>s</strong> cultures<br />

sur brûlis. Le secteur 2 diffère par la pluviométrie moyenne, par un milieu <strong>de</strong> type savane (terre<br />

marron) <strong>et</strong> par <strong><strong>de</strong>s</strong> abattis sur savane. Le secteur 3 est caractérisé par <strong>de</strong> faibles précipitations,<br />

par <strong><strong>de</strong>s</strong> forêts <strong>de</strong> sable blanc <strong>et</strong> par <strong><strong>de</strong>s</strong> cultures sur brûlis.<br />

Nous avons mis en place, avant les visites d'abattis, un questionnaire visant à répondre aux<br />

techniques employées pour préparer le champ, choisir les semences, pour la mise en culture,<br />

pour l'entr<strong>et</strong>ien, la conservation, la récolte <strong>et</strong> pour le choix <strong><strong>de</strong>s</strong> variétés utilisées ainsi que pour<br />

l'aspect culinaire <strong>et</strong> guttural. Le terme abatti est employé pour désigner une parcelle <strong>de</strong> terre<br />

cultivée où différentes espèces végétales ont été plantées toutes mélangées ensemble. La<br />

préparation <strong>de</strong> ce terrain doit passer par trois étapes obligatoires : l’abattage <strong><strong>de</strong>s</strong> arbres <strong>et</strong><br />

arbustes, leur séchage (saison sèche) <strong>et</strong> leur brûlage. On peut donc aussi parler <strong>de</strong> « culture sur<br />

brûlis ».<br />

2. Caractérisation <strong>de</strong> la diversité végétale<br />

Les visites se sont faite sur le littoral d'est en ouest ainsi qu'en forêt. Nous avons<br />

rencontrés différentes communautés comme les Palikurs (3 agriculteurs), les Créoles (2<br />

agriculteurs), les Saramakas (2 agriculteurs), les Haïtiens (5 agriculteurs), les Djukas (3<br />

agriculteurs) <strong>et</strong> les Hmongs (3 agriculteurs). Notre enquête n'est donc pas exhaustive par faute <strong>de</strong><br />

temps. Après chaque visite, une planche d'herbier a été faite pour chaque variété récoltée afin <strong>de</strong><br />

s'assurer du type d'espèce. En eff<strong>et</strong>, toutes nos planches d'herbier ont été comparées avec les<br />

planches <strong>de</strong> référence <strong>de</strong> l'herbier <strong>de</strong> Cayenne.<br />

Une démarche <strong>de</strong> prospection a été également mise en place pour trouver <strong>de</strong> l'igname<br />

sauvage. L'espèce D.trifida a été récoltée en 3 lieux. D'une part, prés <strong>de</strong> St Georges <strong>de</strong> l'Oyapock<br />

(Savane roche 14 juill<strong>et</strong>) <strong>et</strong> dans la réserve <strong><strong>de</strong>s</strong> Nouragues (Savane roche <strong>de</strong> la Crique Casca<strong>de</strong>),<br />

c<strong>et</strong>te espèce a été trouvée dans un écosystème particulier : sur savane roche.<br />

6


Feuille<br />

Forme (cordiforme ou trifi<strong>de</strong>)<br />

Phyllotaxie (alterne, opposée)<br />

Présence pétiole (si oui, couleur? ailes?)<br />

Photo 4: Savane roche 14 juill<strong>et</strong><br />

Principaux caractères morphologiques<br />

Feuille<br />

Enroulement (<strong>de</strong>xtrogyre/lévogyre)<br />

Forme (carrée/ron<strong>de</strong>)<br />

Couleur<br />

Présence d'ailes (si oui, couleur)<br />

Présence d'épines?<br />

Prés <strong>de</strong> St Georges d'Oyapock<br />

Tubercule<br />

Forme<br />

Couleur <strong>de</strong> la chair <strong>et</strong> <strong>de</strong> l'épi<strong>de</strong>rme<br />

Présence ou absence <strong>de</strong> mucilage<br />

Brunissement (oui/non)


La roche est du quartz blanc recouvert <strong>de</strong> lichens crustacés <strong>de</strong> couleur noir-viol<strong>et</strong> (cf. photo4).<br />

Le sol est du humus <strong>de</strong> couleur noire en général très peu profond (<strong>de</strong> 5 cm à 10 cm).<br />

D'autre part, D.trifida a été récoltée en bord <strong>de</strong> route <strong>de</strong> Kaw (PK 1 du dégrad), le milieu n'était<br />

pas <strong>de</strong> la savane roche mais <strong>de</strong> la forêt secondaire sur latérite. Le sol était pentu <strong>et</strong> profond (plus<br />

<strong>de</strong> 20 cm). Les différents pieds se trouvent en milieu ouvert ou sous couvert végétal à l'orée <strong>de</strong> la<br />

forêt. L'ensoleillement est donc très important.<br />

3. Description morphologique<br />

Nos planches d'herbier nous ont permis <strong>de</strong> faire une détermination en suivant les critères<br />

morphologiques défini par le <strong><strong>de</strong>s</strong>criptor <strong>de</strong> IPGRI (International Plant Gen<strong>et</strong>ic Ressources<br />

Institute, 1997). Description <strong>de</strong> la feuille: sa forme (simple ou composée), son limbe<br />

(cordiforme, lancéolée ou trifi<strong>de</strong>), sa phyllotaxie (alterne ou opposée) <strong>et</strong> la présence ou l'absence<br />

<strong>de</strong> pétiole <strong>et</strong> si oui, la couleur <strong>de</strong> celui-ci <strong>et</strong> présence d'ailes.<br />

La tige: son enroulement (<strong>de</strong>xtrogyre –enroulement vers la droite ou lévogyre), sa forme (ron<strong>de</strong><br />

ou carrée), sa couleur, s'il y a présence ou absence d'ailes, <strong>et</strong> si oui la couleur <strong>de</strong> celles-ci <strong>et</strong> la<br />

présence ou l'absence d'épines. Le tubercule où l'on note sa forme, la couleur <strong>de</strong> sa chair <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

son épi<strong>de</strong>rme, la présence ou l'absence <strong>de</strong> mucilage <strong>et</strong> le brunissement qui apparaît après une<br />

coupe. (cf. tableau ci-contre)<br />

4. Recherches <strong>de</strong> biomolécules<br />

4.1. Matériel végétal<br />

Le dosage du mucilage s’effectue sur les tubercules récoltés sur les abattis ou à l'état<br />

sauvage.<br />

Pour le dosage <strong><strong>de</strong>s</strong> composés phénoliques ainsi que pour le dosage du carbone <strong>et</strong> <strong>de</strong> l'azote, ce<br />

sont <strong><strong>de</strong>s</strong> feuilles qui ont été récoltées sur abatti ou en milieu naturel. Des feuilles récoltées à<br />

différents sta<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> croissance sont regroupées dans un même échantillon pour homogénéisation,<br />

séchées <strong>et</strong> broyées. Le broyage perm<strong>et</strong> l’obtention d’une poudre fine <strong>et</strong> homogène.<br />

4.2. Dosage du mucilage dans les tubercules<br />

Le mucilage est un liqui<strong>de</strong> visqueux contenant du sucre <strong>et</strong> <strong>de</strong> la pectine produit par les<br />

<strong>ignames</strong>. C<strong>et</strong>te molécule n'a pas encore été recherchée chez c<strong>et</strong>te plante. Comme première<br />

approche, nous avons voulu observer la quantité présente dans le tubercule suivant les espèces<br />

présentes sur les abattis. Pour quantifier le mucilage présent dans les tubercules d'<strong>ignames</strong>, une<br />

précipitation à l'éthanol est faite, suivi d'une pesée après 24h <strong>et</strong> une après une semaine.<br />

7


Photo 6: Mucilage précipité dans <strong>de</strong> l'éthanol 96%<br />

Photo 5: Différents surnageants<br />

Photo 7: Extrait brut à gauche<br />

Extrait hydrolysé à droite


Nous obtenons ainsi la teneur en mucilage avant <strong>et</strong> après séchage afin <strong>de</strong> tenir compte <strong>de</strong> la<br />

rétention d’eau par ce composé. Nous avons, tout d'abord, pesé les tubercules d'<strong>ignames</strong> puis<br />

broyé dans un mortier avec une pincée <strong>de</strong> sable <strong>de</strong> Fontainebleau <strong>et</strong> 5 ou 10 ml d'eau distillée<br />

suivant le poids <strong><strong>de</strong>s</strong> échantillons. Le broyat est ensuite placé dans un tube à centrifugation. La<br />

centrifugation dure 20 mn à 3800 tours. Le surnageant est récupéré à l'ai<strong>de</strong> d'une pip<strong>et</strong>te. La<br />

précipitation du mucilage a lieu, en m<strong>et</strong>tant en présence dans un tube à hémolyse, 1 ml <strong>de</strong><br />

surnageant pour 3 ml d'éthanol 96%. Le mélange ainsi obtenu est vigoureusement agité, avant<br />

décantation.<br />

Le mucilage est ensuite déposé dans une feuille d'aluminium pesée au préalable. Les feuilles<br />

d'aluminium sont laissées à l'air libre durant une nuit <strong>et</strong> pesées. Nous obtenons le poids du<br />

mucilage <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’eau r<strong>et</strong>enue. Les feuilles d'aluminium sont ensuite mises dans une cloche sous<br />

vi<strong>de</strong> durant une semaine <strong>et</strong> repesées. Ce poids représente le poids réel <strong>de</strong> mucilage contenu dans<br />

le tubercule. Les poids <strong>de</strong> mucilage sont calculés en mg ramenés à la quantité <strong>de</strong> mucilage dans<br />

le tubercule. Les résultats obtenus sont utilisés, dans un premier temps, pour observer le pouvoir<br />

<strong>de</strong> rétention d'eau par le mucilage <strong>et</strong> dans un second temps, pour estimer la teneur relative en<br />

mucilage contenue dans les différents tubercules.<br />

4.3. Dosage <strong><strong>de</strong>s</strong> composés phénoliques dans les feuilles<br />

Pour déterminer le profil phénolique <strong><strong>de</strong>s</strong> feuilles d'igname, nous avons utilisé la technique <strong>de</strong><br />

chromatographie sur couche mince à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> réactifs chimiques. Dans un premier temps, nous<br />

nous sommes intéressé, à une étu<strong>de</strong> chimiotaxonomique <strong>et</strong> dans un second temps, à l'impact <strong>de</strong><br />

la mise en culture en comparant l'espèce D. trifida sauvage <strong>et</strong> cultivée.<br />

o Préparation <strong><strong>de</strong>s</strong> extraits bruts<br />

La préparation <strong><strong>de</strong>s</strong> extraits bruts perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en évi<strong>de</strong>nce les composés phénoliques<br />

présents dans chaque échantillon <strong>et</strong> plus particulièrement les tanins con<strong>de</strong>nsés.<br />

Nous avons pesé les échantillons (50 mg) que nous avons placés dans <strong><strong>de</strong>s</strong> tubes<br />

eppendorf. Puis, les échantillons sont mélangés à 1 ml <strong>de</strong> solution d'extraction (α-Glucolactone<br />

