journal de bord de la 5ème étape - Le Tour du monde du Taranis

cassées ou tordues (et ceci, probablement depuis un petit moment qu'il donnait des signes de
faiblesse). Après avoir passé une demi-heure à décoincer cette chaîne, ce fut en prenant de
bons pions d'eau de mer dans le cockpit que nous filâmes avec un bon 6 par le travers vers
notre prochain objectif, Cayo Confites (littéralement l'îlot bonbon), un pâté de sable au milieu
des coraux (mais pâté sans "guarda frontera"…).
Comme d'habitude, séquence frissons pour
passer au milieu de la barrière de corail qui
nous abriterait en complément du minuscule
îlot (1 km de long par 100 m de large
environ) pendant un temps certain, et
cogitations extrêmes pour mouiller l'ancre
sans guindeau et pouvoir la relever ensuite
(cogitations qui se traduisirent par la mise
en place de bouts sur la chaîne destinés à
pouvoir être repris sur le winch de pied de
mat). Après de cordiales salutations VHF de
Les installations stratégiques de Cayo Confites
la part des gardiens de phare de l'îlot, qui
nous souhaitèrent la bienvenue en nous
disant que nous pouvions rester une semaine si nous le souhaitions (c'était peut-être un peu
malicieux de leur part, car eux devaient avoir la vraie météo !), nous jetions l'ancre comme
prévu à quelques centaines de mètres d'une plage de sable fin et derrière notre barrière de
corail dans 3 mètres d'une eau extraordinairement transparente. Ne pouvant débarquer sur
l'îlot (en raison de son caractère stratégique – nous identifiâmes effectivement aux jumelles
les bâtiments militaires qui outre les latrines facilement reconnaissables à leur taille,
comprenaient le dortoir réfectoire et le petit bâtiment d'où le gardien parlait dans le poste),
mais surtout en raison du mauvais temps, nous avons alors vécu une longue attente, suspendus
à nos bulletins météo NAVTEX qui nous annonçaient des coups de vent (vécus en direct live)
alors que le gredin de la télévision continuait imperturbablement à nous annoncer ses 40 km/h
officiels. Une fois les réserves du bord vidées, nous dûmes nous résoudre à attaquer les
conserves (bien sûr un peu périmées) et Chantal dut déployer des trésors d'imagination pour
économiser le pain – ce qui nous valut une super crêpes-partie). Bien sûr, le vent fraîchissant
au cours des jours nous donna des sueurs froides quant à la tenue de l'ancre qui se comporta
très bien (et pour cause, au moment de relever on s'aperçut qu'on s'était "empègué" dans la
grosse ancre à jas du corps mort voisin !). Et ainsi, au milieu de nulle part, derrière notre pâté
de sable et à dix miles d'une côte que nous devinions à peine, nous étalâmes presque
confortablement un bon force 8 avec rafales à 9. Les journées passèrent à bricoler (ce qui me
permit de découvrir qu'un chargeur de batteries s'était envoyé en l'air, mais aussi de faire une
réparation de fortune du guindeau), lire, écrire, faire un peu d'eau et d'électricité avec le
groupe, après le coucou du matin des gardiens de phare à la VHF, "scrabbler" (bien sûr) tout
en rongeant notre frein !
Après 4 jours de ce régime, ce n'est que le 28 mars que nous pûmes remettre en route avec
quand même encore un bon 6 aux fesses pour rallier la marina Guillermo ! Enfin, en début
d'après-midi après avoir avalé nos 62 miles avec une moyenne de plus de 7 nœuds et avoir
"explosé" l'attache du hale bas sur la bôme, commencèrent les recherches de la bouée
d'atterrissage mentionnée comme étant "blanche et grande au milieu de bancs de sable
identifiables à la couleur de l'eau" ! Elle était en fait brune (de rouille) et petite avec, derrière
elle, une eau toute clairette, comme s'il y avait eu un grand banc de sable…ce qui était le cas,
les fonds remontant en trois pointés du sondeur de 3m à 1,4m. Un demi-tour stratégique fut
rapidement fait et un appel à la marina internationale (qui n'était pas non plus visible à
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