Le ménétrier et les loups - L'esprit des pierres
Le ménétrier et les loups - L'esprit des pierres
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LE MENETRIER ET LE(S) LOUP(S)<br />
Eléments pour une recherche<br />
(Jean-Loïc <strong>Le</strong> Quellec travail en cours… merci de me communiquer <strong>les</strong> versions que j’ai sûrement oubliées !)<br />
I. <strong>Le</strong> héros<br />
A : C'est un musicien : joueur de cornemuse (biniou, chabr<strong>et</strong>te, cabr<strong>et</strong>te, vese, mus<strong>et</strong>te, buna,<br />
bagpipes) ; A1 : vielle ; A2 : violon ; A3 : hautbois ; A4 : clarin<strong>et</strong>te ; A5 : flûte ; A6 : accordéon ;<br />
A7 : tambour ; A8 : Nyckelharpa ; A9 : c'est un chanteur.<br />
B : Il rentre chez lui après avoir fait danser : à la veillée ; B2 : dans une ferme où il a tué le<br />
cochon ; B3 : à une fête ; B4 : au bal ; B5 : aux noces ; B6 : où il a bien bu ; B7 : après <strong>les</strong> tournées de<br />
quêtes de Noël ; B8 : il se rend à une fête.<br />
C : Il ramène le salaire en nature de sa prestation : un pain chaud ; C1 : une gal<strong>et</strong>te : C2 : une<br />
brioche (rotyot) ; C3 : une tourte ; C4 : une tarte ; C5 : une fougasse ; C6 : un gâteau battu (watyeu batu) ;<br />
C7 : <strong>des</strong> fougasses ; C8 : <strong>des</strong> crousta<strong>des</strong> ; C9 : un pain <strong>et</strong> une fouace ; C10 : un pain <strong>et</strong> un litre de vin ; C11<br />
: <strong>des</strong> morceaux de cochon ; C12 : <strong>des</strong> provisions.<br />
D : Il part dans la nuit ; D1 : après minuit ; D2 : peu avant l'aube ; D3 : l'hiver, dans la neige ;<br />
D4 : près d'une forêt ; D5 : qu'il traverse.<br />
E : Il s'endort au pied d'un arbre (mort de fatigue ou pour cuver son vin).<br />
II. La mauvaise rencontre<br />
A : <strong>Le</strong> sonneur découvre qu'il est suivi par : un loup ; A1 : deux <strong>loups</strong> ; A2 : il rencontre un loup ;<br />
A3 : deux <strong>loups</strong> ; A4 : s'arrêtant pour uriner, il s'aperçoit qu'il est épié par un loup ; A5 : il est soudain<br />
entouré (suivi) de <strong>loups</strong> ; A6 : il est réveillé par un loup qui l'a recouvert de feuil<strong>les</strong> ; A7 : par <strong>les</strong> hurlements<br />
d'un premier animal qui appelle ses congénères.<br />
B : <strong>Le</strong> sonneur se réconforte en buvant le vin qu'il ramène ; B1 : il tente de s'échapper : en fuyant ;<br />
B2 : en criant "harloup !" ; B3 : en frappant l'un contre l'autre ses sabots ferrés ; B4 : en offrant sa cornemuse<br />
comme leurre en la faisant tomber ; B5 : ou en la laissant pendre ; B6 : en émi<strong>et</strong>tant ses provisions ; B7 :<br />
en <strong>les</strong> j<strong>et</strong>ant d'un seul coup ; B8 : en se cachant sous <strong>des</strong> feuil<strong>les</strong> mortes.<br />
III. La surprise musicale<br />
A : Pendant la fuite, l'instrument sonne de lui-même A1 : lorsque le musicien se r<strong>et</strong>ourne vers ses<br />
poursuivants ; A2 : lorsqu'il le coince en sautant un mur ; A3 : lorsqu'il cherche son couteau dans son sac ;<br />
A4 : lorsqu'il continue à chercher dans son gil<strong>et</strong> de quoi j<strong>et</strong>er au loup ; A5 : lorsqu'une branche heurte<br />
l'instrument A6 : le sonneur décide lui-même de jouer ; A8 : "pour voir" ; A9 : pour lancer son chant du cygne<br />
; A10 : (on passe directement à D).<br />
B : Surprise du (<strong>des</strong>) loup(s).<br />
C : <strong>Le</strong> héros se m<strong>et</strong> à jouer tout en marchant, <strong>et</strong> le(s) loup(s), effrayé(s), se tien(nen)t à distance ; C1 :<br />
charmé(s), il(s) sui(ven)t docilement la musique ; C2 : en dansant ; C3 : il(s) décampe(nt) ; C4 : le héros se<br />
m<strong>et</strong> à chanter.<br />
D : <strong>Le</strong> sonneur grimpe : dans un arbre ; D1 : dans un oratoire.<br />
E : L'arbre est attaqué : par le(s) loup(s) qui gratte(nt) à sa racine ; E1 : qui en ronge(nt) le pied ; E2 :<br />
le sonneur signale lui-même sa présence aux <strong>loups</strong> qui, ne le r<strong>et</strong>rouvant pas, s'en prennent à leur congénère<br />
informateur.<br />
F : <strong>Le</strong> sonneur décide de jouer ; F1 : car il se voit perdu ; F2 : pour tromper l'ennui de son attente ;<br />
F3 : l'instrument du sonneur fait un bruit inopiné : en tombant (sur le sol, de branche en branche) ; F4 : quand<br />
un loup y touche ; F5 : quand <strong>les</strong> <strong>loups</strong> se j<strong>et</strong>tent <strong>des</strong>sus, croyant attaquer le sonneur lui-même ; F6 : pendant
que le musicien grimpe à l'arbre ; F7 : tellement le sonneur tremble de peur ; F8 : quand une brindille tombe<br />
<strong>des</strong>sus ; F9 : car le vent l'avait gonflé (cornemuse) ; F10 : l'instrument tombe dans le cul d'un loup.<br />
IV. <strong>Le</strong> salut<br />
A : Surpris <strong>et</strong> effrayé(s) par le son, le(s) loup(s) s'arrêtent en dressant <strong>les</strong> oreil<strong>les</strong> ; A1 : en tremblant ;<br />
A2 : ils s'écarte(nt) ; A3 : ou s'enfui(ent) ; A4 : avec l'instrument dans le cul, <strong>et</strong> qui joue tout seul ; A5 : le<br />
plus hardi s'empare de l'instrument en croyant que c'est l'homme ; A6 : tous <strong>les</strong> autres le suivent.<br />
B : <strong>Le</strong> sonneur est sauvé ; B1 : il est r<strong>et</strong>rouvé par ses parents qui ont rêvé de son aventure ; B2 : sa<br />
cornemuse se perce juste comme il arrive près d'un feu rougeoyant, qui effraie <strong>les</strong> <strong>loups</strong>.<br />
V. Conclusion<br />
<strong>loups</strong>.<br />
A : Des lutins font danser le loup jusqu'à épuisement.<br />
B : <strong>Le</strong> sonneur s'écrie que, s'il avait su, il aurait joué tout de suite, épargnant ainsi ses provisions.<br />
C : <strong>Le</strong> sonneur <strong>des</strong>cend de son refuge ; C1 : il part dans la direction opposée à celle prise par <strong>les</strong><br />
D : Il est devenu fou ; D1 : <strong>et</strong> continue à se battre contre ses parents venus le libérer ; D2 : il faut<br />
l'étouffer entre deux matelas ; D3 : il finit par mourir de la peur qu'il a eue.<br />
E : Il arrive au village en jouant joyeusement, au grand étonnement de tous ; E1 : alors qu'il ne reste<br />
qu'une seule corde à son instrument ; E2 : aux villageois qui s'étonnent de le voir jouer seul, il crie : "Dansez si<br />
cela vous plaît, moi je chasse le loup" ; E3 : il frappe à la première maison venue <strong>et</strong> s'évanouit sur le seuil.<br />
F : Il rentre chez lui ; F1 : <strong>et</strong> voit <strong>les</strong> <strong>loups</strong> poser leurs pattes sur l'appui de fenêtre ; F2 : <strong>et</strong> embrasse<br />
la peau de son tambour, grâce à laquelle il a sauvé la sienne ; F3 : le loup, qui l'a suivi, est "gagné par la<br />
musique" <strong>et</strong> lui sert désormais de chien de garde.<br />
G : Il se repose dans une cabane ; G1 : avant de reprendre son chemin en compagnie de camara<strong>des</strong><br />
armés.<br />
H : Il raconte son histoire ; H1 : qu'il termine en supposant que <strong>les</strong> <strong>loups</strong> doivent avoir <strong>les</strong> griffes<br />
usées "car ils courent sans doute encore".<br />
I : Il m<strong>et</strong>tra désormais ses provisons dans la boîte, pour garder l'instrument prêt à jouer.<br />