à 10 -4 M; 5-Méthoxyflavone à 10 -4 M; Méthanol 80%) avant <strong>de</strong> passer aux ultrasons pendant 20<br />

mn. Ensuite, les tubes sont centrifugés pendant 5 mn à 13400 tours/mn, pour obtenir les extraits<br />

bruts <strong>de</strong> chaque échantillon.<br />

o Préparation <strong><strong>de</strong>s</strong> extraits hydrolysés<br />

Des extraits hydrolysés sont obtenus par la technique <strong>de</strong> l'hydrolyse aci<strong>de</strong> sur les extraits<br />

bruts. C<strong>et</strong>te hydrolyse perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> scin<strong>de</strong>r <strong><strong>de</strong>s</strong> molécules complexes glycolsylées <strong>et</strong> d'obtenir d'une<br />

part <strong><strong>de</strong>s</strong> sucres, d'autre part <strong><strong>de</strong>s</strong> aglycones comme les flavonols.<br />

250µl <strong>de</strong> chaque extrait brut sont prélevés puis hydrolysés par 500µl d'HCl (2N) dans<br />

8


<strong><strong>de</strong>s</strong> tubes à hémolyses au bain marie à 100°C pendant 20 mn. 500µl d'eau distillée <strong>et</strong> 500µl<br />

d'acétate d'éthyle sont ensuite ajoutés, ce qui perm<strong>et</strong> la formation <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux phases: la phase<br />

supérieure qui est organique <strong>et</strong> concentre les aglycones <strong>et</strong> la phase inférieure qui est aqueuse.<br />

o Préparation <strong><strong>de</strong>s</strong> plaques <strong>de</strong> chromatographie<br />

Au cours <strong><strong>de</strong>s</strong> premiers essais, nous avons pu constater que la concentration <strong><strong>de</strong>s</strong> différents<br />

extraits variait beaucoup. Un dosage spectrophométrique a été effectué afin d'observer<br />

l'absorbance <strong>et</strong> <strong>de</strong> déterminer la quantité <strong>de</strong> matériel à déposer sur plaque <strong>de</strong> cellulose pour<br />

chaque échantillon. (La référence était la catéchine, longueur d'on<strong>de</strong>: 280nm)<br />

Des dépôts <strong>de</strong> 5 à 20µl ont été déposés sur <strong><strong>de</strong>s</strong> plaques <strong>de</strong> cellulose <strong>de</strong> 10x10 cm (Merck).<br />

Par plaque, les extraits bruts <strong>de</strong> 7 échantillons <strong>et</strong> 2 témoins sont déposés: catéchine (10 -4 M), <strong>et</strong><br />

épicatéchine (10 -3 M) <strong>et</strong> pour les extraits hydrolysés 6 échantillons <strong>et</strong> 3 témoins (quercétine (10 -<br />

3 M) <strong>et</strong> kaempférol (10 -3 M), myricétine (10 -4 M). Le solvant utilisé pour la migration est le BEE:<br />

Butanol, Ethanol, Eau (40:20:10).<br />

Pour l'extrait brut, la révélation a été réalisée par vaporisation d'une solution concentrée <strong>de</strong><br />

DMACA. Ce réactif colore <strong><strong>de</strong>s</strong> tanins con<strong>de</strong>nsés <strong>de</strong> couleur différente suivant leur taille: les<br />

polymères en bleu-gris vert, les oligomères en vert bleu <strong>et</strong> les monomères en bleu intense. La<br />

révélation <strong><strong>de</strong>s</strong> composés phénoliques (type flavonols <strong>et</strong> dérivé caféique) a été faite par<br />

vaporisation au réactif <strong>de</strong> Neu pour les extraits hydrolysés. Ce réactif perm<strong>et</strong> d'intensifier la<br />

fluorescence naturelle ou <strong>de</strong> rendre fluorescent un grand nombre <strong>de</strong> composés phénoliques avec<br />

une gamme <strong>de</strong> colorations très diversifiées (les flavonols: fluorescence jaune à orange <strong>et</strong> les<br />

dérivés caféiques: fluorescence bleue).<br />

4.4. Dosage du carbone <strong>et</strong> <strong>de</strong> l'azote dans les feuilles<br />

Afin <strong>de</strong> pouvoir caractériser les différentes espèces étudiées, nous utilisons un analyseur<br />

élémentaire pour analyser <strong>de</strong>ux éléments majeurs constitutifs <strong>de</strong> la matière organique: le carbone<br />

<strong>et</strong> l’azote. Les échantillons analysés sont <strong><strong>de</strong>s</strong> feuilles récoltées sur les abattis en 2006 <strong>et</strong> en 2005.<br />

L’analyse <strong><strong>de</strong>s</strong> végétaux est réalisable avec <strong><strong>de</strong>s</strong> prises d’essai <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 2,5 à 3,5mg. Afin <strong>de</strong><br />

calibrer l'analyseur élémentaire Thermo-Finnigan NC Soil analyzer EA1112, nous utilisons un<br />

échantillon étalon dont nous connaissons la quantité en azote <strong>et</strong> en carbone présents: l'atropine<br />

(C: 70,56% ; N: 4,84%). Nous pesons 4 standards d'atropine. Ensuite, nous pesons une atropine<br />

dite "inconnue" pour vérifier la justesse <strong>de</strong> calibration. Et enfin, nous introduisons tous les dix<br />

échantillons une atropine pour vérifier la justesse <strong>de</strong> l’appareil tout au long <strong>de</strong> l’analyse <strong>et</strong><br />

corriger une éventuelle dérive. Nous déterminons, par la suite, le<br />

9


pourcentage d'azote, <strong>de</strong> carbone présent par mg <strong>de</strong> feuilles séchées pour tous nos échantillons.<br />

L'expression <strong>de</strong> ces résultats est sous la forme d'un rapport: le rapport C/N.<br />

5. Protection anti-herbivore<br />

5.1 Protection chimique: les composés phénoliques<br />

Afin d’estimer l’implication <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>ignames</strong> dans la protection anti herbivores, nous avons<br />

recherchés les tanins dans les feuilles, composés phénoliques connus pour constituer une barrière<br />

chimique vis-à-vis <strong><strong>de</strong>s</strong> herbivores (Macheix, 2005). Les tanins existent sous <strong>de</strong>ux formes:<br />

hydrolysables <strong>et</strong> con<strong>de</strong>nsés. Les tanins hydrolysables sont <strong><strong>de</strong>s</strong> polymères <strong>de</strong> l'aci<strong>de</strong> gallique ou<br />

ellagique <strong>et</strong> les tanins con<strong>de</strong>nsés sont <strong><strong>de</strong>s</strong> oligomères <strong>et</strong> polymères <strong>de</strong> flavonoï<strong><strong>de</strong>s</strong>.<br />

Les tanins ont été mis en évi<strong>de</strong>nce par chromatographie monodimensionnelle <strong>et</strong> révélés<br />

par la suite au DMACA (cf. § 3.3). Afin <strong>de</strong> quantifier les tanins présents dans les échantillons,<br />

un dosage colorimétrique au DMACA a été effectué au spectrophotomètre à une longueur d'on<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> 640 nm. D'après la technique <strong>de</strong> McMurrough&McDowell (1978) <strong>et</strong> Treutter (1989), 100 µl<br />

d'extrait brut <strong>et</strong> 1 ml <strong>de</strong> solution <strong>de</strong> DMACA (0,1% <strong>de</strong> DMACA dans du méthanol-HCl 9:1 v/v)<br />

sont placés dans une cuve. Il faut attendre quelques minutes pour que le complexe coloré se<br />

forme. La lecture d'absorbance se fait par la suite. La référence utilisée est la catéchine (10 -4 M).<br />

C<strong>et</strong>te référence perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> faire une gamme étalon <strong>et</strong> <strong>de</strong> déterminer la concentration en catéchine<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> échantillons.<br />

5.2 Protection biotique: glan<strong><strong>de</strong>s</strong> nectarifères<br />

Nous avons cherché à savoir s'il existait une différence entre les <strong>ignames</strong> <strong>sauvages</strong> <strong>et</strong><br />

<strong>cultivées</strong>, en ce qui concerne leur protection biotique anti-herbivore. Pour estimer le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong><br />

protection assuré par les fourmis, nous avons considéré le nombre <strong>de</strong> nectaires foliaires<br />

producteurs <strong>de</strong> nectar attractif, comme un bon critère d’implication <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>ignames</strong> dans un<br />

mutualisme <strong>de</strong> protection.<br />

L'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la répartition <strong><strong>de</strong>s</strong> nectaires extrafloraux <strong><strong>de</strong>s</strong> D.trifida <strong>sauvages</strong> <strong>et</strong> <strong>cultivées</strong> a été<br />

faite sur les planches d’herbier ramenées <strong>de</strong> <strong>Guyane</strong> ainsi que sur <strong><strong>de</strong>s</strong> feuilles séchées issues <strong>de</strong><br />

plants <strong>de</strong> la serre du CEFE ramenés l'an <strong>de</strong>rnier. Ceci nous perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> comparer l'espèce sauvage<br />

<strong>de</strong> l'espèce cultivée en milieu naturel <strong>et</strong> en serre.<br />

Nous avons dénombré, à l'ai<strong>de</strong> d'une loupe binoculaire, le nombre <strong>de</strong> nectaires présents sur<br />

les feuilles, dont nous avons mesuré l'aire (cm²). Pour 3 feuilles <strong>de</strong> chaque plant, on a ainsi<br />

obtenu le nombre <strong>de</strong> nectaires en fonction <strong>de</strong> la surface (nombre <strong>de</strong> nectaires par cm 2 <strong>de</strong> feuille).<br />

10


Dioscorea trifida<br />

Photo 10: Tige carrée ailée<br />

Réserve <strong><strong>de</strong>s</strong> Nouragues<br />

Photo 11: Chair du tubercule<br />

Dioscorea alata<br />

Photo 8: Variété sauvage<br />

Savane 14 juill<strong>et</strong><br />

Photo 9 : Variété cultivée<br />

Photo 12: Chair <strong>de</strong> la variété "yam la main" Photo 13: Chair <strong>de</strong> la variété "igname blanc"


RESULTATS<br />

1. Caractérisation <strong>de</strong> la diversité <strong><strong>de</strong>s</strong> Dioscorea en <strong>Guyane</strong><br />

Lors <strong>de</strong> la bioprospection, différentes espèces, sauvage <strong>et</strong> <strong>cultivées</strong> ont été ramenées <strong>de</strong> <strong>Guyane</strong><br />

(cf. annexe: tableau <strong>de</strong> l'enquête).<br />

Avant la mission <strong>de</strong> terrain, une étu<strong>de</strong> préalable à l'Herbier <strong>de</strong> Cayenne nous a permis <strong>de</strong><br />

déterminer quatre espèces <strong>sauvages</strong> <strong>et</strong> quatre espèces <strong>cultivées</strong> <strong>de</strong> Dioscorea. Les espèces<br />

<strong>sauvages</strong> sont les suivantes: D. trifida, D. amazonum, D. polygonoi<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>et</strong> D. pilosiuscula (cf.<br />

annexe). Seule l'espèce D. trifida a été trouvé lors <strong>de</strong> la prospection en savane roche où elle est<br />

l'espèce dominante <strong>et</strong> en lisière <strong>de</strong> forêt. Chacune <strong><strong>de</strong>s</strong> espèces décrites à l'Herbier <strong>de</strong> Cayenne a<br />

été récoltée sur les abattis: D. trifida, D. alata, D. cayenensis <strong>et</strong> D. rotundata.<br />

