Projets de Réformes - western armenia

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M. P. CAMBON, Ambassadeur de la République française à Constantinople,
à M. HANOTAUX, Ministre des Affaires
étrangères.
Péra, le 29 mai 1895.
M. Vilbert insiste de nouveau sur les obstacles de toute nature opposés par les
commissaires ottomans à l'audition des témoins, surtout de ceux dont les dépositions
avaient trait aux événements dont le camp de Gueliguzan a été le théâtre. Depuis lé
11 mars, la Commission d'enquête s'est du reste rendue à Gueliguzan et j'ai exposé
à Votre Excellence les découvertes concluantes faites dans les fosses de ce village.
Dans une lettre en date du 25 avril, M. Vilbert a résumé les deux versions
qui
tendent à donner l'explication des événements de Sassoun. Il est à
peine besoin de
dire que la version officielle turque est de tous points en contradiction avec la-ver-
sion arménienne et
qu'entre
elles la conciliation n'est guère possible.
M. Vilbert croit pouvoir cependant dégager de ces deux théories contradictoires
certains
points qui
lui
paraissent
bors de doute. Pour lui, la
responsabdité des événements
pèse
sur les Kurdes ; les
troupes turques ont pillé et brûlé des
villages arméniens
et ont
procédé, sur plusieurs points, à des massacres
accompagnés d'actes graves
de barbarie et de cruauté.
La Commission d'enquête, depuis son retour à Mouch, poursuit ses travaux et
nous nous sommes demandé, mes
collègues et moi, si, en présence des résxdtats déjà
obtenus, il ne convenait
pas d'en faire hâter la clôture. La
question, en effet, depuis
la
présentation au Sultan du
projet de réformes, est entrée dans nne
phase nouvelle.
Quels que soient les résultats de l'enquête de Mouch, nous nous trouvons aujourd'hui
sur le terrain des solutions pratiques et le rapport de la Commission ne saurait
modifier l'attitude prise par les trois Gouvernements.
Nous avons donc donné pour instruction à nos
Délégués d'exiger la
comparution
de
quelques témoins
importants que la Commission
turque refuse d'entendre.
Si celle-ci persiste dans ses résistances, ils devront déclarer qu'ils entendront eux-
mêmes ces témoins et consigneront leurs dépositions clans leur
rapport collectif.
Après l'audition de ces témoins et de Mourad, les
Délégués devront clôturer l'en-
quête.
Nous avons fait part
à la Porte des instructions que nous leur donnions et, d'ici
peu sans doute, l'enquête, au moins en ce qui regarde les Délégués étrangers, sera
terminée.
P. CAMBON.