J : Depuis ce jour, il joue de son instrument de manière "préventive" <strong>et</strong> n'a plus jamais rencontré de<br />
loup.<br />
K : Il pose son instrument sur la cheminée, où il restera jusqu'à sa mort.<br />
R E S U M E D E S V E R S I O N S :<br />
A - F R A N C E<br />
1 - Un musicien, joueur de vielle, revient de veillée, traverse <strong>des</strong> bois, est suivi par deux <strong>loups</strong>,il grimpe dans<br />
un arbre, un loup gratte au pied de l'arbre qui vacille, la vielle tombe <strong>et</strong> fait "boum ! boum ! boum ! " - le loup<br />
a peur <strong>et</strong> se sauve, l'homme re<strong>des</strong>cend de l'arbre, la vielle est restée sur la cheminée jusqu'à sa mort.<br />
(Bas-Berry. BERNARD 1991, pp. 226-227)<br />
2 - un musicien, joueur de cornemuse, revient de noce, traverse un bois, avec un pain chaud dans sa gibecière, il<br />
s'arrête pour uriner, aperçoit un loup attiré par l'odeur du pain, il monte sur un arbre, il gonfle sa cornemuse, il la<br />
<strong>des</strong>cend au bout de sa ceinture, juste sous le nez du loup, qui m<strong>et</strong> sa patte <strong>des</strong>sus, elle fait "bêê...", le loup prend<br />
peur <strong>et</strong> s'enfuit.<br />
(Bas-Berry. BERNARD 1991, pp. 227-228)<br />
3 - Un joueur de chabr<strong>et</strong>te rentre après minuit, revenant de veillée, traverse la forêt, dans une clairière, il se<br />
trouve entouré de <strong>loups</strong>, il frappe ses sabots ferrés, il grimpe dans un chêne, <strong>les</strong> <strong>loups</strong> rongent le pied de l'arbre,<br />
le sonneur gonfle sa chabr<strong>et</strong>te <strong>et</strong> la laisse tomber, <strong>les</strong> <strong>loups</strong> se j<strong>et</strong>tent <strong>des</strong>sus, l'entendent crier, le plus hardi<br />
l'emporte, croyant tenir l'homme, <strong>les</strong> autres suivent, le chabr<strong>et</strong>aire <strong>des</strong>cend de l'arbre.<br />
(Périgord. BROUILLET 1990, pp. 129-132)
4 - Un violoneux emmenène <strong>des</strong> fil<strong>les</strong> à danser à la veillée<br />
el<strong>les</strong> rentrent avant lui, en traversant le bois, il rencontre un loup, en se r<strong>et</strong>ournant, il effleure une corde du<br />
violon<br />
le loup prend peur, le violoneux se m<strong>et</strong> à jouer tout le long du chemin, arrivé à l'oratoire de st Claude à St-<br />
Véran,il monde dans l'édicule, il y fait de grands moulin<strong>et</strong>s avec sa canne, pour se défendre, pendant ce temps<br />
ses parents rèvent que leur fils se bat avec le loup, à St-Claude, ils s'y rendent avec une lanterne qui effraie le<br />
loup, le violoneux devenu fou continue à se battre contre ses propres parents, il finit par mourir de c<strong>et</strong>te peur.<br />
(Dauphiné. JOISTEN 1978, pp. 123-125)<br />
5 - Un violoneux revient d'un mariage, de nuit, il est assailli par <strong>des</strong> <strong>loups</strong>, pendant sa fuite, une corde se prend<br />
dans une branche, il tire, la corde casse en sonnant, il se m<strong>et</strong> à jouer jusqu'au village, <strong>les</strong> <strong>loups</strong>, charmés par<br />
c<strong>et</strong>te musique, le suivent docilement, au moment où il se réfugie dans une maison, il ne lui reste plus qu'une<br />
corde.<br />
(Haute-Savoie. HUSSON, dans JOISTEN, 1978, pp. 123-125)<br />
6 - Un vielleux revient d'une noce bien arrosée, de nuit<br />
dans un bois, il s'endort au pied d'un arbre, il est réveillé par un loup qui le renifle <strong>et</strong> le recouvre de feuil<strong>les</strong><br />
le loup s'éloigne pour appeler ses confrères, l'homme monte dans l'arbre, <strong>les</strong> <strong>loups</strong> en font le siège, grattent <strong>les</strong><br />
racines ; le sonneur décide de jouer un dernier air, le son effraie <strong>les</strong> <strong>loups</strong> qui se sauvent en hurlant, l'homme<br />
<strong>des</strong>cend <strong>et</strong> part dans la direction opposée.<br />
(Vendée. TIXIER 1988, p. 21)<br />
7 - Un violoneux rentre chez lui la nuit, après une fête<br />
traversant le bois, il est suivi par un loup, il lui j<strong>et</strong>te un morceau de gal<strong>et</strong>te ramenée de la fête, cela r<strong>et</strong>arde le<br />
loup, qui revient après l'avoir dévoré, il sacrifie donc toute la gal<strong>et</strong>te, morceau par morceau, puis se m<strong>et</strong> à jouer<br />
du violon<br />
le loup décampe dès la première note. "Nous avons ouï raconter d'un <strong>ménétrier</strong> de village qu'ayant trouvé à sa<br />
rencontre deux <strong>loups</strong> mâtins, il leur avoit donné quelques p<strong>et</strong>ites provisions qu'il rapportoit d'une nôce. <strong>Le</strong>s<br />
<strong>loups</strong> ayant tout dévoré le menaçoient encore. <strong>Le</strong> <strong>ménétrier</strong> auquel il ne restoit que son violon, leur joua un air<br />
qui mit ces animaux en fuite..."<br />
(Etampois. CAILLET, 1967, pp. 93-94)<br />
8 - Un <strong>ménétrier</strong> revenant de noce avec <strong>des</strong> provisons rencontre deux <strong>loups</strong>, leur donne quelques provisions : ils<br />
dévorent tout, il ne lui reste que son violon, dont il se m<strong>et</strong> à jouer<br />
ce qui m<strong>et</strong> <strong>les</strong> animaux en fuite.<br />
(Non localisé. CARLIER 1770)<br />
9 - Un cabr<strong>et</strong>taïre revient de jouer à une noce, dans la nuit, à 2, 3 h du matin, il rapporte une fougasse, il<br />
s'aperçoit qu'il est suivi par un loup, il lui donne sa fougasse, morceau par morceau, il décide de jouer un air<br />
avant de mourir<br />
<strong>Le</strong> loup disparaît dès qu'il commence, le sonneur s'écrie : "Ah nom de Dieu, si j'avais su, je t'aurais bien joué<br />
tout de suite de la cabr<strong>et</strong>te, que tu n'aurais pas mangé la fougasse, vieux salop ! "<br />
(Recou<strong>les</strong>-d'Aubrac, Lozère (Louis Falguières). TENEZE 1978, pp. 154-155).<br />
10 - Un cabr<strong>et</strong>taïre revient de jouer à une noce, il rapporte une tourte de pain, tout à coup, un loup le suit, il s'en<br />
aperçoit <strong>et</strong> lui émi<strong>et</strong>te sa tourte, quand il n'en a plus, il prend sa cabr<strong>et</strong>te pour jouer, aussitôt, le loup file, le<br />
sonneur s'écrie : "Ah si j'avais connu ce truc-là, tu ne m'aurais pas mangé la tourte ! "<br />
(Cantal (Noémie Aygalenc) TENEZE 1968, p. 352)<br />
11 - Un joueur de cabro (cabr<strong>et</strong>te) revient d'une noce avec une fouace, traverse un bois l'hiver, deux <strong>loups</strong><br />
l'accompagnent soudain, il leur émi<strong>et</strong>te sa fouace, bientôt, il ne lui en restera plus, il songe à se réfugier dans<br />
une grange en vue, mais le vent lui avait gonflé la cabro, qui gémit un peu, aussitôt, <strong>les</strong> deux <strong>loups</strong> s'enfuient,<br />
le sonneur s'écrie : "Si j'avais su que vous sachiez danser, j'aurais bien joué plus tôt ! "<br />
(Aveyron. TENEZE 1975, p. 121)<br />
12 - Finalement, le sonneur s'écrie : "Si j'avais su que vous sachiez danser, j'aurais joué plus tôt ! "
(Laguiole. Aveyron (Marius Séguis), TENEZE 1968, p. 353)<br />
13 - La cabr<strong>et</strong>te sonne accidentellement alors que le sonneur continue à chercher de quoi donner au loup.<br />
(TENEZE 1968, p. 353.)<br />
14 - La cabr<strong>et</strong>te sonne accidentellement alors que le sonneur la coince en sautant un mur.<br />
(TENEZE 1968, p. 353.)<br />