4.3. Description morphologique<br />

Dioscorea trifida:<br />

Le nom commun <strong>de</strong> l'igname américaine est "l'igname indien" ou "l'igname viol<strong>et</strong>".<br />

Les feuilles simples sont trilobées ou pentalobées, acumées, alternes, avec <strong><strong>de</strong>s</strong> nervures<br />

basilaires proéminentes sur la face inférieure (environ 9). La taille <strong><strong>de</strong>s</strong> feuilles varie entre 3 <strong>et</strong> 11<br />

cm pour les feuilles <strong>de</strong> plantes <strong>sauvages</strong>(cf. photo 8) <strong>et</strong> <strong>de</strong> 5 à 20 cm chez les D.trifida<br />

<strong>cultivées</strong>(cf. photo 9). Le pétiole porte <strong><strong>de</strong>s</strong> ailes <strong>de</strong> couleur variable (vert foncé ou violacé). Au<br />

somm<strong>et</strong> <strong>de</strong> celui-ci se trouvent <strong>de</strong> nombreux poils. La tige carrée est également ailée (cf. photo<br />

10). L'enroulement <strong>de</strong> la tige est lévogyre (s’enroule vers la gauche). La chair du tubercule peut<br />

être <strong>de</strong> 3 sortes: viol<strong>et</strong>, blanc ou blanc/viol<strong>et</strong> c'est-à-dire le tubercule est blanc au centre <strong>et</strong> viol<strong>et</strong><br />

sur le contour (cf. photo 11). La différence significative entre l'espèce sauvage <strong>et</strong> cultivée, est la<br />

taille <strong><strong>de</strong>s</strong> feuilles <strong>et</strong> du tubercule. En eff<strong>et</strong>, le tubercule issu <strong>de</strong> l'agriculture est <strong>de</strong> taille moyenne<br />

(diamètre 5 cm, longueur <strong>de</strong> 15 à 20 cm) alors que chez le sauvage, il est <strong>de</strong> très p<strong>et</strong>ite taille<br />

(diamètre <strong>de</strong> 0,5 cm, longueur <strong>de</strong> 5 à 12 cm).<br />

D. alata:<br />

Lors <strong><strong>de</strong>s</strong> visites d'abattis, 2 variétés <strong>de</strong> D. alata ont été récoltées. La variété où le tubercule est<br />

blanc appelée "igname blanc" (cf. photo 12) <strong>et</strong> la variété où le tubercule est blanc/viol<strong>et</strong> nommé<br />

"yam la main" qui fait référence à la forme digitée du tubercule (cf. photo 13.) C<strong>et</strong>te <strong>de</strong>rnière<br />

variété n'a pas été décrite à l'herbier <strong>de</strong> Cayenne.<br />

11


Photo 14: Différence entre le limbe <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux variétés <strong>de</strong> D.alata<br />

Photo 15: D. alata variété "yam la main"<br />

Tige ailée <strong>et</strong> base <strong><strong>de</strong>s</strong> pétioles viol<strong>et</strong>s<br />

Photo 16: Différence entre le limbe <strong>de</strong> D.<br />

rotundata (à gauche) <strong>et</strong> D. cayenensis (à<br />

droite)


Les feuilles sont simples, pétiolées, opposées (cf. photo 14). Le limbe est cordé <strong>et</strong> acuminé à 6-9<br />

nervures proéminentes basilaires sur la face inférieure. Le pétiole est ailé, la couleur 4 <strong><strong>de</strong>s</strong> ailes<br />

varie suivant la variété (cf. photo 15). D.alata variété blanche a <strong><strong>de</strong>s</strong> ailes vert clair alors que<br />

D.alata variété viol<strong>et</strong>te a <strong><strong>de</strong>s</strong> ailes viol<strong>et</strong>tes à la base <strong>et</strong> au somm<strong>et</strong> du pétiole. La tige est carrée,<br />

ailée. L'enroulement <strong>de</strong> la tige se fait par la droite (<strong>de</strong>xtrogyre).<br />

On trouve également <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>ignames</strong> appartenant au complexe spécifique D. cayenensis-rotundata.<br />

A l'Herbier <strong>de</strong> Cayenne, ces <strong>de</strong>ux espèces sont différenciées <strong>de</strong> la sorte: d'une part D. cayenensis<br />

ssp cayenensis <strong>et</strong> D. cayenensis ssp rotundata (cf. photo 16)<br />

D. cayenensis ssp cayenensis Lam.<br />

Le nom commun pour désigner c<strong>et</strong>te espèce est "l'igname jaune".<br />

Les feuilles <strong>de</strong> couleur vert clair sont simples, larges <strong>et</strong> opposées. Le limbe est cordiforme,<br />

acuminé à 7-9 nervures. La tige ron<strong>de</strong> est <strong>de</strong>xtrogyre <strong>et</strong> porte <strong><strong>de</strong>s</strong> p<strong>et</strong>its piquants (0,3mm).<br />

D. cayenensis ssp rotundata Poir.<br />

C<strong>et</strong>te espèce est appelée "yam piquant".<br />

Les feuilles sont simples, opposées <strong>et</strong> <strong>de</strong> couleur vert foncé. Le limbe est cordé à la base. La tige<br />

est cylindrique <strong>et</strong> <strong>de</strong>xtrogyre. Les axes secondaires présentent <strong>de</strong> p<strong>et</strong>its piquants alors que la base<br />

<strong>de</strong> l'axe principal en a <strong>de</strong> plus conséquent.<br />

4.4. Description du lieu <strong>de</strong> récolte <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> abattis<br />

La première communauté interrogée est la communauté Palikur qui se situe dans le village<br />

Espérance à proximité <strong>de</strong> St Georges d'Oyapock. Ces agriculteurs cultivent <strong><strong>de</strong>s</strong> parcelles <strong>de</strong><br />

forêts sur latérite qu'ils ont préalablement brûlé, c'est un abatti sur brûlis. Ils pratiquent la<br />

polyculture. Leurs cultures servent à leur propre consommation, seul le surplus <strong>de</strong> récolte est<br />

vendu. (cf. photos en annexe)<br />

La communauté Saramaka a été interrogée en <strong>de</strong>ux endroits. Dans l'est, à Régina, village<br />

près <strong>de</strong> St Georges d'Oyapock (50 Km) <strong>et</strong> dans l'ouest, sur la route <strong>de</strong> St Laurent du Maroni. Ces<br />

<strong>de</strong>ux abattis sont sur brûlis, mais les conditions environnementales sont très différentes. En eff<strong>et</strong>,<br />

à Régina, les sols sont <strong>de</strong> la latérite <strong>et</strong> la pluie est importante alors que près <strong>de</strong> St Laurent du<br />

Maroni les sols sont du sable blanc <strong>et</strong> la pluie est plus faible. Comme chez les Palikurs, leur<br />

récolte est pour leur alimentation <strong>et</strong> non pour la vente.<br />

La communauté Hmong a été rencontrée en <strong>de</strong>ux lieux. Tout d'abord, à Cacao, village se<br />

situant dans l'est à 80 Km <strong>de</strong> Cayenne. Le sol est constitué <strong>de</strong> latérite. La culture se fait sur<br />

12


Nombre <strong>de</strong> pieds recensés<br />

50%<br />

40%<br />

30%<br />

20%<br />

10%<br />

0%<br />

100%<br />

80%<br />

60%<br />

40%<br />

20%<br />

0%<br />

6000<br />

5000<br />

4000<br />

3000<br />

2000<br />

1000<br />

0<br />

<strong>Diversité</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>ignames</strong> <strong>cultivées</strong> en <strong>Guyane</strong><br />

D.trifida D.alata variété<br />

blanc<br />

D.alata variété<br />

viol<strong>et</strong><br />

Figure 1<br />

Répartition <strong><strong>de</strong>s</strong> cultures d'<strong>ignames</strong> par communautés<br />

D. cayennensis D.rotundata<br />

H'mong Créole Palikur Djuka Saramaka Haitien<br />

Figure 2<br />

Répartition spécifique par communauté<br />

Hmong Créole Palikur Djuka Saramaka Haitien<br />

Figure 3<br />

Trifida<br />

Alata blanc<br />

Cayennensis<br />

Alata viol<strong>et</strong><br />

Rotundata


abatti brûlé <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> taille. Et ensuite, Javouhey, un village <strong>de</strong> l'ouest, où le sol est composé <strong>de</strong><br />

sable blanc. La technique sur brûlis est également employée. Les Hmong sont <strong><strong>de</strong>s</strong> agriculteurs<br />

tournés vers la vente à travers toute la <strong>Guyane</strong>.<br />

La communauté Créole a été visitée en 2 lieux: La Carapa (village entre Cayenne <strong>et</strong> Kourou)<br />

<strong>et</strong> à Sinnamary. Ces abattis sont sur savane. La terre est <strong>de</strong> couleur marron. Les agriculteurs<br />

interrogés étaient, l'un orienté vers le commerce, <strong>et</strong> l'autre cultivait pour sa consommation<br />

personnelle.<br />

La communauté Djuka <strong>et</strong> la communauté Haïtienne ont été interrogées dans l'ouest entre<br />

Mana, Javouhey <strong>et</strong> St Laurent du Maroni. Chacun <strong>de</strong> ces abattis était brûlés sur sable blanc.<br />

4.5. Agrodiversité <strong>de</strong> l'igname<br />

Durant notre enquête, nous avons rencontrés dix-neuf agriculteurs, toutes communautés<br />

confondues.<br />

Dans un premier temps, nous regardons, quelle espèce est cultivée majoritairement en<br />

<strong>Guyane</strong>. En eff<strong>et</strong>, nous avons, pour chaque abatti, relevé le nombre <strong>de</strong> pieds présents par espèce.<br />

Le nombre total <strong>de</strong> pieds recensés, toutes espèces confondues, est <strong>de</strong> 15123.<br />

D'après le graphe <strong>de</strong> la figure 1, nous constatons que la culture principale est l'igname D.<br />

cayenensis avec 5806 pieds (soit 38,4%) puis D.alata avec 5212 pieds (34,5%) <strong>et</strong> enfin D.trifida<br />

avec 3786 pieds (25%). La culture <strong><strong>de</strong>s</strong> espèces D.rotundata <strong>et</strong> D.alata viol<strong>et</strong> est marginale<br />

respectivement 242 (1,6%) <strong>et</strong> 77 pieds recensés (0,5%).<br />

Dans un second temps, nous observons l'importance <strong>de</strong> la culture <strong>de</strong> l'igname suivant les<br />

différentes communautés. Le graphe <strong>de</strong> la figure 2 montre le pourcentage <strong>de</strong> pieds d'igname<br />

recensés ramenés à la taille <strong>de</strong> l’abatti. La distribution n'est pas homogène.<br />

En eff<strong>et</strong>, la majorité <strong><strong>de</strong>s</strong> pieds d’igname recensés ont été vu sur <strong><strong>de</strong>s</strong> abattis Haïtien (45,5%) <strong>et</strong><br />

Créole (33,3%) puis dans <strong><strong>de</strong>s</strong> abattis Hmong <strong>et</strong> Djuka (9,4%). La culture <strong>de</strong> l'igname dans les<br />

abattis Saramaka <strong>et</strong> Palikur est marginale (respectivement 2% <strong>et</strong> 0,4% <strong>de</strong> l’ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong> plantes<br />

