Projets de Réformes - western armenia

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Les Consuls nous faisaient savoir, le 7 mars, qu'ils
avaient
désigné M. Dikran Srabian,
Arménien catholique, 2° drogman du vice-consulat de France; et, comme le
gouverneur d'Erzeroum refusait de lui donner l'escorte nécessaire, nous résolûmes
de réclamer de la Porte des ordres à cet effet, en lui notifiant les raisons
qui nous
avaient amenés à faire assister nos Délégués par un drogman pour l'Arménien.
Notre notification collective jeta l'effroi dans l'esprit de la Porte; Saïd Pacha déclara
qu'il ne pouvait prendre sur lui de l'accepter et de donner au Vali les ordres que
nous réclamions. Il fit son rapport au Grand Vizir, et Djevad Pacha à son tour en
référa, au Palais. Notre communication arriva défigurée au Sultan. Nous vîmes, M. de
Nelidow et moi, accourir Munir Bey. Le Sultan avait
appris que nous voulions
adjoindre à nos Délégués un quatrième fonctionnaire, un
quatrième délégué. C'était
là une mesure contraire aux conditions établies pour notre
participation
à
l'enquête
ottomane; il fallait
y renoncer. Nous nous efforçâmes de faire
comprendre
au Sultan
qu'il s'agissait seulement de donner à nos Délégués un interprète sûr et un
copiste.
Rien n'y fit.
Comme aucune
réponse
ne nous était venue au sujet de l'escorte, nous prescrivîmes
à nos Consuls de la réclamer par écrit du Gouverneur. Celui-ci en référa à la
Porte. Le Grand Vizir persistait à ne pas vouloir, comprendre que nos Délégués
eussent besoin d'un drogman et se refusait à provoquer des ordres du Sultan. Celui-
ci nous faisait supplierde renoncer à notre projet ou de trouver un drogman qui ne
fût pas Arménien. •
Le 17 mars, nous convenions, M. de Nelidoff,Sir Ph. Currie et moi, de télégra-
phier en clair à nos Consuls que nous avions décidé de faire partir le drogman pour
Mouch. Si le Vali continuait de refuser l'escorte, les Consuls devraient s'entendre pour
lui en assurer une.
Le Sultan ne pouvait plus garder aucun doute sur notre entente parfaite et nos
intentions. Le soir, je faisais Yiftar au Palais; clans une conversation que j'eus avec Sa
Majesté, je m'efforçai de
dissiper ses derniers doutes. Elle céda, et, le 18 au matin, le
Ministre des Affaires
étrangères
nous faisait savoir
qu'ordre
était donné au Vali d'accorder
l'escorte. M. Dikran Srabian est ainsi parti pour Mouch le 19 mars, escorté
de deux
gendarmes.
Nous venons d'aplanir une autre difficulté qui s'était élevée ces jours derniers.
Les Commissaires turcs prétendaient transporter à Bitlis le siège de l'enquête. Nos
Délégués pensaient avec raison que c'était fuir, de parti pris, le théâtre des événements
et enlever tout
moyen de recueillir des
témoignages sérieux, alors
qu'au
contraire
il conviendrait que la Commission se rendit dans les
villages
du Sassoun. S'il se
trouvait à Bitlis
quelques témoins échappés du centre des incidents, il était plus facile
de les faire venir à Mouch crue de transporter à Bitlis la Commission tout entière.
Les trois Ambassadeurs
adoptèrent
la manière de voir de leurs Délégués et leur
prescrivirent de
s'opposer au départ de la Commission, en déclarant que, si elle passait
outre, toutes les
opérations
faites hors de leur présence seraient nulles.
Au bout de trois jours, les Turcs ont cédé, et l'enquête va se
poursuivre
dans la
région de Mouch.
P. CAMBON.