15 à 20 - Autres versions inédites, collectées par M.-L. Tenèze.<br />
21 - "Olaro me benguèt la suprêmo pensado<br />
De fa ploura un regrèt, que serio moun dorrié"<br />
(DURAND 1934, instituteur-félibre surnommé le Picoral).<br />
22 - Un cabr<strong>et</strong>taire (Pierrou) revenait d'une noce vers <strong>les</strong> deux ou trois heures du matin, pour rentrer, il prend au<br />
plus court. Au lieu-dit <strong>Le</strong>s Sauvages, il entend <strong>des</strong> hurlements derrière lui, il presse le pas, prend la course <strong>et</strong>,<br />
dans ses mouvements, sa cabr<strong>et</strong>te ém<strong>et</strong> un son plaintif, <strong>les</strong> <strong>loups</strong> dressent l'oreille <strong>et</strong> font silence, alors le<br />
sonneur se m<strong>et</strong> à jouer une bourrée endiablée <strong>et</strong> toute la bande décampe, prise de panique.<br />
(Pays d'Artense, Cantal. JUILLARD 1953)<br />
23 - Un vioulounaire rentre de bon matin, avant l'aube, de la fête de Saute-Rochers, il rapporte <strong>des</strong> fougasses, il<br />
rencontre deux <strong>loups</strong>, il leur j<strong>et</strong>te ses fougasses, qu'ils dévorent<br />
pendant ce temps, il grimpe sur un arbre, un bouton de sa veste racle une corde, qui fait "zan ! ", <strong>les</strong> <strong>loups</strong><br />
dressent <strong>les</strong> oreil<strong>les</strong>, semblent vouloir danser, il se m<strong>et</strong> à jouer, <strong>et</strong> ils décampent, le sonneur s'écrie : "Ah, sacré<br />
nom de sort, si j'avais su que vous aimiez tant la musique, vous n'auriez pas eu mes fougasses, voleurs ! "<br />
(Languedoc. THEROND 1900)<br />
24 - Un <strong>ménétrier</strong> revient d'une fête votive en rapportant un pain <strong>et</strong> une fouace, est poursuivi par un loup <strong>et</strong>, de<br />
désespoir, "cherche un air sur son hautbois", l'animal s'enfuit, le sonneur s'écrie : "Ah ! Glouton ! Si plutôt<br />
j'avais su que mon art / Produisait c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong> sur ta maudite race / J'eusse bien ménagé mon pain <strong>et</strong> ma fouace."<br />
(Auvergne. PEYROT 1781 (1862, pp. 142 _sq.), apud TENEZE 1978, p.155)<br />
25 - Un violoneux revenant de noces, avec une gal<strong>et</strong>te, est suivi par un énorme loup, il émi<strong>et</strong>te sa gal<strong>et</strong>te, ce qui<br />
ne suffit pas à calmer la faim de l'animal, avant d'être mangé, il veut jouer du violon une dernière fois, il sonne<br />
deux ou trois accords, <strong>et</strong> le loup s'enfuit.<br />
(Ardèche. BERAUD-WILLIAMS 1983, p. 163, n˚ 98)<br />
26 - Un <strong>ménétrier</strong> revient un soir, d'animer une fête, d'où il rapporte une gal<strong>et</strong>te, il s'aperçoit qu'il est suivi par<br />
un loup, il émi<strong>et</strong>te sa gal<strong>et</strong>te, se voyant perdu, il veut jouer du violon une dernière fois, aux premiers sons, le<br />
loup s'arrête, étonné, l'animal se m<strong>et</strong> à trembler de tous ses membres, puis se m<strong>et</strong> à suivre le musicien en<br />
hurlant, sautant, dansant, gambadant de mille façons bizarres, un groupe de lutins arrivent, qui font danser le<br />
loup <strong>et</strong> l'épuisent jusqu'à la mort.<br />
(Picardie. CARNOY, 1975, pp. 274-279)<br />
27 - Un vesour (joueur de cornemuse) qui avait bu s'endort au pied d'un arbre, sous la neige, il se réveille pour<br />
découvrir qu'il est assiégé par <strong>des</strong> <strong>loups</strong>, il grimpe à l'arbre <strong>et</strong> se m<strong>et</strong> à jouer, <strong>les</strong> <strong>loups</strong> s'enfuient.<br />
(Pays de R<strong>et</strong>z. LE MOIGNE 1989, p. 78)<br />
28 - id., mais en grimpant, il laisse tomber sa vese, elle ém<strong>et</strong> un cri qui fait fuir <strong>les</strong> <strong>loups</strong>.<br />
(Pays de R<strong>et</strong>z. LE MOIGNE 1989, p. 78)<br />
29 - <strong>Le</strong> héros est un vioulounaire qui revient de la voto de Vissec en rapportant une fougasse, la nuit le surprend<br />
près du bois de Falgueir<strong>et</strong>te, il s'aperçoit qu'il est suivi par un loup, il émi<strong>et</strong>te le gâteau en pressant le pas,<br />
quand le gâteau est fini, il cherche autre chose dans ses poches, <strong>et</strong>, dans son agitation, heurte son instrument,<br />
"Alors, saisissant son arch<strong>et</strong>, le musicien se m<strong>et</strong> a jouer avec frénésie jusqu'à épuisement, <strong>et</strong> la venue du jour le<br />
sauva."<br />
(Gard. SEIGNOLLE 1960, p. 266)
30 - Un sabotier musicien joue deux jours dans une fête, on lui donne trois crousta<strong>des</strong> en plus de sa paie, sur le<br />
chemin du r<strong>et</strong>our, il passe dans un bois, il y rencontre un loup, auquel il donne successivement <strong>les</strong> trois<br />
crousta<strong>des</strong>, puis a l'idée de jouer du violon, ce qui fait fuir l'animal immédiatement.<br />
(Haute-Garonne. Dans : La Voix de la Montagne, Paris, 1936, p. 21; apud TENEZE 1968, p. 355).<br />
31 - Un violoneux revient d'une noce, il a bien bu, <strong>et</strong> s'endort sous un chêne, un loup passe, le recouvre de<br />
fougères sèches <strong>et</strong> branches mortes, le dormeur se réveille <strong>et</strong> aperçoit une bande de <strong>loups</strong>, il grimpe vite sur un<br />
chêne, <strong>les</strong> <strong>loups</strong> creusent pour déraciner l'arbre, apeuré, le violoneux veut grimper plus haut, son instrument<br />
résonne contre une branche, <strong>les</strong> <strong>loups</strong>, surpris, dressent la tête, le <strong>ménétrier</strong> saisit son arch<strong>et</strong>, entonne une contredanse,<br />
effrayés pour de bon, <strong>les</strong> <strong>loups</strong> s'enfuient, le <strong>ménétrier</strong> joue sans relâche jusqu'au village de Beylongue,<br />
où <strong>les</strong> beylonguais s'étonnent de le voir ainsi jouer sur la neige, "Dansez, si cela vous plaît, répondit le<br />
<strong>ménétrier</strong>, moi je chasse<strong>les</strong> <strong>loups</strong>."<br />
(Lan<strong>des</strong>. DAUGE 1930, pp. 84-85).<br />
32 - Un violoneux (Pîrot Jolibois) revient d'une noce après minuit, nanti d'une brioche, arrivé dans le bois, il se<br />
voit suivi d'un loup, il lui émi<strong>et</strong>te toute sa brioche, puis il lui vient l'idée de jouer du violon, le loup s'enfuit,<br />
mais le violoneux n'a plus de brioche, "il raconta c<strong>et</strong>te histoire bien <strong>des</strong> fois, il ne finissait pas d'en rire."<br />
(Franche-Comté. ANONYME 1962).<br />
33 - Un vielleux (Bati Vernier) revient d'une fête de St-Martin à trois ou quatre heures du matin, rapportant une<br />
brioche, sortant d'un village, il est suivi par un loup, il lui émi<strong>et</strong>te toute sa brioche, puis lui vient une idée : "eh<br />
bien mon vieux, si tu veux danser, à présent ! ", se r<strong>et</strong>ourne <strong>et</strong> joue un air, le loup se sauve à toutes jambes, le<br />
vielleux s'écrie : "Si j'avais su, j'aurais commencé par là ! ", il arrive au pays, frappe à la première maison,<br />
s'évanouit sur le seuil. On le soigne, il raconte l'histoire.<br />
(Franche-Comté. ANONYME 1962)<br />
34 - Un violoneux (Bati Vernier) revient de la fête de St-Martin, rapportant une brioche, dans la nuit, un loup le<br />
suit comme il traverse un bois, il lui émi<strong>et</strong>te sa brioche, il prend son violon, se m<strong>et</strong> à jouer, aussitôt, "le loup a<br />
