Projets de Réformes - western armenia

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j'ai
la date et le numéro, Hassan
Djémil Pacha, vali
d'Alep, en invitant le mutessarif
de Marache à reconnaître le sieur Stefan, dont
je viens de parler, comme protégé
français et drogman, se. fonde sur un mazbata du Conseil administratif de ce Sandjack
qui
atteste l'existence de la mission. Les dommages causés sont tout aussi réels.
3'é sur ce point non seulement le témoignage des Pères, mais celui des divers agents
français qui se sont succédé à Marache. Ils ont fait leur enquête sur place et je possède
des photographies des ruines.
Votre Excellence reconnaît la destruction des établissements des Pères Capucins à
Malàtia et dans différents
villages. Elle en rejette la faute sur les «
agitateurs arméniens
». Telle est, en effet, l'excuse générale invoquée par la Sublime Porte.
Le Gouvernement ottoman ne réussira
pas
à écarter la responsabilité qui pèse
sur
lui en;alléguant «les- circonstances dans lesquelles ont eu lieu les désordres et les
règles
admises en
pareille matière ». C'est précisément sur ces règles que je fonde te
principe
de mes réclamations. Ce sont ces circonstances que j'invoque
et
je
les résume
ainsi :
Inaction ou complicité des fonctionnaires.
Participation trop souvent constatée des
troupes
au pillage et au massacre.
Il ne suffit pas que dans certaines localités l'ordre ait été maintenu
grâce
à
l'énergie
de certains fonctionnaires ottomans ou au courage des officiers. ïï faut, pour appré-
cier la responsabilité du Gouvernement, porter sur la période des troubles un juge-
ment général.
L'assaillant est-il d'ordinaire du côté des chrétiens ? Tout au contraire. Les circon-
stances les plus communes sont celle-ci : les musulmans envahissent le quartier
chrétien sur plusieurs points à la fois, les troupes s'y précipitent, parfois au comman-
dement dû clairon, et loin d'attaquer, loin même de songer à se défendre, les chré-
tiens restent tremblants et terrifiés devant la foule déchaînée des musulmans.
Ces faits longtemps contestés, tant ils semblaient extraordinaires, ne peuvent plus
être niés. Hs sont attestés non seulement par les plaintes des victimes, mais par les
témoignages
unanimes des consuls; ils sont aujourd'hui
de notoriété européenne.
Au lieu de s'attarder dans des dénégations inutiles, il semble que la Sublime
Porte serait mieux inspirée
en reconnaissant loyalement les dommages qui ont été
causés, en s'efforçant d'atténuer le souvenir des désastres passés par une réparation
spontanée
et équitable. Ce serait à la fois une attitude plus généreuse
et
plus poli-
tique.
Si, comme Votre Excellence m'en donne l'assurance, dès objets volés ont été, dans
plusieurs vilayets, restitués à leurs propriétaires, j'en prends acte volontiers. Mais ces
sortes de mesures ne
produisent
d'effet sérieux qu'à
la condition d'être immédiates.
Il fallait les prendre
au lendemain dû pillage et surtout poursuivre les voleurs.
Votre Excellence voudra bien apprécier
la valeur des considérations que j'ai
eu
l'honneur de lui exposer.
La responsabilité
du Gouvernement est certaine ; il ne par-
viendra pas à s'en dégager.
J'examine en ce moment les demandes d'indemnités dont je suis saisi à l'occasion
des massacres. Je me réserve de les communiquer prochainement
à Votre Excellence.
P. CAMBON.