Projets de Réformes - western armenia

— 20 —
•• N°-Î4. •'-.
M. DE LA BOULINIÈRE, Chargé d'Affaires de France à Constantinople,
à M. HANOTAUX, Ministre des Affaires étrangères.
. Péra, le 28 novembre, 189 4-
La Commission d'enquête ottomane, désignée par le Sultan pour vérifier sur les
lieux mêmes la nature dès incidents de Sassoun, a quitté Constantinople hier.
Mais, jusqu'au bout, Sa Majesté Impériale
semble avoir voulu, par
ses hésitations,
retirer à une décision fort bonne en elle-même, une grande partie de sa valeur.
M. Cambon vous a fait connaître le rôle que le journal turc officieux le Tarik
donnait à cette commission d'enquête et le mauvais effet que
la publication faite par
cette feuille était de nature à produire.
L'ambassade d'Angleterre n'a pas manqué de s'en plaindre très vivement et de
porter le fait à la connaissance du Foreign Office.
Munir Bey est venu me trouver aujourd'hui pour me demander au nom du Sultan
des déclarations rassurantes de la
part
de la France. Sa
Majesté Impériale
voulait être
sûre que le Gouvernement français ne prétendait pas faire de la question arménienne
une question européenne ; il voulait se faire dire que la France ne s'intéressait pas aux
affaires arméniennes. J'ai répondu à l'envoyé du Sultan en lui rappelant ce que l'am-
bassadeur lui avait déjà
dit et les conseils que M. Cambon avait donnés. Nous vous
avons, montré, lui ai-je dit, que nous ne désirions nullement voir la
question armé-
nienne devenir une question européenne; mais c'est au Gouvernement ottoman, ai-je
dit, d'empêcher
le
développement
de la
question;
des
publications
comme celles du
Tarik produisent un très mauvais effet et la fâcheuse
impression qui en résulte a
semblé un moment confirmée par les hésitations et les retards qui ont accompagné
la
nomination et le départ de la Commission.
N° 15.
J. DE LA BOULINIÈRE.
M. DE LA BOULINIÈRE, Chargé d'Affaires de France à Constantinople,
à M. HANOTAUX , Ministre des Affaires étrangères.
Péra, le 29 novembre i8g4.
Les nouvelles arrivées de Londres au
sujet
des affaires arméniennes causent ici
une
grande
émotion. Lord
Kimberley
aurait déclaré à Rustem Pacha que le cabinet,
réuni en conseil avait trouvé à l'unanimité
que
les
procédés
du Gouvernement
ottoman n'étaient
pas tolérables, qu'il avait décidé de faire une protestation formelle
et de prendre les dispositions nécessaires pour le
règlement
de la
question
armé-
•