débarrassé", le <strong>ménétrier</strong> conclut : "Ah ! ah, si j'avais su que t'aimais danser, il y a longtemps que je t'aurais<br />
joué un air de violon <strong>et</strong> puis j'aurais ma brioche pour rentrer chez nous."<br />
(Franche-Comté. ANONYME 1962)<br />
35 - <strong>Le</strong> père Bâb<strong>et</strong> <strong>et</strong> le narrateur reviennent d'une fête à une heure du matin, l'hiver, en traversant le bois de la<br />
Récompense, <strong>et</strong> emportant une fournée de rôtyot (brioches), dans le bois le narrateur croit voir <strong>des</strong> chiens par<br />
derrière, c'étaient <strong>des</strong> <strong>loups</strong>, <strong>et</strong> le père Bâb<strong>et</strong> leur émi<strong>et</strong>te <strong>les</strong> rôtyots, puis il se m<strong>et</strong> à "brailler" : tous <strong>les</strong> <strong>loups</strong><br />
partent, il dit : "Si j'avais chanté plus tôt, j'aurais encore ma rôtyot"<br />
(Franche-Comté. ANONYME 1962)<br />
36 - Un violoneux revient de sonner une noce, de nuit, traversant la forêt de Chaux...<br />
=> il semble y avoir un rapport avec Noël, vu le titre du conte.<br />
(BESSON 1960).<br />
37 - Un violoneux (Nono-Jacques) revient de jouer à une noce, en ramenant deux brioches, la nuit, près du Creux<br />
du Diable, un loup l'attend, il lui émi<strong>et</strong>te ses brioches, puis "il prit sa clarin<strong>et</strong>te <strong>et</strong> se mit à jouer" (sic), il arrive<br />
au village à l'aube naissante, "<strong>les</strong> gens purent croire qu'il avait un peu trop fêté <strong>les</strong> mariés. Mais Nono-Jacques<br />
avait gagné ; il avait triomphé du loup."<br />
(Côte-d'Or. Dans : <strong>Le</strong> Bien Public (Dijon), 9-IX-1966).<br />
38 - Un joueur de violon revient de jouer à une noce, est suivi par un loup, le m<strong>et</strong> en fuite grâce à son<br />
instrument.<br />
(Aisey-sur-Seine, Côte d'Or. TENEZE 1968, p. 358)<br />
39 - Un violoneux revient d'une fête votive, avec une gal<strong>et</strong>te pour ses enfants, un loup le suit, il lui émi<strong>et</strong>te sa<br />
gal<strong>et</strong>te.<br />
(Picardie. WITT 1890, pp. 77-93)
40 - Un sonneur de biniou revient d'une noce bien arrosée, passant dans la forêt, il s'y endort, un loup le trouve<br />
<strong>et</strong> le couvre de feuil<strong>les</strong>, puis appelle ses camara<strong>des</strong> au secours, en entendant hurler, l'homme se réveille, monte<br />
sur un arbre, d'où il lance son biniou au milieu de la bande, ils se j<strong>et</strong>tent <strong>des</strong>sus pour le dévorer, mais il lance un<br />
son si extraordinaire qu'ils s'enfuient épouvantés.<br />
(Basse-Br<strong>et</strong>agne. LAVENOT, 1914, p. 19)<br />
41 - id. ?<br />
(Basse-Br<strong>et</strong>agne. LAVENOT, 1914, pp. 19-20).<br />
42 - Un joueur de biniou passe dans un bois, où il entend <strong>les</strong> <strong>loups</strong> qui l'ont senti, il monte dans un arbre, que<br />
vingt <strong>loups</strong> entourent bientôt, ils tentent de déraciner l'arbre, le héros veut jouer une dernière fois son plus bel<br />
air.<br />
(Haute-Br<strong>et</strong>agne. SEBILLOT 1881)<br />
43 - <strong>Le</strong> héros est un tambourineur de Larraz<strong>et</strong> qui va battre du tambour à la fête votive de Beaupuy, il revient le<br />
soir <strong>et</strong>, au milieu du bois de Grand-Selve, il voit deux <strong>loups</strong> qui le suivent, une branche vient à toucher le<br />
tambour, <strong>les</strong> <strong>loups</strong> s'arrêtent sur-le-champ, il se m<strong>et</strong> alors à battre "la courante", <strong>et</strong> <strong>les</strong> <strong>loups</strong> se lancent à toute<br />
vitesse à travers le bois, depuis ce jour, à chaque fois qu'il passait dans ce bois, le tambourineur jouait "la<br />
courante" <strong>et</strong> jamais plus il ne vit le loup.<br />
(Tarn-<strong>et</strong>-Garonne. Recueilli en 1899 à Comberouger par AntoninPERBOSC & CEZERAC, s.d., n˚ 177).<br />
44 - Un joueur de vese (vielle) revient du bal en rappportant de la brioche, passe par le bois pour rentrer, <strong>des</strong><br />
<strong>loups</strong> se montrent, il leur émi<strong>et</strong>te sa brioche, puis il grimpe à un arbre, <strong>les</strong> <strong>loups</strong> hurlent autour, de peur, il<br />
laisse tomber sa vielle... qui entre"dans l'trou d'balle au loup", le loup se sauve "<strong>et</strong> la vielle marchait : Et<br />
veuzz <strong>les</strong> <strong>loups</strong> ! Et veuzz <strong>les</strong> <strong>loups</strong> ! " tous <strong>les</strong> <strong>loups</strong> se m<strong>et</strong>tent à courir, à courir.<br />
(Vendée. FELICE 1956, pp. 188-189)<br />
45 - L'hiver, un cabr<strong>et</strong>taire revient d'une ferme où il a tué deux cochons, avant de faire danser la maisonnée, il<br />
part dans la nuit pour se rendre chez d'autres clients, un loup s'approche, attiré par <strong>les</strong> morceaux de viande que<br />
l'homme rapporte, <strong>les</strong> hurlements du loup en attirent un deuxième, l'homme pense calmer ses poursuivants en<br />
leur lançant la viande, mais cela ne fait que <strong>les</strong> m<strong>et</strong>tre en appétit, affolé, l'homme cherche son couteau dans son<br />
sac, il bouscule la cabr<strong>et</strong>te, qui ém<strong>et</strong> quelques cris, surpris, <strong>les</strong> <strong>loups</strong> font un saut en arrière, l'homme se m<strong>et</strong> à<br />
jouer, disant : "si vous aimez la musique, je cais vous faire danser." A ce son, <strong>les</strong> <strong>loups</strong> s'enfuient la queue<br />
basse, l'homme arrive au village tout en jouant joyeusement, il raconte son histoire en concluant : "Ils<br />
doivent avoir <strong>les</strong> griffes complètement usées car ils courent sans doute encore."<br />
(Lozère. GOTTY, 1983).<br />
46 - Un joueur de cabr<strong>et</strong>te revient d'une noce avec un pain (Aschenbrot ???) <strong>et</strong> un litre de vin, il marche de nuit<br />
dans la neige, un loup se m<strong>et</strong> à le suivre, le sonneur boit le vin pour se ragaillardir, puis émi<strong>et</strong>te le pain au loup<br />
<strong>et</strong> décide de jouer une dernière fois avant de mourir, à ce son, le loup s'enfuit, le sonneur s'écrie : "Ah, maudite<br />
bête, si j'avais su, j'aurais joué plus tôt, <strong>et</strong> tu n'aurais pas dévoré mon pain ! "<br />
(Aubrac. ASCOLHONAT, s.d.)<br />
47 - Un vieux tailleur, aussi joueur de dyidye (violon)<br />
est le violoneux de la région, <strong>et</strong> fait <strong>les</strong> noces...<br />
(Franche-Comté. JOACHIM 1951)<br />
48 - Selon le texte (incompl<strong>et</strong>) d'une chanson, le loup est "gagné par la musique" d'un joueur de flûte qu'il suit<br />
jusqu'à sa demeure. "Depuis ce temps, messire loup, gagné par la musique, / Depuis ce temps, est devenu un<br />
bon chien domestique."<br />
(Orléanais. BAILLON 1990:214)<br />
49 - "Ju<strong>les</strong> Labbe, dans "le <strong>ménétrier</strong> <strong>et</strong> le loup", situe l'aventure à la fin du XVIII e siècle, dans la région de<br />
Lille, au lieu-dit "l'Arbrisseau" <strong>et</strong> précise qu'elle lui fut contée par sa mère qui désirait atténuer chez ses<br />
enfants la peur du loup"<br />
(Picardie. DEBRIE 1979, p. 33, d'apr. LABBE 1893).