<strong>cultivées</strong>).<br />

Et enfin, nous nous sommes intéressé aux espèces majoritairement <strong>cultivées</strong> dans<br />

chacune <strong><strong>de</strong>s</strong> communautés. Les données sont représentées dans la figure 3.<br />

L'espèce D. trifida est majoritaire chez les Hmong, les Palikur <strong>et</strong> les Saramaka. En eff<strong>et</strong>, c<strong>et</strong>te<br />

espèce représente 67% <strong><strong>de</strong>s</strong> cultures d'<strong>ignames</strong> chez la communauté Hmong <strong>et</strong> Saramaka, <strong>et</strong> 79%<br />

chez la communauté Palikur.<br />

13


Photo 18: Abatti avec <strong><strong>de</strong>s</strong> billons<br />

100%<br />

75%<br />

50%<br />

25%<br />

0%<br />

Pratiques culturales employées par les communautés<br />

Saramaka Djuka Créole Palikur Haitien Hmong<br />

Figure 4<br />

Photo 17: Abatti avec <strong><strong>de</strong>s</strong> buttes<br />

Engrais chimique<br />

Cendre<br />

Tuteur<br />

Butte<br />

Fosse


L'espèce D. alata variété blanc est cultivée surtout par <strong>de</strong>ux communautés: les Djuka 91% <strong>de</strong><br />

leur récolte d'igname <strong>et</strong> les Créole à hauteur <strong>de</strong> 60%.<br />

L'espèce D. cayenensis est cultivée essentiellement par les Haïtiens représentant 77% <strong>de</strong> leur<br />

récolte en <strong>ignames</strong>.<br />

5. Pratiques culturales employées<br />

5.1. Mo<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> mise en culture<br />

Les différents paramètres environnementaux conduisent à <strong><strong>de</strong>s</strong> pratiques culturales variées.<br />

Lors <strong>de</strong> nos visites sur les abattis, nous avons relevé trois paramètres variant d'une communauté<br />

à une autre. Tout d'abord, au niveau <strong>de</strong> la préparation du sol, certains agriculteurs font <strong><strong>de</strong>s</strong> fosses<br />

d'autres <strong><strong>de</strong>s</strong> buttes <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> billons. Une fosse est un trou dans lequel est déposé le tubercule ;<br />

ensuite ce trou est recouvert d'une butte <strong>de</strong> terre. La butte (cône isolé) ou le billon (forme<br />

allongée) est <strong>de</strong> la terre dressée sur la surface du sol où est déposé un tubercule d'igname (cf.<br />

photo 17,18).<br />

Le paramètre suivant est l'utilisation d'engrais chimiques ou <strong>de</strong> cendre. L'engrais employé est<br />

dans la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> cas <strong>de</strong> la cendre issu <strong><strong>de</strong>s</strong> arbres abattus lors <strong>de</strong> la création <strong>de</strong> la parcelle<br />

agricole.<br />

Enfin, le <strong>de</strong>rnier paramètre est l'utilisation <strong>de</strong> tuteur. Certains agriculteurs en m<strong>et</strong>tent ou laissent<br />

l'igname grimpée sur <strong><strong>de</strong>s</strong> troncs brûlés, d'autres n'utilisent pas <strong>de</strong> tuteur <strong>et</strong> l'igname se développe<br />

à même le sol.<br />

Dans le graphe <strong>de</strong> la figure 4, nous pouvons constater une différence <strong>de</strong> pratiques culturales entre<br />

les différentes communautés. Seules les communautés Saramaka, <strong>et</strong> Créole ont une pratique<br />

culturale <strong>de</strong> même allure, en utilisant <strong>de</strong> l'engrais organique, <strong><strong>de</strong>s</strong> tuteurs <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> buttes.<br />

Les Hmong, les Djuka <strong>et</strong> les Haïtien sont les seuls à employer <strong>de</strong> l'engrais chimique. Les Hmong<br />

<strong>et</strong> les Haïtien ont <strong><strong>de</strong>s</strong> pratiques semblables à la différence que les Hmong utilisent plus d'engrais<br />

chimique <strong>et</strong> moins <strong>de</strong> tuteurs que les Haïtien. Les Palikur sont les seuls à pratiquer la technique<br />

<strong>de</strong> la fosse.<br />

Nous avons vu précé<strong>de</strong>mment que la technique <strong>de</strong> la fosse été employée uniquement par les<br />

Palikurs. Ils utilisent c<strong>et</strong>te technique afin <strong>de</strong> protéger leurs plants <strong><strong>de</strong>s</strong> prédateurs comme l'agouti<br />

(gros rongeur d'Amérique du sud). La communauté Hmong habite dans une région escarpée, afin<br />

<strong>de</strong> faciliter la récolte, les agriculteurs commencent par le bas du champ pour moins se baisser.<br />

14


4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

D. trifida<br />

Sauvage<br />

Concentration en mucilage frais en mg.g -1<br />

D. trifida<br />

Cultivé<br />

D. cayennensis D.alata variété<br />

blanc<br />

Figure 5<br />

D.alata variété<br />

viol<strong>et</strong><br />

D. rotundata


2.2. Critères <strong>de</strong> choix <strong>de</strong> la semence<br />

Calendrier <strong><strong>de</strong>s</strong> récoltes<br />

D'une manière plus générale, la date <strong>de</strong> plantation <strong>de</strong> l'igname varie d'un agriculteur à un<br />

autre. En eff<strong>et</strong>, certain le plante en septembre-octobre, d'autre en décembre-janvier <strong>et</strong> d'autre<br />

toute l'année. Le tubercule reste en terre entre huit <strong>et</strong> douze mois selon la variété.<br />

Les agriculteurs utilisant <strong><strong>de</strong>s</strong> tuteurs, les m<strong>et</strong>tent à l'extérieur <strong>de</strong> la butte ou du billon pour<br />

favoriser le développement du tubercule. Les plants sont orientés vers le levant afin d'avoir un<br />

ensoleillement maximal. L'écartement <strong><strong>de</strong>s</strong> pieds varie <strong>de</strong> 80 à 100 cm.<br />

Choix <strong>de</strong> la variété<br />

Le choix <strong>de</strong> la variété cultivée est fait selon différents critères. Les agriculteurs qui ont un abatti<br />

pour une autoconsommation vont favoriser le choix guttural alors que les agriculteurs tournés<br />

vers la vente s'intéressent au prix du kg <strong>de</strong> chaque variété. L'igname D.trifida est celui qui coûte<br />

le plus cher (5-6Euros/kg) du fait <strong>de</strong> la p<strong>et</strong>ite taille du tubercule ainsi que <strong>de</strong> la difficulté à le<br />

cultiver. L'igname D.alata <strong>et</strong> D.cayennensis ont le même prix (3/4euros/kg).<br />

Critères gustatifs<br />

Pour l'ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong> communautés, à l'exception <strong>de</strong> certains agriculteurs Haïtiens, c'est<br />

l'igname indien qui est préféré pour son goût sucré <strong>et</strong> fin. Dans le but <strong>de</strong> rassasier, l'igname jaune<br />

est utilisée, en eff<strong>et</strong> c<strong>et</strong>te espèce a <strong>de</strong> gros tubercule riche en fibre <strong>et</strong> en amidon<br />

L'igname blanc <strong>et</strong> jaune se mange bouilli alors que l'indien se mange bouilli <strong>et</strong> rôti.<br />

Nous avons rencontré un agriculteur Palikur qui faisait une boisson fermentée avec l'espèce D.<br />

trifida ainsi qu'une haïtienne faisant <strong><strong>de</strong>s</strong> chips d'igname.<br />

6. Recherches <strong><strong>de</strong>s</strong> biomolécules<br />

6.1. Dosage du mucilage dans les tubercules<br />

Ces graphiques m<strong>et</strong>tent en avant la quantité <strong>de</strong> mucilage présent en mg par gramme <strong>de</strong><br />

tubercule. Une n<strong>et</strong>te différence entre la quantité <strong>de</strong> mucilage frais <strong>et</strong> <strong>de</strong> mucilage sec est<br />

observable. Ceci montre le pouvoir <strong>de</strong> rétention d'eau par ce composé.<br />

En eff<strong>et</strong>, les tubercules broyés frais <strong>de</strong> D. trifida sauvage ont une concentration maximale en<br />

mucilage <strong>de</strong> 1,34 mg.g -1 (écart-type: 0,69) alors que les autres espèces: D. trifida cultivée, D.<br />

cayenensis, D. alata variété blanc, D. alata variété viol<strong>et</strong> ont une concentration moyenne <strong>de</strong> 0,36<br />

mg.g -1 (écart-type: 0,35) <strong>et</strong> ceux <strong>de</strong> D. rotundata ont une concentration minimale <strong>de</strong> 0,12 mg.g -1<br />

(écart-type: 0,20) (cf. figure 5).<br />

15


4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

D. trifida<br />

Sauvage<br />

Concentration en mucilage sec en mg.g -1<br />

D. trifida<br />

Cultivé<br />

D.<br />

cayennensis<br />

Figure 6<br />

D.alata<br />

variété blanc<br />

D.alata<br />

variété viol<strong>et</strong><br />

Type Rf Couleur<br />

TC1 0,07 Bleu-gris foncé<br />

TC2 0,30 Bleu gris clair<br />

TC3 0,34 Bleu foncé<br />

Dérivé Tryptophane 0,36 Viol<strong>et</strong><br />

TC4 0,45 Bleu pastel<br />

TC5 0,49 Vert gris<br />

TC6 0,54 Bleu turquoise intense<br />

Témoin: Epicatéchine 0,57 Bleu clair<br />

TC7 0,59 Bleu vert<br />

Témoin: Catéchine 0,73 Bleu clair<br />

Type Rf Couleur<br />

Témoin: Kaempférol 0,77 Jaune<br />

F1 0,63 Orange<br />

A H 0,80 Bleu clair<br />

Témoin: Quercétine 0,64 Jaune orangé<br />

Témoin: Myricétine 0,54 Orange<br />

F2 0,68 Jaune orangé<br />

F3 0,67 Jaune orangé<br />

D. rotundata<br />

Tableau 1: Correspondance Rf <strong>et</strong> couleur suivant les spots observés


Le graphe <strong>de</strong> la figure 6 montre la concentration en mucilage présent dans les tubercules.<br />

D. trifida sauvage présente toujours une concentration maximale <strong>de</strong> 1,44 mg.g -1 (écart-type:<br />

1,09). D. cayenensis, D. alata variété blanc, D. alata variété viol<strong>et</strong> montrent une concentration<br />

moyenne <strong>de</strong> 1,32 mg.g -1 (écart-type: 1,48). D. trifida cultivée <strong>et</strong> D.rotundata ont une<br />

concentration minimale <strong>de</strong>, respectivement, 0,77 <strong>et</strong> 0,27 mg.g -1 (écart-type <strong>de</strong>: 1,33 <strong>et</strong> 0,47).<br />

La teneur en eau est un paramètre important qui varie significativement suivant les<br />

espèces, surtout pour les variétés <strong>cultivées</strong>. En eff<strong>et</strong>, ceci peut s'expliquer par la taille du<br />

tubercule. Les tubercules cultivés sont <strong>de</strong> taille relativement importante alors que les tubercules<br />

