BARO Magazine N¡30 - Avocats à la cour de Rennes
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B r ê v e s d e b a r r e<br />
Brêves<br />
<strong>de</strong> barre<br />
A juge averti, p<strong>la</strong>i<strong>de</strong>urs interdits. Il fût un temps où le<br />
juge <strong>de</strong>s référés s'interdisait d'abor<strong>de</strong>r le fond du dossier,<br />
craignant d'être censuré par <strong>la</strong> Cour.<br />
Ainsi, ce Prési<strong>de</strong>nt du tribunal <strong>de</strong> commerce qui n'hésita pas<br />
<strong>à</strong> trancher le litige, tout en adoptant cette singulière motivation :<br />
"Attendu qu'il est très difficile d'expliquer ou <strong>de</strong> préciser le<br />
présent problème sans exposer le fond, mais que malgré notre<br />
grand désir nous ne nous <strong>la</strong>isserons pas entraîner une fois <strong>de</strong> plus."<br />
"Attendu qu'en conséquence le formalisme <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>i<strong>de</strong>urs les<br />
privera <strong>de</strong> plus amples précisions..." (ordonnance référé T.<br />
commerce <strong>de</strong> Saint-Brieuc <strong>de</strong> 1983)<br />
C'est <strong>la</strong> mer qui les tient. En Bretagne autrefois, il arrivait<br />
que les juges se montrent réalistes, tel celui-ci, qui, fataliste,<br />
retint un jour le motif suivant : "Accuser Monsieur L. d'être<br />
<strong>de</strong>venu invali<strong>de</strong> <strong>à</strong> cause <strong>de</strong> <strong>la</strong> boisson est purement gratuit<br />
dans <strong>la</strong> mesure où <strong>de</strong> nombreux marins continuent <strong>à</strong> travailler<br />
autant qu'<strong>à</strong> boire." (TGI St Brieuc du 3.2.1987)<br />
Justice re<strong>la</strong>xe. Certains p<strong>la</strong>i<strong>de</strong>urs prêtent parfois <strong>à</strong> <strong>la</strong><br />
Justice <strong>de</strong>s vertus qu'elle n'a pas, ou rêvent tout haut, comme<br />
celui qui, travail<strong>la</strong>nt en coopération avec le Ministère <strong>de</strong> <strong>la</strong> Justice,<br />
m'écrit un jour pour que je sollicite du tribunal "l'indulgence et<br />
par voie <strong>de</strong> conséquence <strong>la</strong> re<strong>la</strong>xation pure et simple".<br />
Baro Avril 2005<br />
Bref. Ce client l'était assurément, en m'écrivant sans<br />
autres fioritures : "Maître, veuillez me donner vos conseils."<br />
Avocapitaine. Un avocat réputé du barreau <strong>de</strong> Saint-Brieuc<br />
reçut <strong>de</strong> sa cliente un lettre inquiète, car son mari lui avait dit<br />
"qu'il était presque sûr <strong>de</strong> gagner son divorce car on <strong>la</strong>issait<br />
souvent les stagiaires avocat gagner, pour qu'ils montent <strong>de</strong><br />
gra<strong>de</strong>s. Est-ce que tout ceux-ci est vrai ?" Allez savoir...<br />
Maîtresse femme mais concubine prolétaire. Il faut<br />
choisir ses mots. Ainsi l'apprit <strong>à</strong> ses dépens cet avocat qui,<br />
s'adressant <strong>à</strong> l'un <strong>de</strong> ses confrères, avait indiqué avoir vendu<br />
un immeuble sur folle enchère <strong>à</strong> "<strong>la</strong> maîtresse" du saisi.<br />
Celle-ci l'apprit, et <strong>de</strong> sa plus belle plume, s'en offusqua ainsi :<br />
"Si j'ai décidé <strong>de</strong>puis <strong>de</strong> partager <strong>la</strong> vie <strong>de</strong> Mr S., c'est en qualité<br />
<strong>de</strong> "concubine" terme usité dans mon milieu, alors que le<br />
terme <strong>de</strong> "maîtresse" serait plutôt réservé <strong>à</strong> votre c<strong>la</strong>sse. Bien<br />
qu'appartenant au prolétariat - socialiste <strong>de</strong> surcroît - j'ai <strong>de</strong>s<br />
susceptibilités qui pourraient m'amener <strong>à</strong> vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r raison<br />
<strong>de</strong> vos insinuations <strong>à</strong> peine déguisées".<br />
Honoraires <strong>à</strong> crédit. On imagine mal <strong>à</strong> quel point parfois<br />
les temps sont durs pour certains <strong>de</strong> nos clients. Ainsi, en<br />
réc<strong>la</strong>mant un sol<strong>de</strong> <strong>de</strong> frais en fin <strong>de</strong> dossier, ce confrère ne<br />
s'attendait pas <strong>à</strong> <strong>la</strong> réponse qui suit : "Vous trouverez sous ce<br />
pli un chèque <strong>de</strong> 0,58 EUR, conformément <strong>à</strong> votre <strong>de</strong>man<strong>de</strong>.<br />
Je vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong> seulement <strong>de</strong> ne le remettre <strong>à</strong> l'encaissement<br />
qu'après le 3 décembre 2004".<br />
Les temps sont durs…<br />
Philippe Cosnard