50 - "Un article de Marcel Cury "<strong>Le</strong>s leus en Thiérache" fait état du violoneux du Rozoy <strong>et</strong> de sa rencontre avec<br />
le terrible animal amadoué par le son de l'instrument"<br />
(Thiérache. DEBRIE 1979, p. 33, d'apr. CURY 1973).<br />
51 - Un violoneux revient de la fête avec un morceau de gâteau. Dans le bois de Bernâtre, il émi<strong>et</strong>te son gâteau<br />
au loup <strong>et</strong>, quand il n'en a plus, il joue un air de violon. <strong>Le</strong> loup s'en va. Selon le conteur, le violoneux a<br />
existé ; il s'appelait Clovis <strong>et</strong> aurait vécu au début du XVIIIe siècle.<br />
(Somme. Recueilli à Montigny-<strong>les</strong>-Jongleurs. DEBRIE 1979, p. 34).<br />
52 - Un violoneux revenant de faire danser se trouve en présence du loup. On lui avait donné un gâteau battu<br />
(watyeu batu : spécialité picarde), il le lui j<strong>et</strong>te, mais il a été obligé de jouer du violon pour se débarrasser de<br />
l'animal.<br />
(Picardie. Recueilli à Ergnies. DEBRIE 1979, p. 35).<br />
53 - Un joueur de violon revient de faire danser à un mariage, avec un gâteau battu qu'on lui a remis. Traversant<br />
un bois pour rentrer chez lui, il est suivi par un loup. Pris de peur, il lui émi<strong>et</strong>te son gâteau <strong>et</strong>, quand il n'en a<br />
plus, il se m<strong>et</strong> à jouer un air. Affolé, le loup se sauve, <strong>et</strong> le <strong>ménétrier</strong> dit "j'étay bète, si j'avwé seuw, j'érwé jüey<br />
du vyolon avan"<br />
(Picardie. Recueilli à Wailly-Beaucamp. DEBRIE 1979, p. 35).<br />
54 - "A Beauchamps, dans le Sud-Vimeu, existe un lieu-dit : èchteu rüète a leu (en français : le saut du loup)<br />
auquel est attaché le souvenir d'un violoneux qui avait donné du pain à un loup menaçant. Démuni de pain, il<br />
se mit à jouer du violon <strong>et</strong> le loup prit la fuite..."<br />
(Picardie. DEBRIE 1979, p. 36).<br />
55 - Bo Ganne, le violoneux, revenant la nuit d'une fête, est suivi par un loup, après le bal, dans le bois de la<br />
Vaqueresse. Il ne savait plus quoi faire pour s'en débarrasser, eut l'idée de jouer du violon, <strong>et</strong> le loup prit peur.<br />
Bo ganne est le surnom donné à Ju<strong>les</strong> Audebourg, maçon <strong>et</strong> violoneux mort vers 1925, à cause <strong>des</strong> "bas jaunes"<br />
qu'il avait l'habitude de porter.<br />
(Picardie, recueilli auprès de Ernest FRION, né en 1911 à Namps-au-Val. DEBRIE 1979, p. 36).<br />
56 - <strong>Le</strong> père Léro, violoneux, revient de jouer du violon. Sur le chemin, il est attaqué par un loup. Il lui émi<strong>et</strong>te<br />
sa brioche pour s'en débarrasser <strong>et</strong>, quand elle est épuisée, l'idée lui vient de jouer du violon. <strong>Le</strong> loup prend alors<br />
la fuite.<br />
(Picardie. Recueilli à Saint-Mard. DEBRIE 1979, p. 37).<br />
57 - Un cornemuseux revient d'un bal de noce vers Apremont, tard dans la nuit, en traversant <strong>les</strong> bois de<br />
Bourrin. Fatigué, il s'endort sous un arbre. Un loup le recouvre de feuil<strong>les</strong>, <strong>et</strong> part chercher le reste de la meute.<br />
<strong>Le</strong> sonneur se réveille <strong>et</strong> comprend que <strong>les</strong> fauves vont revenir. Il monte à l'arbre. <strong>Le</strong>s <strong>loups</strong> arrivent <strong>et</strong><br />
commencent à battre celui qui <strong>les</strong> avait prévenus, l'accusant de <strong>les</strong> avoir trompés. <strong>Le</strong> sonneur leur crie : « Ah !<br />
Battez-le donc pas tant, je suis là ! » Découvrant alors sa présence, <strong>les</strong> <strong>loups</strong> se m<strong>et</strong>tent à déraciner l'arbre, qui<br />
vacille dangereusement. <strong>Le</strong> sonneur a l'idée de gonfler sa mus<strong>et</strong>te, <strong>et</strong> de la j<strong>et</strong>er par terre. <strong>Le</strong>s <strong>loups</strong>, la prenant<br />
pour le musicien lui-même, se précipitent <strong>des</strong>sus, <strong>et</strong> lorsqu'ils appuient <strong>des</strong>sus avec leurs pattes, elle fait :<br />
« Miou ! Miou !... Miou, miou, miou ! ». Entendant cela, <strong>les</strong> <strong>loups</strong> prennent peur <strong>et</strong> s'enfuient. <strong>Le</strong> cornemuseux<br />
<strong>des</strong>cend de l'arbre, rentre chez lui, « <strong>et</strong> puis après i s'est plus rendormi en revenant <strong>des</strong> bals ! »<br />
(Berry. Dit par Emma Desforges, veuve Rivière, née le 16-V-1892 à Apremont-sur-Allier (Cher), qui l'a appris<br />
de son grand-père maternel Antoine Serveau, né le 6-VII-1840 à Apremeont-sur-Allier. Transcrit par Hugues<br />
Rivières, p<strong>et</strong>it-fils d'Emma Desforges, en Janvier 1979).<br />
58 - Un violoneux revient de noces <strong>et</strong>, en chemin, rencontre un loup, qui s'écarte un peu <strong>et</strong> appelle ses<br />
congénères. <strong>Le</strong> violoneux se couche dans un fossé <strong>et</strong> s'enterre sous <strong>les</strong> feuil<strong>les</strong> d'un châtaignier, qui le<br />
remplissent. Mais lorsque tous <strong>les</strong> <strong>loups</strong> arrivent, le sonneur prend peur <strong>et</strong> monte dans l'arbre. <strong>Le</strong> premier loup<br />
cherche dans <strong>les</strong> feuil<strong>les</strong>, <strong>et</strong> ne trouve rien, <strong>les</strong> autres commencent à lui donner une râclée. <strong>Le</strong> musicien intervient<br />
alors : « C'est pas la peine de tant le battre, je suis pas si loin. » Aussitôt, <strong>les</strong> fauves cherchent à déraciner le<br />
châtaignier, qui commence à sérieusement vaciller. A cause de ces mouvements, le violon échappe au sonneur, <strong>et</strong><br />
tombe de branche en branche, <strong>et</strong> fait : « bang, <strong>et</strong> bing, <strong>et</strong> bing ». Ce bruit fait peur aux <strong>loups</strong>, qui s'enfuient. <strong>Le</strong><br />
sonneur reprend son violon <strong>et</strong> rentre chez lui.