<strong>sauvages</strong> sont très fin <strong>et</strong> p<strong>et</strong>it (diamètre avoisinant 5-6 mm). Donc les tubercules <strong>sauvages</strong> ne<br />

sont pas très riche en eau.<br />

3.2 Dosage <strong><strong>de</strong>s</strong> composés phénoliques dans les feuilles<br />

Les composés phénoliques mis en évi<strong>de</strong>nce par les chromatographies appartiennent à la famille<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> flavonoï<strong><strong>de</strong>s</strong>: <strong><strong>de</strong>s</strong> flavonols (F) <strong>de</strong> type quercétine ainsi que <strong><strong>de</strong>s</strong> dérivés d'aci<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

hydroxycinamiques (AH) ainsi que <strong><strong>de</strong>s</strong> tanins con<strong>de</strong>nsés (TC) type oligomère <strong>et</strong> polymère.<br />

Pour chaque spot observé, le Rf a été défini ainsi que sa couleur (cf. tableau 1).<br />

La migration est plus ou moins importante. Ceci est fonction <strong>de</strong> la polarité <strong>de</strong> la molécule, c'est-<br />

à-dire <strong>de</strong> leur solubilité dans le solvant organique. Plus le Rf est grand, plus la migration est<br />

forte.<br />

Pour la révélation au DMACA, nous observons sept spots <strong>de</strong> tanin con<strong>de</strong>nsé (TC).<br />

Le spot TC1 qui est un polymère, puis les tanins TC2 à TC5 qui sont <strong><strong>de</strong>s</strong> oligomères <strong>et</strong> enfin les<br />

monomères TC6 à TC7 <strong>et</strong> le témoin: l'épicatéchine (Epi). Pour chacun <strong><strong>de</strong>s</strong> échantillons apparaît<br />

un spot viol<strong>et</strong> qui est sans doute un dérivé du tryptophane (noyau indolique) (Treutter, 1989).<br />

La lecture <strong>de</strong> la chromatographie pour les flavonols est simplifiée du fait <strong>de</strong> l'hydrolyse aci<strong>de</strong>.<br />

Les témoins déposés, nous perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> définir le type <strong>de</strong> molécules. Nous observons trois<br />

spots <strong>de</strong> flavonols: F1, F2, F3 (couleur jaune orangé) <strong>et</strong> un spot bleu clair qui est un dérivé <strong>de</strong><br />

l'aci<strong>de</strong> caféique, probablement <strong>de</strong> l'aci<strong>de</strong> hydroxycinnamique (AHC). Les spots <strong>de</strong> flavonols ont<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Rf très proche entre eux <strong>et</strong> avec le témoin quercétine. Nous pouvons donc conclure que les<br />

flavonols présents sont <strong><strong>de</strong>s</strong> molécules <strong>de</strong> dérivé quercétine.<br />

16


Tableau 2: Présence ou absence <strong><strong>de</strong>s</strong> spots suivant les différents espèces<br />

TC1 TC2 TC3 TC4 TC5 Epi TC6 TC7 F1 F2 F3 A H C<br />

D.trifida Sauvage X X X X X<br />

D.trifida Sauvage X X X X X<br />

D.trifida Sauvage X X<br />

D.trifida Sauvage X X<br />

D.trifida Sauvage X X X X X<br />

D.trifida Cultivé X X X<br />

D.trifida Cultivé X X<br />

D.trifida Cultivé X X X X<br />

D.trifida Cultivé X X X X X X<br />

D.trifida Cultivé X X X X X X<br />

D.trifida Cultivé X X X X X X<br />

D.rotundata X X X X X<br />

D.rotundata X X X X X<br />

D.rotundata X X X<br />

D.cayennensis X X<br />

D.cayennensis X X<br />

D.alata variété blanc X X X<br />

D.alata variété blanc X X<br />

D.alata variété viol<strong>et</strong> X X X X X X<br />

D.alata variété viol<strong>et</strong> X X X X<br />

D.alata variété viol<strong>et</strong> X X<br />

Photo 19: Chromatographie révélée au DMACA,<br />

espèce D.trifida cultivée. Mise en évi<strong>de</strong>nce d'un eff<strong>et</strong><br />

terroir.


L'approche chimiotaxonomique <strong><strong>de</strong>s</strong>sine <strong><strong>de</strong>s</strong> profils différents entre les différentes variétés<br />

étudiées (cf. tableau 2).<br />

Chacune <strong><strong>de</strong>s</strong> variétés présente <strong><strong>de</strong>s</strong> tanins type oligomère différents. Ces différents tanins n'ont<br />

pas été i<strong>de</strong>ntifiés.<br />

Nous remarquons entre les D.trifida <strong>sauvages</strong> <strong>et</strong> <strong>cultivées</strong>, une différence entre <strong>de</strong>ux<br />

tanins. L'espèce D.trifida sauvage possè<strong>de</strong> le tanin TC3 alors que l'espèce D. trifida cultivée<br />

possè<strong>de</strong> le tanin TC2. L'espèce D. trifida contient le tanin TC4 ainsi que <strong><strong>de</strong>s</strong> dérivés <strong>de</strong> la<br />

quercétine indépendamment du fait <strong>de</strong> leur état sauvage ou cultivé.<br />

Un caractère particulier est mis en avant chez les D.trifida <strong>sauvages</strong>. En eff<strong>et</strong>, nous observons la<br />

présence ou l'absence totale <strong>de</strong> tanins <strong>et</strong> autres composés phénoliques chez les D.trifida récoltées<br />

dans la savane 14 juill<strong>et</strong> (près <strong>de</strong> St Georges) <strong>et</strong> dans la réserve <strong><strong>de</strong>s</strong> Nouragues.<br />

Un eff<strong>et</strong> terroir est visible entre chaque individu <strong>de</strong> chacune <strong><strong>de</strong>s</strong> variétés. Ceci se<br />

remarque d'autant plus entre les D.trifida <strong>cultivées</strong> (cf. photo 19) issu <strong>de</strong> Régina (individu SR) <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> Javouhey. Il y a aussi un eff<strong>et</strong> variété car les cultivés, dans différents terroirs, présentent tous<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> composés TC4 que ne présentent pas les <strong>sauvages</strong> qui possè<strong>de</strong>nt <strong><strong>de</strong>s</strong> TC2 jamais r<strong>et</strong>rouvés<br />

dans les cultivés quelque soit leur lieu <strong>de</strong> culture.<br />

De nombreux composés phénoliques autres que <strong><strong>de</strong>s</strong> tanins se sont révélés par la chromatographie<br />

mais n'ont pas été caractérisés (cf. photos en annexe)<br />

17


Nombre <strong>de</strong> nectaire par<br />

cm²<br />

Nombre <strong>de</strong> nectaire par<br />

cm²<br />

15<br />

12,5<br />

10<br />

7,5<br />

5<br />

2,5<br />

0<br />

15<br />

12,5<br />

10<br />

7,5<br />

5<br />

2,5<br />

0<br />

Répartion <strong><strong>de</strong>s</strong> nectaires sur les feuilles <strong>de</strong> D.trifida sauvage <strong>et</strong><br />

cultivée récolté en <strong>Guyane</strong><br />

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28<br />

Sauvage Cultivée<br />

Figure 7<br />

Répartion <strong><strong>de</strong>s</strong> nectaires sur les feuilles <strong>de</strong> D.trifida sauvage <strong>et</strong><br />

cultivée issu <strong><strong>de</strong>s</strong> serres<br />

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39<br />

Sauvage Cultivée<br />

Figure 8


4. Protection anti-herbivorie<br />

4.1 Protection chimique: les composés phénoliques<br />

Nous observons une concentration en équivalent catéchine dans nos échantillons <strong>de</strong> D.trifida<br />

sauvage <strong>et</strong> cultivée. En eff<strong>et</strong>, D. trifida sauvage a une concentration en équivalent catéchine <strong>de</strong><br />

4,7 E-4 alors que l'espèce cultivée a une concentration <strong>de</strong> 8 E-4 . La différence entre les <strong>de</strong>ux<br />

variétés n'est pas significative (Test du Khi-<strong>de</strong>ux, p-value = 0,989; N = 12).<br />

L'échantillonnage pour ce résultat est faible. Il <strong>de</strong>vra donc être augmenté pour rendre le test du<br />

Khi-<strong>de</strong>ux plus robuste.<br />

4.2 Protection biotique: glan<strong><strong>de</strong>s</strong> nectarifères<br />

L'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la répartition <strong><strong>de</strong>s</strong> nectaires extrafloraux <strong><strong>de</strong>s</strong> D.trifida <strong>sauvages</strong> <strong>et</strong> <strong>cultivées</strong> a<br />

montré qu’ils étaient, pour tous les individus, localisées sur le limbe foliaire. Les observations<br />

ont mis en évi<strong>de</strong>nce que les individus <strong>sauvages</strong> D. trifida ont un plus grand nombre <strong>de</strong> nectaires<br />

par unité <strong>de</strong> surface que les individus cultivés <strong>de</strong> la même espèce. C<strong>et</strong>te différence n'est pas<br />

significative (Test du Khi-<strong>de</strong>ux, p-value = 0,360; N = 27) (Figure 7).<br />

Nous observons également un eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> la mise en culture (Figure 8). En eff<strong>et</strong>, après avoir mis<br />

en culture en serre, les plants d’<strong>ignames</strong> d’origine sauvage <strong>et</strong> cultivé dans <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions <strong>de</strong><br />

culture i<strong>de</strong>ntique pendant un an, nous observons une réduction du nombre <strong>de</strong> nectaires foliaires<br />

dans <strong>de</strong> même proportion pour les espèces <strong>sauvages</strong> <strong>et</strong> <strong>cultivées</strong>.<br />

18


DISCUSSION<br />

L'igname est une plante qui a été influencé par le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie itinérant <strong><strong>de</strong>s</strong> communautés<br />

consommatrices. En eff<strong>et</strong>, les Amérindiens étaient autrefois <strong><strong>de</strong>s</strong> noma<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>et</strong> ont développé un<br />

savoir <strong>et</strong> un savoir-faire uniques dans l’exploitation <strong>de</strong> leur principale ressource alimentaire<br />

végétale, l’igname. Ils laissaient soigneusement en place la tête <strong><strong>de</strong>s</strong> tubercules d’<strong>ignames</strong><br />

<strong>sauvages</strong> rencontrés en forêt lors <strong>de</strong> leur itinérance, <strong>et</strong> ne prélevaient qu’une partie du tubercule<br />

pour leur consommation sur place. C<strong>et</strong>te stratégie, où les <strong>ignames</strong> <strong>sauvages</strong> sont gérées dans leur<br />

milieu naturel <strong>de</strong> manière à maintenir <strong>et</strong> à améliorer la production du tubercule, est appelée<br />

paraculture (Dounias 1993). Une fois, sé<strong>de</strong>ntarisé, une autre forme <strong>de</strong> domestication primitive a<br />

été mise en place, qui consiste à prélever <strong><strong>de</strong>s</strong> tubercules dans la forêt <strong>et</strong> à les replanter aux abords<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> habitations, ou à exploiter les <strong>ignames</strong> apparues spontanément dans les jachères <strong>et</strong> aux<br />

alentours <strong><strong>de</strong>s</strong> habitations. C<strong>et</strong>te pratique est désignée comme <strong>de</strong> la protoculture (Chevalier 1936).<br />

