Projets de Réformes - western armenia

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41 N°41.; M. P. CAMBON, Ambassadeur de la République française à Constantinople, à M. HANOTAUX, Ministre des Affaires étrangères. Péra, le i avril 1895. Le Délégué français à la Commission d'enquête sur les Affaires arméniennes m'a fait connaître son impression touchant les résultats produits jusqu'ici par les travaux de la Commission. M. Vilbert insiste sur les difficultés que rencontrent les Délégués européens dans l'accomplissement de leur mission. Il est évident que les Commissaires ottomans cherchent à écarter les vrais témoins des événements de Sassoun et prétendent n'instruire que sur des documents officiels et sur des témoignages de fonctionnaires ou de personnes ayant des attaches avec l'autorité. émanant Toutes sortes de raisons nous ont amenés, dès le début, à n'accepter qu'avec réserves les dépositions de gens intéressés à innocenter les Turcs ou gagnés à leur cause par les promesses ou les menaces. Il a fallu toute la fermeté et toute la bonne entente des trois Délégués pour déjouer ce plan et obtenir l'audition de paysans, témoins des incidents de l'été dernier. M. Vilbert estime déjà, sans préjuger l'état des travaux ultérieurs de la Commis- sion, que l'on peut considérer comme acquis que les villages de Chenik, Semai et Gueliguzan ont été attaqués par les troupes turques et les Kurdes nomades, les maisons incendiées, les paysans poursuivis et massacrés, et que les familles de ces trois villages, aujourd'hui décimées, se trouvent éparpillées localités. dans plus de quatre-vingt Ces faits sont assez graves pour établir, d'ores et déjà, la responsabilité du Gouvernement ottoman et la participation des troupes turques aux massacres de Sassoun. Parmi les dépositions recueillies par la Commission figurent celles de plusieurs prêtres arméniens. Les Turcs ont attaché une grande importance à leurs témoignages et font grand bruit des accusations portées par les membres du clergé eux-mêmes contre les Arméniens. Le Patriarche s'en est ému et a remis aux Ambassades de Russie, d'Angleterre et de France, une note sur ces différents prêtres. Il en résulte que, depuis longtemps, ils étaient connus du patriarcat et considérés comme de mauvais prêtres. L'un d'eux même avait jadis tiré un coup de revolver sur Msr Kirimiau, aujourd'hui catholicos d'Etchmiadzin, mais avait été pardonné «par faiblesse», dit-on au Patriarcat, par le prédécesseur du catholicos actuel. Tandis que la Commission travaille lentement et péniblement, le Consul d'Angleterre a recueilli à Erzeroum même divers témoignages d'habitants du Sassoun, échappés du district. Le Consul de Russie a aussi entendu plusieurs témoins des incidents. Enfin, M. Scudamore, correspondant du Standard, qui se. trouve à Erzeroum, a interrogé un sergent turc actuellement libéré du service, qui faisait partie des troupes envoyées au Sassoun, sous le commandement d'un certain colonel IsmaïljBey. Son récit, bien crue contenant sur les atrocités commises des détails -qu'il semble bien difficile de croire, renferme cependant des déclarations dont l'accent paraît être vrai. DOCUMENTS DIPLOMATIQUES.—Arménie. 6
Le Daily News du 2 1 mars a publié - 42 — vive impression chez les amis des Arméniens en Angleterre. cet émouvant récit dont l'horreur a causé une Depuis lors, M. Scudamore a entendu, en présence du Consul d'Italie, un nouveau témoin également ancien sergent d'infanterie. Il résulte des déclarations de ce nouveau témoin des événements, que le colonel Ismaïl Bey, le surlendemain du jour où il arriva de Mouch aux environs de Chenik pour prendre le commandement des troupes, assembla ces dernières, et, accompagné d'un officier représentant le maréchal Zekki Pacha, s'avança et'fit donner lecture, par son secrétaire, d'un jirman du Sultan, disant que les Arméniens étaient en révolte contre. Sa Majesté et qu'il fallait les punir avec du sang pour servir d'exemple aux autres. Puis, le colonel Ismaïl Bey a fait un discours enjoignant aux soldats de détruire les villages par le feu et de passer les rebelles au fil de l'épée, ajoutant qu'ils pouvaient faire tout ce qu'ils votdaient, à condition de détruire tout ce qui vivait. Tel était l'ordre du Sultan. Jd paraît bien difficile que des faits aussi précis soient de pure invention. De mon côté, j'ai reçu d'un de nos compatriotes établis à Constantinople le texte d'une conversation fort intéressante recueillie par lui de la bouche d'un Arménien échappé des massacres du Sassoun avec sa femme, son enfant et un compagnon. Ces détails confirment la réalité des massacres et des atrocités commises par les troupes tur/pies et les Kurdes. Cette déposition paraît véridique, du moins dans son ensemble et contient sur les causes des événements, les rapports des Kurdes et des Arméniens et la situation actuelle de ces dernierifc, des indications fort intéressantes. En attendant, les travaux de la Commission se poursuivent à Mouch; nous avions pensé qu'il serait peut-être utile qu'elle se transportât, dès à présent, dans le district de Sassoun et visitât notamment les villages de Chenik, Sémal et Gueliguzan. Nos Délégués nous ont répondu que les routes étaient encore impraticables; que, du reste, ils estimaient que leurs travaux à Mouch pouvaient encore durer jusqu'à la fin de ce mois, et qu'alors le voyage au Sassoun serait possible. Le drogman du vice-consulat de France à Erzeroum est arrivé à Mouch le 2 5 mars, et nous espérons, mes Collègues et moi, que nos Délégués auront pu, dès ce moment, exercer un contrôle plus efficace sur les interrogatoires. Dans le reste de la Turquie d'Asie, la situation a continué a être assez troublée, depuis les dernières informations que j'ai adressées à Votre Excellence. Le ramazan, qui réveille chaque année le fanatisme des musulmans, y était sans doute pour une bonne part, car une accalmie se manifeste depuis la fin du baïram. N° 42. P. CAMBON. M. P. CAMBON, Ambassadeur de la République française à Constantinople, à M. HANOTAUX, Ministre des Affaires étrangères. Péra, le 17 avril i8g5. Notre Consul à Erzeroum m'a annoncé que la Commission semble résignée plus impartialement. à agir Le Président avait fait près de notre Délégué et de son Collègue
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