(Berry. Dit par Joseph Michoux, né en 1900, Pierrefitte-sur-Sauldre, Loir-<strong>et</strong>-Cher. Recueilli en Août 1980, stage<br />
A.T.P. de Clémont, <strong>Le</strong>s Brandelons, communiqué par Hugues Rivières).<br />
59 – François, un violoneux qui, au siècle dernier (XIXe) habitait une p<strong>et</strong>ite maison non loin de Mervent, était<br />
de toutes <strong>les</strong> noces de la contrée. Une fois qu’il rentrait chez lui fort tard dans la nuit en coupant par un chemin<br />
forestier, il se sentit si fatigué qu’il décida de s’endormir au pied d’un chêne. Il y fut découvert par un loup qu<br />
ise contenta de le recouvrir de feuil<strong>les</strong> mortes avant d’aller chercher sa meute. Lorsque <strong>les</strong> fauves arrivèrent,<br />
François ne dut son salut qu’à la rapidité avec laquelle il se réfugia en haut de l’arbre, pendant que Myro, son<br />
chien, se réfugiait dans un tronc creux. Alors <strong>les</strong> <strong>loups</strong>, patients, se couchèrent au pied du chêne, <strong>et</strong><br />
commencèrent à attendre… Mais dès que François prit son violon <strong>et</strong> se mit à jouer, tous déguerpirent. Alors il<br />
put <strong>des</strong>cendre sans craindre <strong>et</strong> rentrer à Mervent, en sonnant de son instrument tout au long de la route, afin de<br />
tenir <strong>les</strong> <strong>loups</strong> éloignés (BOCQUIER 1908 : 156-157).<br />
60 – « Sérénade donnée à un loup. Un pauvre vielleux revenant au soir d’un village où il y avoit dédicace,<br />
chargé de bribes, comme de tourtes, patez, morceaux de rotis <strong>et</strong> cuisses de chapons, fût poursuivi par un loup<br />
non accoûtumé à l’odeur d’un si friand gibier. Ce vieillard plus mort que vif luy j<strong>et</strong>ta un morceau dans la<br />
gueule, qu’il avala comme le plus délicat qu’il eût jamais mangé, <strong>et</strong> non seulement le talonna de plus près, si<br />
bien que ce gueux fût obligé (autrement ce luy sembloit c’étoit fait de luy) de rem<strong>et</strong>tre la main au sac. <strong>Le</strong>s<br />
importunitez de c<strong>et</strong>te méchante bête continuèrent jusques à ce que la mal<strong>et</strong>te fût vuidée. Alors le vielleux se<br />
croyant perdu <strong>et</strong> ne sçachant plus sur quel pied danser, s’avisa de luy donner une sérénade, à quoy le loup n’étant<br />
pas accoûtumé se mit à fuir comme s’il eût eu une vessie à demy pleine de pois attachée à la queüe. Ha si<br />
j’eusse sceu dit le Vielleux, que ma vielle eût eu le pouvoir de te chasser, maudit animal, certes j’aurois<br />
épargné ma provision <strong>et</strong> serois r<strong>et</strong>ourné à ma maison avec la mal<strong>et</strong>te pleine » (PARIVAL, 1663 : 96).<br />
61 – « Un animateur de noces <strong>et</strong> de fêtes s’en revenait de La Belliole, son service accompli. Il avait reçu, en<br />
remerciement, une gal<strong>et</strong>te. Chemin faisant, il s’aperçut que deux <strong>loups</strong> le suivaient. Pour distraire <strong>les</strong> bêtes <strong>et</strong><br />
calemer leur appétit, il se mit à détacher de la gal<strong>et</strong>te <strong>des</strong> mi<strong>et</strong>tes qu’il j<strong>et</strong>ait derrière lui. Au bout d’un moment,<br />
la gal<strong>et</strong>te fut épuisée <strong>et</strong> <strong>les</strong> <strong>loups</strong> le suivaient toujours. Il s’enfuit à toute vitesse <strong>et</strong>, avisant la p<strong>et</strong>ite borne sur la<br />
butte de Fontaine, il monta <strong>des</strong>sus <strong>et</strong>, se tenant en équilibre sur son étroit somm<strong>et</strong>, l’idée lui vint de jouer du<br />
violon. <strong>Le</strong>s <strong>loups</strong>… prirent la fuite ! » (Recueilli dans l’Yonne en 1995, de la bouche de l’abbé André Merlange,<br />
né en 1915, qui tenait c<strong>et</strong>te histoire <strong>des</strong> « anciens de Saint-Valérien », GLAIZAL 2002 : 29 ; avec une photo de<br />
menhir dit « la Borne aux Violonneurs », à St-Valérien, <strong>et</strong> un <strong>des</strong>sin de Rémi Tavernier illlustrant la légende).<br />
B - A L L E M A G N E<br />
1 - "Il y a plus de cent ans", un berger cornemuseux va jouer à Pfaffenreuth pour la danse, arrivant à une forêt, il<br />
se r<strong>et</strong>ourne <strong>et</strong> voit qu'un loup le suit, il prend son instrument <strong>et</strong> joue un air, l'animal s'arrête <strong>et</strong> le berger en<br />
profite pour courir, quand le loup se ressaisit, le berger recommence à jouer, l'homme réussit à fuir ainsi, tantôt<br />
jouant, tantôt courant, mais la poche de son instrument se perce soudain, par chance, cela arrive près d'un feu qui<br />
rougeoie encore, ce qui effraie le fauve, le berger se réfugie dans une cabane <strong>et</strong> s'y repose quelque temps, puis, en<br />
compagnie de camara<strong>des</strong> armés, se rend à Pfaffenreuth, où il fait danser.<br />
(Arrondissement de Tirschenreuth, Haut-Palatinat. FELBINGER 1951,pp. 119-120)<br />
2 - "Comme, à la fin du XVII e siècle, dans la région de Spandau, un homme avait creusé <strong>des</strong> fosses à <strong>loups</strong>,<br />
larges au fond, mais étroites en haut <strong>et</strong> recouvertes de bois souple, il arriva qu'un cornemuseux, revenant de<br />
boire un coup à Spandau à l'occasion de son métier, tomba en chemin dans l'une de ces fosses, <strong>et</strong> fut bien<br />
surpris de s'apercevoir que l'endroit était déjà occupé par un loup quelque peu énervé, <strong>et</strong> qui manifesta son<br />
mécontentement en montrant <strong>les</strong> dents. Là-<strong>des</strong>sus, le musicien égaré avait <strong>les</strong> idées bien embrumées : son<br />
ivresse l'encouragea à prendre sa cornemuse (sackpfeife) <strong>et</strong> à jouer quelque chose au loup, lequel ne demeura<br />
pas non plus en reste <strong>et</strong>, de sa voix perçante, accompagna la cornemuse, en apportant une certaine emphase au<br />
concert. Cependant, comme le cornemuseux, à l'occasion d'une pause instrumentale, passait au répertoire<br />
vocal, <strong>et</strong> entonnait tantôt un adagio, tantôt un presto, pour finir sur un lamento, il attira ainsi l'attention <strong>des</strong><br />
chasseurs, qui le débarrassèrent de son dangereux bassiste" (KUHN 1843, p. 132, n˚ 125).<br />
2 - "(Mon père) me confia d'abord ses truies, puis ses chèvres, <strong>et</strong> enfin tout son troupeau de moutons, en me<br />
recommandant de <strong>les</strong> garder, de <strong>les</strong> mener paître <strong>et</strong> de <strong>les</strong> protéger contre le loup à l'aide de ma cornemuse
(vermittelst meiner Sackpfeiffe) (dont le son d'ailleurs, comme le dit Strabon, fait engraisser <strong>les</strong> moutons <strong>et</strong> <strong>les</strong><br />
agneaux d'Arabie)."<br />
(GRIMMELSHAUSEN 1669, chap. II,pp. 42-43)<br />
"Mon père redoublait ses conseils. Il me disait dans son patois : - Mon gars, fais bien attention, ne<br />
laisse pas <strong>les</strong> moutons s'égailler trop loin <strong>et</strong> joue bravement de la cornemuse, afin que le loup ne vienne pas<br />
faire de ravages" (und spillwacker uff der Sackpfiffa, dass der Wolff nit kom und Schada dau).<br />
(GRIMMELSHAUSEN 1669, chap. III, pp. 44-47)<br />
"Je me mis alors à faire tant de bruit avec ma cornemuse, que je me crus suffisamment protégé contre<br />
le loup auquel je necessais de penser"<br />
(GRIMMELSHAUSEN 1669, chap. III, pp. 46-47)<br />
Simplex est soudain entouré de cuirassiers égarés, qui s'étaient dirigés vers sa musique, <strong>et</strong> il croit que<br />
