24 B r ê v e s d e b a r r e Brêves <strong>de</strong> barre A juge averti, p<strong>la</strong>i<strong>de</strong>urs interdits. Il fût un temps où le juge <strong>de</strong>s référés s'interdisait d'abor<strong>de</strong>r le fond du dossier, craignant d'être censuré par <strong>la</strong> Cour. Ainsi, ce Prési<strong>de</strong>nt du tribunal <strong>de</strong> commerce qui n'hésita pas <strong>à</strong> trancher le litige, tout en adoptant cette singulière motivation : "Attendu qu'il est très difficile d'expliquer ou <strong>de</strong> préciser le présent problème sans exposer le fond, mais que malgré notre grand désir nous ne nous <strong>la</strong>isserons pas entraîner une fois <strong>de</strong> plus." "Attendu qu'en conséquence le formalisme <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>i<strong>de</strong>urs les privera <strong>de</strong> plus amples précisions..." (ordonnance référé T. commerce <strong>de</strong> Saint-Brieuc <strong>de</strong> 1983) C'est <strong>la</strong> mer qui les tient. En Bretagne autrefois, il arrivait que les juges se montrent réalistes, tel celui-ci, qui, fataliste, retint un jour le motif suivant : "Accuser Monsieur L. d'être <strong>de</strong>venu invali<strong>de</strong> <strong>à</strong> cause <strong>de</strong> <strong>la</strong> boisson est purement gratuit dans <strong>la</strong> mesure où <strong>de</strong> nombreux marins continuent <strong>à</strong> travailler autant qu'<strong>à</strong> boire." (TGI St Brieuc du 3.2.1987) Justice re<strong>la</strong>xe. Certains p<strong>la</strong>i<strong>de</strong>urs prêtent parfois <strong>à</strong> <strong>la</strong> Justice <strong>de</strong>s vertus qu'elle n'a pas, ou rêvent tout haut, comme celui qui, travail<strong>la</strong>nt en coopération avec le Ministère <strong>de</strong> <strong>la</strong> Justice, m'écrit un jour pour que je sollicite du tribunal "l'indulgence et par voie <strong>de</strong> conséquence <strong>la</strong> re<strong>la</strong>xation pure et simple". Baro Avril 2005 Bref. Ce client l'était assurément, en m'écrivant sans autres fioritures : "Maître, veuillez me donner vos conseils." Avocapitaine. Un avocat réputé du barreau <strong>de</strong> Saint-Brieuc reçut <strong>de</strong> sa cliente un lettre inquiète, car son mari lui avait dit "qu'il était presque sûr <strong>de</strong> gagner son divorce car on <strong>la</strong>issait souvent les stagiaires avocat gagner, pour qu'ils montent <strong>de</strong> gra<strong>de</strong>s. Est-ce que tout ceux-ci est vrai ?" Allez savoir... Maîtresse femme mais concubine prolétaire. Il faut choisir ses mots. Ainsi l'apprit <strong>à</strong> ses dépens cet avocat qui, s'adressant <strong>à</strong> l'un <strong>de</strong> ses confrères, avait indiqué avoir vendu un immeuble sur folle enchère <strong>à</strong> "<strong>la</strong> maîtresse" du saisi. Celle-ci l'apprit, et <strong>de</strong> sa plus belle plume, s'en offusqua ainsi : "Si j'ai décidé <strong>de</strong>puis <strong>de</strong> partager <strong>la</strong> vie <strong>de</strong> Mr S., c'est en qualité <strong>de</strong> "concubine" terme usité dans mon milieu, alors que le terme <strong>de</strong> "maîtresse" serait plutôt réservé <strong>à</strong> votre c<strong>la</strong>sse. Bien qu'appartenant au prolétariat - socialiste <strong>de</strong> surcroît - j'ai <strong>de</strong>s susceptibilités qui pourraient m'amener <strong>à</strong> vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r raison <strong>de</strong> vos insinuations <strong>à</strong> peine déguisées". Honoraires <strong>à</strong> crédit. On imagine mal <strong>à</strong> quel point parfois les temps sont durs pour certains <strong>de</strong> nos clients. Ainsi, en réc<strong>la</strong>mant un sol<strong>de</strong> <strong>de</strong> frais en fin <strong>de</strong> dossier, ce confrère ne s'attendait pas <strong>à</strong> <strong>la</strong> réponse qui suit : "Vous trouverez sous ce pli un chèque <strong>de</strong> 0,58 EUR, conformément <strong>à</strong> votre <strong>de</strong>man<strong>de</strong>. Je vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong> seulement <strong>de</strong> ne le remettre <strong>à</strong> l'encaissement qu'après le 3 décembre 2004". Les temps sont durs… Philippe Cosnard
L a p r e s s e e n p a r l e Ouest France 05-01-2005 Ouest France 08-03-2005 7 Jours Les petites affiches 7 Jours Les petites affiches 25