L'igname D. cayenensis est produit à hauteur <strong>de</strong> 38,4%, D. alata représente 34,5% <strong>et</strong><br />

l'igname D. trifida 25% <strong>de</strong> la production totale <strong>de</strong> plantes recensées dans l’abatti. Les<br />

communautés immigrées ont très bien intégrées l'espèce D.trifida dans leur culture peut-être par<br />

choix guttural ou par facilité.<br />

L'espèce D. cayenensis est cultivée principalement par la communauté Haïtienne. En eff<strong>et</strong>, c<strong>et</strong>te<br />

espèce est traditionnellement cultivée en Haïti où elle est particulièrement appréciée pour ses<br />

fibres procurant un sentiment <strong>de</strong> satiété (com.pers. P. Vernier).<br />

La caractérisation <strong><strong>de</strong>s</strong> différentes pratiques culturales usitées en <strong>Guyane</strong> à montrer <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

différences entre les communautés au niveau <strong><strong>de</strong>s</strong> nombreux paramètres pris en compte (type<br />

d'engrais, utilisation tuteur <strong>et</strong> technique, technique <strong>de</strong> recouvrement du tubercule). Afin <strong>de</strong> voir<br />

l'impact <strong>de</strong> ces pratiques, il faudrait, en premier lieu élargir l'enquête à une dizaine d'agriculteurs<br />

par communauté <strong>et</strong> dans un second temps comparer chaque paramètre un à un.<br />

Les pratiques employées ainsi que l'environnement jouent un rôle modulateur sur le métabolisme<br />

primaire <strong>et</strong> secondaire. En eff<strong>et</strong>, l'apport en nutriment du sol influence particulièrement ces <strong>de</strong>ux<br />

métabolismes puisqu'ils ont les mêmes précurseurs <strong><strong>de</strong>s</strong> chaînes métaboliques.<br />

19


Morphologie <strong>et</strong> plasticité phénotypique<br />

D’une manière générale, quelles que soient les variétés considérées, nous constatons, au<br />

sein <strong><strong>de</strong>s</strong> cultivars, une diversité morphologique plus ou moins importante concernant le plus<br />

souvent la forme du tubercule, la coloration <strong>de</strong> la chair <strong>et</strong>/ou la forme <strong><strong>de</strong>s</strong> feuilles, dont nous ne<br />

savons, à priori, si elle est attribuable à la plasticité phénotypique naturelle <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>ignames</strong> ou au<br />

regroupement <strong>de</strong> plusieurs clones dans un même cultivar appelé « groupe variétal » (Dansi <strong>et</strong> al.<br />

1998; Hamon <strong>et</strong> Lebot 1998). Des analyses génétiques semblent être nécessaire pour comprendre<br />

c<strong>et</strong>te gran<strong>de</strong> variabilité entre les espèces <strong>et</strong> les cultivars.<br />

Par contre, en ce qui concerne l'espèce D. trifida, les différences morphologiques sont stables<br />

entre la forme cultivée <strong>et</strong> sauvage qui sont la taille du tubercule, <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> feuilles notamment.<br />

L'impact <strong>de</strong> la mise en culture sur l'espèce sauvage est fort. Ceci souligne bien l'intérêt du<br />

modèle D. trifida qui va nous perm<strong>et</strong>tre d'affiner l'étu<strong>de</strong> <strong>et</strong> d'amener <strong><strong>de</strong>s</strong> éléments <strong>de</strong> réponse sur<br />

la réponse <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>ignames</strong> à la mise en culture.<br />

Biomolécules <strong>et</strong> valorisation<br />

Les biomolécules mises en avant lors <strong>de</strong> notre étu<strong>de</strong>, ont un intérêt économique<br />

important. Nous avons cherché à caractériser l'espèce la plus riche en mucilage <strong>et</strong> en composés<br />

phénoliques intéressant divers domaines comme la cosmétique, l’agroalimentaire ou encore la<br />

phytothérapie, en vue d'une production commerciale.<br />

Le mucilage <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>ignames</strong> peut servir dans <strong>de</strong> nombreux domaines tel que l'industrie<br />

alimentaire comme agent stabilisant ou clarifiant (enlève les microorganismes pendant la<br />

fermentation du vin, <strong>de</strong> la bière), comme gélifiant (épaississant <strong>de</strong> yaourt) ainsi qu'en<br />

cosmétologie en tant que hydratant grâce aux polysacchari<strong><strong>de</strong>s</strong> hydrosolubles qui ont <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

propriétés gélifiantes naturelles (ITERG, 2005) <strong>et</strong> également en phytothérapie comme a<br />

démontré Mazza (2000), le mucilage du lin pourrait avoir une valeur nutritionnelle en tant que<br />

fibre alimentaire, qui semble jouer un rôle dans la réduction <strong><strong>de</strong>s</strong> risques <strong>de</strong> diabète <strong>et</strong> <strong>de</strong> maladies<br />

coronariennes, la prévention du cancer du côlon <strong>et</strong> du rectum, <strong>et</strong> la réduction <strong>de</strong> l’inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong><br />

l’obésité.<br />

Les composés phénoliques <strong>de</strong> type flavonoï<strong><strong>de</strong>s</strong> ont d'abord été étudiés pour leurs eff<strong>et</strong>s<br />

protecteurs contre les pathogènes, bactéries ou virus qui infectent la plante, ou le rayonnement<br />

UV (Marcheix, 2005). Au sein <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te classe existent les flavonols type quercétine qui jouent un<br />

rôle pour la santé humaine puisqu'ils sont <strong><strong>de</strong>s</strong> antioxydants capables <strong>de</strong> piéger les radicaux libres<br />

générés en permanence par notre organisme ou formés en réponse à <strong><strong>de</strong>s</strong> agressions <strong>de</strong> notre<br />

environnement qui favorisent le vieillissement cellulaire.<br />

20


Les anthocyanes sont <strong><strong>de</strong>s</strong> pigments rouges ou bleus très présents dans les fleurs <strong>et</strong> impliqués<br />

dans les mutualismes <strong>de</strong> pollinisation car sont <strong>de</strong> bon facteurs d’attraction <strong><strong>de</strong>s</strong> pollinisateurs. Ces<br />

pigments sont également r<strong>et</strong>rouvés dans les feuilles <strong>de</strong> certaines plantes tropicales notamment <strong>et</strong><br />

leur procurent une belle coloration bleue ou parfois viol<strong>et</strong>te. C’est ce que l’on r<strong>et</strong>rouve dans les<br />

feuilles <strong>de</strong> D. alata variété « yam la main », qui montrent une belle couleur rose viol<strong>et</strong>te sur le<br />

pétiole <strong>et</strong> la tige notamment ainsi qu’au niveau du tubercule. Nos résultats quant à la recherche<br />

<strong>de</strong> composés phénoliques montrent bien la similitu<strong>de</strong> existant entre la composition en F2 chez<br />

l’igname viol<strong>et</strong> D. trifida <strong>et</strong> l’espèce D. alata « yam la main ». L’espèce D. alata blanche n’a pas<br />

<strong>de</strong> F2. Ce composé semble être à l’origine <strong>de</strong> la couleur viol<strong>et</strong>te r<strong>et</strong>rouvée chez ces <strong>de</strong>ux espèces.<br />

Il aurait été intéressant <strong>de</strong> doser ces mêmes flavonoï<strong><strong>de</strong>s</strong> dans les tubercules, <strong>et</strong> corréler les<br />

résultats à l’intensité <strong>de</strong> la couleur viol<strong>et</strong>te <strong>de</strong> c<strong>et</strong> organe.<br />

Enfin, on r<strong>et</strong>rouve les tanins composés bien connus pour leur astringence <strong>et</strong> leur pouvoir<br />

toxique qui jouent un rôle non négligeable dans la protection anti-herbivore <strong><strong>de</strong>s</strong> plantes, comme<br />

nous le détaillons plus loin.<br />

Pour l’ensemble <strong>de</strong> ces composés nous avons recherché quelle espèce était la plus riche<br />

en biomolécules à forte valeur ajoutée dans une optique <strong>de</strong> sélection en vue <strong>de</strong> production<br />

commerciale, <strong>et</strong> un eff<strong>et</strong> plante a pu être mis en évi<strong>de</strong>nce.<br />

La production <strong>de</strong> mucilage est la plus importante pour l'espèce D. trifida sauvage <strong>et</strong> la moins<br />

importante pour l'espèce D. rotundata. Les composés phénoliques <strong>de</strong> type tanins sont produits<br />

majoritairement par D.trifida cultivée.<br />

Mise en culture <strong>et</strong> production <strong>de</strong> Biomolécules<br />

Par ailleurs, nous avons recherché l’impact <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions <strong>de</strong> cultures sur la production <strong>de</strong> ces<br />

composés, connue pour être sensibles aux variations environnementales (Sagers <strong>et</strong> Coley, 1995).<br />

Dans le cadre <strong>de</strong> ce stage, nous avons recherché s'il y a un eff<strong>et</strong> ou non <strong>de</strong> la mise en culture en<br />

comparant D. trifida sous ses <strong>de</strong>ux formes : sauvage <strong>et</strong> cultivée. L’objectif global étant, dans un<br />

contexte plus vaste, <strong>de</strong> tester l'eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong> ces paramètres environnementaux sur la<br />

production <strong>de</strong> biomolécules, afin d’optimiser les cultures <strong>et</strong> <strong>de</strong> pouvoir ainsi réduire la taille <strong>de</strong> la<br />

parcelle.<br />

La recherche <strong>de</strong> biomolécules que nous avons effectuée m<strong>et</strong> incontestablement en avant l'impact<br />

<strong>de</strong> la mise en culture sur D. trifida. Les paramètres environnementaux jouent un rôle important<br />

dans le complexe « trifida sauvage versus cultivé » <strong>et</strong> différencient les <strong>de</strong>ux formes <strong>de</strong> D. trifida,<br />

par leur morphologie nous l’avons vu, ainsi que par leur production en biomolécules. En eff<strong>et</strong>,<br />

les recherches <strong>de</strong> composés phénoliques, <strong>et</strong> <strong>de</strong> mucilage m<strong>et</strong>tent bien en avant la séparation entre<br />

sauvage <strong>et</strong> cultivé.<br />

21


L'espèce D. trifida sauvage produit peu <strong>de</strong> tanins mais une quantité importante <strong>de</strong> mucilage alors<br />

que D. trifida cultivée fabrique une quantité très importante <strong>de</strong> tanins <strong>et</strong> peu <strong>de</strong> mucilage. Par<br />

contre, l'eff<strong>et</strong> terroir entre les différents abattis, n'est que très peu visible car le nombre<br />

d'échantillons est trop faible.<br />

Protection anti-herbivore biotique versus chimique<br />

D’un point <strong>de</strong> vue écologique, <strong>de</strong> nombreuses espèces <strong>de</strong> fourmis sont attirées par la<br />

sécrétion <strong>de</strong> nectar foliaire <strong>et</strong> assurent la protection <strong><strong>de</strong>s</strong> zones juvéniles (méristèmes) contre les<br />

herbivores (Pascal, 1993; McKey, 1998; Di Giusto, 2001). C<strong>et</strong>te relation à bénéfice réciproque<br />

est un mutualisme <strong>de</strong> protection <strong>de</strong> type opportuniste car n’importe quelle espèce <strong>de</strong> fourmi peut<br />

venir patrouiller <strong>et</strong> consommer le nectar. La mise en culture <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te plante s’accompagne d'une<br />

très forte réduction du nombre <strong>de</strong> glan<strong><strong>de</strong>s</strong> nectarifères. La relation élaborée avec les fourmis<br />

consommatrices <strong>de</strong> nectar en est alors sévèrement affectée.<br />

