BARO Magazine N¡30 - Avocats à la cour de Rennes
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I n t e r v i e w Monsieur CORNELY - Directeur <strong>de</strong>s Services Fiscaux d’Ille et Vi<strong>la</strong>ine<br />
Baro Avril 2005<br />
le civisme fiscal et si l’on ne peut rendre<br />
l’impôt plus agréable, au moins le rendre<br />
plus simple dans son administration au<br />
quotidien. Il s’agit <strong>de</strong> développer <strong>la</strong> culture<br />
<strong>de</strong> services rendus <strong>à</strong> l’usager, sans perdre<br />
<strong>de</strong> vue que nous avons aussi une responsabilité<br />
<strong>de</strong> contrôle, bien orienté et qui sait distinguer<br />
entre <strong>la</strong> simple erreur et <strong>la</strong> frau<strong>de</strong> véritable.<br />
C’est un changement <strong>de</strong> culture considérable,<br />
nous avons avancé rapi<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>puis 4 ans,<br />
il reste du chemin <strong>à</strong> faire, mais nous<br />
sommes sur <strong>la</strong> bonne voie.<br />
Baro<br />
Une fonction <strong>de</strong> conciliateur a été créée<br />
pour améliorer les rapports entre<br />
l’administration et les usagers. En quoi le<br />
re<strong>cour</strong>s <strong>à</strong> <strong>la</strong> conciliation est-il efficace ?<br />
M. CORNELY<br />
L<strong>à</strong> encore, l’Ille et Vi<strong>la</strong>ine a été précurseur.<br />
Nous avons maintenant un an <strong>de</strong> recul. Plus<br />
<strong>de</strong> 1000 personnes ont saisi le conciliateur,<br />
ce qui prouve un besoin. Le conciliateur,<br />
unique et commun aux services <strong>de</strong> <strong>la</strong> DGI et<br />
<strong>à</strong> ceux du Trésor public, n’est saisi qu’après<br />
<strong>la</strong> fin <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure avec le centre <strong>de</strong>s<br />
impôts ou <strong>la</strong> recette <strong>de</strong>s impôts ou du trésor<br />
compétente. Le conciliateur n’a pas <strong>de</strong><br />
fonction dans le domaine du contrôle fiscal.<br />
Alors que le service au p<strong>la</strong>n local avait<br />
donné une réponse négative, dans <strong>à</strong> peu<br />
près 30 % <strong>de</strong>s cas, on donne satisfaction<br />
partielle ou totale <strong>à</strong> l’usager qui saisit le<br />
conciliateur.Vous allez me dire que ce<strong>la</strong> signifie<br />
qu’il y a eu <strong>de</strong>s erreurs commises au niveau<br />
local, eh bien non ! ou très marginalement.<br />
Cette porte ouverte <strong>de</strong> conciliation conduit<br />
certaines personnes <strong>à</strong> donner au conciliateur<br />
plus d’informations qu’ils n’en avaient données<br />
au service. Ils entrent dans une re<strong>la</strong>tion plus<br />
confiante quand il s’agit, par exemple <strong>de</strong><br />
faire état d’une situation personnelle, familiale<br />
ou financière extrêmement compliquée.<br />
Dans un bureau <strong>de</strong> l’administration, même<br />
si l’on est reçu très confi<strong>de</strong>ntiellement, il est<br />
difficile d’expliquer par exemple que l’on est<br />
en voie <strong>de</strong> suren<strong>de</strong>ttement. Les usagers<br />
donnent plus d’informations, se dévoilent<br />
plus. Nous sommes aussi sur un autre terrain<br />
qui n’est pas simple : celui <strong>de</strong> «l’application<br />
intelligente » <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi fiscale. C’est une<br />
notion difficile <strong>à</strong> manipuler et cette tâche ne<br />
peut être confiée aux fonctionnaires <strong>de</strong> terrain.<br />
Il faut éviter <strong>de</strong>s décisions dans <strong>de</strong>s sens<br />
divergents. De plus, malgré le recul, l’intelligence<br />
et le bon sens dont il peut faire preuve,<br />
jusqu’<strong>à</strong> preuve du contraire, le fonctionnaire<br />
est l<strong>à</strong> pour appliquer <strong>la</strong> loi, et non pour <strong>la</strong><br />
faire ou <strong>la</strong> défaire <strong>à</strong> sa manière. Par contre,<br />
le conciliateur, lui, et <strong>à</strong> son niveau, a <strong>la</strong><br />
capacité <strong>de</strong> faire preuve «d’intelligence<br />
dans l’application <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi fiscale ».<br />
Le conciliateur fixe sa jurispru<strong>de</strong>nce. Par<br />
exemple si un sa<strong>la</strong>rié ne déc<strong>la</strong>re pas une<br />
partie <strong>de</strong> son sa<strong>la</strong>ire, l’abattement <strong>de</strong> 20 %<br />
disparaît, c’est <strong>la</strong> loi. Bien évi<strong>de</strong>mment,<br />
nous exigeons <strong>de</strong> nos centres <strong>de</strong>s impôts<br />
que les agents sur le terrain appliquent<br />
<strong>la</strong> loi. Le conciliateur peut examiner ce type<br />
<strong>de</strong> situation et <strong>à</strong> l’examen <strong>de</strong> toutes les<br />
circonstances, <strong>de</strong>s faits etc… peut déci<strong>de</strong>r,<br />
au cas par cas, par une mesure gracieuse,<br />
<strong>de</strong> rétablir l’effet <strong>de</strong> l’abattement. Il peut<br />
également, s’il considère que l’usager est<br />
<strong>de</strong> bonne foi, revoir les intérêts <strong>de</strong> retard.<br />
Nous sommes l<strong>à</strong> en plein dans ce besoin<br />
d’avoir une voie <strong>de</strong> re<strong>cour</strong>s en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s<br />
tribunaux. Mieux vaut une bonne médiation<br />
qu’un mauvais contentieux qui dure pendant<br />
<strong>de</strong>s années. Pour cette première année, on<br />
a constaté une diminution marquée <strong>de</strong> nos<br />
contentieux juridictionnels, simples, issus<br />
d’usagers qui al<strong>la</strong>ient saisir le tribunal<br />
administratif par exemple pour une taxe<br />
d’habitation qu’ils avaient mal comprise,<br />
complètement légale mais dont ils n’acceptaient<br />
pas les conséquences. Assez fréquemment<br />
on trouve <strong>de</strong>s typologies où l’usager considère<br />
que si c’est <strong>la</strong> loi, ce n’est pas le bon sens.<br />
Le conciliateur essaie aussi <strong>de</strong> raisonner<br />
avec du bon sens.<br />
Baro<br />
Pensez-vous que les rapports <strong>de</strong> l’administration<br />
fiscale avec les avocats aient<br />
évolué <strong>de</strong>puis quelques années ?<br />
M. CORNELY<br />
Vous êtes probablement mieux p<strong>la</strong>cé que