journal de bord de la 5ème étape - Le Tour du monde du Taranis

nous en profitâmes pour partir au petit matin du 11 juillet dans un froid vivifiant imposant le
port des tuques et des mitaines, avec un vent frais de nord (c'est-à-dire dans le nez) et le
courant de Gaspé (dans le nez aussi) qui correspond au courant du Saint Laurent alors que les
effets de marée ne se font encore que peu sentir dans cette partie très large du fleuve. C'est
ainsi que nous ralliâmes le port de Rivière au Renard en atteignant difficilement 5 nœuds au
moteur (et en étant plus souvent à 4 nœuds), ce que les instructions nautiques avaient bien
prédit en nous annonçant que la remontée du Saint Laurent était difficile et laborieuse ! Mais
le soleil resplendissant et les paysages magnifiques des hautes falaises gaspésiennes nous
firent vite oublier ces petites misères. Le spectacle du Rocher Percé (qui a donné son nom au
port voisin de Percé) de 450 m de long sur 90 m de haut (bloc de calcaire vieux de 375
millions d'années bourré de fossiles comportant une arcade de plus de 18 mètres), au pied
duquel nous passâmes, fut un grand moment.
Enfin, dans le fleuve Saint Laurent …
En effet, même s'il fait alors plus de 70 miles de large, c'est juste avant Rivière au Renard que
nous entrions officiellement dans le fleuve, en quittant le Golfe du Saint Laurent.
Le port de Rivière au Renard est le grand port de pêche de la Haute Gaspésie et la petite
marina que nous eûmes du mal à trouver, car il n'y avait en tout et pour tout que le bateau des
Gardes Côtes et un petit bateau à moteur amarrés à un ponton et quelques catways, nous
accueillit pour y passer une nuit tranquille.
Malgré une météo pas très encourageante avec des vents d'ouest assez fort annoncés (encore
dans le nez), nous décidâmes cependant de partir le lendemain pour Rivière Madeleine où
nous avions théoriquement rendez-vous avec des amis canadiens qui faisaient le voyage
inverse du nôtre en descendant le Saint Laurent pour rallier les Antilles cet hiver. Nous
connaissions en effet Michel et Suzanne, à bord du voilier Terre Neuva 2, depuis plus de 8
mois… sur internet, après que Benoît et Cécile nous aient passé leur adresse e-mail l'automne
dernier à Trinidad ! Après une étape encore laborieuse au moteur, au cours de laquelle nous
guettâmes et identifiâmes tous les voiliers croisés (trois ce jour là, ce qui était exceptionnel)
comme n'étant pas Terre Neuva 2, nous eûmes la joie de trouver enfin nos amis en arrivant
dans le tout petit port charmant de Rivière Madeleine.
Après presque deux jours passés à se
Les hautes côtes de Gaspésie
raconter nos navigations, à échanger nos
renseignements et nos documents, à se
balader et aussi un peu à ripailler
ensemble, et après avoir promis de se
revoir, nous partîmes le 14 juillet pour
Saint Anne des Monts avec un vent fort
de sud-sud-ouest, au petit largue, qui
nous permit de lutter efficacement contre
le courant de Gaspé moyennant une gîte
dont nous avions perdu l'habitude !
L'accueil toujours aussi agréable, dans
une marina comportant plus d'une dizaine
de bateaux, faisait bien passer des tarifs qui montaient régulièrement, en restant toutefois bien
inférieurs aux standards américains, en allant vers la "civilisation" et des villages qui
ressemblaient maintenant plus à des stations balnéaires qu'à des ports de pêche.
La chaleur lourde (au moins 22°C !) qui avait permis aux moustiques de s'épanouir, et le
baromètre qui amorçait une baisse lente mais profonde, confirmèrent des prévisions météos
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