Les individus <strong>sauvages</strong> présentent donc un nombre plus élevé <strong>de</strong> glan<strong><strong>de</strong>s</strong> que les cultivés.<br />

Les plantes s'étant développées en serre montrent également c<strong>et</strong>te différence avec une diminution<br />

globale du nombre <strong>de</strong> glan<strong><strong>de</strong>s</strong> aussi bien chez les plants <strong>sauvages</strong> que cultivés.<br />

La protection biotique (assurée par les fourmis) est gérée par le métabolisme primaire car est<br />

soumise à la production <strong>de</strong> nectar sucré <strong>et</strong> la protection chimique (production <strong>de</strong> tanins dans les<br />

feuilles) par le métabolisme secondaire. Ces <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> métabolismes utilisent les mêmes<br />

précurseurs <strong>et</strong> semblent donc interdépendants, entraînant parfois une interdépendance <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux<br />

types <strong>de</strong> protection anti-herbivore.<br />

La protection biotique <strong>et</strong> la protection chimique sont complémentaires. En eff<strong>et</strong>, l'espèce D.<br />

trifida sauvage possè<strong>de</strong> peu <strong>de</strong> tanins mais <strong>de</strong> nombreuses glan<strong><strong>de</strong>s</strong> nectarifères alors que l'espèce<br />

cultivée montre l'inverse.<br />

Ces <strong>de</strong>ux métabolismes sont sensibles aux ressources du milieu (Berenbaum, 1995). En eff<strong>et</strong>,<br />

Coley <strong>et</strong> collaborateurs (1985), ont défini "la théorie <strong>de</strong> la protection optimale" qui dit que<br />

lorsque la plante investit ces ressources dans sa croissance ou sa reproduction, il y aura alors une<br />

baisse <strong>de</strong> production <strong>de</strong> nectar mais aussi <strong>de</strong> métabolites secondaire. Le fonctionnement <strong>de</strong> la<br />

plante entière conditionne le métabolisme <strong>et</strong> par voie <strong>de</strong> fait le <strong>de</strong>gré d’investissement dans la<br />

protection anti-herbivores. Nous comprenons donc bien que les ressources du milieu vont jouer<br />

un rôle capital sur c<strong>et</strong>te protection <strong>de</strong> façon indirecte. L’impact du milieu <strong>et</strong> notamment <strong>de</strong> la<br />

mise en culture que nous soulignons dans nos travaux, s’explique très certainement par la gestion<br />

métabolique <strong>de</strong> la plante <strong>et</strong> son investissement dans sa protection.<br />

22


CONCLUSION<br />

Une bioprospection a révélé une diversité <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>ignames</strong> présentes dans les abattis ainsi<br />

qu'une diversité <strong><strong>de</strong>s</strong> pratiques culturales parmi les différentes communautés guyanaises. Afin <strong>de</strong><br />

conclure sur les eff<strong>et</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> paramètres culturaux il est nécessaire d’effectuer un recensement plus<br />

important.<br />

Les étu<strong><strong>de</strong>s</strong> menées ont mis en évi<strong>de</strong>nce une différence entre l'espèce D.trifida sauvage <strong>et</strong><br />

cultivée aux niveaux <strong>de</strong> la production <strong>de</strong> molécules issu <strong><strong>de</strong>s</strong> métabolismes primaire <strong>et</strong><br />

secondaire. Effectivement, les <strong>ignames</strong> américaines <strong>cultivées</strong> ont tendance à investir plus<br />

d'énergie dans la production <strong>de</strong> composés phénoliques type tanins <strong>et</strong> flavonols, contrairement<br />

aux individus <strong>sauvages</strong> qui investissent plutôt dans <strong><strong>de</strong>s</strong> systèmes <strong>de</strong> défense anti-herbivores<br />

biotique par production <strong>de</strong> nectar sucré.<br />

La recherche <strong>de</strong> biomolécules a mis en évi<strong>de</strong>nce, un eff<strong>et</strong> terroir ainsi qu'un impact <strong>de</strong> la<br />

mise en culture. Pour tester c<strong>et</strong>te tendance, il faudrait analyser plus précisément par HPLC les<br />

différentes molécules.<br />

L'igname offre un potentiel chimique encore très peu étudié. En eff<strong>et</strong>, en plus <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

nombreux composés phénoliques, l'igname possè<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> saponines qui une fois hydrolysé libèrent<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> triterpènes <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> stéroï<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> type diosgénine (précurseur <strong>de</strong> la progestérone).<br />

Dans le cadre d'une future étu<strong>de</strong>, il serait intéressant d'analyser c<strong>et</strong>te classe <strong>de</strong> molécule.<br />

23


ANNEXES<br />

Caractérisation <strong>de</strong> la diversité <strong><strong>de</strong>s</strong> Dioscorea en <strong>Guyane</strong>:<br />

Espèce sauvage<br />

Espèces <strong>cultivées</strong><br />

Tableau <strong>de</strong> l'enquête<br />

Espèce NuméroCommunautés Lieu Tubercule<br />

D. trifida S1 / St Georges Blanc<br />

D. trifida S2 / St Georges Viol<strong>et</strong><br />

D. trifida S3 / St Georges Blanc<br />

D. trifida N1 / Nouragues Blanc<br />

D. trifida N2 / Nouragues Blanc<br />

D. trifida N3 / Nouragues Blanc<br />

D. trifida K1 / Kaw Blanc/Viol<strong>et</strong><br />

D. trifida K2 / Kaw Blanc<br />

D. trifida K3 / Kaw Blanc<br />

D. trifida PSG3 Palikur St Georges Viol<strong>et</strong><br />

D.trifida PSG4 Palikur St Georges Pas <strong>de</strong> tubercule<br />

D. trifida CS1 Créole Sinnamary Viol<strong>et</strong><br />

D. trifida CC4 Créole Carapa Viol<strong>et</strong><br />

D. trifida SR2 Saramaka Régina Blanc<br />

D. trifida SR3 Saramaka Régina Viol<strong>et</strong><br />

D. trifida SR4 Saramaka Régina Viol<strong>et</strong><br />

D. trifida SSL1 Saramaka St Laurent Blanc/Viol<strong>et</strong><br />

D. trifida DJ7 Djuka Javouhey Viol<strong>et</strong><br />

D. trifida DJ8 Djuka Javouhey Blanc<br />

D. trifida DJ9 Djuka Javouhey Blanc/Viol<strong>et</strong><br />

D. trifida DJ2 Djuka Javouhey Blanc/Viol<strong>et</strong><br />

D. trifida DJ4 Djuka Javouhey Viol<strong>et</strong><br />

D.trifida DJ3 Djuka Javouhey Blanc<br />

D. trifida HJ1 Haitien Javouhey Viol<strong>et</strong><br />

D.trifida HmS Hmong Sinnamary Blanc<br />

D. cayennensis PSG5 Palikur St Georges Jaune intense<br />

D. cayennensis CS4 Créole Sinnamary Jaune pale<br />

D. cayennensis SR6 Saramaka Régina Jaune intense<br />

D. cayennensis HK Haitien Kourou Jaune intense<br />

D. cayennensis HM7 Haitien Rte <strong>de</strong> Mana Jaune intense<br />

D. rotundata PSG1 Palikur St Georges Jaune<br />

D. rotundata PSG2 Palikur St Georges Pas <strong>de</strong> tubercule<br />

D. rotundata SR7 Saramaka Régina Jaune<br />

D. rotundata DJ1 Djuka Rte <strong>de</strong> Javouhey Jaune clair<br />

D. rotundata DJ5 Djuka Javouhey Jaune clair<br />

D. rotundata HM1 Haitien Mana Jaune<br />

D. alata CC3 Créole Carapa Blanc<br />

D. alata SR5 Saramaka Régina Blanc/Jaune très clair<br />

D. alata SSL2 Saramaka St Laurent Blanc<br />

D. alata DSL1 Djuka St Laurent Blanc/Jaune très clair<br />

D. alata HM4 Haitien Rte <strong>de</strong> Mana Blanc intense<br />

D.alata viol<strong>et</strong> HmJ1 Hmong Javouhey Jaune,contour viol<strong>et</strong><br />

D.alata viol<strong>et</strong> HmJ2 Hmong Javouhey Blanc/Viol<strong>et</strong><br />

D.alata viol<strong>et</strong> HM3 Haitien Rte <strong>de</strong> Mana Jaune orangé,contour orange<br />

D.alata viol<strong>et</strong> SR1 Saramaka Régina Orange intense,contour viol<strong>et</strong>


Herbier <strong>de</strong> Cayenne: Ignames <strong>sauvages</strong> <strong>de</strong> <strong>Guyane</strong> <strong>française</strong><br />

Dioscorea trifida Dioscorea amazonum<br />

Dioscorea polygonoi<strong><strong>de</strong>s</strong> Dioscorea pilosiuscula


Description du lieu <strong>de</strong> récolte <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> abattis<br />

Photo 3: Abatti Palikur - St-Georges Photo 2: Abatti Saramaka - Régina<br />

Photo 3: Abatti Hmong (en pente) – Cacao Photo 4: Abatti Créole – La Carapa<br />

Photo 5: Abatti Djuka – Javouhey Photo 6: Abatti Haitien – Javouhey


Recherche <strong>de</strong> biomolécules<br />

Photo <strong><strong>de</strong>s</strong> différentes chromatographies<br />

Révélation <strong><strong>de</strong>s</strong> tanins au réactif DMACA<br />

Révélation <strong><strong>de</strong>s</strong> flavonols au réactif <strong>de</strong> Neu


Structure <strong><strong>de</strong>s</strong> composés phénoliques mis en évi<strong>de</strong>nce<br />

- Flavonol type quercétine<br />

- Tanin hydrolysable<br />

type ellagique type gallique<br />

- Tanin con<strong>de</strong>nsé


Approche fonctionnelle<br />

fonctionnelle.<br />

Un dosage <strong>de</strong> carbone/azote (C/N) a été réalisé dans le cadre d'une approche<br />

Le carbone <strong>et</strong> l'azote sont <strong><strong>de</strong>s</strong> éléments constitutifs importants <strong><strong>de</strong>s</strong> êtres vivants. En eff<strong>et</strong>, le<br />

carbone provenant du gaz carbonique (CO2) atmosphérique alimente la croissance <strong><strong>de</strong>s</strong> plantes<br />

(photosynthèse). L'azote présent dans le sol est consommé par les plantes <strong>et</strong> dégradé sous<br />

forme d'ions ammonium <strong>et</strong> <strong>de</strong> nitrates. Nous avons déterminé la teneur, en pourcentage, du<br />

ratio C/N par mg <strong>de</strong> feuilles séchées pour chacun <strong>de</strong> nos échantillons.<br />

Ce rapport était initialement recherché comme un critère <strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>cription <strong><strong>de</strong>s</strong> différentes<br />

espèces <strong>et</strong> <strong>de</strong>vait être corrélé aux données <strong>de</strong> photosynthèse que nous n’avons pas pu faire par<br />

manque <strong>de</strong> matériel dans les serres. En eff<strong>et</strong>, la croissance <strong>de</strong> certaines espèces est très lente.<br />