ce sont <strong>des</strong> <strong>loups</strong>. Il joue de plus belle pour <strong>les</strong> éloigner, mais l'un d'eux le lance sur le dos d'un cheval non sellé<br />
: il r<strong>et</strong>ombe de l'autre côté, sur son instrument, qui ém<strong>et</strong> alors <strong>des</strong> sons plaintifs <strong>et</strong> pitoyab<strong>les</strong> (erbärmlich,<br />
kläglichen). <strong>Le</strong>s cavaliers prétendent qu'elle crie parce que Simplex lui a fait du mal, <strong>et</strong> le forcent à remonter à<br />
cheval.<br />
(GRIMMELSHAUSEN 1669, pp. 50-51)<br />
C - A N D O R R E<br />
1 - « El buner (1 ) d'ordino. Els habitants de Canillo, amb el <strong>des</strong>ig de celebrar com calia la festa patronal,<br />
varen llogar un dels millors « buners » d'Andorra que vivia a Ordino. El dia convingut, l'hora de la festa<br />
s'apropava, i el buner no venia. Els canillencs estaven inqui<strong>et</strong>s. El pobre home havia efectivament emprès el<br />
camí, pero tot que li anava al darrera era un llop, pujà a dalt d'un arbre. Al cap d'un moment, al peu del pi,<br />
hi havien 10 llops. Veient que no es movien, es va posar a tocar sons estranys, sinistres, espantosos amb la<br />
seva buna. Els llops, esfereits (2 ) , se varen dispersar. Quan va arribar a Canillo, el pobre buner va tenir prou<br />
treball per explicar lo que havia passat, i per calmar alguns garrots que es veien moguts per mans nervioses.<br />
Al final, tot es va arreglar i la festa va començar més alegre que mai. »<br />
(Récit de Josep Oromi, recueilli aux Escal<strong>des</strong>, dans Terra Nostra, No 23 (any 1968-69), p. 178.<br />
D - A N G L E T E R R E<br />
1 - En Irlande, un soldat anglais traverse un bois, fatigué, il s'asseoit sous un arbre, ouvre son havresac pour se<br />
restaurer, il est alors surpris par deux ou trois <strong>loups</strong>, il leur lance <strong>des</strong> morceaux de pain <strong>et</strong> de fromage, jusqu'à<br />
épuisement de ses provisions, il prend alors sa cornemuse <strong>et</strong> commence à jouer, aussitôt <strong>les</strong> <strong>loups</strong> s'enfuient, le<br />
soldat s'écrie : "A pox take you all. If I had known you had lov'd musick so well, you should have had it before<br />
dinner ! "<br />
(Angl<strong>et</strong>erre, sans plus de précision. Texte de 1624, noté par HOWELL d'après Sir Thomas FAIRFAX, apud<br />
POLLARD 1991, p. 104).<br />
E - B E L G I Q U E<br />
1 - Un joueur d'accordéon rentre d'une frairie, le soir, son instrument est dans un coffre ballottant à son dos, il<br />
ramène deux tartes offertes par <strong>les</strong> jeunes qu'il a fait danser, comme il passe près d'un bois, 4 à 5 <strong>loups</strong> se<br />
précipitent sur lui, l'homme grimpe à un sapin, d'où il crie pour <strong>les</strong> effrayer, avant de leur émi<strong>et</strong>ter ses tartes,<br />
qu'ils dévorent en entier, pour tromper l'ennui de l'attente, l'homme joue de son instrument, <strong>les</strong> <strong>loups</strong>, qui<br />
hurlaient toujours, font alors silence, le sonneur dit : " Ca vous plaît, la musique ! Je vais vous en donner ! Et<br />
vous faire danser jusqu'à ce que vous en trépassiez ! " <strong>Le</strong>s <strong>loups</strong> s'enfuient alors dans une sarabande infernale,<br />
l'homme se dit : "Si j'avais su cela plus tôt, je vous aurais donné d'abord un air d'accordéon <strong>et</strong> j'aurais<br />
gardé mes tartes ! " puis il <strong>des</strong>cend de l'arbre, traverse le bois tout en jouant <strong>et</strong> "tapotant la route de ses gros<br />
1 . Buner : joueur de buna (cornemuse).<br />
2 . Esfereits : espantats.
sabots", depuis ce jour, il revint toujours <strong>des</strong> frairies avec son instrument sur sa poitrine, n'enfermant<br />
dans son coffre que la tarte traditionnelle.<br />
(La Marlagne. LEJEUNE 1991)<br />
2 - Un violoneux revenant d'un bal, rapportant une tarte rencontre un loup qui se m<strong>et</strong> à le suivre, il lui émi<strong>et</strong>te sa<br />
tarte, puis joue du violon, aussitôt, le loup se m<strong>et</strong> à trembler <strong>et</strong> disparaît, "en eff<strong>et</strong> l'arch<strong>et</strong>, sur le violon, fait<br />
une croix dont le seul signe suffit pour écarter <strong>les</strong> mauvais esprits".<br />
(Bas-Coudroz, Wallonie. RENKIN 1895)<br />
F - E S P A G N E<br />
1 - "El gaitero y el lobo" : chanson espagnole apud : Doedelzak, serie 4, n˚ 1, pp. 1-2.<br />
G - G R E C E<br />
1 - "There is a story that Pythochares the piper repelled an attack of wolves by playing a loud and noble strain<br />
on his pipe"<br />
(AELIEN, XI-28)<br />
H - I T A L I E<br />
1 - Accompangé de son chien Fedele, Cecco, un tambourinaire de Campochiaro, part dès la veille pour arriver<br />
dès le lendemain matin à Roccamdolfi, où il doit jouer. Vers 21 heures, ils traversent un bois. Soudain, Fedele<br />
s'arrête, dresse l'oreille, puis r<strong>et</strong>ourne comme une flèche en direction de la maison. Son maître le rappelle, mais<br />
la parole lui manque lorsqu'il découvre qu'un loup le gu<strong>et</strong>te. Il fait son signe de croix, grimpe en haut d'un<br />
chêne, <strong>et</strong> commence à prier : "Sante <strong>Le</strong>bbrate beneditte, aiùteme". Soudain, une branche sèche se casse <strong>et</strong> tombe<br />
sur son tambour : boum ! Au son, le loup recule. "Ah !" dit le tambourinaire, "voici l'aide de Dieu ! " Il sort<br />
alors une bagu<strong>et</strong>te <strong>et</strong> frappe deux coups : boum ! boum ! <strong>Le</strong> loup, effrayé, grinça <strong>des</strong> dents <strong>et</strong> s'enfuit. Alors<br />
Cecco <strong>des</strong>cendit de son arbre <strong>et</strong> commença la fête dans le bois : Brump<strong>et</strong>e bru- brump<strong>et</strong>e bru- brump<strong>et</strong>e,<br />
brump<strong>et</strong>e, brum-brum-brum. Et c'est ainsi qu'il fut sauvé.<br />
(Conte en "dial<strong>et</strong>to molisano". CIRESE 1939, 1955).<br />
2 - Nicola Martino était un fameux joueur de piffero <strong>et</strong> de tambour de la région de Riccia, où il animait toutes<br />
<strong>les</strong> fêtes avec son p<strong>et</strong>it orchestre. Une année que, pendant toute la neuvaine de Noël, il avait sonné de maison en<br />
maison, accompagné d'un joueur de zampogna, pour gagner quelques pièces, il s'en r<strong>et</strong>ournait chez lui, l'avantveille<br />
de Noël. Traversant la montagne, au sortir d'un bois, deux ou trois coup<strong>les</strong> de <strong>loups</strong> affamés se mirent à le<br />
suivre. Il n'eut d'autre choix que de grimper à un arbre, s'installant à califourchon sur une branche, tremblant de<br />
peur. <strong>Le</strong>s <strong>loups</strong> s'installèrent sous l'arbre, certains creusant à son pied, d'autre poussant sur le tronc, dans<br />
l'intention de le faire tomber. <strong>Le</strong> sonneur se mit à tellement trembler de peur que <strong>les</strong> bagu<strong>et</strong>tes heurtèrent<br />
accidentellement la peau du tambour. A ce son, <strong>les</strong> <strong>loups</strong> s'immobilisèrent, <strong>et</strong> parurent indécis. Alors, supposant<br />
que le bruit pourrait <strong>les</strong> éloigner, le sonneur se mit à faire <strong>des</strong> roulements, autant qu'il pouvait. Alors <strong>les</strong> <strong>loups</strong><br />
s'enfuirent, Nicola poussa un soupir de soulagement, puis <strong>des</strong>cendit de l'arbre, avant de continuer son chemin,<br />
sans cesser de frapper la peau de son tambour. Il arriva au village vers une heure du matin, <strong>et</strong> il était tellement<br />
