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BARO Magazine N¡30 - Avocats à la cour de Rennes

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I n t e r v i e w<br />

Monsieur CORNELY<br />

Directeur <strong>de</strong>s Services Fiscaux<br />

d’Ille et Vi<strong>la</strong>ine<br />

Baro<br />

Quel a été votre par<strong>cour</strong>s jusqu'<strong>à</strong> <strong>la</strong> tête<br />

<strong>de</strong>s services fiscaux d'Ille et Vi<strong>la</strong>ine ?<br />

M. CORNELY<br />

Mon par<strong>cour</strong>s certes atypique a commencé<br />

par le par<strong>cour</strong>s habituel : maîtrise <strong>de</strong> sciences<br />

économiques, con<strong>cour</strong>s d’entrée <strong>à</strong> l’école<br />

nationale <strong>de</strong>s impôts <strong>à</strong> <strong>la</strong> fin <strong>de</strong>s années<br />

1960, inspecteur <strong>de</strong>s impôts, inspecteur <strong>de</strong><br />

direction <strong>à</strong> Lyon, puis inspecteur principal<br />

par con<strong>cour</strong>s. J’ai donc très peu exercé sur<br />

le terrain. Ensuite avec <strong>de</strong>s procédures<br />

<strong>de</strong> sélection du type du secteur privé<br />

(interview, évaluation personnelle,…)<br />

je suis <strong>de</strong>venu directeur divisionnaire,<br />

puis départemental et enfin directeur <strong>de</strong>s<br />

services fiscaux.<br />

Le par<strong>cour</strong>s est atypique en ce qui me<br />

concerne parce que j’ai postulé pour le<br />

poste d’inspecteur principal, et avant même<br />

<strong>de</strong> connaître le résultat, je suis parti <strong>à</strong><br />

Washington où j’ai passé 20 ans, ce qui n’a<br />

plus rien <strong>à</strong> voir avec le cursus administratif<br />

c<strong>la</strong>ssique. Je ne faisais pas <strong>de</strong> fiscalité mais<br />

<strong>de</strong>s finances publiques : budget, contrôle<br />

budgétaire, politique tarifaire, administration<br />

douanière, politique fiscale, administration<br />

fiscale. Cette accumu<strong>la</strong>tion d’expériences<br />

m’a conduit <strong>à</strong> aller <strong>à</strong> peu près partout dans<br />

le mon<strong>de</strong>. J’ai du mettre le pied, au moins<br />

une fois dans ma vie, dans 80 pays différents<br />

pour <strong>de</strong>s missions du type fonds<br />

monétaire.<br />

Baro<br />

Vous avez, <strong>de</strong>vant <strong>de</strong>s avocats, récemment<br />

défini <strong>la</strong> direction <strong>de</strong>s services fiscaux<br />

comme une entreprise <strong>de</strong> service public<br />

dans le traitement <strong>de</strong> l’information. N’est<br />

ce pas étonnant <strong>de</strong> parler d’entreprise <strong>à</strong><br />

propos <strong>de</strong>s services fiscaux ?<br />

M. CORNELY<br />

Qu’est-ce qui nous différencierait d’une<br />

entreprise ? Nous sommes <strong>de</strong>s hommes et<br />

<strong>de</strong>s femmes. Notre métier est <strong>de</strong> traiter <strong>de</strong><br />

l’information qui vient <strong>de</strong> sources diverses<br />

et variées et en particulier <strong>de</strong> nos usagers<br />

clients, <strong>de</strong>s déc<strong>la</strong>rations. Notre métier est <strong>de</strong><br />

transformer tout ce<strong>la</strong> en produit qui s’appelle<br />

l’impôt. C’est donc bien du traitement <strong>de</strong><br />

l’information. Derrière, pour ce faire, nous<br />

avons <strong>de</strong>s hommes et <strong>de</strong>s femmes, <strong>de</strong>s<br />

métho<strong>de</strong>s, <strong>de</strong> l’informatique, du management,<br />

du contrôle <strong>de</strong> gestion, du contrôle<br />

budgétaire, tous les ingrédients que l’on<br />

trouve dans une entreprise <strong>de</strong> <strong>la</strong> même<br />

taille que cette direction qui est une grosse<br />

PME <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 900 personnes.<br />

La gran<strong>de</strong> différence est que nous ne sommes<br />

pas une entreprise du secteur compétitif du<br />

marché. Notre sanction n’est pas le marché.<br />

Mais dans une conception plus mo<strong>de</strong>rne,<br />

nous avons <strong>de</strong>ux clients : l’usager, qui a <strong>de</strong>s<br />

droits, qui attend <strong>de</strong> nous un service et l’Etat,<br />

qui nous confie <strong>la</strong> mission <strong>de</strong> faire payer<br />

l’impôt <strong>à</strong> nos concitoyens. La Déc<strong>la</strong>ration<br />

<strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’Homme et du citoyen est le<br />

fon<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> notre action : chacun doit<br />

payer l’impôt en fonction <strong>de</strong> ses facultés.<br />

Ces <strong>de</strong>ux clients doivent être exigeants avec<br />

nous et pas forcément moins que le client<br />

d’une entreprise privée. La seule différence<br />

est que nos clients sont captifs. Ils ne peuvent<br />

pas choisir leur fournisseur d’informations<br />

traitées et transformées en impôts. C’est<br />

une raison supplémentaire pour s’attacher<br />

<strong>à</strong> <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong>s services rendus.<br />

Baro<br />

Quel est le risque pour cette entreprise ?<br />

M. CORNELY<br />

La question qui se pose aujourd’hui est <strong>de</strong><br />

savoir si un service public qui ne se légitime<br />

pas auprès <strong>de</strong> ses clients, usagers et Etat,<br />

peut ou non faire faillite ? Faire faillite,<br />

au sens traditionnel et juridique du terme,<br />

certainement pas. Par contre, perdre sa<br />

légitimité aux yeux <strong>de</strong> celui qui le paie et<br />

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