Par manque <strong>de</strong> cohérence avec le reste <strong><strong>de</strong>s</strong> recherches effectuées, nous avons préféré<br />

m<strong>et</strong>tre c<strong>et</strong>te partie en annexe.<br />

Graphiques du dosage C/N<br />

Différents paramètres <strong>de</strong> variabilité ont été étudiés: suivant les 6 variétés, les 3 secteurs<br />

géographiques, l'utilisation d'engrais. L'utilisation d'engrais a été scindée en quatre catégories:<br />

engrais chimique, engrais organique, engrais chimique <strong>et</strong> organique <strong>et</strong> aucun engrais. Mais<br />

ces <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnières, ne sont pas représentatives car seulement <strong>de</strong>ux agriculteurs parmi les dix-<br />

neuf interrogés utilisent ces pratiques.<br />

Les graphiques ne montrent pas une différence significative parmi les différents paramètres<br />

étudiés.<br />

Pourcentage (%)<br />

- Suivant les différentes variétés recensées:<br />

25<br />

20<br />

15<br />

10<br />

5<br />

0<br />

D. trifida cultivé D. trifida<br />

sauvage<br />

Pourcentage <strong>de</strong> C/N par mg <strong>de</strong> feuilles séchées<br />

D. alata variété<br />

blanc<br />

D. alata variété<br />

viol<strong>et</strong><br />

D. cayennensis D. rotundata


25<br />

20<br />

15<br />

10<br />

5<br />

0<br />

- Suivant les différents secteurs<br />

25<br />

20<br />

15<br />

10<br />

Pourcentage du rapport C/N par mg <strong>de</strong> feuilles séchées<br />

Secteur 1 Secteur 2 Secteur 3<br />

- Suivant l'apport dans le sol<br />

5<br />

0<br />

Pourcentage C/N<br />

cendres engrais chimique cendre& engrais<br />

chimique<br />

aucun apport


Ouvrages <strong>de</strong> références<br />

BIBLIOGRAPHIE<br />

Chevalier, 1936. Contribution à l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> quelques espèces africaines du genre Dioscorea.<br />

Edition: Bull<strong>et</strong>in du Museum National d’Histoire Naturelle (série 2), 19 : 213-243.<br />

Coley, Bryant and Chapin, III1985. Resource Availability and plant anti-herbivore <strong>de</strong>fense.<br />

Edited by: Science 230:895-899.<br />

Coursey, 1976. The origins and domestication of yams in Africa. In: Origin of African plant<br />

domestication. Edited by: J.R. Harlan, J.M.J. De W<strong>et</strong>. A.B.L. Stemler.Mouton. The Hague,<br />

N<strong>et</strong>herlands. pp. 383-408.<br />

Dansi, Mignouna, Zoudjihèkpon, Sangaré, Asiedu, Quin, 1998. Variétal i<strong>de</strong>ntification key<br />

of the cultivated yams (Dioscorea cayenensis/Dioscorea rotundata complex) of Bénin<br />

Republic. Plant Gen<strong>et</strong>ic Resources Newsl<strong>et</strong>ter 116:18–25.<br />

Degras, 1986. L'igname: plante à tubercule tropicale Maisonneuve <strong>et</strong> Larose <strong>et</strong> ACCT, Paris,<br />

France. 408p<br />

Delor <strong>et</strong> al., 2001, Source: BRGM <strong>Guyane</strong> (carte), Atlas illustré <strong>de</strong> la <strong>Guyane</strong><br />

Dounias, 1993. The perception and use of wild yams by the Baka hunter-gatherers in south<br />

Cameroon rainforest. In : Food and nutrition in the tropical forest. Biocultural<br />

interactions and applications to <strong>de</strong>velopment. Hladik CM, Pagezy H, Linares OF, Hladik<br />

A, Semple A & Hadley M (Eds). Paris, Unesco-Parthenon, Man and the Biosphere<br />

series, pp. 621-632.<br />

Dumont, Dansi, Vernier, and Zoundjihekpon, 2005. Biodiversité <strong>et</strong> domestication <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>ignames</strong> en Afrique <strong>de</strong> l'Ouest. Pratiques traditionnelles conduisant à Dioscorea<br />

rotundata Poir. Reperes CIRAD:119 pp.<br />

Hamon, Lebot, 1998. Les ressources génétiques <strong>de</strong> l’igname: Caractérisation <strong>et</strong><br />

classification. In: Berthaud J, Bricas N, Machand JL, éditeurs. L’igname plante séculaire <strong>et</strong><br />

culture d’avenir. Actes du séminaire international CIRAD–INRA–ORSTOM–CORAF,<br />

Montpellier, France, pp. 127–133.<br />

Heil, Delsinne, Hilpert, Schürkens, Andary, Linsenmair, Sousa &McKey , 2002. Reduced<br />

chemical <strong>de</strong>fence in ant-plants? A critical re-evaluation of a wi<strong>de</strong>ly accepted hypothesis.<br />

Oikos, sous presse.<br />

Hölldobler&Wilson, 1990. The ants. Harvard University Press, Cambridge, Massachus<strong>et</strong>ts,<br />

733 p.<br />

Koptur, 1992. Extrafloral nectary-mediated interactions b<strong>et</strong>ween insects and plants. In:<br />

Insect-plant interactions. Bernays E (Ed). CRC Press, Boca Raton, pp. 81-129.


IPGRI/IITA., 1997. Descriptors for Yam (Dioscorea spp.). International Institute of Tropical<br />

Agriculture, Ibadan, Nigeria/ International Plant Gen<strong>et</strong>ic Resources Institute, Rome, Italy.<br />

Macheix <strong>et</strong> al., 2005. Les composés phénoliques <strong><strong>de</strong>s</strong> végétaux, Un exemple <strong>de</strong> métabolisme<br />

secondaires d'importance économique.<br />

Editions Presses Polytechniques <strong>et</strong> Universitaires Roman<strong><strong>de</strong>s</strong>. Collection Biologie.<br />

Mad<strong>de</strong>n&Young, 1992. Ants as alternative <strong>de</strong>fenses in spinescent Acacia drepanolobium.<br />

Oecologia, 91: 235-238.<br />

McKey, 1979, The distribution of secondary compounds within plants. In: Herbivores. Theirs<br />

interaction with Secondary Plant M<strong>et</strong>abolites (Ed. Rosenthal GA., Janzen DH.).<br />

Aca<strong>de</strong>mic Press, New-York, USA, pp. 55-133.<br />

Montabo, 2004. Le grand livre <strong>de</strong> l'histoire <strong>de</strong> <strong>Guyane</strong>, volume1: Des origines à 1848.<br />

Edition Orphie<br />

Sagers, C.L. and P.D. Coley, 1995. Benefits and costs of plant <strong>de</strong>fense in a neotropical<br />

shrub. Ecology b76:1835-1843.<br />

Treche, 1989. Potentialités nutritionnelles <strong><strong>de</strong>s</strong> Ignames (Dioscorea spp.) <strong>cultivées</strong> au<br />

Cameroun, volume 1. Editions <strong>de</strong> l’ORSTOM, Paris, 224 p.<br />

Liens intern<strong>et</strong><br />

Information sur le mucilage:<br />

- Mazza, 2000, Functional Foods and Nutraceuticals<br />

http://www.agr.gc.ca/misb/fb-ba/nutra/in<strong>de</strong>x_f.php?s1=crops-recolte&page=intro<br />

- Zinzou, 1999, Centre suisse <strong>de</strong> recherche scientifique<br />

http://www.csrs.ch/fichiers/Rapports/Rapport1999-2000.pdf<br />

- Institut <strong><strong>de</strong>s</strong> corps gras - Centre Technique Industriel<br />

ITERG - Tensioactifs biodégradables à partir d’aci<strong><strong>de</strong>s</strong> gras <strong>et</strong> <strong>de</strong> polysacchari<strong><strong>de</strong>s</strong> d’algues :<br />

http://www.iterg.com/article.php3?id_article=147<br />

ITERG - Valorisations industrielles <strong><strong>de</strong>s</strong> sous-produits : mucilages <strong>de</strong> tournesol (tensioactifs<br />

solubilisants) : http://www.iterg.com/article.php3?id_article=141<br />

- http://www.refer.mg/cours/wcl/wbalg/pages/p9.htm<br />

Information sur la théorie <strong>de</strong> protection optimale<br />

Nat' Aca<strong>de</strong>mies Press, Chemical Ecology: The Chemistry of Biotic Interaction (1995) :<br />

http://darwin.nap.edu/books/0309052815/html/1.html<br />

Image <strong><strong>de</strong>s</strong> structures chimiques<br />

- http://culturesciences.chimie.ens.fr/dossiers-chimie-soci<strong>et</strong>e-article-FruitsPolyphenol.html<br />

- http://taninos.tripod.com/aaa6.jpg


RESUME<br />

L'obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong> porte essentiellement sur la culture <strong>de</strong> l'igname Dioscorea trifida par les<br />

différentes communautés qui peuplent le département français <strong>de</strong> la <strong>Guyane</strong> <strong>et</strong> son homologue<br />

qui pousse à l'état sauvage. Un inventaire <strong>de</strong> la diversité <strong><strong>de</strong>s</strong> Dioscorea a été fait sur les abattis<br />

ainsi qu'une <strong><strong>de</strong>s</strong>cription <strong><strong>de</strong>s</strong> pratiques culturales employées. L'impact <strong>de</strong> ces pratiques sur les<br />

différentes variétés d'igname recensée a été étudié.<br />

La recherche <strong>de</strong> biomolécules dans le tubercule (mucilage) ainsi que dans les feuilles<br />

(composés phénoliques) a mis en évi<strong>de</strong>nce un eff<strong>et</strong> terroir.<br />

Une comparaison a été faite entre l'espèce D. trifida sauvage <strong>et</strong> cultivée au niveau <strong>de</strong> la<br />

protection anti-herbivore. La plante m<strong>et</strong> en place une protection <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ordres: biotique<br />

(mutualisme plante-fourmi) <strong>et</strong> chimique (tanins).<br />

Mots clés: igname, Dioscorea trifida, <strong>Guyane</strong>, mise en culture, composés phénoliques,<br />

mucilage, protection anti-herbivore.<br />

The object of this study concerns essentially the culture of the yam Dioscorea trifida by the<br />

several communities which populate the French Guyana and its counterpart who grows to the<br />

wild state. An inventory of the vari<strong>et</strong>y of Dioscorea was ma<strong>de</strong> on fields as well as a<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>cription of the culturales practices used. The impact of these practices on the various<br />

vari<strong>et</strong>ies show of listed yam was studied.<br />

The research for biomolecules in the tuber (mucilage) as well as in the leaves (phenolic<br />

compound) put in evi<strong>de</strong>nce an effect soil.<br />

A comparison was ma<strong>de</strong> b<strong>et</strong>ween the specie D. trifida wild and cultivated for the anti-<br />

herbivore protection . The plant s<strong>et</strong>s up a protection of two or<strong>de</strong>rs: biotics (mutualism plant-<br />

ant) and chemical (tannin).<br />

Key-words: yam, Dioscorea trifida, French Guyana, s<strong>et</strong>ting in culture, phenolic compounds,<br />

mucilage, protection anti-herbivore

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!