impressionné, qu'il traversa tout le bourg sans cesser de jouer. Dans <strong>les</strong> rues, <strong>les</strong> fenêtres s'illuminaient sur son<br />
passage. Il arriva enfin chez lui, <strong>et</strong> appela sa femme à voix haute : "Vittoria, ouvre vite ! - Nicola, qu'as-tu ?"<br />
Mais, sans lui répondre, il la bouscula <strong>et</strong> entra vite dans la maison. Alors seulement, quant la porte fut bien<br />
fermée, il cessa de jouer, <strong>et</strong> se laissa tomber sur une chaise en embrassant la peau de son tambour, qui avait<br />
permis que la sienne fût épargnée par la dent <strong>des</strong> <strong>loups</strong> de la montagne.<br />
(Conte de Molise. AMOROSA 1924).<br />
I - S U E D E<br />
1 - En Novembre 1837, l'hiver très froid pousse <strong>les</strong> <strong>loups</strong> près <strong>des</strong> hommes, un vieux joueur de nyckelharpa<br />
revient chez lui à la nuit après avoir fait danser au moment de Noël, on le m<strong>et</strong> en garde contre <strong>les</strong> <strong>loups</strong>, mais il
dit que personne n'échappe à son <strong>des</strong>tin, sur son chemin, <strong>des</strong> <strong>loups</strong> arrivent, il joue alors un psaume sur son<br />
instrument <strong>et</strong> <strong>les</strong> animaux gardent honteusement leur distance, il arrive chez lui sain <strong>et</strong> sauf, dès qu'il est rentré,<br />
<strong>les</strong> <strong>loups</strong> appuient leurs pattes sur le rebord de la fenêtre.<br />
(österbybruk, Uppland, env. 170 km au N de Stockholm. Dans UPPSALA... 1932).<br />
Total <strong>des</strong> versions repérées :<br />
France : 61 (au moins !)<br />
Allemagne: 2<br />
Andorre : 1<br />
Angl<strong>et</strong>erre : 1<br />
Belgique : 2<br />
Espagne : 1<br />
Italie : 2<br />
Suède : 1<br />
Grèce antique : 1<br />
___________________________________<br />
TOTAL 72
R E F E R E N C E S<br />
AMOROSA (B.G.), 1924 : I lupi della montagna ; dans : Il Molise. Libro sussidario per la cultura<br />
regionale, Milano (Ristampa anastatica), pp. 128-133.<br />
ANONYME, 1962 : <strong>Le</strong> loup, la brioche <strong>et</strong> le violon ; Barbizier, Almanach populaire Comptois<br />
(Besançon), 16e année, pp. 433-436.<br />
ASCOLHONAT, s.d. : (<strong>Le</strong> loup <strong>et</strong> le cabr<strong>et</strong>taire) ; cité dans le livr<strong>et</strong> du disque Spécial Instrumental : La<br />
cabr<strong>et</strong>a, apud : Der Dudlpfeifer, Fachblättle dür Freunde der Bordunmusik, 3e année(1983), n˚<br />
23, pp. 1-4 (pp. 1-2).<br />
BAILLON (J.), 1990 : Nos derniers <strong>loups</strong>. <strong>Le</strong>s <strong>loups</strong> autrefois en Orléanais. Histoire naturelle, folklore,<br />
chasse ; Orléans, Association <strong>des</strong> Naturalistes Orléanais.<br />
BOCQUIER (Edmond), 1908, <strong>Le</strong>s légen<strong>des</strong> de la nuit en Vendée, La Roche-sur-Yon, Yvonn<strong>et</strong> (repris d’un<br />
article paru dans ASEV, LV : 99-158).<br />
BESSON (A.), 1960 : La nuit de Noël du violoneux ; Dépêchez, numéro du 25-XII-1960.<br />
CIRESE (E.), 1939 : Lu tamurriere ; Tempo d'allora. Figure, storie e proverbi. Prose in dial<strong>et</strong>to<br />
Molisano, Campobasso, Fratelli P<strong>et</strong>rucciani, pp. 71-74.<br />
CIRESE (E.), 1955 : Lu tamurriere e ru lupe ; La lapa, Argomenti di Storia e <strong>Le</strong>tteratura Popolare,<br />
anno III, n˚ 1-2, p. 184.<br />
CURY (M.), 1973 : <strong>Le</strong>s leus en Thiérache ; Revue Linguistique Picarde, septembre.<br />
DAUGE (C.), 1930 : <strong>Le</strong> mariage <strong>et</strong> la famille en Gascogne d'après <strong>les</strong> proverbes <strong>et</strong> <strong>les</strong> chansons ; Airesur-l'Adour,<br />
Duhort-Bachen, t. II.<br />
DEBRIE (R.), 1972 : Nouvelle contribution à la légende du violoneux ; Revue Eklitra, n˚ 6, p. 30.<br />
DEBRIE (R.), 1979 : La légende du violoneux en Picardie ; Bull. de la Soc. de Mythol. Fr., n˚ CXII, pp.<br />
32-38.<br />
DURAND (A.), 1934 : Lou loup <strong>et</strong> lou cabr<strong>et</strong>aire ; Annuaire de l'Amicale de Pra<strong>des</strong>-d'Aubrac (cité dans<br />
TENEZE 1968, p. 353).<br />
FELBINDER (A.), 1951 : Unser Stifland ; apud : DerDudlpfeifer, Fachblättle dür Freunde der<br />
Bordunmusik, 3e année (1983), n˚ 23, pp. 1-4 (pp. 2-4).<br />
GLAIZAL (Pierre) 2002. Yonne : limites de finages <strong>et</strong> mythologies. 3 e partie : promenade mythologique de<br />
frontière en frontière. BSMF, 207 : 21-41.<br />
GOTTY (P.), 1983 : (<strong>Le</strong> loup <strong>et</strong> le cabr<strong>et</strong>taire) ; dans Armanac de Louzero, cité apud : Der Dudlpfeifer,<br />
Fachblättle für Freundeder Bordunmusik, 9e année, n˚ 59, pp. 1-2.<br />
GRIMMELSHAUSEN (J.J.Ch.) 1669 (1988) : AbentheurlicherSimplicius Simplicissimus (<strong>Le</strong>s aventures<br />
de SimpliciusSimplicissimus) ; Paris, Aubier, 862 p.<br />
JOACHIM (J.), 1951 : Histoires de <strong>loups</strong> ; Barbizier, Almanach populaire comtois, pp. 437-440.
JUILLARD (M.), 1953 : Contribution au folklore d'Auvergne. Contes du Pays d'Artense ; La Revue de<br />
la Haute-Auvergne, t. 5, pp. 24-25.<br />
LABBE (J.), 1893 : <strong>Le</strong> <strong>ménétrier</strong> <strong>et</strong> le loup ; <strong>Le</strong>s Enfants du Nord, Août 1893, pp. 251-253.<br />
LAVENOT (P.M.), 1914 : dans Revue <strong>des</strong> Traditions Populaires, t. XXIX, pp. 19-20.<br />
LEJEUNE (J.-L.), 1991 : Colas l'accordéoniste ; <strong>Le</strong> Canard Folk (Bruxel<strong>les</strong>), n˚ 104, pp. 5-6.<br />
MORTIER (G.), 1969 : Tcho Jean Donn<strong>et</strong> violoneux ; Revue Eklitra, n˚ 3, pp. 25-28.<br />
PARIVAL (Jean-Nicolas) 1663. Histoires facétieuses <strong>et</strong> moral<strong>les</strong>. <strong>Le</strong>iden, Salomon Vaguenaere (réédition :<br />
1669).<br />
PERBOSC (A.) & CEZERAC (S.), s.d. : Contes languedociens <strong>et</strong>gascons recueillis par Antonin<br />
Perbosc, rassemblés, comparés avec<strong>les</strong> variantes connues dans le pays de langue d'oc par<br />
Suzanne Cézerac ; Paris, Musée <strong>des</strong> Arts <strong>et</strong> Traditions Populaires, manuscrit Atp 48-86.<br />
PEYROT (C.), 1781 (1862) : <strong>Le</strong>s saisons, poème patois de Claude Peyrot, traduit en vers français par<br />
A. Peyramale ; Paris.<br />
RENKIN (F.), 1895 : Légen<strong>des</strong> du Bas-Coudroz ; Wallonia, Recueil de littérature orale, croyances <strong>et</strong><br />
usages traditionnels (Liège), t. III, p. 23.<br />
SEBILLOT (P.), 1881 : Contes populaires de la Haute-Br<strong>et</strong>agne ; Paris, t. II.<br />
SEBILLOT (P.), 1882 : Traditions <strong>et</strong> superstitions de la Haute-Br<strong>et</strong>agne ; Paris, t. II.<br />
SEIGNOLLE (Cl.), 1960 : <strong>Le</strong> folklore du Languedoc ; Paris.<br />
TENEZE (M.-L.), 1968 : Quatre récits du loup ; dans Volksüberlieferungs. Festschrift für Kurt Ranke...<br />
Hrsg. vonFritz Harkort, Karel C. Pe<strong>et</strong>ers und Robert Widhaber, Göttingen, pp. 351-367.<br />
TENEZE (M.-L.), 1976 : <strong>Le</strong> conte populaire français. Catalogue raisonné <strong>des</strong> versions de France <strong>et</strong> <strong>des</strong><br />
pays de langue française d'outre-mer... ; Paris, Maisonneuve <strong>et</strong> Larose, t. III, 507 p.<br />
THEROND (G.), 1900 : Contes lengadoucians Dau pioch de Sant-Loupau pioch de Sant-Cla ; Revue <strong>des</strong><br />
langues romanes, t. 44, pp._60-61.<br />
UPPSALA... 1932 : (-) ; Uppsala Nya Tidning ; n˚ de Noël.<br />
WITT (Mme de), 1890 : Vieux contes de la veillée, traditions populaires ; Paris.